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Le Chiffre de l'ombre : Quatrième partie

Le Chiffre de l'ombre : Première partie
Le Chiffre de l'ombre : Deuxième partie
Le Chiffre de l'ombre : Troisième partie
Le Chiffre de l'ombre : Quatrième partie


26 Février, 1860 

Titubant dans la neige recouvrant la cour, j'ai espionné mon frère George avec un groupe de travailleurs et j’ai boité avec détermination vers lui, le tirant loin des autres pour que nous puissions parler rien que nous deux.     

« Je ne fais pas confiance à ce prêtre. Pour moi il n'est pas un homme de Dieu.     

– Et pourquoi cela, William ?

– Il s'enferme à l’intérieur avec mes filles, et fait des choses étranges qu'il ne laisse personne d'autre voir.      

–  Mais tu as dit toi-même que tu avais vu de l'amélioration dans leur état.   

– Peut-être. Peut-être que leur maladie s'en va d'elle-même. Elles l'appellent le Chiffre Noir, et disent qu'elles sentent le sang dans son souffle et ses mains. Que penses-tu de ça ?      

– Mon cher frère, mon aîné, tu ne dois pas écouter les mots et mensonges de la bête ! Le révérend est un homme bon. Je le sais. Nous avons longuement parlé durant la nuit. Nous ne sommes pas si différents. Il était un colon tout comme nous les sommes. Il avait une famille et un grand ranch. Il était allé acheter du bétail et était rentré chez lui pour découvrir que son ranch avait été dévalisé par des Indiens en guerre. Sa femme, son enfant, ils ont été découpés en petits morceaux. Tellement mutilés qu'ils étaient méconnaissables. Il savait que seul des démons pouvaient faire une telle chose. Des démons. Alors il s'est donné à l’œuvre de Dieu.     

–  L’œuvre de Dieu ? Tuer des indigènes ? Si ces meurtres en font des démons, alors, dis-moi, je t'en prie, qu'allons-nous faire ? Comment pouvons-nous les condamner pour des actes de violence quand nous essayons de les anéantir avec la nôtre ?    

- Frère, tu es vraiment d'une nature fragile. J'ai des affaires à régler. Il y aura une réunion demain. Tous les fermiers et agriculteurs de milles lieux alentour seront là. Tu pourras exprimer tes préoccupations là-bas. »

Il est retourné avec les travailleurs et m'a laissé seul dans la neige. Mon œil me faisait mal et je pouvais sentir du pus dégouliner de sous le cache-oeil. Je l'ai essuyé avec un mouchoir, me suis tourné à l'aide de ma béquille, et l'ai jeté par terre. Dans les branches dénudées d'un vieux chêne, quelques corbeaux se querellaient et leurs croassements résonnaient à travers le paysage gelé.     

27 Février, 1860    

La réunion de cette nuit m'a beaucoup ébranlé et je me retrouve à douter de Dieu et de ce pays. Je me demande même ce que veut dire être chrétien. Ma foi elle-même semble en péril, d'autant plus que j'entends les plaintes de mes filles et leurs cris de lamentation résonner à travers les ténèbres.     

La réunion s'est tenue dans notre grande salle à manger. Nous étions beaucoup, mon estimation est de six membres de notre communauté de colons. Le célèbre tueur d'Indien Henry Larrabee était présent, un homme dont l'existence même remplit mon âme d'effroi. Beaucoup ont fait le récit de la façon dont ils ont pris du plaisir à fracasser les têtes des squaws, des enfants et des nourrissons.     

E. L. Davis était là. Il présidait, le révérend à sa droite et mes trois frères à sa gauche.     

« Nous avons demandé au gouverneur Downey que les volontaires d'Humboldt soient mobilisés et il a décliné notre pétition en affirmant que l'armée américaine avait envoyé une compagnie complémentaire de Réguliers à Fort Humboldt. Les avons-nous vus ? Non. »     

Seman Wright s'est alors levé, en hurlant.

« Nos arguments au gouvernement fédéral tombent dans les oreilles de sourds ! Déjà au sud de la Caroline, du Mississippi, de la Floride, d'Alabama, de Georgie, de Louisiane et au Texas, ils ont fait succession de l'union. Ils sont au bord de la guerre civile et ne peuvent pas envoyer de troupes pour nous aider. Nous devons nous contenter de nos propres moyens. »     

Une grosse clameur d'approbation accompagnée d'acclamations de « C'est ça, c'est ça ! » a éclaté à travers la pièce.     

