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Les brumes de sang : Le Hiérophante



Temps approximatif de lecture : 10 minutes. 

Portsmouth, 28 juillet 1920


L’entrepôt désaffecté est à la hauteur de sa réputation, aussi sale et macabre que le dit la rumeur. Une sinistre nuit s’y est déroulée, une aube sanglante dans le jargon. La police est déjà sur les lieux, examinant les cadavres mutilés et défigurés par un assassin sadique. Et comme d’habitude, il ne reste qu’un seul survivant pour témoigner de tout cela. Enfin, survivant, le terme est mal choisi car ce qu’il reste des rescapés donne la gerbe, même aux gueules cassées. Leurs visages sont brûlés à l’acide, leurs chairs sont rongées pratiquement jusqu’à l’os. Le reste du corps est partiellement découpé de sorte à former d’obscurs symboles ésotériques. Ce cinglé dessine avec un couteau sur les carcasses comme un menuisier travaille le bois. Il représente des sortes de fresques abstraites dont la signification ne pourrait parler qu’à des initiés d’un sombre culte. Toujours, les victimes sont bonnes pour l’asile psychiatrique et les interroger n’a pour résultat que des crises psychotiques sévères.


Lili Jonhson finit la dernière cigarette de son paquet, puis montre sa carte de la Fondation à l’officier chargé de boucler le secteur. Il acquiesce, trop content de voir une agente spécialisée s’occuper de ce genre de cas. Ce, même si c’est une privée. L’organisation est connue pour traiter les dossiers difficiles et a fini par obtenir l’aval du gouvernement pour intervenir sans être entravée. Les liens historiques entre la Fondation Van Helsing et l’Angleterre sont solides, malgré des moments tumultueux et des crises qui ont plusieurs fois failli valoir le bannissement du royaume. Toujours, une cruelle réalité s’impose au gouvernement : ces chasseurs sont les meilleurs pour traiter les affaires incompréhensibles, voire occultes. 


La grande brune, affichant un stoïcisme professionnel, pénètre le bâtiment pour observer les lieux du crime. Tout est encore en état et la flicaille prend toutes sortes de photos des cadavres. Le survivant a déjà été transféré à l’hôpital du coin. Bordel, c’est la deuxième fois en un an que ce malade recommence son cirque macabre et toujours pas le moindre début de piste. C’est d’ailleurs parce que l’enquête patine que son supérieur à confié ce cas à Lili, qui a su se forger une solide crédibilité auprès de ses pairs. Bien que n’étant âgé que de 22 ans, elle a vite appris le métier. Faut dire, son mentor n’est pas n’importe qui... Elle s’approche donc du sinistre spectacle et inspecte minutieusement les traces. Le tueur n’a pas de mobile apparent, n’a pas de cibles de prédilection et un mode opératoire vague. Il semble aimer tuer avec tout ce qui lui tombe sous la main, la seule constante est sa cruauté et le déchaînement de violence dont il fait preuve. Il ne reste plus grand-chose des pauvres bougres qui croisent son chemin. Là, elle voit un cinquantenaire, visiblement bien nourri et de bonne famille si l’on en croit la montre très chère grippée à son poignet. Nu, hormis ce détail, il est attaché à huit crocs de boucher plantés tout le long de son dos et de ses bras. Cela lui donne une allure presque christique. Son ventre a été ouvert et les entrailles se sont écoulées sur le sol, les traces de piqûres sur ses cuisses ainsi que les seringues au sol indiquent que l’homme a été drogué pendant son supplice. Probablement de l’adrénaline si l’on en croit le regard de terreur du mort. Le bourreau voulait qu’il puisse assister à sa propre éviscération. Pas de marque de morsure. 


