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Cependant, ça ne dure jamais très longtemps et je finis par l’apporter chez moi. Si je ne le récupère pas, qui le fera ? Je l’ai alors attrapé en sortant du bus. Il faut dire que c'était une petite aubaine. Ce jour-là, il pleuvait des cordes et, comme un idiot, j’étais venu sans mon Kway. Au moment où j’ai commencé à l’ouvrir, j’ai été surpris d’apercevoir une suite de lettres sur la poignée de ce dernier. C’était un nom et un prénom. J’en ai conclu que c’était probablement ceux du propriétaire. Pour plus de sécurité, je vais l’appeler Monsieur O. Je préfère ne pas donner le nom complet. Étant quelqu’un d’honnête, j’ai décidé que je chercherai son numéro plus tard pour pouvoir le lui rendre. En attendant, je ne me suis pas gêné pour l’utiliser sur le chemin du retour. Après tout, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
En rentrant chez moi, je me suis vite jeté sur l’annuaire téléphonique, sans même m’essuyer les chaussures. J’ai mis un peu de temps avant de trouver son nom, mais il était bien du coin. Il faut dire que j’utilise un annuaire papier et non l’un de ceux présents sur Internet. C’est comme ça ! Je suis de la vieille école. J’ai donc décidé de l’appeler en sortant de nouveau. Pour être franc, je venais de me souvenir d’une course urgente à faire. Oui, je sais ! Je suis tête en l’air et j’aurais pu clairement y aller pendant mon premier trajet. Que voulez-vous ! Dieu m’a fait ainsi ! Enfin bref ! Je ne vous cache pas que c’était assez compliqué de composer le numéro tout en tenant la poignée du parapluie. Le nom était inscrit à la verticale et non à l’horizontale, ce qui était plutôt embêtant. Fort heureusement, j’ai pu me dépatouiller et appeler la personne.
Dans mes souvenirs, j’ai attendu une dizaine de secondes avant que quelqu’un ne décroche à l’autre bout du fil. Je crois que c’était la conversation la plus bizarre que j’ai jamais eue. D’après mes souvenirs, elle ressemblait à ça :
« Allo ? Qui est à l’appareil ?
— Bonjour ! J’appelle pour le parapluie !
— Excellent ! Nous attendions votre appel ! Vous avez mis du temps à trouver le numéro !
— Je vous demande pardon ?
— Allons, ne faites pas l’idiot ! Vous savez très bien que c’est un évènement à ne pas manquer ! Beaucoup tueraient pour y assister ! Ce n’est pas quelque chose qu’il faut prendre à la légère !
— Je ne sais pas de quoi vous parlez. J’ai trouvé ce parapluie par inadvertance et…
— Voyons ! Cessez tout ce cirque ! Je ne suis pas d’humeur à plaisanter ! Et retenez bien que l’évènement aura lieu à l’adresse, à la date et à l’heure indiquées.
— Non ! Vous ne comprenez pas ! Je ne suis pas là pour…
— Assez discuté ! Suivez les indications et tout ira bien !
— Quelles indications ?!
— Sur le parapluie, voyons ! Enfin bref ! Soyez à l’heure ! Personne ne veut rater un tel spectacle ! "Par inadvertance” ! On ne me l’avait jamais faite celle-là !
— Attendez ! Je ne vois rien sur le parapluie et… Allo ? »
Il a raccroché. Ce type était vraiment bizarre. Je me suis abrité et j’ai regardé le parapluie plus attentivement. Je crois que j’ai mis une trentaine de secondes à remarquer les inscriptions sur sa longue tige en métal. Comme l’avait dit l’homme, il y avait bel et bien une adresse, une date et une heure. Comme pour le nom, je ne vous donnerais pas l’adresse. J’aimerais éviter le plus possible les problèmes. En revanche, je peux vous donner la date et l’heure du rendez-vous : c’était le lendemain à 14 h 30. Alors que je marchais, je réfléchissais pour décider si je devais y aller ou pas. D’un côté, l’appel de ce type m’avait un peu refroidi et ne me donnait pas envie de m’y rendre. D’un autre côté, je devais rendre ce parapluie à son propriétaire. Je ne voulais surtout pas passer pour un voleur aux yeux de cet homme ! C’est dans ma nature; j’ai horreur de faire mauvaise impression. Je crois qu’un jour, mon honnêteté me fera tuer. Comme vous vous en doutez, j’ai donc décidé d’aller à ce fameux rendez-vous.
