Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.

Dernières nouvelles

Les Histoires de Skull a mis en audio notre traduction de Disney's Catacombs, vous pouvez retrouver la vidéo directement sur l'article en cliquant ici !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

Les brumes de sang : Le terrier du lapin


Temps approximatif de lecture : 12 minutes. 

Londres, 19 décembre 1921, 18 h 30. 

Le bureau d’Heather Van Helsing est peu accueillant, froid même. Il se situe presque au dernier étage du sanctuaire, fermé par une lourde porte de chêne sculptée. À l’intérieur, tout est très spartiate, on peut voir le solide office en bois exotique devant une grande verrière. Une bibliothèque fournie se situe à gauche et, sur la droite, un petit salon confortable, mais impersonnel. Ce dernier est constitué de deux sièges et d’un canapé de velours rouge disposés autour d’une table basse rectangulaire en verre noir. 

Les côtés immédiats du meuble patronal sont occupés par des classeurs à tiroirs d’un mètre, fermés par des verrous à code. Trois fauteuils agréables font face à la directrice. La maîtresse des lieux est plongée dans ses dossiers, mâchonnant compulsivement un stylo. Lili esquisse un bonjour immédiatement rendu par son interlocutrice, qui l’invite chaleureusement à s’installer. Elle se lève pour fouiller ses archives et en sort un bordereau épais. 

La femme fait un mètre soixante-cinq tout au plus, a de longs cheveux châtains, avec un visage rond lui donnant un air légèrement enfantin. De fait, elle est belle, mais d’une manière étrange. Son teint éclatant, ses pommettes légèrement rougies et rebondies ne sont pas dues à un maquillage, bien qu’on pourrait le penser. Serait-ce ses yeux vert émeraude sans l’ombre d’une aspérité, révélant un air taquin ? Non, ce qui fait tiquer la détective est son absence complète de rides.

On lui donnerait 25 ans tout au plus ! Alors qu’elle devrait en avoir le double, selon les informations publiques ! Un vampire ? Impossible, l’éclat du soleil irradie littéralement toute la pièce et Johnson l’a déjà vue sortir de jour. Certainement un artefact, mais l’idée que la confrérie utilise des artifices magiques pour rallonger la vie de ses dirigeants la dérange profondément. Alors, elle tente de chasser au plus vite ces pensées de son esprit.

La posture de l’héritière Van Helsing est rassurante. Bien qu’elle mime une allure noble et professionnelle, quelques signes ne trompent pas : les ongles légèrement rongés, le fait de caresser son crayon sur un rythme continu et régulier, son regard qui se détourne l’espace d’une seconde et le ton de sa voix qui ne sonne pas naturel.

Heather souffre de stress et d’une relative anxiété sociale, l’investigatrice en est certaine. Elle va même jusqu’à penser que l’une est aussi impressionnée que l’autre dans cet entretien, comme lors de leurs quelques rencontres occasionnelles et informelles. Il est d’ailleurs possible que sa boss ait voulu la connaître plus personnellement pour conjurer ses peurs, en prévision de ce moment fatidique.

« Agent Johnson ? Vous êtes avec nous ? plaisante alors sa supérieure, extirpant cette dernière de ses songes. 

Oui, oui ! Pardonnez-moi, j’étais ailleurs. 

Pas en Enfer cette fois, j’espère ! Heather lui sourit avec complicité.

Non, plus jamais ! Lili laisse échapper un rire.

– Je connais votre dossier par cœur et nous avons déjà eu quelques entretiens, alors je vais passer les préliminaires d’usage. Dwayne pense que vous êtes encore trop jeune et trop immature pour rejoindre la Division. Le médecin qui s’occupe de votre suivi suspecte une dépression et votre rapport mentionne des prises de risques parfois inconsidérées. Plusieurs choses qui ne m’invitent pas à accepter votre candidature, vous comprenez ?

J’ai toujours pris les risques que la situation exigeait et… la postulante cherche ses mots tant l’angoisse vient soudainement de monter, j’ai peut-être du mal à oublier, mais ça n’entache en rien mes compétences !

Je ne vous enlève pas vos compétences, pas le moins du monde. Revenir de l’Hypogée est un exploit presque inédit. Et sans dommage psychologique majeur qui plus est ! Je suis impressionnée et tout de même curieuse de savoir comment vous avez pu réaliser une telle prouesse mentale. »

La détective pense alors fortement à la Pythonisse et la remercie intérieurement, sans en piper mot. Elle ne peut décemment pas en parler, au risque d’être suspectée de compromission avec une sorcière nécromancienne.

« Je sais ce que je veux et quoi faire pour accomplir ma mission, madame.

– On ne peut que le constater. Écoutez, je vais être franche avec vous. En temps normal, j’aurais simplement établi un suivi de votre dossier selon les recommandations de votre chef, puis attendu votre maturation en tant que chasseuse. Je suis de son avis vous concernant, vous avez le potentiel, mais pas encore la prudence ni la subtilité pour la traque de créatures comme les vampires, Lili hausse la voix pour se défendre, avant d’être immédiatement reprise. CEPENDANT, quelqu’un appuie avec vigueur votre demande, quelqu’un présent depuis très longtemps. Isidore est influent, à l’oreille de mon père et d’une partie du conseil d’administration. Afin de rester honnête, je suis presque forcée de vous valider. Presque. J’ai convenu pour vous un genre de test, une mise à l’essai.

