28 août 2026
J’ai la ferme impression que le coup de folie du jeune d’hier a entrainé quelque chose de mauvais pour nous tous. L’air semble plus étouffant, plus lourd. Et puis j’ai l’impression de sentir quelque chose bouger, derrière les lignes de défense, loin de notre vue. On a tous cette impression, je le sais, tout le monde regarde avec inquiétude l’horizon. On s’attend tous à voir quelque chose. Il ne s’est rien passé aujourd’hui, ni hier pendant mon tour de garde. Tout était silencieux. On aurait dit qu’à part nous, il n’y avait pas âme qui vive. La vérité est tout autre, évidemment, mais c’était vraiment angoissant quand même. Il y avait juste un léger bruissement, de temps en temps. Le vent, probablement. Ce n’est pas vraiment sûr, mais je préfère me dire que c’est le vent. Et puis, après tout, ça faisait quasiment le même bruit, alors pourquoi serait-ce autre chose ?
Quand mon tour de garde a pris fin, j’étais trop fatigué pour faire quelque chose, l’air lourd qui régnait m’avait presque assommé. Je suis allé rejoindre Lili, qui m’attendait simplement, on est allés dans une couchette et on a dormi un peu. Lili semble vraiment fatiguée depuis le début de cette histoire, et ça ne s’arrange pas avec le temps. Elle a toujours d’immenses cernes, et elle est devenue très pâle. Elle est peut être tombée malade aussi. Ce ne serait pas le moment, je ne suis pas sûr qu’on ait beaucoup de médicaments. Ou elle est peut être simplement mortifiée, et elle n’ose pas le dire.
Illyria a toujours eu peur de ce qui venait du sous-sol. Elle préfère la surface, l’air libre, et plus il y a d’espace, plus elle se sent bien. Ça vient du fait que, étant petite, elle est tombée au fond d’un puits, et qu’elle est restée deux heures dans le noir et l’humidité, sous la terre, en entendant des craquements et des grattements. Depuis, elle ne peut plus aller dans un sous-terrain sans changer de couleur. Lorsqu’on doit descendre dans des sous-sols, que ce soit même une cave ou un parking sous-terrain, elle s’agrippe toujours à mon bras en tremblotant légèrement. On ne prenait le métro que quand on n’avait pas vraiment d’autre choix, et quand on était dedans elle fermait toujours les yeux, blottie contre moi, en attendant qu’on sorte.
Et puis aussi, elle vient d’une famille un peu singulière, très croyante à tout ce qui est surnaturel. Elle-même, bien que non religieuse, prend très au sérieux les histoires d’esprits, de créatures paranormales ou encore de démons, et elle est très craintive à ce sujet. Je n’ai jamais pu visiter toutes les pièces de la maison de ses parents, il y en avait certaines qui m’étaient formellement interdites, et mis à part que le père était journaliste et la mère femme au foyer, je ne savais rien sur eux. C’était le mystère complet sur cette famille. Même Lili ne me disait pas tout, et d’ailleurs aujourd’hui encore elle refuse de parler de certaines choses. C’est probablement à cause de tout ça qu’elle a un caractère très renfermé, même avec moi.
Il est évident qu’avec ces antécédents, l’apparition de ces créatures allait forcément l’affecter encore plus que les autres. Des monstres hideux et meurtriers, dignes des plus grands films d’horreur, qui viennent des entailles de la terre, ses deux plus grandes peurs réunies en une armée infernale ; qui, à sa place, aurait pu rester stoïque ?
