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Le père Cooke, chapitre 4 : Un bon et joyeux Noël



Temps approximatif de lecture : 12 minutes

« Si tu veux me garder attachée à cette chaise, laisse-moi au moins la dignité de porter mon chapeau », a sifflé ma femme, tout en faisant un signe de tête en direction du bonnet vert à ses pieds, qui avait la forme d'un sapin de Noël.

J'ai pris le couvre-chef et je l'ai doucement posé sur sa tête. Puis je l'ai arrangé comme elle l’aimait, légèrement à gauche, avec le haut plié de sorte que la cloche dorée géante repose sur son épaule.

« Merci », a-t-elle dit alors que j'ajustais les guirlandes qui la maintenaient sur la chaise de la salle à manger.

« Est-ce que c’est trop serré ? » ai-je demandé. Je me sentais mal de devoir l'attacher. « Je peux aller dans le garage chercher la corde en nylon que nous utilisons pour attacher les bâches. »

- Je vais bien, mais je me sentirais beaucoup mieux si tu me détachais. Je ne vais faire de mal à personne. Je veux seulement répandre un peu la joie de Noël.

- Je t'aime, mais tu sais que je ne peux pas faire ça. Tu n’as plus le droit de quitter la maison depuis que tu t'es faufilée chez les Johnson pour redécorer leur sapin.

- Tu as vu leur sapin ? Il était hideux !

- Et la maison des Greenberg ?

- Ils n'avaient pas de sapin du tout, alors je leur en ai donné un.

- Ils sont juifs.

- Les juifs n'aiment pas les arbres ? »

Je n’ai pas pu dire si c'était censé être une blague ou non. J'aurais pu continuer à énumérer les voisins qu'elle avait effrayés ou ennuyés, mais cela n'aurait servi à rien. Elle pensait que ses actions étaient justifiées.

« Nous avons de la chance que tout le monde ait accepté de ne pas porter plainte tant que tu acceptais de rester volontairement en résidence surveillée jusqu'à la fin de Noël, lui ai-je rappelé.

- Je n'étais pas d'accord avec ça, c'est toi qui l’as décidé, m'a-t-elle craché à la figure. Je ne serais jamais d'accord avec quelque chose qui m'empêcherait de profiter des fêtes.

- Je n'ai pas eu le choix. Ta conception des fêtes consiste à entrer par effraction chez nos voisins. »

Elle a détourné la tête, visiblement agacée que je ne me sois pas rangé de son côté.

« Si tu ne me détaches pas, pourrais-tu au moins brancher ça ? » a-t-elle demandé en indiquant les guirlandes lumineuses que j'avais utilisées pour l'attacher. Quelques secondes plus tard, elle a ajouté : « … s'il te plaît.... »

« Si ça peut te faire plaisir, alors je me ferai une joie de les brancher pour toi, lui ai-je assuré en prenant une rallonge. Fais-le moi savoir si elles deviennent trop chaudes. »

J'ai attendu quelques minutes afin de m'assurer qu'elle allait bien, puis je suis allé dans la cuisine pour me servir un verre. En m'éloignant, je l'ai entendue se mettre à fredonner « Oh Christmas Tree ».

Je me suis versé un verre de whisky et l'ai avalé d'une traite. J'étais sur le point de m'en servir un autre quand j'ai entendu la sonnette de la porte d'entrée jouer la mélodie de « Carol of the Bells ». J'avais failli oublier que ma femme avait remplacé la vieille sonnerie, peu après qu'elle était devenue obnubilée par les ornements de fêtes.

J'ai ouvert la porte pour trouver deux hommes debout sur mon porche, tous deux couverts d'une fine pellicule de neige. L'un d'eux était un prêtre, l'autre, un homme grand et mince, entièrement vêtu de noir, serrant une sacoche en cuir contre lui.