Une épreuve d’admission, quelque chose de ce type ? 

Oui, tout à fait. Réussissez et je n’aurai d’autre choix que de tamponner favorablement le papelard. Ce n’est pas grave si vous échouez ou estimez que c’est trop complexe. Vous êtes encore jeune et nous pourrons de nouveau parler de votre intégration dans la Division dans quelques années.

Je vais réussir, je vous le jure, elle est plus déterminée que jamais, attendre davantage la boufferait de l’intérieur. 

Soit. C’est vous qui voyez, la cheffe lui tend une chemise, voici votre ordre de mission. N’oubliez pas le protocole et gardez-vous de l’ouvrir en dehors d’un endroit sécurisé.

Oui, madame ! Merci de me laisser cette chance ! Heather soupire.

Ce n’est pas de mon fait, je vous estime encore bien trop inexpérimentée pour ce boulot. Trop inexpérimentée et encore trop fragile. La colère et la soif de vengeance sont de bons moteurs, mais particulièrement explosifs. Autant pour vous, que pour ceux qui vous entourent.

– Vous m’avez déjà prévenue des risques et des méthodes vampiriques. Jouer sur les peurs, les émotions et frapper là où ça fait mal. Je me rappelle de toutes ces discussions, Mme Van Helsing mais je suis sûre de moi. Je peux et je vais le faire !

Je n’ai donc pas réussi à te décourager de ton projet insensé, elle semble se relâcher de sa position pendant un instant, de “vous” découragez, excusez ma familiarité.

Il n’y a pas de problème, dit-elle en prenant la pochette, je ne vous décevrai pas !

– Pour votre bien-être, moi je souhaite que si. Pardonnez-moi, agent, mais l’horloge tourne et mon prochain rendez-vous va arriver sous peu, Lili incline légèrement sa tête et sourit, tenant fermement sa précieuse tâche.

– Au revoir, m’dame Helsing ! lance-t-elle en partant, aussi joyeuse que satisfaite.

– Je ne suis pas la seule à avoir perdu le sens des convenances, apparemment. » répond cette dernière avec amusement, mais tout bas, comme en se parlant toute seule.

Tout en sautillant dans le couloir, Lili prend l’ascenseur pour revenir à son service. Elle ressent un bonheur incomparable et une excitation au diapason à la perspective de surmonter cette épreuve. Réussir est synonyme de se rapprocher de son but : Grisha. Mais il n’y a pas que ça, la chasseuse est empreinte d’un sentiment oublié : celui de vouloir impressionner ces géants, Heather et Dwayne. Elle veut voir dans leur regard la surprise et le respect pour son succès, plus cette inquiétude quant à ses capacités. 

L’agent sourit. « Immature », lui dit-on, c’est peut-être vrai tout compte fait. « Quel ressenti de gamine », pense-t-elle, mais peu importe. Peu importe car son objectif prévaut sur le reste, sur ces sentiments ou cette immaturité, tout pour retrouver l’ordure qui a tué Alexy.

Une fois dans le grand open-space, elle rejoint Jérémiah Borrow qui la regarde avec intérêt. Lui n’a pas de mission, son dossier est toujours en traitement. Après lui avoir expliqué sa situation, Jéré s’en désole. « Si tu as besoin d’aide, je suis toujours là ! ». Son amie lui rend un sourire sincère avant de répondre qu’elle garde ça en tête, mais qu’elle ne peut pas communiquer sur sa tâche. Les affaires de la Division sont classifiées, protocole oblige.

« Bonne chance, froggie.

Moi, je m’écroule pas après trois pintes, j’suis la plus anglaise de nous deux ! »

Les compères partagent un café avant de se séparer. Lili doit ouvrir son ordre dans un endroit sûr, loin des regards non assermentés. La bibliothèque du sixième possède des box de lecture hermétiques et teintés, ce sera donc parfait ! Elle ramasse ses affaires et s’y dirige.

L’endroit est toujours aussi majestueux ! Le plafond est si haut que la pièce est fusionnée avec le septième étage ! Les rayons montent jusqu’au plafond et sont plein à craquer d’ouvrages de sciences et d’ésotérisme ! Des symboles arcaniques gravés sur le sol traversent toute la surface, avec cet éternel conduit électrique violacé en guise de tracé. Lili sait qu’il s’agit de la source d’énergie occulte dont Van Helsing se sert pour sa technologie. Point de la découverte du célèbre Tesla.

C’est un peu stressant car il n’y a qu’une sorte de vitre, similaire à un plastique solide, qui sépare le pied du clampin de l’électrocution. Néanmoins, une aura de paix se dégage des immenses étagères de bois ancien, des tables de lecture modernes en acajou avec leurs petites lampes vertes. Cette décoration épurée, mais ruisselante de glyphes discrets dorés, apaise l’esprit. On pourrait presque y méditer…

Elle esquive l’accueil et ses cerbères, des gardiens bien trop zélés de ce « temple du savoir », puis atteint la pièce principale. L’atrium de tous les ouvrages généralistes, c’est là que les choses deviennent plus délicates, car l’endroit est un vrai dédale. Il faut suivre des indications confuses pour atteindre la bonne porte permettant de rejoindre la bonne partie de l’étage. Après quelques errances, ceci est fait, la voici dans le rayon « Vampyr ». Plus qu’à occuper une salle !

