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Le Chiffre de l'ombre : Première partie

Le Chiffre de l'ombre : Première partie
Le Chiffre de l'ombre : Deuxième partie
Le Chiffre de l'ombre : Troisième partie
Le Chiffre de l'ombre : Quatrième partie


Le journal de Charles Cooperton.

9 Février, 1860

Je commence ce journal comme un testament pour les épreuves et les souffrances que ma famille a endurées.  

Puisse Dieu avoir pitié de nos âmes ; j'ai l'impression que nous sommes vraiment maudits. 

Quand je pense que cela fait seulement six ans depuis que nous avons quitté notre terre ancestrale de l'île du Prince Édouard pour venir sur celle soi-disant promise de Californie. Une éternité à mes yeux. Je suis devenu veuf. Ma jambe gauche a été amputée et remplacée par une autre, inconfortable et trop longue patte de bois, je boite et je dois m'appuyer sur une béquille. J'ai regardé notre fortune familiale s’effondrer lentement jusqu'à presque disparaître entièrement. Et maintenant, j'ai dû faire venir un prêtre pour l'état de mes filles qui a empiré. Beaucoup empiré. Mes deux petites jumelles – Bethany et Joséphine – ont commis des actes de profanation et de fornication tels que j'arrive à peine à y penser, et encore moins à le confier sur le papier. Il semble en effet que mes chères enfants, âgées de seulement 14 ans, aient succombé à une sorte d'infection démoniaque et soient possédées par des démons. Même en ce moment, alors que je suis assis, occupé, la plume à la main, à noircir ce pâle parchemin avec mes mots, je peux les entendre crier de leur chambre, où nous avons dû les attacher à leurs lits, leurs hurlements, semblables à ceux d'animaux, comblant le vide de la maison. 

De plus, la situation avec les indigènes ne cesse de s'aggraver. Bien que nous ayons eu pitié de leurs parias et que nous ayons ramené chez nous leurs malades et leurs vieillards, un veuf et sa fille, et que nous les ayons traités avec rien d'autre que de la dignité et du respect comme le voulait la coutume de l’île du Prince Édouard, ils nous voient comme le diable et haïssent nos prés et nos champs, nos granges et nos clôtures, et tout particulièrement notre moulin. Leurs attaques sont devenues si conséquentes que nous avons dû construire une clôture en rondins taillés de deux mètres de haut autour du périmètre du moulin, et quand c'est possible, nous faisons venir quelques gardes armés pour surveiller l'entrée.

Maintenant, comme pour mettre toutes ces questions à portée de main du pire, un vent froid nous vient du nord et la neige commence à tomber, épaisse et lourde, couvrant les champs et les forêts d'un manteau glacé. 

Quand nous avons quitté l'île du Prince Édouard pour la terre promise de Californie, notre plus grande crainte était le voyage en bateau autour du Cap Horn. Pendant 230 jours nous n'avons rien connu d'autre que la voile du bateau gonflée par le vent, et quand enfin nous avons fait quai à San Francisco, il est apparu que le Seigneur nous avait souri et nous avait accordé sa bénédiction, car la traversée a été douce et nous n’avons subi aucune des catastrophes qui ont frappé ceux qui avaient pris le même chemin. Tous les quatre, nous étions vigoureux et en bonne santé, ma femme Margaret avait le ventre arrondi par un nouvel enfant. 

Étant le plus âgé, il était de ma responsabilité de partir en repérage et de nous trouver une terre à cultiver ainsi qu’un courant d'eau en montagne suffisamment vif pour construire notre moulin. J'avais emmené avec moi mon frère Adolphe, né seulement un an après moi. C'était à nous deux que notre père avait transmis sa sagesse et ses connaissances sur les affaires des hommes, cela sans oublier l'enseignement de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Les trois derniers – George, David, et John – étaient trop jeunes pour pouvoir se rappeler de notre cher patriarche ou recevoir les préceptes de ses fermes croyances dans ses idéaux de tolérance, de démocratie participative, et ses idées sur l’amélioration de soi. 

