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Nous ne voulons pas mourir - Prologue & 14 Août 2026

Prologue

L’ordinateur démarra en grésillant. Il faut dire qu’il n’était plus de toute première jeunesse. Mais heureusement qu’il était là tout de même, j’aurais eu du mal à en trouver dans les circonstances actuelles. L’écran s’alluma après une vingtaine de secondes, et je pus bientôt entrer le mot de passe pour accéder à la seule session disponible. Par habitude, je regardai l’heure et la date affichées à droite de la barre des tâches : samedi 11 février, 23 heures 37 minutes. J’eus un petit sourire en coin. Cette fonction était déréglée depuis un moment, et personne ne prenait la peine d’y remédier, personne n’en voyait l’utilité. Dehors, le soleil laissait encore derrière lui une lueur rougeâtre. La nuit était quasiment tombée, mais on était bien loin de l’heure indiquée.

Je cliquai sur l’icône me permettant d’accéder au répertoire « Docs écrits », et, pendant le temps que prenait le chargement, j’écoutai le silence que seul le soufflement de l’unité centrale troublait. Ce silence pesant qui faisait désormais partie de notre quotidien, dés lors qu’on n’entendait pas des explosions, des ricochets de balle, des hurlements de terreur ou de colère ou des grognements sortis d’outre-tombe. Ce silence qui, malgré tout, était mille fois plus inquiétant que les bruits qui pouvaient nous épouvanter, ce silence qui nous écrasait littéralement et nous glaçait le sang. On avait l’impression que l’air lui-même était devenu notre ennemi, qu’il nous espionnait au compte d’on ne sait quelle horreur. Ce silence qui avait rendu fous plus d’un de nos compagnons.

La page s’ouvrit enfin, laissant apparaître une multitude d’icônes de documents Word, certains n’ayant pas de titre très expressif comme « Article 1 », « Article 2 », etc. D’autres semblants un peu plus intéressants, comme « Règles de vie commune », « Ordre des tours de garde à venir » ou « Procédure à suivre en cas d’attaque ». On ne consultait plus beaucoup ce genre de document, la plupart étaient désormais connus par cœur de tous, seuls ceux réactualisés fréquemment méritaient attention. Certains montraient un caractère un peu plus privé, comme « À ma fille », « Pensées intimes d’un rescapé » ou encore « Pourquoi moi ? ». Ce répertoire contenait les mémoires de notre camp, de ceux qui vivaient toujours comme de certains qui avaient disparu. Rares étaient ceux qui n’avaient pas cédé à la tentation de s’asseoir une heure ou deux devant l’ordinateur et d’écrire sans s’arrêter ce qui leur passait par la tête, pour décompresser. Certains avaient préféré le support papier, mais tout avait rapidement été épuisé. Ceux qui n’écrivaient pas étaient ceux qui ne parlaient pas en général.

Tous les documents avaient été copiés sur une clé de mémoire d’un téraoctet. Ce n’était pas la plus puissante qui existait, depuis 2021 tout le monde avait au minimum deux téraoctets, mais c’était tout ce qu’on avait pu trouver. Et puis pour ce qu’on y mettait, c’était amplement suffisant. Mis à part les documents Word, il y avait un peu de musique, quelques films et des photos. C’était tout ce qui nous restait de notre vie d’avant. Le routeur internet était mort, et de toute façon, nous n’étions même pas certains qu’internet marche encore. Sur l’ordinateur, il y avait des programmes qui permettaient de lire nos documents, un démineur et un pac-man. On était bien loin de l’utilité que pouvait avoir un ordinateur il n’y a pas si longtemps.
Je cherchai dans les titres, et mon choix s’arrêta sur un document intitulé « Journal de bord ». Je l’ouvris. La page mit un moment à s’ouvrir, il faut dire qu’elle était plutôt longue comparée aux autres. Les mots s’étalèrent enfin sous mes yeux, dans une police d’écriture plutôt pauvre, semblable à celle des machines à écrire du siècle passé. Le cadre qui contenait le nom des polices indiquait « Simplified Arabic Fixed ». Il y en avait d’autres à disposition, mais je trouvais que celle-ci convenait bien à un journal de ce genre. Je descendis tout en bas de la page et voulus commencer à écrire. Mais les mots ne vinrent pas. J’avais beau me triturer les méninges, je ne savais pas comment commencer mon texte.