David s'est mis à discourir une fois de plus.

« Cette compagnie est nécessaire pour les vies et le bien-être de nos familles et amis. Si nous ne pouvons pas obtenir la protection qui nous revient de droit de la part de l’État du gouvernement fédéral, une protection à laquelle les citoyens ont droit, je m'opposerai à payer plus d'impôts pour ma part ! Nous allons mener nos propres batailles par nos propres moyens, exterminer les Indiens de la face la terre tant que le pays sera concerné ! »     

Son cri a été accueilli avec de violents cris d'approbation une fois de plus et des martèlements de pieds et de poings. Moi, dans le fond de la pièce, je ne pouvais garder le silence plus longtemps et j'ai pris la parole dans le vacarme.     

« Suis-je le seul homme parmi vous qui implore la paix avec les indigènes ? Rien de bon ne peut naître de ce massacre. La violence n'engendre rien d'autre que plus de violence. Nous devons trouver la fraternité ou je crains que nous ne soyons tous condamnés.     

– La fraternité ? a crié quelqu'un, ils ne sont pas nos frères.    

– Ils ne sont pas de ma famille, a crié un autre avant qu’une vague de huées et de railleries ne se soit déclenchée contre moi.     

– Pensez au message de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, leur ai-je habilement répondu.

– Pensez au proverbe du bon samaritain. »     

Alors le Révérend s'est levé.

« Nous sommes ici engagés dans une grande guerre spirituelle avec le mal ! N'utilisez pas à tort et à travers les mots de notre Sauveur pour affaiblir cette armée chrétienne. Notre Seigneur disait dans Luc, 12 :51, “Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la division.”    

– Et puis-je vous demander, hurlais-je, bon pasteur, cher révérend, quel est votre clergé ?     

–  Mon clergé, criait-il, est n'importe quel et tous les hommes qui osent me suivre contre les païens de ces collines ! Les héros de Humboldt qui osent faire face au diable ! Ceux pour qui je prêche ! Et ceux à qui je donnerai ma bénédiction ! »     

Je continuais de parler mais mes paroles étaient noyées par les cris appréciateurs de la foule déchaînée.     

Le révérend a continué, criant aussi fort que ses poumons le lui permettaient, des postillons sortant de sa bouche.

« “Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive !” comme disait notre sauveur. Qui plus est, “que celui qui n'a point d'épée vende son vêtement et en achète une !” Maintenant, comme il nous l'a ordonné, Faisons la GUERRE. »     

Soudain tout le monde s’était levé, applaudissant et piétinant, marchant tout autour de la pièce et dans la nuit. J'ai remarqué George dans la foule en délire et l'ai attrapé par la manche.     

« Frère, l'ai-je imploré, c'est de la folie. Qu'est-ce que penserait notre père ? Il nous a appris la bonté envers notre prochain. Sur l'île du Prince Édouard, il s'est battu pour faire la paix avec les natifs. J'en suis sûr, rien de bon ne peut résulter de ce que vous voulez faire.   

– Nous ne sommes plus au canada, m'a-t-il répondu aussi froid qu'une pierre tombale âgée d'un siècle, nous devons prendre les choses en mains. »

Il a jeté un rapide regard dédaigneux sur moi. 

« Regarde ce qu'il est advenu de toi, mon frère. Un boiteux à moitié aveugle. Ton devoir est avec tes filles. Va les rejoindre. Veille sur elles. Nous allons faire ce qui doit être fait. »     

Il s'est secoué pour échapper à l'emprise de ma main et a rejoint les masses. La foule montait sur leurs chevaux prenant le galop, et ils s'en sont allés loin des portes de notre fort avant de se faire avaler par la nuit, laissant seulement l'écho de leurs violents cris de vengeance.    

29 Février, 1860 

Je sens l'emprise de la folie se resserrer sur mon esprit tandis que les hurlements de mes filles emplissent ma tête comme un essaim d'abeilles le ferait avec le creux d'un tronc.     