Comme de l'or avait été trouvé dans les collines les quatre années précédentes, une importante migration avait eu lieu avant notre arrivée dans toute la zone bordant San Francisco. Nous avons donc été contraints de voyager loin, jusqu'à la côte pour trouver un terrain à vendre. Nous avons tout d'abord pensé à aller dans l'Oregon, mais dans la région sud du comté de Humboldt, à la périphérie d'une petite ville du nom de Hydesville, nous avons découvert ce qui s'apparentait au paradis. Le sol était riche, noir, fertile, le gibier abondant. Il y avait des wapitis et des cerfs, des oies et des canards, les cours d'eau étaient habités par les meilleurs saumons. De plus, nous avons trouvé une prairie bien dégagée, prête pour le labourage, et des collines escarpées avec des courants d'eau parfaits pour les systèmes hydrauliques d'un moulin. 

Après m'être entretenu avec les agriculteurs locaux et les éleveurs, il a été déterminé que ce serait un excellent emplacement pour établir notre moulin et créer nos produits laitiers. Nous avons obtenu des promesses de gens assurant qu'ils viendraient broyer leur blé et leur maïs dans notre moulin, et nous leurs avons fait le serment que nous allions procéder à la construction de routes solides sur les Trinity Alps et dans Sacramento où nous pourrions faire courir le bétail. Enfin, nous avons fait une rapide traversée pour rejoindre nos familles et amis à San Francisco afin de les prévenir. J'étais vraiment pressé de m'installer dans cet endroit, voulant le faire à temps pour la naissance de notre prochain enfant si ce n’était pas déjà arrivé. 

En quittant cet Éden, des projets plein la tête et nos rêves semblants devenir réalité, il était difficile d'imaginer l'horreur qui nous attendait à notre arrivée. Une épidémie de choléra avait balayé San Francisco. Sur quarante de notre groupe, dix-huit avaient succombé à la redoutable maladie. Ma femme était morte – ma douce, ma merveilleuse Margaret – partie loin de moi pour toujours, comme les épouses de tous mes frères. Presque toutes les femmes étaient mortes. Cet honorable sexe, semblait-il, n'avait pas eu la force et les moyens de combattre la maladie comme les hommes. 

« Et qu'en est-il de mon enfant ? ai-je demandé à mon jeune frère David qui devait s'occuper de tout en l'absence d'Adolphe et de moi-même. 

– Le docteur l'a sorti après qu'elle soit décédée. C’était un garçon. Il a vécu pendant quelques instants, mais est mort avant la fin du jour. Je suis tellement désolé mon frère. » 

Un mâle. Un héritier. La seule chose à laquelle j'arrivais à penser était cette pauvre petite vie partie trop tôt, dont le corps était calé contre celui de ma femme adorée. Une étincelle d'espoir qui s'est éteinte en une journée. Je me sentais dépossédé de tout ce que j'avais et j’étais complètement découragé. J'ai beaucoup lutté pour accepter ces faits, mais telle est la vie et qui sommes-nous pour contester les décisions du Seigneur ? Je savais que je devais faire preuve de tolérance. Je devais penser à Bethany et Joséphine, mes douces jumelles aux cheveux couleur miel. À présent j'allais être leur seul parent. Pour elles, je devais mettre de côté ma tristesse. 

En outre, en tant qu'aîné du groupe, je me devais d'avoir l'air fort et stoïque pour donner l'exemple et soutenir les autres qui avaient également perdu des êtres chers. Je m'entourais d'un calme morne et me hâtais de rassembler nos compatriotes pour le voyage. Rapidement, nous avons atteint le nord, désireux de mettre loin derrière nous la ville qui nous avait coûté tant de proches. J'étais maintenant un veuf avec deux filles, laissant derrière moi une femme et un fils enterrés dans le froid, dans la terre enveloppée de brouillard de San Francisco. 

Nous avons monté notre groupe industriel de travailleurs en plusieurs années, nous avons construit des granges, et avons mis en place un ranch avec soixante vaches laitières, deux cents têtes de bovins et trois cents porcs. Et alors que c'était notre première année, nous avons récolté mille cent boisseaux de blé. Nos produits laitiers étaient les premiers dans la région, et si nous vendions du beurre aux mines de Trinity pour un dollar la livre, nous emballions du porc pour Eureka à cinquante cents la livre. Enfin, à la périphérie des colonies, sur le bord d'une dense forêt de séquoias, nous avions construit notre moulin. Le coût de la cargaison de la machinerie ainsi que celui du travail étaient immenses. Ils ont pris une grosse partie de nos fonds, nous laissant à la fin avec un reste de la fortune familiale pour laquelle mon père avait travaillé si dur et tant lutté. Mais nos entreprises semblaient prospérer et nous avions bon espoir de bientôt voir la somme de notre investissement initial réapparaître accompagné d'un joli profit. En fait, notre courage et notre entreprise faisaient venir d'autres colons dans la région où nous avions fait raser la forêt de séquoias pour qu’ils construisent leurs granges, leurs maisons, et planter des champs pour la production de farine et de semoule. 