Enfin, ils étaient là. J'avais décidé de les contacter après avoir vu sur internet un article parlant d'une femme dont le fils avait été possédé par un ange. J'avais déjà essayé tout le reste concernant ma femme, alors, pourquoi pas un exorcisme ? Je ne voyais pas d'autre explication qu'une possession, pour qu'elle commence à agir ainsi. Elle a toujours aimé Noël, mais pas de manière aussi obsessionnelle que cette dernière semaine. C'était comme si elle était possédée par le Père Noël en personne.

« M. Hudson ? » a demandé le grand homme en me tendant sa main gauche. « Je suis Theodore Alexander et voici le Père Cooke. »

En prononçant ces derniers mots, il a fait un signe de tête vers le prêtre qui se trouvait à côté de lui.

« Appelez-moi Ben, s'il vous plaît, ai-je dit en serrant successivement la main aux deux hommes. Entrez.

- Dois-je vous appeler Magister ? me suis-je enquis auprès de M. Alexander en fermant la porte. Je suis un peu confus sur le protocole. Je ne savais pas que des prêtres sataniques comme vous existaient avant de lire cet article.

- M. Alexander me va très bien, si ça vous met plus à l'aise, a-t-il répliqué en riant. Wow, vous ne plaisantiez pas... »

Il s'est avancé, contemplant toutes les décorations de Noël présentes dans la pièce. Chaque petit espace disponible semblait être rempli de toutes sortes de décors colorés et brillants, jusqu'à faire mal aux yeux.

« Est-ce que chaque pièce est décorée comme ça ?

- Oui… Même la salle de bain. Elle a aussi essayé de décorer plusieurs maisons voisines, ai-je ajouté, pensant que ça pourrait les aider à faire la lumière sur ce qui n’allait pas chez elle.

- Je vois que la plupart des décorations sont des personnages commerciaux. Il y a différentes versions du Père Noël, de Frosty, des rennes et des elfes, mais je ne vois aucun des apparats religieux habituels. Pas de crèche, de croix, ni d'anges, a relevé le Père Cooke en parcourant la pièce.

- … Et des sapins, a souligné M. Alexander. Il y a beaucoup de sapins de Noël.

- Est-ce que ça a une signification ? ai-je demandé.

- Potentiellement, a répondu ce dernier. Les entités avec lesquelles nous travaillons ont tendance à s'entourer de symboles religieux qui peuvent souvent être utilisés pour identifier leurs origines. »

J'ai accroché leurs manteaux dans l'entrée et les ai conduits dans la pièce où ma femme était attachée. Lorsqu'ils l'ont vue ligotée à une chaise, des lumières de guirlandes de Noël clignotant tout autour d'elle, ils se sont regardés l’un l’autre avant de se tourner vers moi.

« Elle m'a demandé d'allumer les lumières » me suis-je justifié en passant par la cuisine pour prendre le whisky et des verres. Quand j'ai reçu votre message, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer et il y avait plein de guirlandes qui traînaient, alors… »

J'ai haussé les épaules. Le reste, ils pourraient le découvrir par eux-mêmes. Je suis retourné dans le salon, et ai déposé le tout sur la table basse. Puis, je me suis assis dans le fauteuil à côté du canapé et me suis servi un autre verre. J'ai offert den verser un à M. Alexander et au Père Cooke, mais ils ont décliné d'un geste.

« J'aime ces guirlandes, a-t-elle déclaré aux deux hommes assis sur le canapé face à elle. Elles aident à illuminer tous ces beaux agencements et me font me sentir festive.

- Elles sont très belles, Mme. Hudson, a acquiescé M. Alexander. Je dois vous demander, pourquoi avoir mis tous ces sapins ?

- Merci, a-t-elle souri poliment avant de répondre à la question. Je me suis dit que deux hommes religieux comme vous connaîtraient déjà la réponse à cette question. Après tout, c'est votre religion qui s'est approprié le sapin.

- Notre religion ? a demandé le Père Cooke avant de jeter un coup d'œil sur M. Alexander.