Après quelques minutes passées à regarder fixement l’écran sans bouger, je remontai finalement la page jusqu’au début et commençai à me relire, espérant trouver de l’inspiration dans mes anciens écrits. Là figurait la date où j’avais commencé à écrire. Si peu de temps après que nous nous soyons retrouvés dans cette situation. Et pourtant, les débuts de notre jeu de survie n’étaient pas si terribles comparé à ce qu’il était devenu aujourd’hui. Il s’était passé tellement de choses… Nous avons été surpris plus d’une fois, et nous sommes moins nombreux qu’au début. Mais nous sommes encore là, bien vivants, restes agonisants d’une humanité décimée, déchue, qui a perdu son statut de sommet de la chaine alimentaire pour prendre celui d’une simple proie. Nous sommes peut-être les derniers rescapés. Nous sommes désespérés. Mais nous ne voulons pas mourir.


14 Août 2026

À ceux qui liront ces lignes. Je m’appelle Stefan Grim. Je suis un français d’origine anglaise, j’ai tout juste 31 ans. Je vis à New York depuis maintenant 6 ans. Ou plutôt je suis arrivé à New York il y a 6 ans, et j’y suis resté jusqu’à il y a peu. À la base je suis venu parce que c’était le rêve de ma petite amie Illyria (enfin tout le monde l’appelle Lili) et puis finalement je m’y suis habitué, j’avais trouvé un emploi d’informaticien à peine à trois rues de notre appartement, rejoint un club de tir à balles réelles (grâce au permis de port d’arme je pouvais garder mon revolver chez moi) et de jiu-jitsu, je m’étais fait de nouveaux amis, bref, la belle vie.

Mais il y a environ 3 mois il s’est passé quelque chose. Non en fait tout a commencé il y a 5 mois. Une histoire de fou me dirait-on si tout était resté comme je l’avais connu. On ne voit ça que dans les films. Et pourtant il y a 5 mois, le destin de l’humanité a été bouleversé à jamais. Au départ c’était quelque chose de banal, pendant des travaux chez lui un homme a trouvé un puits de pétrole et résultat tout le monde a accouru pour pouvoir l’exploiter. Ce qui fait qu’une semaine après on était en train de percer des trous pour pouvoir extraire l’or noir. Cependant ce n’est pas tout ce qu’ils ont trouvé sous terre. Une fois qu’ils eurent vidé la cavité (elle était relativement petite) ils ont essayé de creuser en-dessous, parce qu’il était évident que toutes les richesses n’avaient pas été exploitées, et il paraît que ça sonnait creux de toute façon. Pauvres fous, ils n’auraient jamais dû aller plus loin.

Quand un trou suffisamment grand fut foré, ils sont tombés sur quelque chose qui n’avait rien à voir avec du pétrole. C’était un liquide visqueux, transparent, qui s’écoulait lentement par l’orifice creusé. Là ce sont les scientifiques qui ont rappliqué pour analyser ça. Leurs tests ont rapidement apporté un résultat, le liquide comportait des similitudes avec le placenta des mammifères, cela dit il y avait tout de même de grandes différences jamais vues auparavant. Mais ça a suffi pour qu’on s’intéresse à ce qu’il y avait dans le liquide. C’est à peu près à ce moment là, soit dit en passant, que des sectaires se sont manifestés en disant que c’était un signe de Dieu par rapport à je ne sais plus quoi. Ceux-là se servent vraiment de tout et de n’importe quoi… Bref.

Comme vous devez vous en douter, il y avait des formes de vie qui « dormaient » à l’intérieur de la grotte. Vu la tête des créatures, ça ne m’étonne pas qu’ils aient préféré étudier sur place plutôt que d’en extraire une du sous-sol. Curieusement, le fait que le niveau du liquide baissait ne semblait pas les affecter. Elles étaient toujours dans un genre de sommeil imperturbable. Tout allait encore à peu près bien à ce moment là, même si le monde était en ébullition. Certains avaient peur, d’autres étaient curieux, d’autres pensaient qu’on devrait faire sauter cette grotte, et d’autres étaient heureux qu’on ait découvert une nouvelle espèce. Je me demande si ce sont les premiers ou les troisièmes qui ont eu le plus raison.