Elle voulait ouvrir sa première mission dans cette section, pour la symbolique. Le bordereau contient trois documents : un livret marqué du symbole de la confrérie, une lettre cachetée à la cire, ainsi que des annexes reliées par des anneaux de métal. Elle commence par craquer le sceau et ouvrir le papier de bonne qualité afin d’en découvrir le contenu. 

Agent Johnson,

Veuillez pardonner cette méthode quelque peu cavalière, nous souhaitons vous habituer à la discrétion inhérente aux opérations de la section. Si vous travailliez déjà dans l’ombre aux sein de l’Agence, vos peut-être futures prérogatives obligent à redoubler de prudence quoiqu’il advienne. Le Conseil de la Division nocturne (CDN) souhaite vous réitérer les principes élémentaires de nos opérations. Nous pensons salvateur de vous réinformer des enjeux ainsi que de vos devoirs au sein de la confrérie, au travers des trois impératifs catégoriques qui guident nos activités :

- Le Scepticisme métaphysique. Nous agissons dans le secret le plus total et l’humanité doit rester inconsciente du risque qui pèse chaque jour pour sa survie. Un accord tacite nous lie à nos ennemis, motivé par le risque de destruction mutuelle. La découverte de l’existence du monde des ténèbres et de ses créatures engendrerait un conflit ouvert entre nos espèces, un conflit que nous ne sommes pas certain de gagner.

Nous ne pouvons engager de conflits généralisés sans avoir la garantie de vaincre et ce, avec des pertes acceptables. Nos ennemis établissent un calcul similaire, ils œuvrent à cacher leurs existences pour cette raison.

Préserver le secret est moins difficile qu’à première vue, les humains vont systématiquement rationaliser et douter du surnaturel tant qu’une explication scientifique ou d’allure raisonnable est plausible. Les Hommes postulent la non-existence de l’occulte, pour l’écrasante majorité, et nous pouvons ainsi nous appuyer sur ce fait pour cultiver le doute métaphysique.

Ne vous y trompez néanmoins pas, notre but reste, in fine, l’anéantissement complet de l’engeance hématophage. Une part de votre travail est de nous offrir le temps dont nous avons besoin pour mettre en adéquation nos moyens avec nos ambitions. 

Nous ne gouvernons pas. Voici la première loi qu’Abraham Van Helsing a prononcé lors du serment fondateur de notre organisation en 1349. Depuis lors, nous n’avons pas dévié de cette promesse au genre humain. Ce faisant, il nous est interdit d’interférer avec les gouvernances légitimes et ses décisions. Nous agissons dans leur ombre et nous nous adaptons à elles sans jamais s’y substituer. Nous cultivons contacts et réseaux, mais cela ne sert strictement qu’à la préservation du Scepticisme afin d’agir contre nos ennemis. Nous sommes des protecteurs, rien de plus.

Ce faisant, nous respectons le plus possible les lois des sociétés où nous opérons. Les protocoles que vous connaissez de vos précédentes activités au sein de la confrérie s’appliquent toujours. Tout spécifiquement ceux qui garantissent les libertés publiques et individuelles de chaque citoyen. Si vous soupçonnez un humain de pratiques occultes violant la « Charte universelle des activités spirituelles » de 1486, régissant notre champ d’action, faites un rapport à votre supérieur homologué.

Il transmettra vos informations à un arbitre de conformité qui pourra valider ou non une intervention contre le suspect et dans quelle mesure. Le travail des arbitres et de la Cour d’appréciation de la conformité de l’éthique et la légalité des activités occultes (CACELAO) est de veiller à ce que nos actes correspondent à nos valeurs et à nos engagements, tout en préservant les libertés de chacun.

La loyauté envers la confrérie. Une chose à la fois simple à comprendre mais difficile à appliquer. Les tentations de trahir nos valeurs pour obtenir diverses gratifications ou servir quelques intérêts personnels seront nombreuses sur votre chemin, mais vous ne devez y céder. Il en va de la sauvegarde de l’humanité et de notre avenir à tous. Notre mission de contenir la menace occulte est la priorité absolue. Elle prime sur nos relations, nos rêves, nos besoins et nos vies, car les enjeux sont immenses.

Si la confrérie ne vous demande pas de vous mettre en danger inutilement, ne vous demande pas de vous sacrifier, vous devez tout de même vous préparer au pire. Œuvrer pour Van Helsing implique l’intime conscience que nous sommes, individuellement, bien peu de choses au regard de la sécurité et de la liberté de notre espèce tout entière.

Gardez-vous donc de faire confiance outre mesure aux multiples organisations de chasseurs concurrentes, aux volontés ou méthodes souvent moins nobles que les nôtres. Méfiez-vous encore plus des organisations para-humaines ou bien non-humaines que nous tolérons. Leurs agendas ne servent pas celui de l’Homme. Soyez donc prudente dans les informations que vous choisirez de transmettre, soyez prudente dans les liens que vous tissez avec des initiés au monde des ténèbres et surtout : faites en sorte que jamais notre technologie ne tombe entre des mains qui ne soient les nôtres.

Si nous sommes les seuls à pouvoir la reproduire, un équipement perdu représente à la fois un risque pour le Scepticisme, mais aussi pour les populations en cas d’usage malveillant. Même un humain bien intentionné, qui n’est pas formé à son usage, sera à l’origine de drames s’il s’y essaie. Ne la confiez donc à personne ne disposant pas des accréditations du Centre de formation à l’expertise de terrain. Vous comprendrez que la loyauté envers la confrérie ne naît pas d’un désir de puissance, mais bien d’une nécessité de sécurité collective pour l’organisation et, plus encore, pour l’humanité tout entière.