Nous avons vu peu de natifs durant les premières années, et chaque interaction avec eux était de nature pacifique. Nous sommes même devenus amis avec des personnes âgées, des infirmes, dont une veuve avec plusieurs enfants, et nous les avons laissé habiter avec nous. Nous leur donnions un abri et à manger en échange du travail qu'ils pouvaient fournir. Nous ne savions pas qu'un flot de colons européens empiétait sur les territoires des nombreuses tribus de la côte qui avaient déjà du mal à survivre. Le conflit semblait inévitable, tandis que nous, dans notre ignorance béate, étions inconscients de tout cela. 

Les ennuis ont commencé lorsque Adolphe et moi-même nous sommes aventurés dans les Trinity Alps jusqu'à Sacramento où nous pourrions obtenir un troupeau de bovins. Le voyage s'est passé sans incidents; cependant, sur le retour, nous avons été attaqués par une bande d’aborigènes fous furieux. Nous avons été forcés d'abandonner le bétail à Hayfork, près de la rivière Trinity. Et on m'a tiré une flèche dans la cuisse. Elle est rentrée profondément dans le muscle et sa pointe s'est ancrée dans mon fémur. 

Quand nous sommes enfin retournés à notre campement, nous avons découvert que la plaie s’était infectée. Ma jambe gauche a fini par être amputée. Une procédure épouvantable. J’étais retenu de force par mes frères tandis que le médecin effectuait minutieusement son devoir, une ceinture de cuir serrée entre mes dents. La sensation de la scie déchirant ma chair avant de toucher l'os, le bruit et la vibration de celui-ci quand l'objet tranchant s'est frayé son chemin à travers : jamais auparavant je n'avais eu tant l’envie de mourir. 

Après l’opération, alors que je restais étendu là, dans le tourment et la souffrance, des sangsues ont été apposées sur la plaie afin d’en faire sortir le mauvais sang. Entretemps, Adolphe était parti avec une équipe d'hommes pour réclamer le bétail. Aucun d'eux n'est revenu. Je n'aurai jamais l'occasion de revoir mon frère chéri, et les personnes envoyées en reconnaissance n'ont même pas trouvé un cadavre que nous aurions pu enterrer et pleurer convenablement en lui donnant une sépulture chrétienne. Les Indiens sont à blâmer, je n'en doute pas. Il est à préciser que je sais que toutes les tribus ne sont pas composées de violents hors-la-loi, que beaucoup d'entre elles sont relativement pacifiques. Et en ce sens, même si je voulais que justice soit faite pour les assassins de mon frère, je ne pouvais pas blâmer ou calomnier tous les peuples autochtones pour ce crime. 

Mais c’est après cet évènement que les attaques sur le moulin ont commencé.

En raison de la pression nécessaire au système hydraulique pour faire tourner la roue dans l'eau, nous étions obligés de placer le moulin sur la corne de la montagne, un endroit isolé, loin des fermes et des colonies. Ce qui le rendait vulnérable. Évidemment, des tribus en maraude ont considéré ça comme un sacrilège face à la forêt de séquoia et à la rivière qu'ils considéraient comme un lieu sacré. Et les champs au nord, maintenant cultivés et clôturés, étaient autrefois des prairies où ils chassaient. Par deux fois ils ont tenté d'incendier le moulin. Nous avons embauché des hommes armés pour le garder, mais ça s'est avéré trop coûteux, nos fonds ont diminué pour n'être plus qu'une misère, d'autant plus que perdre l’important troupeau de bétail avait déjà affaibli nos économies. Nous avons donc construit des fortifications autour du moulin, la haute clôture avec des sommets pointus, afin de le transformer en forteresse. 