Toujours est-il qu’après encore quelques semaines d’études qui n’ont pas mené à grand-chose, ces « choses » se sont réveillées brusquement, sans aucun signe avant-coureur. C’était il y a 3 mois. C’était le début des ennuis. On a vu leur sortie du trou en direct, il y avait en permanence des journalistes qui retransmettaient les avancées du travail des scientifiques à ce moment là. On a pu les voir se trainer lentement dehors, humant le monde nouveau qui s’offrait à elles. Pendant plusieurs heures elles ont tourné en rond, l’air perdu, restant à l’ombre et fuyant la lueur du soleil qui se déplaçait au fur et à mesure que la journée s’écoulait. Les journalistes faisaient sans cesse des gros plans commentés sur les différentes parties du corps de ces créatures inconnues, de leurs pattes imposantes, dont les épaules terminées en pointe se prolongeaient bien au-dessus de la tête, et dont les doigts, au nombre de 4, se terminaient par de grosses griffes crochues, jusqu’à leur gueule pour le moins effrayante, pourvue d’yeux minuscules, laissant voir deux larges fentes en guise de narines et une mâchoire puissante, garnie de dents acérées. Au crépuscule elles ont commencé à s’agiter un peu, à ce moment une partie des hommes sur place a commencé à se reculer et à les regarder d’un œil plus méfiant que curieux. Tout le monde ou presque devait être devant sa télé ou son ordinateur à ce moment là, l’humanité toute entière retenait son souffle pour savoir ce qui allait suivre.

Et puis enfin le dernier rayon de soleil a disparu. À ce moment l’enfer a débuté. Les créatures se sont mises à émettre des sons inquiétants et soudainement l’une d’elle a sauté sur l’homme le plus proche et lui a arraché la tête d’un coup de mâchoire. La moitié de l’humanité a dû vomir à ce moment là. Dès cet instant toutes les autres se sont mises en mouvement et ont commencé à massacrer tous les humains qu’elles avaient sous la main. La tentative désespérée du caméraman de fuir et ses commentaires horrifiés ne faisaient qu’amplifier l’horreur de la scène. Et puis la caméra a cessé de transmettre. Dans les heures qui suivaient on voyait tous les dirigeants de tous les pays du monde s’adresser à leurs peuples, essayant de les rassurer, et envoyant immédiatement des troupes armées sur les lieux de l’incident. Et sur deux trois chaînes on voyait aussi les gourous des sectes s’adresser à tous, disant que c’était là le début de l’Apocalypse, et que la seule chance de salut était la conversion.

Quand j’y repense, ça me fait bien rire. Les militaires ont eu bien du mal, le cuir noir des bêtes est extrêmement épais, les balles standard ne faisaient que les énerver d’avantage. Il a fallu se servir de balles perforantes explosives pour commencer à tuer un peu de ces saletés. Même les véhicules blindés n’arrivaient pas à tirer leur épingle du jeu, les bêtes ne se laissaient pas intimider par leur puissance de feu et s’acharnaient dessus jusqu’à atteindre les conducteurs qu’elles réduisaient en charpie. Peu de temps a été nécessaire pour se rendre compte que les premières troupes envoyées étaient en nombre trop insuffisant pour lutter, alors on a envoyé des renforts. Beaucoup de renforts. L’idée était que si la qualité de l’armement était insuffisante pour réellement entamer les forces ennemies, alors la quantité devrait faire l’affaire.

Mais ils n’ont pas compté sur un détail : ces créatures ont prouvé à ce moment qu’elles n’étaient pas stupides. Très vite, elles ont fait croire aux soldats qu’ils remportaient la bataille et ont battu en retraite dans leur tanière, tête baissée. Mais au moment où les humains eurent posé le pied à l’intérieur, un nombre incalculable de ces choses a fondu sur eux, et au final ce sont les militaires qui ont battu en retraite. Le peu de militaires qui restait. À vrai dire il devait rester quelques divisions bien amoindries. Le reste des forces militaires présentes sur place avait été massacré. On avait l’air malins, nous, humains, qui nous croyions plus forts que tout. On en a pris cher pour notre grade.