N’oubliez pas le principe sacré formulé par le grand Joseph Van Helsing :

« Nous nous élevons face aux démons se tapissant dans la nuit, pas contre ceux se nichant dans le cœur des Hommes. »

Ceci établi, voici votre mission confiée par le Conseil. Les services d’intelligence et de renseignements de l’Agence nous ont révélé une situation irrégulière dans le comté du Donegall, en Irlande du Nord. Nos informateurs indiquent que la communauté de Yarrin, située dans la chaîne des Bluestack Mountains, a drastiquement changé ses habitudes depuis quelques semaines. Il s’agit d’un village d’à peine une centaine d’habitants, localisé dans les hauteurs et difficile d’accès. Fondée par des puritains au siècle dernier, la localité cultive un isolement important et ne prend contact avec la civilisation qu’au travers d’un groupe venant se ravitailler mensuellement dans la cité de Killyberg.

Néanmoins, les échanges ont brutalement cessé il y a quelque temps et les policiers s’étant rendus sur place ont témoigné d’une ambiance étrange et oppressante. Ils ont été rapidement invités à partir, non sans remarquer quelques stigmates dermiques sur le visage et les mains des villageois, un début de « nécroses ».

Inquiets pour un risque sanitaire, ils ont préféré fuir au plus vite. Nous soupçonnons donc, avec ces témoignages, qu’un vampire s’est installé sur place et a pris le contrôle de Yarrin. Il est fort probable que la plupart des autochtones soient goulifiés, donc attendez-vous à une résistance féroce. Votre mission est de découvrir s’il y a une présence occulte dans le village et de l'éliminer conséquemment.

Malgré la forte présence ennemie, nous ne pouvons vous adjoindre une équipe d’intervention complète. Il serait impossible d’entrer dans le village discrètement en force. En raison de la distance à parcourir sur un terrain difficilement praticable, la cible aurait largement le temps de s’enfuir si elle remarque une attaque massive. Ses goules n’hésiteraient pas à se sacrifier pour nous ralentir. Au vu de la difficulté de la tâche, un matériel adapté vous sera fourni ainsi qu’un suppléant chargé de vous assister.

Vous aurez toute autorité sur lui et vous devrez transmettre un rapport d’activité sur ses méthodes, son respect des instructions ainsi que son éthique. Si cela peut vous paraître surprenant, vous comprendrez le pourquoi lorsque vous vous serez présentée au centre d’équipement. Vous y trouverez également votre matériel. Un formulaire logistique à remettre aux responsables est adjoint en annexe de ce dossier. Vous pourrez également poser toutes questions complémentaires à l’agent Nayeli Vances qui sera votre référente pour cette affaire. Elle vous transmettra la nature de votre couverture ainsi que vos papiers d’identité s’y associant.

Cet ordre de mission s’accompagne : d’un carnet compilant les informations pratiques et théoriques sur les vampires, au cas-où quelques éléments de votre formation vous échapperaient, ainsi qu’un corpus de données sur le comté, la localité et l’environnement comprenant carte, histoire, économie et une série d’informations tierces qui pourraient s’avérer utiles.

Bonne chance, agent Johnson, que Dieu accompagne vos pas.

Fraternellement, Heather Van Helsing et le Conseil de la Division nocturne.

Lili replie la lettre et la fourre dans sa poche intérieure avant de respirer longuement : « on y est ». Plus le choix, plus question de reculer, il faut y aller et sans attendre. Elle rebrousse chemin et sort du dédale livresque pour retourner au grand ascenseur. Tout en appuyant sur le bouton – 2, elle sent son cœur battre la chamade.

Le centre d’équipement est singulier, il s’agit d’une vaste salle circulaire éclairée par des lumières blanches. Huit portes sont disposées à intervalles réguliers et font ainsi le tour de la pièce. En son centre, trône un bureau propre avec quelques piles de documents dessus. Un homme en blouse noire, semblant occupé à travailler sur un petit engin d’allure ésotérique et mystérieuse, y est assis. Le scientifique est jeune, brun, avec des yeux marrons presque noirs, diverses rides parcourent son visage ovale. Cela le vieillit, bien que le reste de son apparence ne laisse pas de doute sur son âge véritable. Elle s’approche ainsi du réceptionniste, un peu timidement.

« Euh bonjour, excusez-moi je suis… le garçon lève les yeux de son œuvre avec un air désabusé.

L’agent Johnson, oui. Vous avez votre formulaire logistique, mademoiselle ?

Oui, oui, je vous le donne de suite, la chasseuse fouille dans la chemise pour en sortir le dossier technique. Son interlocuteur s’en saisit et le lit attentivement dans un long silence gênant.

C’est… bon, parce que c’est Mme Heather qui l’a rem… dit-elle après quelques minutes, avant de se faire inviter au silence d’un geste ferme de la main. Le blanc dure une nouvelle poignée de minutes avant que le type ne tamponne le formulaire puis le rende à sa propriétaire.

Tout est ok. Vous pouvez y aller. Ce sera la porte A, puis A.5. Bonne journée et bonne chance pour votre mission, agent Johnson. »

Elle hoche la tête en guise de remerciements et balbutie un « bonne journée » en retour, mais il n’écoute même plus, s’étant replongé dans son ouvrage.