La seconde macchabée est une femme d’une trentaine d’années, basse condition au vu de ses mains abîmées, probablement une couturière. Son crâne est défoncé, un tuyau de plomb maculé de sang gît à côté. Il lui manque toute la partie basse du corps, découpée avec une précision chirurgicale. Ce qui tranche complètement avec la brutalité hasardeuse du premier cadavre. La détective se penche pour observer les ongles brisés, pensant tout d’abord qu’ils se sont fêlés et presque arrachés lorsque la pauvresse a rampé pour sa vie, mais ce serait étrange : on aurait retrouvé ces fragments incrustés dans le sol. Là, rien, alors peut-être qu’elle s’est fait ça en se débattant contre son agresseur. Lili regarde donc, et bingo, il y a des restes de peau. Sortant un petit flacon, contenant une sorte de coton tige, de sa veste, elle prélève les échantillons sous le regard circonspect des agents. Van Helsing dispose de quelques atouts que n’a pas la maréchaussée. Bien après une longue observation, elle s’assure de ne louper aucun élément nouveau supplémentaire. Rien, parfait. Pas de marque de morsure non plus.


Elle retrace alors le parcours des victimes, le meurtrier prend systématiquement un malin plaisir à les traquer dans un endroit clos. Leur faire miroiter l’espoir de survivre avant de les exécuter, pas étonnant que les coups de grâces ont été donnés à seulement quelques mètres de la porte. La porte était d’ailleurs fermée, ils n’avaient aucune chance. Entrant dans un long couloir qui mène à la chaufferie, l’enquêtrice remarque que la pièce devait être complètement plongée dans le noir. Les marques de sang sur les murs à intervalles réguliers ainsi qu’à chaque croisement montrent que les victimes devaient avancer à tâtons. Qui plus est, tout se passe de nuit et le bâtiment n’est plus raccordé au réseau électrique alors il est évident que le tueur profite de la pénombre pour sa chasse. Sur le trajet, il rattrape plusieurs fois ses proies, diverses éclaboussures de sang et les touffes de cheveux arrachées sur les murs sont formelles, néanmoins cela semble toujours être des attaques tempérées car la course continue. Ce sous-sol est un vrai labyrinthe avec ses multiples embranchements, pas étonnant que les victimes se soient perdues plusieurs fois. Cependant, Lili est satisfaite car elle commence peu à peu à cerner sa cible. Celle-ci opère de façon rituelique. Les souris fuient, le chat les poursuit mais sans les achever. La mise à mort est devant la porte. Une fois arrivée au bout de la piste sanglante, elle voit l’ancienne machinerie avec des menottes attachées à une énorme poêle à charbon. Ils se sont libérés tout seuls visiblement, un reste de bout de verre ensanglanté à proximité montre qu’un s’est détaché en se mutilant le poignet et s’est servi de son sang comme fluidifiant. Il a pris ensuite un objet contondant pour détruire les liens de ses camarades. Les menottes étaient de mauvaise qualité et volontairement pas assez serrées, suffisamment pour les bloquer mais tout en permettant cette manœuvre. C’est exactement comme sa précédente occurrence. Il commence à avoir ses fétiches. Une fois libre, c’est là que le jeu commence, suppose Lili. Elle franchit une porte située derrière la grande machine pour arriver dans un débarras, il y a simplement une chaise posée face à un mur et une brique en moins qui permet d’observer la pièce discrètement. Eh bien voilà, il attend patiemment que ses proies se réveillent pour commencer sa petite affaire. Elle sort alors un petit appareil rond, une sphère transparente laissant apparaître distinctement une ingénierie complexe, alimentée par un énergie bleuté, défiant toutes sciences modernes, puis le pose au milieu de la pièce. Une aura azur émanant de l’objet enveloppe alors tout le lieu puis se rétracte pour revenir de là où elle venait. L’agent recommence alors à chaque étape, chaque couloir où sont passés les acteurs de ce sinistre spectacle. Ceci fait, elle remonte au rez-de-chaussée. Johnson remercie les policiers et leur demande de lui transmettre toutes les informations ainsi que les rapports du légiste. Il n’y a rien d’autre à découvrir ici, donc direction le bureau pour faire le point.