Le regard qu'ils se sont échangés indiquait qu'une pièce du puzzle leur avait peut-être été remise.

« Ne soyez jouez pas les ignorants, mon Père, vous savez bien que je parle du christianisme, a-t-elle répondu, un peu contrariée. En ce qui me concerne, vous êtes les deux faces d'une même pièce. Votre religion patchwork a été construite à partir des morceaux de celles que vous avez détruites. Cet arbre et sa place dans les maisons étaient des traditions bien avant que votre Dieu n'apparaisse. »

Assis en silence sur ma chaise, je buvais mon whisky tout en écoutant et en me demandant où allait mener cette conversation. Ce n'était évidemment pas ma femme, et ça commençait à m'effrayer. Dire que j’avais partagé mon lit avec la chose qu'elle était devenue... Ça m’a donné des frissons.

« Ben ? »

M. Alexander a levé la voix pour attirer mon attention, puisque je n'avais semble-t-il pas répondu à la question qu'il venait de me poser.

« Quoi ? » ai-je balbutié en émergeant de mes pensées embrouillées. L'alcool commençait à faire effet.

« Y a-t-il un endroit où nous pouvons parler en privé ? a-t-il répété.

- Euh… oui, pourquoi pas le garage ? » ai-je suggéré après avoir réfléchi un instant. Notre maison était petite, et les murs intérieurs ne bloquaient pas très bien le son.

« Apporte des glaçons quand tu reviens à l'intérieur, s’est exclamé ma femme alors que nous passions devant elle en allant au garage. Il devrait y en avoir une boîte dans le coffre. »

Une fois dans le garage en compagnie des deux hommes, je me suis appuyé contre le capot de la voiture, les bras croisés, et j'ai attendu que l'un d'eux parle.

« C'est beaucoup plus agréable pour les yeux, a commenté le Père Cooke en constatant que l’endroit était dépourvu de toute décoration.

- Je viens ici parfois, pour m'éloigner de tout ça, ai-je confessé en faisant un signe de tête vers la maison. C'est le seul endroit que j’ai pu l'empêcher de décorer.

- Je passerais beaucoup de temps ici moi aussi, étant donné les circonstances, a-t-il affirmé en souriant. »

Sur un ton compatissant, M. Alexander est intervenu :

«  Je sais que les décors de Noël sont la dernière chose dont vous voulez parler, mais je dois vous demander de quoi il s'agit, en particulier les cloches. Je n’avais pas réalisé jusqu’à présent à quel point grand nombre de vos ornements ont été rehaussés par des cloches. Ont-elles toujours constitué la majeure partie des décorations ? s’est renseigné M. Alexander.

- Pas que je me souvienne… Je veux dire, nous avons toujours eu quelques décorations avec des cloches, mais rien de comparable à ce que vous voyez là-dedans aujourd'hui.

- La sonnette, j'ai remarqué qu'elle jouait Carol of the Bells, depuis combien de temps avez-vous ça ? a demandé le Père Cooke.

- Elle l'a achetée il y a quelques jours, pourquoi ? Quel est le rapport entre les cloches et cette situation ?»

- Les cloches sont connues pour jouer un rôle important dans de nombreuses religions anciennes et elles sont peut-être justement le symbole religieux que nous avons négligé lorsque nous sommes entrés, a déclaré M. Alexander en posant sa main sur son menton alors qu'une pensée semblait lui venir à l'esprit. Quand vous avez appelé, vous avez mentionné que votre femme était professeure de musique, n'est-ce pas ?

- Oui… et elle est actuellement en arrêt, ai-je dit en agitant la main en l'air, pour des raisons évidentes.

- Votre femme a-t-elle été en contact avec des instruments étranges récemment ?

- Étranges ? Non… je ne pense pas.

- Étrange n'est peut-être pas le bon mot, cela pouvant tout aussi bien être un instrument simple mais ancien, a précisé le père Cooke. Autre question, a-t-elle récemment apporté de nouveaux instruments chez vous ?

