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Il me reste deux pas à vivre


Temps approximatif de lecture : 6 minutes. 

Quand j'étais enfant, j'aimais les jeux.

Pas le sport ou ce genre de choses, je détestais sortir, et en fait, je déteste toujours ça. Je préférais rester à l'intérieur, à regarder la télé, à dessiner, mais plus que tout, j'aimais les jeux.

Vous vous souvenez des classiques de soirées pyjama ? Ce genre-là. Bloody Mary, Les Trois Rois, Charlie-Charlie... j'en étais dingue. J'invitais tout le temps des amis à la maison pour y jouer. Tous ceux que je connaissais s'étaient dégonflés au moins une fois lors de nos séances, mais pas moi. Rien ne m'effrayait. Je n'ai jamais crié quand une planche Ouija nous a répondu. Je n'ai pas bronché pendant "Concentrate". J'étais la courageuse de la bande. Je cherchais à avoir peur.

Une nuit, ça a marché. 

Cette fois-ci, c'était quelqu'un d'autre qui avait trouvé le jeu. Pour respecter son anonymat, je vais l'appeler Anne. Ce soir-là, je m'étais rendue chez elle, on fêtait son anniversaire avec des amies. J'étais donc dans la cave, assise sur mon sac de couchage, et mes amies étaient dispersées à travers la pièce. On parlait, on riait, et on mangeait des cochonneries. En y repensant, je regrette.

C'est la dernière fois que j'ai été heureuse.

Vers onze heures, la star de la soirée est descendue. Elle avait un sac de chips. Ses yeux brillaient d'un éclat que je ne connaissais que trop bien.

Elle avait un jeu.

Je me suis redressée sur le matelas. Anne s'est dépêchée de descendre les escaliers et s'est assise sur une couverture. Elle a esquissé un sourire qui m'a donné un frisson d'excitation. Les autres filles se sont tues. Le meilleur moment de la soirée était arrivé.

"Vous avez déjà joué à "La Sorcière et la Servante" ?

J'ai reniflé. "C'est quoi ce nom ?"

"Sérieux, c'est vraiment cool." Anne a posé son sac de chips. "On devrait y jouer."

"D'accord, donc comment on joue ?" a demandé une autre fille.

Anne a souri, appréciant l'attention qu'on lui portait. Je ne peux pas la blâmer : j'avais été à sa place plus d'une fois. Elle a fermé les yeux. Après une pause dramatique, elle m'a pointée d'un doigt tremblant.

"Toi" a-t-elle murmuré.

J'ai levé les yeux au ciel, mais me suis approchée pour m'asseoir près d'elle. Anne a attiré ma tête vers ses genoux.

"Oh ?" Je l'ai regardée et ai souri. "Wow, Anne, je savais pas que tu ressentais ça pour moi-"

"Oh mon Dieu, arrête," a grommelé l'intéressée avec un sourire. "Tu casses l'ambiance !"

J'ai replacé ma tête sur ses genoux. "Si tu le dis..."

"Bon." Anne a bougé ses jambes en s'éclaircissant la gorge.

 "Voilà comment jouer. Il faut au moins deux personnes. De préférence des femmes, mais ça fonctionne aussi avec des hommes. L'une des deux,'la sorcière', couvre les oreilles de  'la servante'.La sorcière doit ensuite dire son plus gros secret à voix haute. Évidemment, la servante n'est pas censée entendre quoi que ce soit. Cependant, le jeu lui laisse entendre certaines syllabes.  Ces syllabes sont les morceaux du nom d'un démon. »

J'ai baillé, interrompant Anne. "Et ensuite on meurt, c'est ça ?"

"Pas exactement," a-t-elle répondu. "Ça délimite le temps qu'il te reste à vivre."

J'ai levé un sourcil. C'était nouveau.

"Plus tu entends de morceaux du nom, moins il te reste de temps." Anne a de nouveau bougé ses jambes, se mettant plus à l'aise."Par exemple, une syllabe, c'est un million de pas."

Je me suis tordue le cou pour la regarder. "Et le nom entier ?"

Anne a ri. "Dans ce cas, tu meurs sur le coup."

"Oh, ça a l'air marrant." J'ai installé ma tête sur ses genoux. "On y va."

Je pouvais presque sentir Anne lever les yeux au ciel. "Oh ça va, on s'y met..."

Et elle a couvert mes oreilles avec ses mains.

Au début il n'y avait rien, juste un marmonnement indistinct. J'étais sur le point de dire que c'était de la connerie.

TA-

J'ai failli m'asseoir. Putain quoi ? C'était aussi clair que si elle avait parlé dans mon oreille. Je l'ai regardée, suspectant une astuce. Tout ce que j'ai vu, c'était le menton de  Anne qui bougeait. Je me suis réinstallée. Sa main avait dû glisser.

BO-

D'accord, donc ça fonctionnait. Je n'ai plus bougé. J'étais sûre qu'une sorte de phénomène naturel faisait partie du truc. C'était toujours le cas. Des hallucinations pour Bloody Mary, le vent pour Charlie Charlie. C'était simple. Je me suis détendue, attendant les prochaines syllabes.

TU-DI-MOU

Puis, ses mains se sont détachées de mes oreilles. Je me suis redressée. Anne me regardait avec impatience.

"Alors ?" a-t-elle demandé. J'ai haussé les épaules.

"Cinq, il me semble ?" J'ai étiré ma nuque. "Combien de temps, Docteur ?"

Anne a soupiré. "Pas du temps, des pas. Enfin..." Elle a réfléchi une seconde. "Tu as vingt pas."