29 août 2026
La journée d’aujourd’hui s’est déroulée comme celle d’hier. Pas un seul mouvement à l’horizon, pas une seule tentative d’attaque, juste le souffle à peine audible du vent. On se croirait dans un vrai désert. Notre sentiment d’anxiété ne cesse de grandir, et nous regardons tous par les fenêtres, attendant je ne sais quoi, persuadés qu’il va se passer quelque chose. Car nous sommes vraiment dans l’attente, cela se voit sur tous les visages. La sensation dont j’ai parlé hier semble avoir contaminé la totalité des êtres humains du bunker. C’est d’ailleurs vraiment malsain, les conversations à l’intérieur se raréfient, et laissent place au silence. Toujours le silence…
J’ai eu un autre tour de garde avec Frank. Mine de rien, je préfère encore être dehors à redouter l’approche de nos mortels ennemis que de rester à l’intérieur à ne rien faire. Illyria ne fait que dormir, son état s’est légèrement dégradé, mais avec un peu de chance ça ira bientôt mieux. En tout cas, quand j’étais avec Frank, nous avons eu une petite conversation, histoire de rompre le silence qui nous assourdissait presque. Il enchainait cigarette sur cigarette, je pense qu’il va finir par ne plus en avoir sous peu. On a parlé du climat qui s’installait progressivement. Il trouve ça pas bon, il dit que des troupes dévorées par l’angoisse sont des proies faciles. Il ne se sent pas à son aise, mais il garde un contrôle sur lui-même pour éviter d’être pris au dépourvu. Quand je lui ai demandé ce qu’il pensait quant à ce qui allait se passer, il m’a fixé du regard pendant quelques secondes avant de répondre simplement : « Et toi ? » Je lui ai répondu que je pensais juste que ce ne serait rien de bon. Il a ricané, et puis il s’est tu. Plus tard, il me semble l’avoir entendu marmonner « Rien de bon, hein ? Comme si notre situation pouvait être qualifiée de bonne… »
Après tout, il a raison. Notre situation est déjà critique. Nous n’avons pas besoin de quelque chose qui l’aggrave encore. Mais pourtant, qui nous dit que je n’ai pas raison, et que nous allons rencontrer encore plus terrible que ce que nous avons déjà traversé ? Après tout, nous n’étions pas dans les rues, isolés, quand l’invasion a débuté. Nous avons subi des pertes, nous avons lutté presque au corps à corps, mais nous ne nous sommes pas retrouvés face à la marée de créatures cauchemardesques, sans le moindre moyen de se défendre ou de s’enfuir, avec pour seul espoir de ne pas trop souffrir lorsque la mort poserait sur nous ses impitoyables crocs. Nous avons survécu, et par miracle, nous n’avons été attaqués que par de petits groupes.
La race humaine ne doit plus être maître nulle part maintenant. Peut être nos ennemis sont-ils simplement massés dans une région plus lointaine, qui nous autorise ce répit. Ou peut être – une bouffée d’espoir emplit mon cœur à cette pensée – qu’un reste d’armée a réussi à conserver une petite partie de territoire et se bat toujours vaillamment contre la vague incessante d’ennemis. Peut être ont-ils découvert une faille exploitable chez cette espèce et ne sont ainsi plus en danger immédiat. Peut être même sont-ils parvenus à détruire la plus grosse part d’abominations, et sont-ils en train de purger petit à petit le territoire… Je rêve éveillé là ! Ce serait déjà au-delà de toutes mes attentes que quelque part, une zone soit encore sous domination humaine.
Quand je pense que quand j’étais jeune, ça m’aurait amusé de me retrouver dans ce genre de situation… Je passais beaucoup de temps sur les FPS, surtout sur ceux où il y avait des zombis, je me disais que si un jour il y avait une invasion je serais un pro de la survie et qu’il faudrait à peine un mois pour nettoyer la surface de la terre des morts-vivants, étant donné que l’armée serait elle aussi de la partie, et j’aurais été un héros pour avoir défendu ardemment ma zone jusqu’à l’arrivée des renforts. Quelle ironie, l’armée sur laquelle je comptais tant a été décimée en un rien de temps, et moi je suis en train de me cacher dans les restes d’un lotissement avec des gens terrifiés et des munitions en quantité limitée. Malheureusement pour nous, il n’y a aucune recharge qui tombe du corps des créatures quand on les tue, et personne n’a de pack respawn pour reprendre la bataille quand on a été tué.
Je vais aller voir Lili et rester avec elle, je veux m’assurer qu’elle n’est pas malade, et elle a besoin de moi… Comme j’ai besoin d’elle je dois dire… Je ne sais pas si mes nerfs supporteraient la pression environnante si elle n’était pas là. Elle me donne une raison valable de tout faire pour rester en vie et pour repousser les créatures coûte que coûte. Si elle disparait, cela n’aura plus beaucoup d’importance, qui gagne ou qui perd.