- Non… » ai-je commencé avant de m'interrompre. Toute cette discussion sur les cloches avait ravivé ma mémoire. Elle en avait bien rapportés à la maison, il y a peu. Je ne les considérais pas vraiment comme des instruments de musique, mais techniquement, c'en était.

« En fait, le jour où elle a commencé à agir bizarrement, elle a apporté à la maison une petite boîte en bois avec trois cloches dedans… du genre de celles qui ont des poignées. » J'ai essayé de mimer ce dont je parlais. « Il y avait aussi un petit morceau de partition caché sur le côté. Je me souviens qu'elle me l'a montré. Elle avait acheté le tout dans une brocante... »

Pris d'une lubie soudaine, je me suis précipité dans la maison, ce qui a laissé les deux hommes avec des expressions incrédules sur leur visage. J'ai couru jusque dans le salon et ai attrapé la boîte que ma femme avait laissée sur la table dans le hall d'entrée. À mon retour, je l'ai tendue à deux mains à M. Alexander.

« C'est ça. »

Dans ma précipitation, j'avais accidentellement laissé la porte ouverte derrière moi, ce qui a poussé ma femme à me crier : « Et les glaçons ? »

Avec un soupir, je suis allé fermer le battant pendant que M. Alexander inspectait l'extérieur de la boîte. « Elle paraît avoir été sculptée à la main, et ces motifs, le long des parois, semblent être germaniques ou peut-être même scandinaves. Si elle est authentique, elle est très ancienne et très précieuse. Je suis surpris que quelqu'un l'ai cédée à une brocante. »

Il a soigneusement ouvert le couvercle pour révéler les trois cloches ornées en bronze qui se trouvaient à l'intérieur. Au lieu de retirer l'une d'entre elles pour l'examiner, il a saisi le morceau de parchemin, et a remis la boîte au Père Cooke.

A mesure que ses yeux parcouraient le document à l'aspect ancien, un sourire s'est dessiné sur le visage de M . Alexander, ce qui m'a permis de déduire qu'il avait trouvé la réponse qu'il cherchait. Après avoir terminé son examen, il a récupéré la boîte du Père Cooke, et lui a tendu le morceau de papier.

« Ce sont des cloches d'appel, a indiqué M. Alexander en montrant les instruments que contenait la petite boîte. Et ceci, a-t-il dit en pointant la partition, fonctionne comme une incantation. Votre femme a dû tenter d'utiliser ces cloches pour jouer la musique. C'est ce qui a permis à l'esprit du Solstice de la posséder.

- Le quoi ? ai-je demandé.

- Les vieux esprits de la nature, a expliqué le Père Cooke. Des milliers d'années avant que Dieu ne vienne sur Terre, les humains vénéraient diverses divinités de la nature. Les esprits du Solstice étaient les émissaires de beaucoup de ces anciens dieux.

- Mais notre Dieu est un Dieu jaloux, a complété M. Alexander. Quand Il est arrivé, Il a exigé la loyauté de tous, y compris de ces entités. La plupart d'entre elles étaient impuissantes contre Lui, et ont été forcées de se joindre à sa cause. Aujourd'hui, nous appelons certains de ces esprits des anges. En revanche, ceux qui ont lutté en s'opposant au Très-Haut ont rejoint les rangs de la horde de démons du Serpent, ou ont été repoussés dans les plus profondes et sombres crevasses existant entre le Ciel et l'Enfer, rarement visibles aux yeux des humains.

- Oookaaayyy… Mais quel est le rapport entre Noël et toutes ces foutues décorations ?

- Les esprits du Solstice ne sont normalement pas malveillants. En fait, beaucoup d'entre eux ont été appelés à aider en cas de besoin, à rendre grâce, ou simplement célébrer le changement des saisons, a clarifié le Père Cooke.