J'écris ceci comme une pénitence, comme une confession, pour expier et obtenir le pardon divin pour les actes que j'ai commis et que je suis sur le point de commettre. Pour me débarrasser du Chiffre Noir, pour trouver la rédemption pour ce chiffre de l'obscurité qui salit mon âme. Quel supplice que d'écrire cela ; en effet, je frappe mes poings sur ma tête et la cache dans mes mains, mes larmes tachent ce parchemin et étalent l'encre noire.     

Il semble que je suis aussi tombé sous l'influence démoniaque. Pour quelle autre raison aurait-il pu m’arriver une chose pareille ?      

La nuit dernière, j'ai été tourmenté par le plus odieux des rêves. D'ignobles visions de fornication de la plus illicite des manières. Avec mes propres filles. Mes deux filles de seulement quatorze ans. Nous étions allongés ensemble d'une manière que je n'avais jamais envisagée auparavant. Des positions étranges et contre-natures. Je me suis réveillé en sueur, les pensées s'embrouillant dans ma tête et j'ai repoussé le rêve sale de mon esprit, déterminé à l'oublier, pensant qu'il ne pouvait qu'être le produit de l’angoisse et de l'épuisement.     

Je me suis habillé et suis allé vérifier comment allaient Bethany et Josephine. J'ai ouvert la porte pour les trouver détachées et nues, s’enlaçant avec leurs bras, s'embrassant d'une façon obscène avec leurs langues dans la bouche de l'autre.     

« Tu es revenu pour en avoir plus, Père ? » a dit Bethany, en me faisant un clin d’œil horrible. Alors, en regardant par terre, j'ai vu mon pantalon, ma chemise de travail et ma redingote, entassés sur le sol. J'ai soudain réalisé que ces horribles visions n'étaient pas un rêve. Horrifié, je me suis rappelé de moi rampant jusqu'à leur chambre pour les détacher et coucher avec elles.     

Joséphine me regardait maintenant et parlait.

« Je vais appeler mon fils comme toi, Père, pour que tu sois son père aussi. »     

Elles ont jeté la tête en arrière en riant, des railleries nauséabondes, et c'est Bethany qui a parlé cette fois.

« Et je vais nommer mon fils Michael comme le révérend. »     

Je reculais, abasourdi et horrifié par leur ton léger.    

« Quel est le problème, Papa ? Triste que nous ayions demandé à ton petit prêtre de tuer Kaiquaish ? Nous avons vu la façon dont tu la regardais. Vilain, vilain. Peut-être que tu la reverras en enfer. Et sais-tu ce que nous avons fait faire à ton révérend et tes frères à présent  ? De la spéléologie dans les têtes de bébés sur une île de la baie ! »     

Elles sont reparties d'un grand éclat de rire avant de bondir sur leurs pieds d'une façon absolument pas naturelle, elles flottaient même au-dessus du sol en venant vers moi, leurs doigts recourbés, telles des griffes de prédatrices. Juste quand elles m'ont atteint, j'ai retrouvé mes sens et ai réussi à claquer la porte, poussant le gros verrou en fer. Quand elles ont frappé contre la porte, elle a ployé pendant un moment et j'ai cru qu'elle pourrait éclater, mais ça a tenu bon. Alors elles ont commencé à donner des coups et à s'énerver dessus, grattant et hurlant comme des sorcières.     

« Laisse-nous sortir, Père ! disaient leurs cris étouffés de l'intérieur, laisse-nous te supplier comme nous l'avons fait l'autre nuit ! »     

Maintenant que je suis assis là et que j'écris, mes mains tremblent tellement qu'elles peuvent à peine faire griffonner à la plume les mots sur le papier. Je peux seulement espérer effacer mon Chiffre Noir avec ces confessions. Que je peux échapper à ce pêché incestueux des ténèbres qui a en quelque sorte trouvé sa place sur mes faibles épaules incapables de le supporter. Ne voyant qu'un seul recours à cette abominable situation, je vais chercher l'essence de Térébenthine, la graisse de baleine, la graisse d'engrenage, n'importe quoi d'inflammable que je pourrais trouver, et en couvrir la maison avec. Me couvrir moi-même avec. Et espérer que les flammes de cette terre pourront apaiser notre Seigneur et Sauveur ainsi de m'épargner des flammes sulfureuses de l'enfer souterrain.


Traduction de Antinotice

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