J'ai mis ma main sur ma poitrine dans une fausse expression d'horreur. "Oh non ! Apparemment je vais avoir besoin d'un fauteuil roulant !"

"Oh, la ferme," a reniflé Anne. "Enfin bref, à qui le tour ?"

Tout le monde avait hâte de participer. Une fois leur tour venu, les autres filles ont respectivement obtenu cinquante, quatre-vingts et vingt. La dernière à passer m'a fait un high-five, on avait le même nombre. Puis ç'a été le tour d'Anne.

"D'accord, faut que j'essaie ce truc," ai-je dit, tapotant mon genou. "Viens là."

Anne a grogné. "J'ai pas envie de me lever..."

"C'est pas à toi qu'il reste vingt pas," me suis-je moquée. Anne a ri et s'est approchée. Quand on a été bien installées, j'ai couvert ses oreilles. Bien. Un secret.

"Bon, quand j'avais huit ans, j'ai voulu un cookie," ai-je commencé. Les filles ont rigolé. "Ils étaient sur une étagère donc j'ai TA-"

Ça m'a arrêtée net. Quand j'avais prononcé la dernière syllabe, ça n'avait pas sonné comme ma voix, j'aurais pu le jurer. J'ai levé la tête. Personne n'avait l'air d'avoir remarqué. J'ai avalé ma salive et ai continué.

"J'ai tapé l'étagère en question, ce qui n'était pas une très BO-ahem, bonne idée. Elle est tombée et m'a presque TU- tuée." Je me suis encore arrêtée. Les filles me regardaient. "Continue," a dit l'une d'elles.

"Aha, ouais," ai-je dit. "Euh, j'ai commencé à pleurer, et j'ai DI-dit 'Maman, au secours, je vais MOU-mourir.'" J'ai pris une seconde pour m'éclaircir la gorge. J'avais atteint la limite de mes propres syllabes.

"Elle est arrivée en COU-courant, et j'avais tellement PEur parce que je croyais qu'elle allait me TUer..." J'ai grimacé. Ça commençait à faire beaucoup. "DOnc j'ai fait semblant d'être MOrte quand elle m'a vue."

Les filles ont commencé à rire. "Oh non, pauvre chou !" ont-elles rigolé. J'ai souri  faiblement. Anne s'est assise, enlevant mes mains de ses oreilles.

Elle a souri, puis a compté sur ses doigts avant de lever les mains en l'air.

"Waw, dix syllabes... Oups ! On dirait que je vais mourir !"

Les autres filles l'ont immédiatement acclamée. "Attends, combien de pas ?" ai-je demandé. L'effroi grandissait dans mon ventre. J'avais bien compté le nombre de syllabes.

"Cinq, si je dois aller pisser, je suis condamnée," rit-elle.

Je suis devenue pâle. "Anne, je crois pas que-"

Son visage s'est éclairé. "Oh, je vais mourir ?" Elle s'est levée et a fait un pas de façon exagérée. "Regarde, je fous ma vie en l'air !" Elle en a fait trois autres. J'ai attrapé sa jambe.

"Anne, arrête ça," ai-supplié. Je n'avais jamais eu aussi peur. "C'est plus drôle."

Elle a repoussé ma main en riant. "Pas pour toi peut-être." Elle a tourné un pied. A levé l'autre.

Un dernier pas.

Du sang a jailli de sa bouche.

En quelques secondes, on en était toutes couvertes. Il était encore chaud. Métallique. Rouge. Quelqu'un a crié.

Nous étions toutes marquées par la mort.

La fille à qui j'avais fait un high-five un peu plus tôt, celle qui avait eu vingt également, a inconsidérément utilisé ses pas pour courir à l'étage chercher de l'aide. Son sang a coulé derrière elle dans les escaliers, comme une rivière. Celle qui avait obtenu cinquante est arrivée en haut, mais n'a réussi qu'à effrayer la mère d'Anne avant que ses pas ne soient comptés. La pauvre femme a été recouverte de sang. Quatre-vingts a été plus maline. Elle a gardé ses pas pour aller jusqu'à la voiture de la police. Malheureusement, elle n'est pas allée beaucoup plus loin.

Moi ?

La police m'a trouvée en larmes à la cave, couverte de sang et refusant de marcher. J'ai dû être transportée jusqu'à leur voiture. En fait, j'ai dû être transportée partout. Les docteurs, perplexes, ont attribué ça au choc. Ils ont expliqué la mort des autres par une soudaine maladie. Je ne leur ai pas dit la vérité.

Maintenant, j'ai vraiment un fauteuil roulant. Vingt ans ont passé. Pendant tout ce temps, j'ai fait dix-huit pas accidentels. J'ai passé le reste de mon temps à éviter scrupuleusement de marcher. Je vis ma vie comme une invalide.
Je ne veux plus vivre comme ça.

Considérez ceci comme une lettre de suicide. Je n'ai personne à qui je vais manquer, donc tout devrait bien se passer. J'espère juste que mes jambes peuvent toujours me porter. Mais, avant de partir, vous devez me promettre une chose.

Comptez vos pas.

Ce texte a initialement été réalisé par lucien_321234 sur r/nosleep, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également DydyMcFly qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, P, Undetermined.B et Jared Gauss qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et les membres de la GrammatikWaffe qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. 

6 commentaires:

  1. Toujours agréable à lire ce genre d'histoire parlant de rituels.

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    1. Toujours agréable à lire de genre de commentaire parlant de cynisme.

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    2. Toujours agréable à lire ce genre de commentaire parlant de ce genre de commentaire parlant de cynisme.

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    3. Toujours agréable à lire ce genre de commentaire parlant de ce genre de commentaire parlant de ce genre de commentaire parlant de cynisme.

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