- Le problème avec cet esprit, a poursuivi M. Alexander, c'est qu'il n'a probablement pas vu le monde depuis des milliers d'années et qu'il est maintenant comme un enfant dans un magasin de bonbons. Il pense qu'il a été invoqué pour célébrer le Solstice d'hiver. C'est pourquoi il se concentre sur les symboles non religieux de Noël, et c'est aussi pourquoi il a essayé d'imposer ces choses à vos voisins.

- Laissez-moi vous arrêter là, l'ai-je interrompu avant qu'il n'ait pu continuer. En supposant que tout ce que vous venez de me dire est vrai… Pouvez-vous sauver ma femme ?

- Je n'ai jamais rencontré d'esprit du Solstice auparavant, mais je crois que nous pouvons la sauver, a déclaré M. Alexander.

- Mais, si ce n'est ni un ange ni un démon, lequel d'entre vous va pratiquer l'exorcisme ? leur ai-je demandé.

- Un exorcisme ne marchera pas sur votre femme. Les esprits du Solstice ne sont pas soumis aux mêmes lois que celles régissant la condition des anges et des démons, a réfuté le Père Cooke.

- Alors comment allez-vous la sauver ? »

M. Alexander s’est mis à sourire, provoquant une grimace du Père Cooke :

« Je déteste quand vous souriez comme ça.

- Si la légende est correcte, les esprits du Solstice sont essentiellement des brutes. Ils n'aiment pas qu'on leur dise quoi faire, ils veulent pouvoir imposer ce qu'ils veulent quand ils veulent et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s'assurer de l'obtenir. Mais si vous êtes face à un tyran, quelle est la meilleure façon de le faire partir ? »

Le sourire de M. Alexander s'est agrandi :

« Vous allez chercher un plus grand tyran.

- Quoi ? ai-je bafouillé en passant la main dans mes cheveux. J'ai peut-être trop bu, mais je ne vous suis pas.

- Ce qu'il dit, a enchaîné le Père Cooke, c'est qu'il veut effrayer l'esprit qui possède votre femme.

- Comment ça marche ? »

J'étais extrêmement sceptique.

« C'est un esprit, qu'est-ce qui pourrait l'effrayer ?

- Noël, c'est célébrer, répandre la joie autour de nous et pardonner les petites offenses de la vie. C'est ce que l'esprit du Solstice veut incarner, à sa manière. J'ai l'intention d'invoquer un esprit qui est à l'exact opposé de cette vision des choses, a affirmé M. Alexander.

- Je me doutais bien que c'était pour ça que vous souriiez, a souligné le Père Cooke en pointant du doigt son collègue. Si vous allez faire ce que je pense que vous allez faire, vous devez l'avertir des risques. N'oubliez pas ce qu'il s'est passé la dernière fois que vous avez invoqué quelque chose en dehors de notre domaine de compétence.

- C'était un manque de pot. Je ne m'attendais pas à ce que le garçon l'invite à entrer. »

Ce dont ils parlaient semblait être un vieux point de discorde entre eux deux.

« Je doute sérieusement que Mme Hudson fasse quelque chose comme ça.

- De quoi vous parlez ? »

Je commençais à être fatigué. Je ne savais pas combien de temps encore je pourrais supporter cette folie. M. Alexander a soupiré, et a poursuivi :

« Il n'y a qu'un seul esprit que je connaisse étant capable de renvoyer l'esprit du Solstice dans la grotte sombre d'où il est sorti… Un esprit qui incarne la peur, la mort et l'isolement. Un esprit appelé Samhain. »

J’ai fixé M. Alexander jusqu'à ce qu'il m'explique.

« Samhain est une sorte d'esprit de la moisson… Comme l'esprit du Solstice, il est libre des règles de la religion qui nous gouvernent. » En prononçant le dernier mot, il a désigné le Père Cooke d'un geste du menton, lequel a complété :

« Vous le connaîtriez probablement mieux en tant qu'esprit d'Halloween. »

M. Alexander a regardé le prêtre quelques instants, et a repris :

« Le Père Cooke s'inquiète que nous ne puissions pas le bannir avant qu'il n'essaie de combler le vide laissé dans le corps de votre femme lorsque l'esprit du Solstice s'enfuira.