La Fondation a des fonds plus que conséquents, grâce à son parc d’entreprises bien implanté dans les colonies ou aux États-Unis, mais pourtant les bureaux régionaux sont rarement à la hauteur de tels moyens. Un espèce d’open-space dans un immeuble probablement plus aux normes, avec cinq bureaux collés par pairs et le dernier dans une pièce à part. Le bureau du chef. L’agence, comme sont nommées les antennes locales, est un vaste bordel avec des dossiers et des feuilles volantes éparpillées, des armes disposées nonchalamment sur des étagères et des traces de café mal nettoyées sur les plans de travail. La détective s'assoit sur son fauteuil et s’allume une clope, son collègue en face la regarde avec l’air d’attendre. C’est un blond de taille moyenne plutôt costaud, avec des yeux bleu océan, un petit nez épaté ainsi que des pommettes hautes. Plutôt séduisant. De sa voix grave, il prend la parole :



« - Alors, du nouveau ?

Lili inspire la fumée et pose la sphère bleutée devant elle. Jeremiah Barlow s’en saisi et la contemple sous toutes les coutures.

- Nouveau Joujou du Sanctuaire ?

Le Sanctuaire est le nom donné en interne de manière officieuse au QG londonien de la Fondation.

- Ouaip ! Les techos font un bon job. Ça pète en moins de deux, mais ça fait le taff. Ils ont appelé ça « Les boules de cristal ». On peut scanner et enregistrer des lieux à un moment donné puis les diffuser dans la sphère. Pratique, hein ?

Jeremiah hoche la tête, l’air vaguement impressionné.

- Dire que nous, on galère toujours avec nos vieux flingues solaires et nos vieilles boussoles spirituelles

Ces engins, peu précis mais fiables, indiquent les fortes concentrations d’énergies spirituelles. Généralement synonyme d'activités occultes.

- Elles sont pas si mal ! Lili lâche un sourire narquois et complice. Tiens, tu peux jeter un œil ? Tu verras peut-être des choses que j’ai manqué.

- Vas -y envoie ! Mais, comment ça marche ton truc ?

- C’est simple, touche le verre avec la main où tu portes notre chevalière, tu verras plusieurs scènes apparaître. Tu sélectionnes par la pensée celle que tu veux, le zoom, la vitesse et comment tu veux te déplacer dedans. Pareil pour changer de lieu ! Van Helsing dispose d’une technologie miraculeuse et pour cause, elle ne reposait qu’à moitié sur la science. Tu risques d’avoir un mal de crâne ou des nausées à force, c’est normal mais force pas sinon tu vas dégueuler.

- Ouais, ok ! J’ai aussi reçu les dernières infos sur les deux précédentes occurrences. Tu veux voir ?

Son collègue lui tend un dossier et Lili l’attrape immédiatement.

- Merci ! Une fois devant elle, elle entreprend ensuite de sortir son sandwich pour n’en faire qu’une bouchée.

- Ah oui, le chef veut qu’on boucle ça rapidement !

- Pourchois ?

- On ne parle pas la bouche pleine ! L’enquêteur semble particulièrement agacé.

- Oh cha va ! Lili ne s’en soucis guère, bien plus concentrée sur son appétit bientôt satisfait. 

- La presse s’emballe pas mal et parle déjà d’un tueur en série parcourant le pays. Un flic a fait fuiter des infos croustillantes et depuis, les journaux appellent ce tueur « le Hiérophante ». Si on ne se grouille pas, on va avoir tous les tocards du monde libre s’improvisant inspecteurs dans nos pattes.

- Hierochante ?

- Vraiment, la bouche pleine ça me dégoûte ! Mais oui, un journaleux a dû trouvé le nom cool et thématique avec les symboles mystérieux un peu mystiques.

La femme soupire et avale sa bouchée. 

- Le nom n’est pas si mal trouvé, je vais le garder. Ça changera de « l’affaire EN-am-54p ».

Le blond réfléchit quelques secondes et fait une légère grimace approbatrice.

- Ce n’est pas faux. Bon, au boulot !



