Je regarde le soleil se coucher lentement à l’horizon, assise comme tous les soirs dans ce fauteuil tiré de travers face à la baie vitrée, avec pour seule compagnie ma tequila et ses citrons. Mon regard blasé et fatigué se balade entre l’horloge murale et le soleil déclinant, pendant que le reste de mon corps s’évertue à faire passer la fatigue avec quelques shots. La vue donne sur le jardin assez peu entretenu et entouré de bois s’étendant sur des kilomètres, tout m’appartient sans m’appartenir pourtant jamais je ne m’y aventure.
Je suis venue m’installer ici pour me changer de l’air étouffant de la ville, pour échapper à tout ce stress permanent qui s’en dégage et peut être réussir à aller mieux. Mais ce que je veux par dessus tout c’est être seule, sauf que je ne le suis jamais réellement, et je le sais pertinemment. Parfois même en journée, ou plus souvent avant la fin du coucher du soleil, je le vois a l’orée du bois qui m’observe attendant comme moi le début de la nuit.
Du plus loin que je me souvienne, Il m’est toujours apparu, au début Il se contentait juste d’être là, toujours à une certaine distance, une grande silhouette sombre qui me suivait partout, mes parents croyaient que c’était mon ami imaginaire. Pourtant, moi j’ai toujours su que ce n’était pas mon ami, et ça ne l’a jamais été. Je sentais déjà toute la noirceur qu’Il avait en lui, j’avais peur de lui, mais j’ai vite compris qu’Il ne s’en prendrait jamais à moi, jamais directement, alors j’ai arrêté d’en parler. C’est quand je suis entrée dans l’adolescence que ma vie a basculé. Cette ombre à qui je m’étais presque habituée a commencé a m’empêcher de dormir bien des nuits, me chuchotant des promesses de drames et de deuils. J’ai versé beaucoup de larmes et perdu pas mal de personnes avant de réaliser que je devais m’enfuir avec cette créature qui me hante pour me retrouver le plus seule au monde possible. Mais c’est pas pour autant que tout s’est arrêté.
Le soleil disparaît maintenant derrière les arbres, et l’air se rafraîchit à mesure que la pièce s’assombrit. Ce n’est plus qu’une question de minutes à cette époque de l’année. J’enchaîne les shots de tequila dans l’espoir de calmer ma peur, et ça marche, pour le moment, mais la réalité a tendance a vite nous rattraper surtout complètement bourrée. D’un coup, il y a eu comme un grand courant d’air froid qui s’est dispersé de nulle part et m’a glacé jusqu’au sang de terreur. Il est la, je sens maintenant sa présence, je perçois sa respiration, juste derrière moi. Je me force à me lever mais il est trop tard, les fourmis s’emparent déjà des extrémités de mon corps, et se rejoignent a une vitesse folle. Se délectant de ma panique, je le sens s’approcher de moi alors que je ne peux plus du tout bouger. Mon cœur bat tellement fort que j’ai peur qu’il s’arrête, mais il ne s’arrêtait jamais, et peut-être que, quelque part, ça m’a toujours déçue. Je peux maintenant sentir sa respiration près de mon oreille, et c’est à ce moment là qu’Il commence à chuchoter toute la violence et le mal qu’Il a en lui, comme si Il s’en débarrassait en me racontant les pires horreurs que je peux entendre, m’accusant de toutes les choses que je me reproche déjà, et me dévoilant ma tragique destinée. Tout ce qu’Il m’a déjà chuchoté jusque là s’est réalisé, sans que je ne puisse jamais rien faire, on ne change pas sa destinée, et ça aussi Il me l’a chuchoté. J’ai longtemps cherché à lui résister, à lui échapper mais j’ai toujours échoué et j’ai finalement fini par me résigner à le laisser me chuchoter ce qu’il voulait. J’ai abandonné et tout simplement accepté mon sort.
Mais depuis quelques temps je sentais sa colère augmenter, il n’y avait plus personne à abattre pour m’atteindre. Alors Il a fini par changer de méthode, et a commencé a mettre des images indescriptibles dans ma tête à longueur de journée. Elles étaient toutes plus horribles les unes que les autres, mettant en scène les gens que j’ai aimé et que j’ai aujourd’hui perdu, dans des contextes tous différents mais tous d’une violence sans limite. J’ai constamment des sortes de flashs qui me paralysent, tellement abjects que même une fois la vision passée, je reste tétanisé sur place un bon moment. Et Il continue quand même à me rendre visite la nuit pour me chuchoter les histoires sanglantes que cachent ces images. Alors ce soir pendant qu’Il me chuchote ses horreurs, je finis par comprendre que je n’en supporterai pas plus, et qu’il faut que j’y mette fin, de la seule façon que je connaisse. Mais il y a aussi cette partie de moi qui a peur une fois arrivé en enfer de retrouver tout ceux qu’Il ma obligé à massacrer, peur de devoir les affronter et subir leurs vengeances pour l’éternité. Sauf que quelque part je sais que ça ne serait pas pire que tout ça.
Texte de MayZidae
Hum
RépondreSupprimerBof c'est du réchauffer d'une pasta, donc pas top cette fois.
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