- Ça semble fou. Ne pouvons-nous pas simplement négocier avec lui et le faire partir de lui-même ? Si c'est l'esprit de Noël, ne va-t-il pas s'en aller quand Noël sera passé ?

- Il pourrait. Ou peut-être pas. Imaginez que je vous donne les clés de votre voiture préférée et que je vous dise : "Rapportez-la quand vous voulez", combien de temps la conduiriez-vous avant de la rendre ? »

M. Alexander n'avait pas tort. De plus, je ne pensais pas pouvoir supporter un autre jour de cette folie.

« Nous ne savons pas combien de temps cette chose prévoit de rester. Nous pouvons essayer d'attendre, ou nous pouvons la forcer à partir ce soir. »

J'ai pris une profonde inspiration, puis j'ai expiré d'autant plus fort.

« D'accord, allons-y. Si j'étais à sa place, je voudrais que vous me l'enleviez le plus vite possible. »

J'ai prononcé ces mots avec une certaine forme d'incrédulité. Après tout, je n'arrivais pas à croire que tout ça se produisait réellement.

« Quelle est la prochaine étape ? Je dois signer une sorte de contrat ? »

Je me souvenais en effet avoir lu que la femme dont ils avaient sauvé le fils avait dû signer un document, pour préparer le rituel.

« Aucun contrat n'est nécessaire. » Visiblement, la question avait amusé M. Alexander.

« Ce que nous allons faire n'est sanctionné par aucune de nos Eglises, donc aucun paiement n'est requis, mais je vais prendre ça avec moi, a-t-il dit en brandissant la boîte de cloches. Vous pouvez considérer ça comme un paiement, si vous le souhaitez.

- Ça me va, lui ai-je répondu. Quand allons-nous commencer ?

- Nous devons d'abord nous assurer que l'esprit de Samhain se sentira le bienvenu lorsqu'il sera invoqué. Ça permettra de s'assurer qu'il restera attaché à la maison suffisamment longtemps pour qu'il prenne conscience de la présence de l'esprit du Solstice.

- Comment faire ?

- Nous devons d'abord débarrasser la maison de toutes les décorations de Noël, a expliqué M. Alexander. Ensuite, nous devrons la redécorer avec celles-ci », a-t-il indiqué en montrant les grandes boîtes étiquetées HALLOWEEN empilées dans le coin du garage.

« … Et juste au cas où, a ajouté M. Alexander en se tournant vers le Père Cooke, indiquant que ce qu'il allait dire était à son intention, nous devrions sceller tous les couteaux… et les fourchettes, aussi.

- Vous n'oubliez pas quelque chose ? »

Le Père Cooke le regardait avec les sourcils levés, visiblement troublé par ladite omission. M. Alexander a semblé légèrement ennuyé, puis a répondu :

« J'allais y venir… Je voulais juste attendre que tout soit prêt ».

« De quoi parle-t-il ? ai-je demandé.

- Invoquer l'esprit de Samhain nécessite un certain type d'investissement, a éclairci M. Alexander. Il faut un peu plus que de la motivation, en plus de quelques phrases anciennes, pour le faire apparaître.

- Quel type d'investissement ? »

J'avais peur de poser la question, mais je l'avais fait quand même.

« Est-ce que c'était de la nourriture pour chat dans la gamelle que j'ai vue sur le sol de la cuisine ? »


Ce texte a initialement été réalisé par K.G. Lewis sur Creepypasta.com, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Miss_Cobra qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, AngeNoire, Kitsune, et Noname qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Litanie et Gordjack qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.

2 commentaires:

  1. Pas les potits chats

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  2. OMG ce cliffhanger c'est trop cruel, je veux pas imaginer la suite ;-;
    Fuuuuiiiiis pour ta vie petit chat !!!

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