Les deux se plongent dans leurs recherches. Malheureusement, rien de nouveau n’émerge du lourd tas de documents qu’épluche la détective. Sauf une chose, les symboles restent toujours les mêmes et s’affinent à mesure que le Hiérophante s’exerce. Les meurtres sont constamment par trois, horriblement sadiques et durent une nuit. Le dernier en vie finit irrémédiablement cinglé. Si les témoignages de ceux-ci sont des torrents de propos incohérents et inutilisables, ils ont tous un point commun : ils ont très rapidement exprimé l’idée que leurs âmes avaient été mutilées. Elle a d’abord pensé à une métaphore, mais tous employant la même ? Possible, mais cela titille la curiosité. Elle reproduit alors les fresques sur du papier pour mieux les analyser. Des suites de tracés formant comme des constellations reliées, lesdites s’entremêlent toutes. Il est donc bien difficile de les isoler pour les identifier. Le nombre de traits est si important que le méli-mélo est indéchiffrable. Peut-être que le Sanctuaire pourra en extraire la symbolique ?
Chaque agence peut compter sur un service spécial et direct pour envoyer des documents ou des colis au QG. Van Helsing a depuis bien longtemps une entreprise dédiée implantée en Albion. Un besoin essentiel pour faire circuler artefacts et informations en toute discrétion et rapidement.

Une fois le croquis avec les photos envoyé, Lili est pensive.



« Une réponse du Sanctu devrait venir assez vite, ça pue l’occulte cette affaire. Ce type n’agit pas par hasard, il a un but. Il fait des tests, c’est comme s’il affinait une méthode. Qu’est-ce qu’il pourrait bien chercher ? Un lien avec Grisha peut-être... » À cette pensée, elle sert les poings à s’en rendre les veines apparentes. Jeremiah relève la tête pour la regarder.

- Jonhson, tous les cas ne sont pas en rapport avec Grisha, hein… Elle sursaute.

- J’ai pensé à voix haute ?

- Nan, j’te connais c’est tout et à ta place, je penserais exactement à ça aussi. On sait ce qui est arrivé et c’est normal que… Son interlocutrice le coupe. 

- Jéré, je préfère pas en parler.

- Pardon, je ne voulais pas te…

- Il n’y a pas de problème, changeons juste de sujet, d’acc ?

- J’ai trouvé un truc. Barlow est fier de lui. C’est bien occulte tout ça !

- Ah ouais ? T’as trouvé quoi ? Elle se penche sur la boule.

- Regarde les traces de luttes. La boule permet d’augmenter un peu la luminosité et on voit un truc, le gars n’attaque pas au pif dans les couloirs ! Il a gravé un petit signe sur les murs et fait exprès de fracasser ses victimes contre, pour les maculer de sang. Tout ça, c’est un putain de rituel ! Une tentative au moins ! Il montre un petit symbole ésotérique, une sorte de sigil très simple composé de traits courbés sertis de croix. Impossible de le distinguer sans un matériel approprié tant il est petit. Il le recopie ensuite sur un papier.

- Bien joué ! On sait d’où ça vient ? Elle sourit. 

- Moi non, mais le QG le saura certainement ! Je vais lui envoyer !

- Je vais aussi fouiller dans nos bouquins au cas où. 
Chaque antenne dispose au minimum des ouvrages de base pour mener ce type de recherches, des simplifiés en règle générale. Le Sanctuaire demande à ses agents de tenter d’abord de se débrouiller avant d’avoir recours à lui, chose moyennement observée par ceux-ci.

Son collègue hoche la tête et se dirige vers la boîte postale de l’agence pour y envoyer les informations ainsi que les morceaux de peau retrouvés sous les ongles de la victime.
Tous les jours, le courrier est relevé à 12h45 très précisément.



Lili prend quelques livres sur la symbolique occulte dans la bibliothèque (quelques étagères bien remplies, pour être plus honnête) et s’isole dans un coin de la vaste pièce puis prend un téléphone. Elle tente alors de joindre Alice, sa seule amie depuis qu’elle a rejoint Van Helsing, comme elle le fait chaque jour. Pas de réponse, tant pis… elle a prévu de lui envoyer une lettre avec de l’argent, le boulot de serveuse ne permettant que des fins de mois difficiles à Paris. Même si elle sait aussi qu’Alice va encore râler, mais bon, la Fondation paie bien alors autant en faire profiter ses proches ? Et puis, il ne lui reste qu’elle après tout… La détective secoue la tête, pas le temps de penser à tout ça. Elle a une mission ! Des vies en dépendent !
Passées quelques heures, les recherches sont fructueuses. Au fin fond d’une encyclopédie sur l’Art Noir (le nom donné à la magie… sombre), une petite note mentionne ce symbole mineur. Il s’agit d’un sigil nécromantique utilisé pour absorber l’énergie vitale en prévision d’un rituel tierce. Le glyphe sacrificiel s’appelle « Ciacco », sacrificiel en raison de son fonctionnement particulier. Il est nécessaire de causer une grande confusion chez le sacrifice, des sentiments « dévorants » et ensuite nourrir le glyphe avec le sang de l’humain. Son utilisation n’est pas pratique car un seul signe ne peut capter qu’un peu d’énergie et donc un grand nombre sont nécessaires pour en avoir une bonne quantité. Il faut récupérer très rapidement ladite énergie dans un récipient dédié et l’utiliser vite car sinon elle va se dissiper en à peine une heure. Ces contraintes font que les nécromants le considèrent comme presque inutile.