J’ai la ferme impression que le coup de folie du jeune d’hier a entrainé quelque chose de mauvais pour nous tous. L’air semble plus étouffant, plus lourd. Et puis j’ai l’impression de sentir quelque chose bouger, derrière les lignes de défense, loin de notre vue. On a tous cette impression, je le sais, tout le monde regarde avec inquiétude l’horizon. On s’attend tous à voir quelque chose. Il ne s’est rien passé aujourd’hui, ni hier pendant mon tour de garde. Tout était silencieux. On aurait dit qu’à part nous, il n’y avait pas âme qui vive. La vérité est tout autre, évidemment, mais c’était vraiment angoissant quand même. Il y avait juste un léger bruissement, de temps en temps. Le vent, probablement. Ce n’est pas vraiment sûr, mais je préfère me dire que c’est le vent. Et puis, après tout, ça faisait quasiment le même bruit, alors pourquoi serait-ce autre chose ?
Quand mon tour de garde a pris fin, j’étais trop fatigué pour faire quelque chose, l’air lourd qui régnait m’avait presque assommé. Je suis allé rejoindre Lili, qui m’attendait simplement, on est allés dans une couchette et on a dormi un peu. Lili semble vraiment fatiguée depuis le début de cette histoire, et ça ne s’arrange pas avec le temps. Elle a toujours d’immenses cernes, et elle est devenue très pâle. Elle est peut être tombée malade aussi. Ce ne serait pas le moment, je ne suis pas sûr qu’on ait beaucoup de médicaments. Ou elle est peut être simplement mortifiée, et elle n’ose pas le dire.
Illyria a toujours eu peur de ce qui venait du sous-sol. Elle préfère la surface, l’air libre, et plus il y a d’espace, plus elle se sent bien. Ça vient du fait que, étant petite, elle est tombée au fond d’un puits, et qu’elle est restée deux heures dans le noir et l’humidité, sous la terre, en entendant des craquements et des grattements. Depuis, elle ne peut plus aller dans un sous-terrain sans changer de couleur. Lorsqu’on doit descendre dans des sous-sols, que ce soit même une cave ou un parking sous-terrain, elle s’agrippe toujours à mon bras en tremblotant légèrement. On ne prenait le métro que quand on n’avait pas vraiment d’autre choix, et quand on était dedans elle fermait toujours les yeux, blottie contre moi, en attendant qu’on sorte.
Et puis aussi, elle vient d’une famille un peu singulière, très croyante à tout ce qui est surnaturel. Elle-même, bien que non religieuse, prend très au sérieux les histoires d’esprits, de créatures paranormales ou encore de démons, et elle est très craintive à ce sujet. Je n’ai jamais pu visiter toutes les pièces de la maison de ses parents, il y en avait certaines qui m’étaient formellement interdites, et mis à part que le père était journaliste et la mère femme au foyer, je ne savais rien sur eux. C’était le mystère complet sur cette famille. Même Lili ne me disait pas tout, et d’ailleurs aujourd’hui encore elle refuse de parler de certaines choses. C’est probablement à cause de tout ça qu’elle a un caractère très renfermé, même avec moi.
Il est évident qu’avec ces antécédents, l’apparition de ces créatures allait forcément l’affecter encore plus que les autres. Des monstres hideux et meurtriers, dignes des plus grands films d’horreur, qui viennent des entailles de la terre, ses deux plus grandes peurs réunies en une armée infernale ; qui, à sa place, aurait pu rester stoïque ?