Comme le jour précédent, une pluie diluvienne s’abattait sur la ville. Cette fois, j’ai été assez intelligent pour prendre mon K-way. J’ai évidemment emporté le parapluie que je tenais en permanence dans la main. Pour le coup, j’ai réussi à ne pas oublier ce détail, et heureusement d’ailleurs. La route était plutôt longue et l’endroit était en périphérie de la ville. Une heure en bus séparait mon domicile du lieu du rendez-vous. Durant ce laps de temps, la pluie s’est peu à peu calmée. En arrivant, j’ai pu admirer une gigantesque demeure avec de très jolis jardins. Il faut dire que je n’avais pas l’habitude d’observer ce genre de maison de luxe. Les types qui devaient y être invités étaient sûrement blindés. Je me suis donc dirigé vers la porte pour l’ouvrir et être accueilli par une sorte de majordome. Il m’a scruté de la tête aux pieds avant de prendre la parole :
— Bonjour ! J’appelle pour le parapluie !
— Excellent ! Nous attendions votre appel ! Vous avez mis du temps à trouver le numéro !
— Je vous demande pardon ?
— Allons, ne faites pas l’idiot ! Vous savez très bien que c’est un évènement à ne pas manquer ! Beaucoup tueraient pour y assister ! Ce n’est pas quelque chose qu’il faut prendre à la légère !
— Je ne sais pas de quoi vous parlez. J’ai trouvé ce parapluie par inadvertance et…
— Voyons ! Cessez tout ce cirque ! Je ne suis pas d’humeur à plaisanter ! Et retenez bien que l’évènement aura lieu à l’adresse, à la date et à l’heure indiquées.
— Non ! Vous ne comprenez pas ! Je ne suis pas là pour…
— Assez discuté ! Suivez les indications et tout ira bien !
— Quelles indications ?!
— Sur le parapluie, voyons ! Enfin bref ! Soyez à l’heure ! Personne ne veut rater un tel spectacle ! "Par inadvertance” ! On ne me l’avait jamais faite celle-là !
— Attendez ! Je ne vois rien sur le parapluie et… Allo ? »
« Vous êtes ?
— Je viens pour le parapluie. Je l’ai trouvé dans le bus et…
— Votre nom, Monsieur. D’autres invités attendent.
— Mon nom ? Je m’appelle… »
Je me suis stoppé net. J’hésitai à leur donner mon vrai nom. Je ne sais pas si c’est à cause de cet appel bizarre ou de ce majordome, mais je sentais qu’il ne valait mieux pas donner mon nom. Soudain, le majordome s’est approché de moi pour saisir le parapluie et le contempler brièvement :
« Ravi de vous voir, Monsieur O. ! Nous avions peur de votre absence. Dirigez-vous vers le jardin, s’il vous plaît. Monsieur A. vous rejoindra très bientôt.
— Combien de fois dois-je vous le dire ! Je ne suis pas un invité ! Je viens pour rendre ce parapluie à son propriétaire et…
— Pardonnez-moi, Monsieur, mais je n’ai guère le temps pour des enfantillages. D’autres invités attendent. Si vous voulez bien m’excuser… »
J’ai imité les autres invités et me suis dirigé vers une bâche que je n’avais pas remarquée. L’un des majordomes l’a retirée pour dévoiler des centaines de fleurs très singulières. Elles étaient toutes composées d’un nombre conséquent de pétales de couleur rouge et dont le bout était aussi aiguisé qu’une lame de rasoir. Monsieur A. a ensuite hoché la tête et un autre majordome s’est dirigé vers un levier présent sur un mur :
Tout le monde s’est exécuté et Monsieur A. a commencé un compte à rebours :
« Aidez-moi…
— Oh Mon Dieu ! Restez avec moi ! Qu’est-ce qu’ils sont en train de vous faire ?
— Ils… Ils m’ont enlevé…
— Pourquoi est-ce qu’ils prennent votre sang ?!
— Les… Les fleurs… »
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