« Nous avons donc affaire à un nécromancien, pense la chercheuse. Maintenant, le tout est de savoir ce qu’il cherche à accomplir et pour quel rituel il a besoin d’autant de flux. Nous n’avons pas retrouvé de cercle de conjuration sur place, autrement que sur les rescapés. C’est donc certain que si nous découvrons à quoi correspondent les gravures sur les corps, nous découvrirons son but et nous pourrons retrouver sa piste. Les praticiens de l’Art Noir ne sont pas si nombreux que ça, c’est un petit monde. Il faut que le Sanctu trouve cette réponse ! » Un frisson parcourt son échine, comme à chaque fois que le bon bout d’une affaire est trouvé. Il lui suffira de dérouler le fil, toujours plus, pour trouver le coupable et le faire payer. Elle informe son partenaire de ses découvertes et consigne le tout dans un rapport, si elle y passe, alors les suivants ne repartiront pas de zéro. C’est le protocole Van Helsing. 

Le lendemain, elle reçoit un appel du Sanctuaire. Ils ont pu identifier un symbole. Il semble que le tueur commence par le graver, il ajoute quelques minutes après des traits aléatoires comme pour brouiller les pistes. En comparant les trois photographies et en y isolant les constantes, un rapprochement avec un cercle de conjuration a pu être fait. Malheureusement, il n’est connu que de nom « cor servile lapideum » car il émane des très secrets Pourvoyeurs. Une société savante un peu... spéciale, composé de Liches. Le QG demande de faire très attention dans la suite des opérations, on ne sait pas de quoi sont capables ces êtres ni morts ni vivants.

Les Liches… manquait plus ça, tiens… Par contre, pour déterminer l’origine de la matière organique du tueur, il faudra attendre encore un peu. Bon au moins, Lili sait où aller à présent.



Après s’être équipée, direction le Vieux Portsmouth, encore en reconstruction après les bombardements de l’aviation ennemie pendant la guerre. Les Pourvoyeurs en ont profité pour « généreusement » financer quelques infrastructures, mais dans le but de cacher un repaire. Si ce sont des « humains » et techniquement pas des ennemis, Lili se méfie de ces créatures, bien que la Fondation ait des accords avec eux… On sait qu’ils traitent allégrement avec toutes sortes d’engeances aussi malsaines que diaboliques ! Mais, on ne peut aller contre les ordres, le Conseil a certainement ses raisons de ne pas chasser ces monstres du Royaume-Uni.

Marchant dans ces rues encore meurtries par les bombes, la chasseuse serre son manteau afin de lutter contre le froid marin nocturne. Elle arrive devant un bâtiment presque à neuf, une sorte d’hôtel particulier au style gothique restauré. Il n’est pas immense, mais suffisant pour accueillir beaucoup d’employés ou d’invités. Il y a probablement des souterrains, sous la structure, c’est toujours ainsi que construisent ces abominations. Elle entre dans le bâtiment ouvert et montre son emblème aux vigiles qui la laissent donc s’enfoncer plus en avant dans ce hall chic. Le sol et les escaliers sont marbrés, les murs tapissés par des couleurs chaudes telles que du rouge ou du mauve et surmontés de motifs orientaux. Les chaises et les tables pour l’attente des visiteurs font presque office de trônes ou d’œuvres d’art tant elles sont finement ouvragées. Même le comptoir où attend le majordome est fait d'un bois exotique rare et exubérant.