La femme se dirige donc vers la porte A, désignée par une plaque de métal poli et gravé de la lettre. Elle l’ouvre et arrive dans un nouveau long et large couloir, toujours éclairé par ces lumières agressives. A.1, A.2, A.3… A.5, voilà ! La détective frappe, pas de réponse, alors elle ouvre sans attendre. Elle voit ainsi un spectacle plutôt impressionnant. Une dizaine de plans de travail où s’activent de nombreux techniciens pour examiner l’équipement de Van Helsing, le disposer sur une table ou bien l’expliquer à d’autres agents très attentifs. Étonnamment, il n’y a pas de capharnaüm, comme si chaque espace était insonorisé.

L’entrée de la pièce est bloquée par un sas, avec une femme assise derrière une vitre de protection où seule une ouverture est disponible pour échanger les divers formulaires. Elle doit avoir dans la quarantaine, cheveux châtains et mi-longs attachés en queue de cheval, yeux bleus, visage harmonieusement carré et une peau visiblement bien entretenue. Elle porte le même ensemble noir que le réceptionniste, qui semble être l’uniforme d’usage des techniciens de la Division.

La dame sourit largement à l’arrivante et lui demande la raison de sa présence. Une fois expliquée, Lili lui transmet le document dûment tamponné. La contrôleuse l’observe minutieusement et part pendant ce qui semble une éternité, afin d’effectuer les vérifications d’usage. Elle revient et sourit toujours, un sourire qui paraît sincère malgré la répétitivité et l’ingratitude de la tâche administrative.

« Je vous ouvre, merci de votre patience madame et que Dieu vous garde ! »

La bureaucrate appuie sur un bouton bleu situé à sa droite et un bruit sonore de porte se déverrouillant raisonne. L’arrivante esquisse un rictus d’appréciation et franchit le seuil, mais se fait arrêter avant qu’elle ne puisse poser un pas dans le cœur du centre. « Vous oubliez votre certificat ! », l’agent se retourne et voit un petit papier cartonné bleu sur le comptoir. Il indique « A.5.3 » avec l’ensemble des équipements concernés et le nom en gras de « Lili Johnson ». Un élément la fait tiquer dans cette liste, l’équipement « Théodose de Malte », défini comme une arme « biologique ». « Qu’est-ce que c'est que ce délire ? » pense-t-elle.

« Vous pouvez y aller, madame, veuillez pardonner l’attente. » La remarque sort la suspicieuse de ses songes et elle bafouille en retour, un peu dans la panique : « Non, non, pas de mal, je vous en prie ! Bon week-end à vous ! » Elle se précipite ensuite dans l’immense pièce.

La table trois donc, elle s’y dirige et une seconde femme d’une cinquantaine d’années l’y attend. Blonde aux cheveux longs attachés, visage rond, un mètre cinquante-cinq environ, portant de grosses lunettes ésotériques rouges marquées de runes (comme tous les autres ingénieurs du secteur). Elle a l’air sérieuse, bien qu’elle dégage une certaine élégance grâce à cette même blouse noire, visiblement faite pour mettre en valeur les corps. Van Helsing est décidément bien étrange, même dans son esthétique. Sur la grosse table, différents objets mystérieux sont disposés.

« Agent, je ne vous attendais plus. Tâchez d’être plus ponctuelle la prochaine fois, Lili n’a même pas le temps de protester que la technicienne continue son discours en parlant plus fort afin de lui couper la parole. Voici l’équipement dont vous disposerez pour cette mission. N’oubliez pas de le rendre sitôt celle-ci terminée. Détruisez-le si vous ne pouvez le restituer au Sanctuaire. Compris ?

– Oui, bien compris.

Parfait, voici votre arme de service. Un revolver six coups “Redawn Mark VI” avec trois chargeurs. Ses balles délivrent une énergie similaire au soleil à l’impact, fatal pour les sangsues. Un kit pour l’entretien est fourni avec. 

– Oh il est beau avec ces runes grav…

Ensuite, nous avons les monocles de doubles-vues, type “Abraham”. Spécialisés dans la détection des énergies de longues-dents et associés. Deux vous sont fournis. Ensuite, un sac à dos type “Brown Hypnos”, modèle 3, capable de provoquer le désintérêt de tout curieux le fouillant. Il est spacieux et confortable à l’utilisation.

– C’est prati… de nouveau coupée, elle ne l’écoute pas.

– Un ensemble de matériel non occulte divers pour vous assister. Soit : provisions, équipement de montagne et autres. Ensuite, nous vous proposons les crèmes de survie que vous connaissez, des grenades solaires “
Mils Sun”, ainsi que les “Mils Night” contre les groupes de goules. Deux de chaque. Un manteau long gris “Cross H”, trench-coat discret et élégant qui vous protégera des capacités vampiriques et des chocs, dans une certaine mesure du moins. Ne vous inquiétez pas, l’architecture occulte de l’objet se situe dans sa doublure donc la discrétion est garantie. Un nécessaire d’investigation dont vous êtes coutumière est à votre disposition également. Des questions ?

– Oui, est-ce que le manteau est…

La question était rhétorique, je n’ai guère le temps pour ça. Suivez-moi, votre dernière arme se situe ailleurs. » Lili approuve en exhibant son air renfrogné face au comportement déplaisant de l’ingénieure.