29 août 2026
La journée d’aujourd’hui s’est déroulée comme celle d’hier. Pas un seul mouvement à l’horizon, pas une seule tentative d’attaque, juste le souffle à peine audible du vent. On se croirait dans un vrai désert. Notre sentiment d’anxiété ne cesse de grandir, et nous regardons tous par les fenêtres, attendant je ne sais quoi, persuadés qu’il va se passer quelque chose. Car nous sommes vraiment dans l’attente, cela se voit sur tous les visages. La sensation dont j’ai parlé hier semble avoir contaminé la totalité des êtres humains du bunker. C’est d’ailleurs vraiment malsain, les conversations à l’intérieur se raréfient, et laissent place au silence. Toujours le silence…
J’ai eu un autre tour de garde avec Frank. Mine de rien, je préfère encore être dehors à redouter l’approche de nos mortels ennemis que de rester à l’intérieur à ne rien faire. Illyria ne fait que dormir, son état s’est légèrement dégradé, mais avec un peu de chance ça ira bientôt mieux. En tout cas, quand j’étais avec Frank, nous avons eu une petite conversation, histoire de rompre le silence qui nous assourdissait presque. Il enchainait cigarette sur cigarette, je pense qu’il va finir par ne plus en avoir sous peu. On a parlé du climat qui s’installait progressivement. Il trouve ça pas bon, il dit que des troupes dévorées par l’angoisse sont des proies faciles. Il ne se sent pas à son aise, mais il garde un contrôle sur lui-même pour éviter d’être pris au dépourvu. Quand je lui ai demandé ce qu’il pensait quant à ce qui allait se passer, il m’a fixé du regard pendant quelques secondes avant de répondre simplement : « Et toi ? » Je lui ai répondu que je pensais juste que ce ne serait rien de bon. Il a ricané, et puis il s’est tu. Plus tard, il me semble l’avoir entendu marmonner « Rien de bon, hein ? Comme si notre situation pouvait être qualifiée de bonne… »
Après tout, il a raison. Notre situation est déjà critique. Nous n’avons pas besoin de quelque chose qui l’aggrave encore. Mais pourtant, qui nous dit que je n’ai pas raison, et que nous allons rencontrer encore plus terrible que ce que nous avons déjà traversé ? Après tout, nous n’étions pas dans les rues, isolés, quand l’invasion a débuté. Nous avons subi des pertes, nous avons lutté presque au corps à corps, mais nous ne nous sommes pas retrouvés face à la marée de créatures cauchemardesques, sans le moindre moyen de se défendre ou de s’enfuir, avec pour seul espoir de ne pas trop souffrir lorsque la mort poserait sur nous ses impitoyables crocs. Nous avons survécu, et par miracle, nous n’avons été attaqués que par de petits groupes.
La race humaine ne doit plus être maître nulle part maintenant. Peut être nos ennemis sont-ils simplement massés dans une région plus lointaine, qui nous autorise ce répit. Ou peut être – une bouffée d’espoir emplit mon cœur à cette pensée – qu’un reste d’armée a réussi à conserver une petite partie de territoire et se bat toujours vaillamment contre la vague incessante d’ennemis. Peut être ont-ils découvert une faille exploitable chez cette espèce et ne sont ainsi plus en danger immédiat. Peut être même sont-ils parvenus à détruire la plus grosse part d’abominations, et sont-ils en train de purger petit à petit le territoire… Je rêve éveillé là ! Ce serait déjà au-delà de toutes mes attentes que quelque part, une zone soit encore sous domination humaine.
Quand je pense que quand j’étais jeune, ça m’aurait amusé de me retrouver dans ce genre de situation… Je passais beaucoup de temps sur les FPS, surtout sur ceux où il y avait des zombis, je me disais que si un jour il y avait une invasion je serais un pro de la survie et qu’il faudrait à peine un mois pour nettoyer la surface de la terre des morts-vivants, étant donné que l’armée serait elle aussi de la partie, et j’aurais été un héros pour avoir défendu ardemment ma zone jusqu’à l’arrivée des renforts. Quelle ironie, l’armée sur laquelle je comptais tant a été décimée en un rien de temps, et moi je suis en train de me cacher dans les restes d’un lotissement avec des gens terrifiés et des munitions en quantité limitée. Malheureusement pour nous, il n’y a aucune recharge qui tombe du corps des créatures quand on les tue, et personne n’a de pack respawn pour reprendre la bataille quand on a été tué.
Je vais aller voir Lili et rester avec elle, je veux m’assurer qu’elle n’est pas malade, et elle a besoin de moi… Comme j’ai besoin d’elle je dois dire… Je ne sais pas si mes nerfs supporteraient la pression environnante si elle n’était pas là. Elle me donne une raison valable de tout faire pour rester en vie et pour repousser les créatures coûte que coûte. Si elle disparait, cela n’aura plus beaucoup d’importance, qui gagne ou qui perd.
Texte de Magnosa
En attente de la suite :P Lili est liée aux créatures démoniaques ? :P
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