La suite on la voit dans tous les scénarios de film post-apocalyptique. Les monstres ont pris l’Afrique, l’Europe et l’Asie en un mois, malgré les efforts des soldats, qui ont rejoint le nombre affolant de victimes. On ne sait pas trop comment, mais plus les bêtes prenaient du terrain, plus il en sortait de partout. Il devait y avoir des nids un peu partout sous la surface, et l’éveil du premier a du déclencher celui des autres. Le pire, à mon avis, ça a été la Russie. Les russes se sont barricadés dans leurs abris anti-nucléaires, à savoir le métro. Sauf que contre toute attente, c’est justement des profondeurs du métro que l’attaque est venue. Les pauvres s’étaient renfermés dans leur propre tombe.

Après ce scénario d’horreurs, les continents envahis ont été déclarés zone interdite. Pendant que les dirigeants américains et océaniens essayaient de trouver une solution à cette crise, on fabriquait en urgence des abris fortifiés pour les populations, tandis que cette même population essayait tant bien que mal de se préparer à une invasion possible. Ça n’aurait pas été possible il y a une quinzaine d’années tiens, les hommes auraient sûrement préféré faire des casses dans des magasins et voler la dernière merveille technologique pour laquelle ils gardaient leur argent depuis plusieurs mois. Ce sont sûrement les incidents survenus après le 21 décembre 2012 qui ont changé la mentalité des gens. Bref.

La vente d’armes et de cartouches a explosé. Il y en avait pour tous les goûts, du simple pistolet à la grosse mitrailleuse, en passant par le lance-flamme et le bazooka. Pour les balles, ce n’était pas bien difficile, des perforantes explosives. Les plus chanceux pouvaient espérer se procurer des prototypes militaires sur le marché noir, par exemple des armes à laser ou même des robots, mais l’emploi de ce genre de gadgets hyper modernes forçait l’utilisateur à un pari risqué, leur efficacité n’ayant jamais été démontrée sur les envahisseurs. Peut-être qu’un ou deux de ces joujoux auraient pu nous sauver la mise quelques fois, qui sait.

Par ailleurs, certains, bien avisés, fortifiaient leur cave et leur maison avec tout ce qu’ils trouvaient, allant jusqu’à piéger les alentours. Je suis assez fier de mon œuvre d’ailleurs, on a pris un vieux lotissement désert avec une cinquantaine de personnes et on l’a transformé en vrai bunker. On avait là 4 bâtiments assez grands pour tout le monde, murés de plusieurs couches de béton armé (heureusement qu’on avait parmi nous un ingénieur et plusieurs maçons bien équipés sinon on n’aurait jamais fini à temps je pense), entourés de plusieurs mètres de barbelés (une seule ouverture, prête à être refermée, avait été ménagée), et autour un petit champ de mines activables ou désactivables à volonté. Enfin aussi et surtout, les denrées non-périssables ont très vite disparu des rayons des magasins.

Voilà ce qui se passait à ce moment, sans que personne ne sache si c’était bien utile. Au bout d’un moment, les dirigeants ont pris la décision d’envoyer toutes les armes nucléaires qu’ils avaient à leur disposition sur les continents envahis, visant de préférence les cachettes des bombes qui s’y trouvaient afin de faire un maximum de dégât. Il n’était plus question de se soucier des quelques survivants, la survie de l’humanité en dépendait. On a pu sentir les explosions d’ici. Pendant un moment, on a attendu, et puis on a envoyé des éclaireurs voir si ça avait marché. Tout avait été dévasté. Mais, au désespoir de tous, toutes les créatures n’avaient pas été détruites, et il en sortait toujours plus des entrailles de la terre. On se disait qu’avec ça au moins, elles auraient un peu plus de mal à survivre.

Cependant, un jour, on a perdu le contact avec l’Océanie. Il n’y avait aucune preuve, mais tous savaient que les bêtes avaient trouvé un moyen de traverser l’eau. Soit dit en passant, vous vous demandez peut être comment je sais tout ça alors que je n’étais qu’un petit informaticien new yorkais. C’est justement grâce à ça que je le sais. Quand j’étais plus jeune j’étais un excellent hacker, et ma foi je n’ai pas perdu la main. J’ai trouvé les informations directement sur le site de l’armée américaine. Le gouvernement avait autre chose à faire que de surveiller les intrusions, ce qui m’a grandement facilité la tâche. Voilà pour la petite histoire. Je disais donc, ce n’était plus qu’une question de temps avant que l’Amérique ne soit à son tour touchée. Et il y a un mois et une semaine, elles sont arrivées.