Les deux femmes se dirigent vers le fond de la pièce. La blonde s’approche ainsi d’une porte avec une poignée à tirer. Sur le côté de celle-ci, une plaque métallique orange vive est accrochée sur le mur. Elle se positionne devant et la parcourt avec son index, formant des symboles complexes invisibles. Un petit « dong » retentit et la porte se déverrouille. Elle tire la clenche qui donne sur une cabine d’ascenseur assez vaste et sobre, sans miroir et bien éclairée. Le panneau de contrôle indique trois étages encore plus profonds. Elle appuie sur un bouton marqué d’un glyphe étrange, une croix de vie singulièrement altérée.

Les deux collègues s’enfoncent ainsi encore plus sous terre, pour arriver dans ce qui semble être une catacombe. Tout est fait de pierre, pas d’électricité. Tout juste des lampes à huile disposées sur une table à l’entrée du couloir menant à une lourde et grande porte de granit solide. L’ensemble de la structure est parcouru de runes, de symboles complexes et chatoyants, ainsi que de l’éternel courant électrique violet, enfermé dans des tubes de verre transparents.

D’un pas ferme, Margaret Taylor (le nom qu’indique son badge) se dirige vers le seuil gardé par quatre agents portant un équipement militaire complet pour des opérations de choc. Fusil automatique et armure de combat des pieds à la tête. Elle leur montre ses autorisations et l’un des quatre ouvre le porche à l’aide d’une clef fragmentée dont chacun dispose d’un morceau. Le spectacle ainsi révélé choque Lili. Effrayée, elle ne peut pas s’empêcher de rester pantoise et empreinte d’une fascination morbide qui la révulse elle-même.

La pièce est grande, peut-être cinq mètres de diamètre, et un homme d’une trentaine d’années, torse nu, est enchaîné en son centre. Il est placé au cœur d’un cercle occulte façonné par l’énergie violacée.

Le prisonnier lève la tête, groggy et quasi inconscient. Il est pâle, son corps est scarifié de runes jusqu’au cou, il semble malingre malgré des muscles qui laissent deviner une grande force physique. Ses cheveux sont courts, ses yeux vermeilles, son visage filiforme est creusé au niveau des joues. Globalement, il semble mal en point. Mais c’est alors qu’un détail saute aux yeux de l’agent : ses dents longues. Un vampire !

Taylor sourit, pour la première fois depuis sa rencontre avec Lili.

« C’est une sangsue oui, nous l’avons capturée il y a deux ans, dans les colonies d’Extrême-Orient. Nous avons les moyens de les dresser, de combattre le mal par le mal ! Théodose, de son nom, s’est montré suffisamment coopératif dans son dressage pour que nous autorisions son déploiement sur le terrain. Sous votre supervision, évidemment, elle lui donne un collier d’acier s’achevant par un médaillon, si vous l’estimez dangereux ou bien suspect, ouvrez ce bijou et cela mettra fin à l’existence de cette bête. Par contre, c’est une ressource de Van Helsing, ne le faites pas pour rien. Le dressage demande du temps, des moyens et comporte des risques. Perdre Théodose, c’est perdre un équipement de pointe. Ne faites pas n’importe quoi, agent.

– Je… Lili ne sait pas quoi dire.

– Oui, c’est perturbant. Je sais. Mais nous combattons le mal par tous les moyens. Si des questions éthiques vous taraudent, sachez que nous les nourrissons avec les dons du sang et qu’aucun humain ne souffre pour cela. Les sangsues incontrôlables sont immédiatement éliminées, la sécurité est notre priorité.

– Je… je ne sais pas si…

– C’est la méthode de la Division nocturne, agent, si cela ne vous convient pas, alors abandonnez l’idée de la rejoindre.

– Non ! Certainement pas ! Margarette fait une grimace subtile.

– Soit. Chaque vampire dispose d’une capacité unique et qui lui est propre. Théodose de Malte, lui, a la faculté de se fondre dans la matière. Très efficace pour l’infiltration.

– …

La jeune femme est sous le choc. Asservir des vampires et en faire des armes ? Elle ne sait pas quoi en penser, cela la gêne au plus profond d’elle.

– Je vais le réveiller et le libérer. Il est désormais sous votre responsabilité. Comprenez-vous ?

– Ou… oui, je comprends.

– Excellent. »

Taylor appelle ainsi les gardes qui s’empressent de pénétrer le cercle avec prudence afin de libérer et d’en sortir Théodose. Ils lui font également boire le contenu d’une gourde, dont une partie du liquide carmin s’échappe de sa bouche. Peu à peu, la créature reprend conscience et regarde l’assistance.

« C’est bon ? J’peux enfin me barrer de ce trou de clebs ? un soldat le frappe avec la crosse de son fusil.

– Ferme-la, putain d’abomination.

La scientifique reprend :

– Tu es sous les ordres de l’agent Johnson. Fais ce qu’on te demande, sans rechigner et on ne t’éliminera pas. Si tu te montres coopératif, nous n’aurons pas à t’enfermer de nouveau dans cette cage. Comprends-tu ?

– Ouais, j’ai dit oui, il regarde Lili, qui le toise avec dégoût, t’inquiètes pas, ma puce, je vais être un bon toutou obéissant, il se reprend un coup de crosse.

– Ce sera Mme Johnson, joue pas avec nos nerfs, sangsue de merde, le vampire affiche un rictus de douleur.

– J’vais bien bosser, agent Johnson, vous en faites pas… Taylor arbore une mine satisfaite.

