Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.

Dernières nouvelles

Les Histoires de Skull a mis en audio notre traduction de Disney's Catacombs, vous pouvez retrouver la vidéo directement sur l'article en cliquant ici !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

La pilule

La pilule était tombée très lentement.
Elle lui avait échappé des mains, avait ricoché contre le rebord de la vasque puis chuté au sol où elle avait roulé, roulé tout doucement sous le meuble. Millie l’avait regardée stupidement, sans bouger. Elle avait tenté de la récupérer par la suite, mais sans succès. Elle ne parvenait pas à la voir, même en plaçant la tête contre le carrelage, et l’interstice entre le meuble et le sol était trop fin pour qu’elle puisse y glisser la main. Aussi Millie avait-elle fini par se redresser précautionneusement et épousseter sa robe du plat de la main.


Que faire ? En prendre une autre ?


Jack mettait ses pilules dans un semainier, ces petites boîtes où un compartiment correspondait à un jour. Une case, une pilule, un jour. Facile. Oui, très facile. Mais Jack vérifiait le semainier tous les matins : prendre la pilule était très important. « N’oublie pas ta pilule Millie, tu sais très bien comment tu es quand tu ne le fais pas. ». C’était lui qui remplissait la boîte tous les lundis.


Si Millie prenait une autre pilule du semainier, il s’en rendrait compte. Elle ne le voulait absolument pas. Non, non. Jack s’inquiétait trop, le pauvre chéri. Beaucoup, beaucoup trop, et il la surveillait tout le temps. S’il apprenait qu’elle avait perdu une des précieuses pilules, il irait par la suite jusqu’à la regarder l’avaler.
Millie referma vivement le semainier et le replaça résolument dans l’armoire de la salle de bain.
Elle but tout de même le verre d’eau.


Plus tard, lorsque Jack lui demanda si elle avait pris sa pilule, alors qu’elle faisait chauffer la bouilloire dans la cuisine, elle lui répondit que oui, bien sûr mon chéri, je l’ai prise. Elle l’entendit tout de même ouvrir l’armoire de la salle de bain, puis le claquement du semainier. Cela la fit se tendre légèrement, comme si Jack pouvait voir à travers le meuble, voir la pilule qui avait roulé dessous.
Mais tout semblait en ordre, aussi Jack referma l’armoire et vint vers elle, posant une main ferme et rassurante sur son épaule.


« C’est très important, tu sais très bien comment tu es quand tu ne le fais pas. 
Oui, répondit placidement Millie. »


Et la bouilloire siffla, d’un sifflement perçant et aigu qui lui cribla les tympans.


oOo 


 
A dix-neuf heures, Millie se retrouva à préparer le repas comme à son habitude. Elle tranchait méthodiquement une carotte tout en tentant de dissimuler à Jack les soubresauts spontanés de ses mains. Elle savait pertinemment d’où venaient ces tremblements involontaires. Et de se voir ainsi diminuée, de se voir ainsi incapable de se contrôler sans la maudite pilule cela… Cela… L’agaçait. Oui, voilà, cela l’agaçait.
Elle ne pouvait s’empêcher de jeter de petits coups d’œil suspicieux autour d’elle. Elle s’était sentie de plus en plus oppressée au cours de la journée, comme si un poids lui compressait la poitrine. Il lui semblait qu’un danger pouvait surgir de n’importe où, de derrière le canapé ou la porte. Elle avait déjà vérifié plusieurs fois, compulsivement, ce qui était tout à fait stupide. Il ne pouvait pas y avoir quoi que ce soit derrière le canapé ou la porte. Mais elle y revenait toujours. Comme si une petite voix lui soufflait, venue des profondeurs de son inconscient, tu es en danger, en danger, PREND GARDE A TOI ! 

Jack avait oublié d’acheter le beurre. Il oubliait toujours d’acheter ce fichu beurre. Et lorsqu’elle avait voulu sortir en acheter, il l’en avait empêchée.


« Ne t’embête pas Millie, j’irai demain pour toi. Tu n’as qu’à mettre de l’huile à la place pour ce soir d’accord ? »


Toujours à l’empêcher d’aller à l’extérieur, toujours sur son dos à la materner, cet espèce de petit con. Ce bâtard de merde !