J’ai eu la chance de ma vie ce jour là. Avec des amis qui avaient participé à la construction de notre mini bunker, on était allés chercher encore un stock d’armes, de munitions, de nourriture et de quoi fortifier encore et même des pièges que l’on allait pouvoir ajouter à ceux qu’on avait déjà posés. Bon c’est vrai qu’à ce moment presque tout avait été écoulé, ce qui fait qu’on est repartis avec des denrées non périssables pour à peine deux semaines, 10 barils de fuel, 2 lance-flammes, 40 boites de cartouches perforantes explosives (nous on appelle ça des jacks, en référence à Jack Bauer qui sauve le monde et sa fille en 24 heures sans manger ni pisser ni dormir… Quoi il faut bien rire un peu !) et des pièges à loup, on a rien trouvé de mieux. On n’était pas loin de la sortie quand une sirène s’est mise à hurler dans toute la ville.

Tout ce qu’on avait pu voir sur le net est apparu sous nos yeux. C’est bien plus flippant de voir ça en vrai. Elles ont déboulé du métro je pense, comme en Russie, en tuant tout le monde sur leur passage. Ce qui nous a surpris, c’est qu’elles sont arrivées en pleine journée, alors qu’on croyait qu’elles ne supportaient pas la lumière du soleil. Elles ont dû s’y habituer. Leur vitesse d’adaptation est vraiment impressionnante. Certaines de celles qui sont apparues ici étaient un peu différentes de celles qu’on avait vues à la télé. Elles avaient plutôt l’allure de gros chiens avec une gueule un peu plus allongée, des griffes énormes par rapport à celles des bestioles originales et deux pattes de plus. Quand on y réfléchit, c’est sûrement celles-là qui ont creusé des galeries pour permettre le passage de toutes les créatures entre les continents.

J’ai appuyé sur l’accélérateur de la camionnette et on a filé d’ici aussi vite que possible, voyant un terrifiant spectacle se jouer derrière nous. Les Originales grimpaient sur les façades des bâtiments, rentraient et sortaient par les fenêtres, couvertes de sang, chassant les humains qu’ils trouvaient et déchirant leurs corps. Les chiens, eux, restaient dans la rue et massacraient les piétons et ceux qui étaient dans leurs voitures. Ils couraient bien plus vite que ceux qui s’enfuyaient, et il suffisait d’un coup de griffe pour qu’un morceau de corps vole à travers la rue.

Lili, qui était venue avec nous, ne pouvait détacher ses yeux de la scène. Je les lui ai cachés, et j’ai bien fait je pense, car quelques secondes après un des chiens a sauté sur une mère portant son bébé dans les bras et tentant de fuir, et a littéralement explosé les deux corps avant de plonger sa gueule dedans. Lili n’aurait pas supporté de voir ça. Je dois avouer que même à moi, ça m’a donné la nausée. Je me suis retourné et ai essayé de ne pas imaginer l’entrée des bêtes dans un hôpital, coté maternité, ou dans une école. Tant bien que mal on a réussi à mettre de la distance entre les créatures et nous. Si on avait été coincés un peu plus loin dans la ville, on ne serait plus là à l’heure qu’il est.

Notre bunker est à deux heures de la ville, on avait donc du temps pour nous préparer. Il était évident qu’à ce moment là commençait une ère de terreur dans laquelle la moindre erreur serait fatale. Personne ne disait un mot dans la camionnette, tout le monde essayait de charger les armes qu’on avait emportées au cas où sans trop trembler. La peur se lisait sur tous les visages, et quand l’un d’entre eux regardait un autre, c’était dans le vain espoir de voir une expression assurée, confiante, qui suffirait pour rasséréner les autres. Mais évidemment personne n’en était capable. Lili se rongeait les ongles, plongée dans de noires pensées.

Texte de Magnosa

2 commentaires:

  1. Merci, ce genre d'histoire m'avait manqué, au début j'ai pensé à un récit avec le coronavirus et je me suis dis "wow, ils sont rapide"

    Enfin, merci beaucoup, et vivement la suite ♡

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  2. Vraiment pas mal ce récit apocalyptique, j'ai cru voir des références à Fallout et Metro 2033.

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