C'est à cette même période que les problèmes avec Bethany et Joséphine ont commencé. 

À cause de mon infirmité, j'étais considéré comme trop fragile pour être d'une grande utilité dans la laiterie ou les fermes, alors il ne me restait plus qu'à superviser le travail du moulin et à entretenir les livres. À partir de là, il s'est produit un changement au niveau des filles. Elles ont commencé à faire des crises de somnambulisme. Nous les trouvions à errer dans les couloirs la nuit, se tenant par la main, marmonnant des choses incohérentes à propos du diable et des flammes sulfureuses de l'enfer. 

Un soir, en allant dans leur chambre pour les border dans leurs lits comme à mon habitude, je les ai trouvées en train de sauter d'un matelas à l'autre en riant bruyamment. Je n'y ai pas fait attention. Elles avaient 14 ans, presque l’âge de la féminité, leurs corps prenaient des formes et leurs joues devenaient plus rosées, et évidemment des jeux stupides comme celui-ci étaient la norme pour leur âge. 

« Les filles, il est temps de dormir à présent. Arrêtez ce chahut et allez dans vos lits. 

– Mais nous ne sommes plus tes petites filles, ont-elle-dit d'une même voix à vous donner des frissons dans le dos. 

– Allons mes chéries, quel est le sens de cela ? Pourquoi voudriez-vous dire une chose pareille ? 

– Parce que tu n'es plus notre père à présent, a ricané Bethany. 

– Nous avons un nouveau papa maintenant, a déclaré Joséphine avant de partir elle aussi dans un grand éclat de rire, son visage virant au rouge. 

Mais quand j'ai crié : « Alors, alors ! » et ai clappé fortement des mains, elles ont arrêté leurs bêtises et sont docilement allées jusqu'à leurs lits.

« Stupides filles, ai-je dit en lissant leurs couvertures, vous ne devriez pas dire de telles choses. Ça fait de la peine à votre pauvre vieux père. »

Elles ont ricané de nouveau. J'ai supposé que c'était juste une des folies de l’adolescence et je les ai laissées, emportant la lanterne avec moi afin que la pièce soit plongée dans l'obscurité. 

Elles ont tellement changé ces six dernières années, laissant l'enfance derrière elles pour devenir des jeunes filles. Et à ce moment, en boitant le long du couloir, loin de leur chambre, ma jambe de bois traînant sur le sol, je souffrais tellement pour ma défunte Margaret que j'ai senti quelque chose se briser dans ma poitrine. Je me suis effondré en pleurant. Ce n'était pas juste de douleur et de pitié pour moi-même, c’était également à cause de la grande inquiétude que j’avais pour mes filles. Comment pourrais-je, moi, un homme, les élever comme des dames dans cette terre sauvage ? Sans une seule femme raffinée ou rien n’y ressemblant à moins de mille miles ? J'ai pris la résolution de les inscrire dans un pensionnat. Dès le lendemain, je comptais me pencher sur la question et leur trouver un endroit convenable.

Cette nuit, longtemps après minuit, de l'agitation s'est fait entendre dans l'enclos des moutons. 

N'importe qui ayant déjà égorgé une de ces bêtes connaît le bruit que fait un agneau qui agonise. Un gémissement presque humain. Ça m'a réveillé moi, ainsi que quelques travailleurs du moulin qui dormaient dans la maison. Nous équipant de lanternes et de fusils, nous nous sommes risqués à sortir et nous sommes dirigés vers le petit enclos derrière la maison. Nous avons découvert que plusieurs brebis et leurs petits avaient été abattues plus que sauvagement. Une avait sa tête joliment décapitée. 

Les filles avaient fait ça. 

Nous les avons découvertes allongées et dévêtues dans les viscères des animaux éventrés, trempées de sang pourpre, se tortillant dedans. Le pire dans tout ça, c’est qu'elles semblaient avoir commis ce terrible acte de brutalité à mains nues et avec leurs dents. Comment ? Je ne le sais pas. Aucun couteau n'a été trouvé. Elles étaient insensibles et babillaient des choses sans aucun sens pendant que quelques domestiques et moi-même les ramenions à la maison. 

Je leur ai donné un bain cette nuit. Je les ai lavées comme si elles étaient redevenues des bébés. Je les ai assises dans la baignoire avant de verser de l'eau chaude sur elles, pour les détendre et les nettoyer, épurer leurs touffes de cheveux de tout sang, tout en leur disant que tout allait bien, pendant qu'elles bourdonnaient calmement, comme si elles étaient en transe : « Impur, impur, impur. » 

Craignant qu'il n'y ait d'autres étranges incidents de somnambulisme, j'ai mis un verrou à leur porte et j’ai pris l’habitude de les enfermer la nuit. 

Peu de temps après, une étrange maladie s'est abattue sur elles. 

Elles gisaient dans leur lit, tremblantes et transpirantes. Et elles ont commencé à avoir des saignements de nez, d’oreilles, cela avec une humeur bleue et visqueuse coulant de leurs yeux. J'ai cessé de les considérer comme mes deux jumelles adorées, débordantes de vie, prêtes à éclore comme un bourgeon qui grossit avant de devenir une rose. Elles n’avaient pas tardé à prendre l'apparence de monstres, leurs yeux se révulsant souvent, de sorte qu'on n’en voyait que le blanc, brillant et créant un contraste avec leurs cernes. Leurs lèvres avaient pris la contenance de la pourriture et étaient devenues noires et gercées. Un médecin a été appelé. Il ne pouvait établir aucun diagnostic. Elles n'avaient pas de fièvre, pas de glandes enflées. Leur état n’avait pas tardé à empirer comme elles tâchaient de nous maudire plus vilement, de blasphémer et de parler dans des langues étranges dont nous ne connaissions pas les mots. 

C'est quand le médecin a émis l'avis que c'était peut-être une maladie d'ordre surnaturel qu'il nous a recommandé de faire appel à un prêtre. 

Au début, je n'ai pas pris ça au sérieux et j'étais déterminé à attendre patiemment que le mal étrange s'en aille, espérant chaque jour une quelconque amélioration. Il n'y en a pas eu. Elles refusaient la nourriture et commençaient à se faner et se flétrir, leurs yeux enfoncés et perdus dans la peau de leur tête décharnée dont le crâne commençait à se faire voir. Leur belle et épaisse chevelure miel avait perdu de sa souplesse et des touffes commençaient à tomber. 

Les travailleurs autour du moulin ont commencé à s'inquiéter et plusieurs sont partis. Ils pouvaient entendre les cris des filles, les odieuses exécrations qu'elles criaient tout au long de la nuit. Les ouvriers restants ont commencé à me fuir aussi, et quand je venais pour superviser la mouture du grain et en vérifier le poids et la qualité, un silence gênant tombait, ponctué de murmures prudents et de regards furtifs. 

Puis est arrivée cette horrible, atroce nuit, où, je me suis trouvé sans autres choix que celui d'appeler un prêtre. 

J'ai été réveillé par le son des rires et des gémissements. Il était vraiment tard. Je me suis glissé dans le couloir et j'ai remarqué que les bruits venaient de la chambre des filles. De derrière la porte, je pouvais entendre un étrange bruit de succion et des éclats de voix. J'ai déverrouillé la porte, l'ai entrouverte, et dans la pâle lumière de la lune, j'ai vu un spectacle des plus exécrables. 

Que Dieu ait pitié de mon âme pour avoir laissé ces immondes souvenirs remonter à la surface afin de noircir les pages de ce parchemin blanc, mais mes filles étaient nues et enlacées d'une manière des plus hideuses. Leurs visages étaient enfouis entre les jambes de l'autre, leurs mollets encerclant leurs épaules, léchant chacune le sexe en face d’elles. Et, oh, ça me fait mal de l'écrire, mais elles devaient avoir leurs règles, car leurs lèvres étaient colorées d'un rouge foncé qui ne pouvait être que du sang. Quand je suis entré, elles ont tourné leurs têtes vers moi, les yeux révulsés, blancs comme le ventre d'un poisson, les lèvres rouges, ruisselantes, et elles disaient, à l'unisson, d'une voix profonde et sensuelle : « Venez, venez et joignez-vous à nous, Père. » 

C'est là que j'ai su que je n'avais plus le choix, et qu'il fallait faire venir un prêtre de toute urgence.


Traduction de Antinotice


Texte original
Auteur original : Humboldt Lycanthrope

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