– Vous pouvez rejoindre vos moyens de locomotion. Mme Nayeli Vances vous y attend pour la fin de votre briefing. Bonne chance à vous et que la nuit vous soit clémente, Lili souffle pour se redonner courage.

– Merci, ingénieure Taylor.

– On se dépêche, j’ai en ai ma claque de cet endroit ! » dit le vampire avant de se prendre de nouveau un coup qui le fait taire de nouveau.

Une fois de retour dans le hall du bâtiment, une femme de haute stature attend les deux partenaires. La quarantaine, un mètre quatre-vingt-dix, une musculature avancée, multiples cicatrices sur son visage rude, ainsi que ses cheveux soigneusement coupés courts, indiquent des activités de terrain… intenses. Elle s’approche du duo et leur intime l’ordre de la suivre dans sa voiture : une grande calèche tirée par deux chevaux puissants et un cocher à l’air peu commode. L’habitacle est assez vaste, avec de multiples tiroirs et contenants, ainsi qu’une petite table de bois séparant les deux banquettes bleu sombre qui se font face. Mme Vances leur fait signe de s’asseoir en face d’elle, ce qui est fait immédiatement dans un silence anxiogène.

« Je n’ai pas confiance dans ces moderneries de moteurs à explosion. Les joujoux technologiques m’ont suffisamment claqué entre les pattes pour que je compte surtout sur moi et mes capacités avant tout. Fais en autant, Johnson. Si tu ne peux pas survivre sans gadget, t’es juste un porte-flingue remplaçable qui finira crevé et vidé de son sang, un jour ou l’autre. Tu sais pourquoi ? Lili reste stoïque, bien qu’elle se sente écrasée par la présence puissante de la vétérane.

– Non, madame.

– Car ces trucs techno-magiques de mes burnes, c’est pas fiable. C’est le défaut que les ingés ont jamais pu régler. Ils finissent toujours par tomber en panne, exploser au pire, elle montre une de ses cicatrices au bras, une cicatrice de brûlure grave remontant jusqu’au coude. L’entretien doit se faire tous les jours, et même là faut au moins une révision hebdomadaire par un techos. Sans ça, c’est une putain de bombe que t’as entre tes doigts de princesse. Pigé ? 

– Oui madame, mais je ne suis pas une…

– Je connais ton dossier. Impressionnant cette histoire d’Hypogée, mais te repose pas sur tes lauriers. Un exploit te rend pas invincible ou plus douée que les centaines qui ont aussi tenté le coup d’la Nocturne. Les trois-quarts terminent pas bien, ok ? la détective détourne le regard. Et t’es jeune, t’as fait pression pour nous j’rejoindre, sans leurs expériences. Je t’en veux pas, j’veux juste pas qu’tu crèves comme une conne parce que t’es arrogante comme un nobliau à Westminster.

– … »

La cheffe dépose un étrange objet, circulaire et contenant de micro-ouvertures sur toute sa surface. Au dos, il y un bouton azur incrusté de quelques centimètres dans l’artefact.

« Si t’es en galère, appuie sur le bouton. C’est une ligne directe vers moi. T’es en test, la gosse, alors joue pas à la p’tite héroïne comme t’as l’habitude. Si tu galères trop, tu m’appelles, c’est clair ?

– Oui, bien sûr.

– Bien sûr, “madame”, Lili dégluti.

– Bien sûr, madame.

– Tu comprends vite. Maintenant, on va parler de ce merdeux, Vances montre Théodose qui regardait par la fenêtre et s’est retourné en entendant son deuxième prénom.

– Moi ?

– Ferme ta gueule, toi. C’est un agent biologique, sacrifiable. L’ingé a dû te tanner pour que t’y fasses gaffe, affaire de budget et autres conneries, mais t’oublies.

– C’est-à-dire, madame ? Lili peine à assimiler ce que lui dit sa supérieure.

– C’est-à-dire qu’il est pas plus important que ton flingue ou que ton monocle. Tu t’en sers pour accomplir la mission, t’essaies de le ramener si tu peux, mais pas de zèle. Tu te fous pas dans la merde pour ça et t’hésites pas à l’envoyer au front si besoin est. Il est là pour ça, c’est un putain de monstre meurtrier. C’est pas un être humain. La seule chose qui l’empêche de reprendre son carnage, c’est la laisse qu’on lui a mise.

– C’est quoi ces conneries, j’ai jamais fait de… Vances le menace violemment du regard en serrant les poings, ce qui fait taire le vampire.

– Je t’ai dit de fermer ta putain de gueule. C’est une conversation entre humains, la prochaine fois que tu ouvres ta petite bouche de sangsue, je t’arrache la langue et la cautérise. On verra combien de temps tu vas mettre pour la régénérer. Bref, on a chopé ce petit branleur dans une ferme à humains. Il avait pris le contrôle d’un hospice dans le Cachemire et saignait les vieux pour se nourrir, comme des foutues fontaines à eau. Les pauvres étaient complètement à l’ouest quand ils ne mouraient pas dans l’affaire, elle fait un signe de croix respectueux, pas de pitié ou de sentiments mal placés, capiche ?

– Les vampires sont des monstres qui doivent être exterminés, madame.

– Exactement, ils ressemblent peut-être à nous, mais les similitudes sont juste physiques. À l’intérieur, ça reste des monstres. Trop de copains se font fait buter dans un moment de faiblesse comme ça, en oubliant cette loi de la nature, la femme ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir avec une détermination sauvage. Eux ou nous, Lili, l’empathie faut la garder pour nos congénères, les victimes.