Voilà Millie, voilà ce qui arrive quand tu ne prends pas la pilule.


« Tout va bien, ma chérie ? » demanda Jack,


Millie releva vivement la tête vers lui. Et d’entendre son ton doux et sucré, de voir son visage prévenant, cela lui donna l’envie folle et foudroyante de lui lacérer le visage de la lame, de lui trancher la langue et lui crever les yeux. De le frapper, encore et encore, avec rage, jusqu’à ce que le rouge dégouline et recouvre tout.


« Oui » lui dit Millie en souriant, et elle continua de couper la carotte, lentement, doucement, une tranche après l’autre. Le couteau montait et s’abaissait régulièrement, et elle suivait des yeux le mouvement du fil aiguisé comme un métronome. Jack s’était assis dans le canapé pour regarder la   télé. Il lui tournait le dos. Et le couteau montait et s’abaissait, et chaque fois la carotte cédait avec un claquement. Clac, clac, clac.
Il lui tournait le dos.


Puis le présentateur hurla « BUUUUUUUUUUUUUUUUUT ! » et Millie sursauta violemment, revenant subitement à elle-même. Elle eut un long frisson d’horreur. Jack maugréa quelques instants au sujet de l’arbitre.
Malgré tous ses efforts, Millie ne parvint pas à desserrer les doigts du couteau, et elle le glissa dans la poche de sa robe.

 
oOo 


 
Elle se réveilla au cœur de la nuit sûre d'une chose.
Elle ne s'appelait pas Millie.



G. Il lui semblait que son prénom commençait par un G, Ga… Gab… Elle ne parvenait pas à l’arracher de son esprit encore englué dans une brume opaque.
Elle avait toujours le couteau, glissé derrière l’élastique de sa culotte et plaqué à sa hanche. Mais elle avait aussi remarqué la chaîne sur la porte et les barreaux aux fenêtres. Et derrière cette fenêtre et ces barreaux, des arbres à perte de vue. Elle n’avait pas repéré de téléphone.
Elle ne pouvait pas se servir du couteau, pas avant de savoir où se trouvaient les clefs. Elle savait qu’elle n’aurait qu’une seule, qu’une unique et seule chance.
Alors elle resta allongée sur le dos, les yeux rivés au plafond, le coeur battant à tout rompre, à écouter la respiration profonde et régulière de l’inconnu – de Jack allongé à côté d’elle.
Il commençait par un G, oui, elle en était sûre.
Au matin, elle se débarrasserait de nouveau de la pilule.

Texte de Calyspo

8 commentaires:

  1. Bien trouvé le coup de la double personnalité/personne , même si javai des doutes ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n’est pas vraiment ça pour moi. Je dirais que c’est Jack qui l’a enlevée et enfermée. Et il lui fait prendre ses pillules qui lui font oublier ce qu’elle est. Il veut une femme aimante peut-être qu’il n’arrivait pas à en avoir une et que la pillule est de sa fabrication …

      Supprimer
  2. Ce n’est pas vraiment ça pour moi. Je dirais que c’est Jack qui l’a enlevée et enfermée. Et il lui fait prendre ses pillules qui lui font oublier ce qu’elle est. Il veut une femme aimante peut-être qu’il n’arrivait pas à en avoir une et que la pillule est de sa fabrication …

    RépondreSupprimer
  3. Vraiment très sympa, et le côté mystérieux fait réfléchir. Je n'arrive pas à savoir si c'est un cas de double personnalité ou bien comme la dit quelqu'un avant moi un enlèvement et la pilule lui fait oublier qui elle est vraiment. Le fait qu'il l'empêche de sortir, les barreaux aux fenêtres, les arbres à perte de vue et l'absence de téléphone me font vraiment penser à une séquestration dans un endroit perdu au milieu de nulle part.

    RépondreSupprimer
  4. Je l'avais jamais lue celle-la, très intéressante.

    RépondreSupprimer
  5. C'était très agréable à lire !
    Elle est parfaite du début à la fin, j'ai adoré !
    Merci beaucoup :D

    RépondreSupprimer
  6. Pasta assez prenante et original mais j'ai pas vraiment compris la fin mdr

    RépondreSupprimer