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Le puits dans le jardin

Temps de lecture approximatif : 6 minutes

Mon grand-père a grandi dans un élevage de poulets près de Cracovie, en Pologne. Il est décédé il y a plusieurs années maintenant, à l'âge de 82 ans. Mais quelques jours avant sa mort due à une forme agressive de cancer de l'estomac, il m'a fait asseoir à côté de lui dans son vieux rocking chair, et m'a dit avec son accent polonais si familier : « Tu sais... Après avoir pris le bateau pour New York, je me suis promis de laisser cette histoire derrière moi. »

Il n'a pas levé les yeux une seule fois pendant qu'il me parlait, fixant simplement sa tasse de café noir.

« Cela fait 70 ans et je dois absolument en parler à quelqu'un avant de rencontrer Dieu.

« Ainsi suis-je né dans une petite ville pittoresque et vide, qui tenait toujours malgré l'occupation des Nazis. Nous vivions dans une maison de ferme avec deux chambres à coucher, mon père, ma mère, mes frères Michal et Igor, et moi. Je suis désolé que tu n'aies jamais pu rencontrer l'un d'entre eux.

« Quoi qu'il en soit, Michal et Igor étaient des jumeaux totalement identiques, et nous avions entendu des rumeurs par rapport à la fascination des Nazis pour les cas comme eux. Cela nous a poussés à être encore plus vigilants et réservés, même si nous vivions déjà dans un coin reculé de la campagne, à l'intérieur de la dernière maison habitée de la ville. D’ailleurs, pour éviter d'aller dans les villes occupées des alentours, nous ne mangions que du poulet et des œufs de notre élevage à chaque repas, ainsi que tout ce que maman pouvait ramasser d’autre dans le jardin. Nous étions complètement seuls, mais nous survivions.

« La chose la plus difficile pour moi était le fait que je devais dormir dans la cave. Car Michal et Igor étaient encore des enfants en bas âge, et ils avaient besoin de l'attention constante de nos parents. Ctte cave, elle était froide et avait seulement une toute petite fenêtre où passait le clair de lune, seule lumière que j’avais comme je n’avais pas de bougie. C'est la raison pour laquelle je retardais toujours le moment d'y descendre et que j'attendais à chaque fois d'être complètement épuisé afin de ne pas devoir y rester allongé éveillé. Les nuits où je n'arrivais pas à dormir, je me levais malgré tout et regardais par cette toute petite fenêtre qui me donnait une vue sur le jardin et le grand puits abandonné qui y était. C'était ma principale activité lors de ces nuits solitaires hantées par la guerre. En général, c'était ennuyeux et il ne se passait pas grand-chose, mais il m'arrivait quelquefois d'apercevoir une famille, un homme seul ou même deux amoureux, se faufilant dans notre jardin pour atteindre notre porte d'entrée. Ils avaient toujours l'air pressés, effrayés et ils portaient souvent des uniformes en lambeaux. Leur arrivée était toujours suivie d’horribles bruits de coups sur la porte et de complaintes pour que nous acceptions d'ouvrir. À chaque fois, cela causait une dispute entre mon père et ma mère pour savoir si nous devions les laisser entrer ou non. »

Il a bougé pour se mettre au fond du rocking chair.

« Tu vois mon garçon, nous ne savions pas... JE ne savais pas que nous vivions assez près du camp d'Auschwitz et que ces gens étaient des évadés.

– Et tes parents les ont laissé entrer !? ai-je demandé avec impatience.

– Non, a-t-il dit. Cela aurait valu une condamnation à mort pour eux comme pour nous. Les Nazis n'aimaient pas les Polonais, mais ils nous toléraient et il était plus facile de cacher Michal et Igor que tout un groupe d'évadés. Mon père a fait ce qu'il devait faire pour maintenir sa famille en vie. Au fur et à mesure que la guerre avançait, de moins en moins de gens se sont pointés au milieu de la nuit. Mais c’est durant cette période que nos poulets et nos légumes ont commencé à disparaître. Perdre notre seule réserve de nourriture n'était pas tolérable et à ce moment-là, mon père a soupçonné les évadés, alors il a installé une clôture autour de notre propriété. Malgré cela, les poulets ont continué à disparaître. Ils n’étaient pas tués, ils disparaissaient juste. Ils se volatilisaient de leurs cages et de leurs enclos.

« Une nuit, j'ai décidé de rester éveillé pour voir si je pouvais trouver une réponse. J'ai lutté contre la fatigue jusqu'au petit matin et malgré le peu de lumière et la pluie, j'ai aperçu ce qui semblait être une silhouette humaine courir dans le jardin. Je me suis précipité à l'étage pour le dire à mon père et il a couru dehors avec un couteau, la meilleure arme de défense que nous pouvions nous permettre, mais nous n'avons rien trouvé. Personne.

« Mais le lendemain, nous avons trouvé quelque chose. Des empreintes de pas. Elles menaient des enclos à poulets au puits. Elles avaient été faites dans la boue humide et venaient de pieds nus. Pas de chaussures. Pas de chaussettes. Juste des pieds. Mon père a eu pitié de cette personne qui devait chercher refuge et lui a laissé un mot, indiquant qu'elle avait deux jours pour partir et qu'ensuite il commencerait à sceller le puits. »

J'attendais avec impatience que mon grand-père me raconte ce qu'était devenue cette personne.

« La nuit suivante, j'ai eu l'idée d'apporter une couverture dans le puits car l'hiver s'installait. J'ai attendu que mes parents soient endormis et je me suis faufilé dehors. J'ai crié quelque chose d'amical en direction du trou, indiquant à cette pauvre personne que mes intentions étaient pacifiques, et j'ai commencé ma descente en m'accrochant aux chevilles fixées aux pierres. En me rapprochant du fond, j'ai senti une odeur absolument atroce, alors j'ai sorti la lanterne de mon père qui était dans ma poche pour essayer d'éclairer. C'est là que je me suis rendu compte de la profondeur du puits qui, dans le passé, était utilisé pour approvisionner en eau toute la ville et les familles qui y habitaient. Des familles qui n'étaient plus là.

« J'ai seulement trouvé un tunnel. Un tunnel creusé dans la pierre, là où la paroi du puits était effondrée, ouvrant sur une sorte de crevasse de seulement deux mètres de largeur et trois mètres de profondeur et de hauteur. À l'intérieur, il n'y avait pas une seule personne, mais toute une famille, dont une seule "créature" squelettique avait survécu. La lumière se reflétait sur ses yeux enfoncés et sa peau grise. Du sang couvrait son visage et des carcasses de poulets étaient éparpillées partout autour d'elle. Il y avait un tas de volailles en décomposition à côté d'une femme et de ce que je soupçonnais être son fils et sa fille, des enfants qui ne devaient pas avoir beaucoup plus de cinq ans. Ils semblaient être morts depuis des semaines. L'homme, si l’on pouvait toujours l'appeler ainsi, a juste regardé la lumière et je lui ai rendu son regard, incapable de le quitter des yeux. Je ne me sentais pas menacé par lui, car il n'avait aucune agressivité. Il s'est simplement accroupi, immobile, sans bruit, à côté des corps en décomposition de ses proches et des poulets qui devaient être sa source d’eau, étant donné que leur chair n’avait pas été mangée.

« Il semblait vide, dépourvu de tout ce qui fait de nous des êtres humains. Il aurait dû se rendre compte que les membres de sa famille étaient morts depuis longtemps, et pourtant, il apportait toujours de la nourriture à leurs cadavres. Il ne pouvait pas accepter la réalité. Il a fini par tourner la tête quand j'ai dirigé la lumière vers le corps de sa fille. Il l'a regardée fixement, puis s'est assis plus près d'elle et a continué à la veiller.

« "Vous pouvez partir maintenant, lui ai-je dit. Je vais aller ouvrir le portail pour que vous puissiez vous échapper et mon père scellera le puits au matin. S'il vous plaît, partez maintenant." Mais maa voix et mes supplications semblaient n'avoir aucun effet sur lui.

« À ce moment j'ai décidé qu'il valait mieux que je remonte du puits et que je parte, en espérant que l'homme me suivrait et ferait de même. En commençant mon ascension, je l'ai éclairé une dernière fois.

– Qu'as-tu vu, grand-père ? ai-je dit à voix basse.

– J'ai vu une larme couler de son œil. Il était redevenu un homme. Il n'a pu se libérer qu'après avoir vu le cadavre de sa fille, jusqu'alors caché dans l'obscurité. Il a alors réalisé qu'il avait apporté de la nourriture non pas à sa famille, mais à des morts.

« Cette nuit-là, il a encore plu, mais au matin, quand mon père est sorti pour sceller le puits, nous n'avons trouvé aucune trace de pas. »

Traduction : Ramiso

L'auteur de ce texte est anonyme.
 
Le texte original est consultable à l'adresse suivante : https://www.creepypasta.com/the-well-2/

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