– Je suis là pour protéger l’humanité, je crois dans ce que fait Van Helsing et pourquoi on le fait !

– Bien, ça te sauvera la mise plus d’une fois. Revenons à notre affaire. Vous êtes donc deux journalistes : Lydia Davies et Jacob Morton. Tu es une journaliste londonienne qui veut faire un reportage sur les communautés religieuses et le renouveau spirituel chrétien. Tu es là pour en apprendre plus sur Yarrin et leurs préceptes. Tu as déjà été voir d’autres villages au travers du royaume. Les informations dont tu as besoin sont dans ce document : un carnet de notes journalistiques qui imite ton écriture. Mémorise ce qui est important pour plus de naturel. Jacob est ton collègue, un immigré australien qui fait ses premiers pas en tant que pigiste. La rédaction l’a mis sous ta supervision afin de le former au travail de terrain et pour que tu jauges son professionnalisme, elle lui balance une feuille volante, voilà les infos perso que tu dois retenir, Jacob, détruis ça ensuite, sans attendre sa réponse, elle reprend, tu travailles pour le London Spiritual Magazine, un magazine de niche mais plutôt reconnu dans son milieu. Tout est arrangé avec. Voici donc vos papiers, elle dépose les papiers officiels sur la table, bon, des questions ?

– Non, madame.

– Vous prenez le train, vous arriverez une heure avant le lever du soleil. En cas de problème, nous avons un accord avec le contrôleur qui donnera accès à la soute à bagages pour la créature, qu’il ne crame pas inutilement. Sur place, un hôtel est réservé, les rideaux sont suffisamment épais pour ne pas laisser entrer le soleil, nous y avons veillé. Tu pourras commencer tes investigations de jour, mais ce sera sans lui.

– Évidemment. Et vous, où serez-vous ?

– Non loin, je garderai un œil distant sur toi. Mais attention, j’ai mes propres affaires donc compte pas trop là-dessus pour que je te sauve le cul spontanément. Clair ?

– Clair, madame.

– Dernier point, la faculté de ce type est de se fondre dans la matière.

– L’ingénieure Taylor m’a transmis cette info, madame.

– Je te le redis donc. Et dans tes bagages, on a prévu un peu de sang. Attention, ça périme vite. 50 % par jour à peu près, moitié moins nourrissant quoi. En deux jours, c’est fini. L’agence va te réapprovisionner, mais traîne pas trop dans ton enquête. On veut pas une sangsue dalleuse en liberté à gérer.

– Très bien, madame !

– Bon, j’te conduis à la gare. Profite du voyage pour bosser le dossier. Et si tu trouves ça court, dis-toi que ça fait partie de ton test. On a pas toujours le luxe d’être préparé à fond. La Nocturne, c’est savoir s’adapter à la merde qui nous tombe dessus, Lili la regarde dans les yeux.

– Je vais réussir, madame, je vous jure.

– J’te souhaite de te planter et de revenir aux opérations courantes, petite. La Nocturne, ça paraît peut-être sexy, mais c’est pas une vie. Je t’assure, Vances prend une voix encore plus grave et solennelle.

– J’en suis consciente, mais cela reste mon but. Madame.

– Ta vie, tes conneries. J’suis pas là pour juger ça. Le briefing est terminé, au boulot maintenant. »

Le groupe se dirige vers la gare pour embarquer dans un wagon de nuit. Seule Vances brise ponctuellement le silence en donnant des anecdotes de missions et divers conseils sur des situations spécifiques. Théodose, quant à lui, ne dit mot de peur qu’elle mette sa menace à exécution. Une fois arrivés devant le vaste bâtiment d’architecture romane, peu rempli en raison de la nuit tombée, les deux novices sont invités à quitter la voiture. Ils prennent la direction de la ville côtière qui servira de base pour toute l’investigation. Une fois éloigné de l’agent supérieur, le vampire semble se détendre et reprend un sourire. Il se tourne vers Lili et lui dit : « Tu sais, je ne suis pas un si mauvais bougre. » Elle le regarde avec circonspection l’espace d’un instant. Tout en continuant à marcher, elle lui répond sèchement :

« Tes actes parleront pour toi, créature.

– Nicetas, mon nom est Nicetas. Théodose est celui que j’avais quand j’étais humain, Lili soupire.

– Ok Nicetas, si t’es réglo, alors je le serai avec toi. Ne t’attends pas à plus de ma part, ne me prends surtout pas pour une imbécile, Nicetas sourit.

– Ça me va ! C’tout ce que je veux, p’tite humaine.

– Ferme-la, on a du boulot.

– À vos ordres, ô grande esclavagiste des temps modernes, l’agent grogne.

– Ne crois pas que je vais me justifier qu’on te mette hors d’état de nuire, assassin, le longues-dents est amusé par la réponse.

– Me mettre hors d’état de nuire ? Ça ressemble déjà à une justification, elle ignore la réponse et entre dans la locomotive, le laissant un peu derrière.

– Dépêche-toi un peu, le train ne va pas t’attendre.

– Je sens que cette histoire sera plus amusante que prévu. » un rictus malsain et cruel se dessine sur son visage, faisant frémir Johnson.

Ce texte a été réalisé par Wasite et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez le contacter sur nos plateformes, nous tâcherons de vous y aider si besoin. L'équipe du Nécronomorial remercie également Caesar et Seven qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Neaoce et Lykaon qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire