Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.

Dernières nouvelles

Après l'élection d'AngeNoire à l'administration, on souhaite la bienvenue à November et Nezhayang parmi nos Community managers !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

CFTC débarque sur Reddit ! N'oubliez pas que si vous voulez contribuer à nos créations de contenus, ça se passe sur Discord !

Anatomie Divine (1) - Scolopendre éxomorphique


Temps approximatif de lecture : 4 minutes. 


Il était 5 heures lorsque nous avons quitté le camp. Et malheureusement, j'avais dû utiliser un peu d'eau potable à cause des vents violents pour être sûr de pouvoir éteindre le feu. Mith était toujours malade, et j’essayais de garder autant de provisions que possible afin qu'elle guérisse au plus vite. Enfin, cela faisait maintenant deux jours que nous étions partis de la cité, or j'avais l'impression que notre exil avait débuté depuis des semaines. Au point que je ne pensais pas que notre squat miteux me manquerait. Et plus nous avancions, moins il était facile de respirer. J'avais l'impression que ces interminables dunes de cendres dansaient. De violentes bourrasques nous balayaient, nous forçant toujours un peu plus à nous emmitoufler dans nos écharpes. Puis le brouillard s'est levé subitement, me permettant de vérifier si mon chariot fonctionnait toujours correctement. C'est ainsi que je transportais Mith, ma fille, atteinte d'une paraplégie. Cet engin m'avait coûté jusqu'à mes dernières économies. Mais alors que je regardais devant moi, les quelques caravanes que je voyais au loin il y a encore cinq minutes étaient à présent cachées par une épaisse couche de cendres. Nous progressions à l'aveuglette, et mes jambes commençaient à souffrir.

C'était maintenant mon ouïe que la tempête impactait. Le seul son que je percevais était l'horrible sifflement strident du vent et de la cendre glissant sur mes vêtements. Ces bruits abjects ressemblaient presque à des cris humains, des cris de souffrance. Ma fatigue s'intensifiant, les courbes des dunes donnaient parfois l'air de valser. Tantôt se formaient des tornades, tantôt des vagues grises brûlaient les quelques morceaux de peau que ma combinaison laissait à découvert. Mais je savais quand mon esprit me jouait des tours. Et cette étrange forme longiligne sous le tapis de cendres n'était pas le fruit de mon imagination. Elle donnait l'impression de tourner autour de nous comme un chasseur traquerait sa proie. Une énorme bourrasque m'a alors forcé à m'arrêter et à me couvrir le visage. J'ai mis un genou à terre afin d'essuyer au mieux cette nouvelle vague. Une sensation de légèreté m'a alors empli, comme si une partie de ma fatigue m'avait abandonné. Pareil miracle n'existait pas dans ce désert. Se pourrait-il que toutes mes prières aient enfin été exaucées ? Bien sûr que non, ce poids en moins n'était rien d'autre que mon chariot... Mith !

La panique me gagnant, je me suis risqué à ouvrir un œil, puis l'autre. Les vagues se dissipaient peu à peu, et il n'y avait plus aucun signe de cette étrange forme. J'y voyais de plus en plus clair. « Je dois la retrouver me suis-je dit, je dois retrouver ma fille coûte que coûte. Elle est tout ce qu'il me reste. »

J'ai vu mon chariot quelques dizaines de mètres plus loin, et l'espoir de récupérer Mith m'a redonné des forces pour de bon. J’ai trébuché de nombreuses fois, me brûlant encore la peau. Et même si les vents continuaient de déformer sans cesse le paysage, je n'avais qu'un objectif et rien ne pouvait se mettre en travers de ma route. Mais mon regain d'énergie s'est épuisé dès que je me suis rendu compte que la cargaison était vide. Non seulement nos dernières provisions n'étaient plus là, mais Mith était introuvable. J'ai hurlé ma rage et ma détresse à qui voulait bien l'entendre au milieu de ce maudit désert. Mais un son que je n'aurais plus jamais cru entendre a soudain retenti. Un son tout aussi faible que familier. J'ai tendu l'oreille.

« Aidez-moi... » C'était elle, ma raison de vivre, ma fille.

« Ai..dez... »

Sa voix était si faible que je peinais à comprendre ce qu'elle disait. Et puis j’ai enfin vu son petit bras s'agiter. J’ai puisé dans mes dernières forces pour me rapprocher d'elle, mais cette maudite forme commençait à réapparaître, elle me traquait. Elle est passée tout près de mon pied alors que je n'étais plus qu'à quelques pas.

« J'arrive, chérie ! » ai-je crié.

Elle se tordait de douleur, tanguant de droite à gauche à la manière d'un vulgaire pantin.

« Papa ! »

Ses paupières se sont ouvertes à l'instant où elle hurlait ce mot, mais ses habituels yeux verts n'étaient plus que deux trous abyssaux d'où coulait son sang encore frais. Elle se tordait de plus en plus vite, ses mouvements saccadés étaient accompagnés de bruits de craquements d'os et de déchirements musculaires. Ce qui restait de ma fille s'est soulevé, emportant avec elle toute la cendre brûlante aux alentours. Ce n'était plus Mith qui se tenait devant moi, elle ne faisait plus partie de ce monde. Plus depuis qu'elle avait quitté son brancard de fortune quelques instants auparavant.

Son cadavre articulé faisait maintenant partie intégrante d'un corps gigantesque ressemblant à un insecte cliquetant, aussi noir que les profondeurs dont il devait venir. Il luisait sous une épaisse carapace formée d'os provenant de plusieurs espèces. Il a ondulé vers moi avec une agilité surprenante pour un monstre de cette taille. Et ce qui ressemblait à deux bras se sont ouverts, laissant apparaître des griffes ayant appartenu jadis à un grand mammifère. Plusieurs cadavres d'humains pendaient des flans jusqu'au dos du prédateur, des hommes, des femmes, d'autres enfants... Tel un marionnettiste, le monstre a incliné toutes ses poupées de chair et d'os dans ma direction, leurs mâchoires tombantes grandes ouvertes. D'un rapide mouvement elles ont fondu sur moi, criant rageusement d'un seul cri, alors que mon sang se glaçait.

« PAPA ! »


Ce texte a été réalisé par RemyC et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez le contacter sur nos plateformes, nous tâcherons de vous y aider si besoin. L'équipe du Nécronomorial remercie également Sawsad et Kitsune qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Magnosa et Noname qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.

2 commentaires: