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Gérard

Gérard est un méchant flic. Oh, pas le genre à faire chanter les conducteurs ivres et à racketter les dealers, encore moins à tabasser les minorités dans les ruelles sombres... Non, pas ce genre-là. Gérard est au dessus. Lui, ce n'est pas n'importe qui. Déjà, c'est l'adjoint du shérif. Et puis, il faut bien dire qu'il est plus cultivé que la moyenne. Il est allé à la fac, où il a étudié la littérature et un peu la philosophie. Plus tard, quand le moment fut venu de lui faire passer quelques tests, on lui a évalué un QI de 130. D'ailleurs, il est devenu enseignant, puis, après un ou deux soucis, il a pris la grande décision de se reconvertir en prêtre. Mais face à ce nouvel échec, il ne s’est pas dégonflé non plus. Il a poursuivi sa vocation de redresseur de torts. C'est qu'il a une certaine morale, le Gérard...

En 1972, après une malencontreuse aventure impliquant deux étudiantes, une corde et un couteau, Gérard est arrêté. Dans l'armoire de son bureau, on retrouve quelques feuillets. Beaucoup ont été détruits avant que la police – ses collègues plutôt – ne rappliquent. Mais bon, on a quand même retrouvé quatre textes. Quatre nouvelles. De simples contes, selon leur auteur.
On y suit un sympathique personnage : La Goule. C'est son surnom. Il est flic (comme c'est étrange). Il lui arrive plein de petites aventures. Des aventures impliquant des étudiantes, des cordes et des couteaux. La Goule aime bien ça, les cordes et les couteaux. Il aime aussi les sacs plastiques, les jupes qui sentent la merde et les mouches sur les yeux des filles. De simples contes, donc.

Gérard est accusé de trente-quatre meurtres. C'est beaucoup. Mais non, Gérard n'est pas la Goule. Tout ça, ce n'est que complots et machinations ! Il s'est juste mis un procureur à dos. Et puis, oui, peut-être, il a un peu abusé dans ses opérations de prévention sur les dangers de l’auto-stop. Mais il faut bien ça parfois. Quand une jeune fille se retrouve ligotée après être montée dans une voiture – même une voiture de flic – il faut bien qu'elle comprenne que c'est de sa faute. « Il fallait être plus prudente, ma petite ». La prochaine fois au moins, elle aura retenu la leçon. La prochaine fois, elle ne finira pas au fond d'un marécage.
Gérard est en taule. Un flic en taule, voyez-vous ça ! Un adjoint de Shérif, en plus ! Mais bon, Gérard sait y faire. En taule, il rencontre plein de personnages sympas qui ressemblent vachement à La Goule. Il y a Ted qui est plutôt bavard. Ottis, un peu foufou. Et Art, le gros dégueulasse. Gérard n’est pas content. Il est innocent, voyons. Alors, histoire de quand même faire quelque chose avec ce qu'il a, il se met à écrire.


Il écrit plein de contes. Il écrit d'abord ses histoires de prisons. Il imagine sa libération... Dans un bar, avec un pote et des putes. Il retranscrit les histoires de Ted (Ah Ted ! Toujours plein d'anecdotes à raconter, celui-là !). Et puis bon, ses autres histoires, là, les premières, elles ont été publiées dans la presse. Tout le monde le traite de monstre mais, au fond, il a un certain succès. Il va jouer là-dessus. Tout le monde le croit coupable ? Peu importe ! Il va jouer les coupables. Il va leur montrer ce qu'un vrai monstre peut écrire.
Alors il écrit des contes. Plein. Comme il aime bien les mouches sur les yeux des filles, il commence par ça : Des Mouches dans ses Yeux. Et puis, il aime bien les têtes aussi. Parfois, avant, il en ramenait chez lui, mais c'était rare. Hmmm, une bonne petite tête de fille, toute seule, sur un pieu. Une Blonde sur un Pieu. Les titres viennent tous seuls. Morbides. Appât pour Alligator. Démons du Crime. Morceaux de Choix. La Mort et le Sexe. Putes : Mode d'Emploi. Terreur Expérimentale. Oui, les titres viennent tous seuls. Ça en rappelle, des souvenirs...


Gérard a une bonne pote dehors. Une ex du lycée. Elle va lui publier ses trucs. Ça l'encourage. Il écrit. Il écrit. Il écrit ses fantasmes, ses histoires de putes et de merdes, d'étudiantes, de cordes et de couteaux. Il parle de sacs plastiques, il parle des marécages et des corps qui flottent au fond de l'eau, menottés à des épaves de voitures coulées. Il parle de cette fille-là, qui pourrit quelque part, attachée à un tronc. Et de cette autre dans l'étang, dévorée lentement par de petits crabes bleus. Sade peut aller se faire foutre. Gérard écrit. Il remplit le monde de ses cauchemars bizarres. Il dessine aussi. Les filles, il les dessine avec des cordes au cou, les genoux ouverts et les seins écorchés.

Parfois, le soir, Gérard se branle. Il se branle en pensant à ce qu'il a écrit. À ce qu'il a fait.

Le procureur, celui qu'il s'est mis à dos, a dit un jour un truc à peu près de ce genre à propos de lui : « Vous savez, cet homme mérite sa place dans l'une des pires prisons du pays. Je veux être personnellement informé de tout éventuel examen de son dossier, s'il demande une remise de peine. Cet homme... Cet homme est dangereux. Je ne pense pas qu'il soit en mesure de se contrôler. C'est un grand malade. Et s'il affirme que j'essaie de tout faire pour le maintenir en détention, il n'a pas tort. Le laisser sortir, ce serait signer l'arrêt de mort de plusieurs personnes ».
On peut être d'accord avec Monsieur le procureur. Gérard est un grand malade. Sa bouche le dit. Son regard le dit. Le tremblement de ses mains et les rides sur son front. Sa voix, qui s'enroue et devient plus grave... Ses yeux qui se mettent à briller dès qu'on parle de cordes. De cordes, de couteaux et de jolies filles pleines de mouches. Gérard est un grand malade, un psychopathe, une anomalie de la science, un monstre, un ogre et probablement la pire saloperie de la pire prison du pire État de ce foutu pays.

Mais ce n'est pas ça qui vraiment me dégoûte.
Non, ce n'est pas ça l'horreur.
Pas ça, la véritable horreur.
La véritable horreur, c'est que ce fils de pute m'a donné envie d'écrire.

Texte de Manticore

7 commentaires:

  1. Donc si j ai bien compris, le mec qui ecrit parle du mec qui lui a donné envie d écrire ? Donc de gerard qui lui a donné envie d écrire des choses horribles ?

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  2. Pour comprendre le texte, j'imagine qu'il faut savoir que Gerard (Schaefer) a vraiment existé.

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    1. Et j’imagine que Ted est Ted Bundy, Ottis désigne Ottis Toole et Art peut être Arthur Shawcross ?

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    2. et oui tu as tout compris, c'est l'histoire de schaefer qui est racontee ici

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  3. La personne qui raconte l’histoire se nomme Sondra London, elle à été l’épouse de Gérard pendant quelques années.

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  4. Cette histoire est crade et inintéressante.

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