Faisant fi de cette orgie de luxe, elle va voir le petit homme chauve à lunettes qui l’accueille avec grande courtoisie et bonne volonté. Il lui indique que M. Erlette l’attend dans son boudoir personnel. Un boudoir, heureusement que Jeremiah n’est pas là car il n’aurait pas arrêté de râler sur ces « manières de français ». « Dieu m’épargne ça » pense-t-elle avec un sourire en coin. Les couloirs sont glauques malgré un environnement fait pour mettre à l’aise, c’est un sentiment difficile à décrire… un peu comme si l’on avait demandé à un alien « fais moi une déco pour humain ». Tout est exagéré, à côté de la plaque, surchargé et débordant d’une sorte de décadence orgiaque visuelle. Enfin, peu importe le mauvais goût de ces choses, ce qui compte sont les informations dont elles disposent.



Le boudoir est du même tonneau. Une seule sortie, quelques objets tranchants parsemés sur un bureau ainsi que sur le secrétaire. Quelques meubles contenant thé et autres boissons, non qu’ils en aient besoin en plus, et surtout pas de fenêtres. Si Lili est attaquée ici, la position risque d’être dure à défendre. Il faut que l’entrevue se passe pour le mieux.
Erlette est grand, très grand, au moins 2m10 et parfaitement filiforme. Ses bras sont semblables à des cordes fines, tout comme ses jambes. Son visage est dégoulinant de sueur, avec des yeux exorbités et une calvitie naissante révèle son crâne bosselé. Il est néanmoins rasé, apprête et singe tous les codes du bon gentleman tant dans sa tenue vestimentaire que physique. Il invite alors son invitée à s’asseoir sur l’un des canapés confortables de la pièce. Il prend place également en face d’elle. Bien qu’à deux mètres de la femme, l’odeur qu’il dégage va jusqu’à ses narines. Une odeur de chair pourrissante et de moisissure ignoble. La voix du propriétaire est cassée, rauque et régulièrement entrecoupée par le ravalement de glaires remontant de sa gorge.



- Madame Johnson, c’est un plaisir et un honneur que de vous recevoir. Puis-je vous offrir du thé ou quelconque boisson à même de vous réchauffer ?

Protocole Van Helsing : ne jamais accepter de nourriture ou de boisson par des créatures même supposées amicales. Certains collègues l’ont amèrement regretté.

- Merci de me recevoir, Monsieur Erlette. Je vous remercie, mais je n’ai pas soif. La chose se crispe un peu sous ces mots.

- Voyons, ce refus est fort impoli, vous êtes invitée en notre demeure. Lili rapproche subrepticement sa main de son arme, juste au cas où son insistance cacherait des desseins plus noirs que prévu.

- Je ne suis pas ici en visite d’agrément, vous le savez. La fondation aimerait vous poser une question. Erlette recule dans son siège en faisant une grimace.

- C’est donc un interrogatoire alors ?

- Un échange de bons procédés, disons. Notre accord stipule que vous devez nous fournir les informations dont nous avons besoin et en échange, nous fermons les yeux sur vos… accointances.

- Certes, certes, vous n’êtes donc pas joueuse ! Ah comme les catholiques me manquent, ils étaient plus haut en couleurs que vous autres protestants ! La Liche soupire, expulsant un air fétide. Lili ignore sa provocation et continue en lui montrant le dessin de « Ciacco ».

- Il s’agit d’un glyphe de votre conception, non ?

Erlette se penche pour regarder et grimace.

- Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

- C’est un signe rituel de nécromancien retrouvé sur une scène de crime.

- Nous ne sommes pas les seuls nécromants, vous savez, connaissez-vous Asc… L’agente le coupe. 

- Et nous avons retrouvé ceci, ça devrait vous parler. Elle lui montre la photographie du cercle gravé sur la peau des victimes. Erlette reste silencieux. « cor servile lapideum » c’est ça ?

- Vous êtes bien renseignée, dites moi. Vous nous soupçonnez d’avoir fait cela ?

- Non, vous n’êtes pas assez idiots pour cela. Vos meurtres, vous savez les faire à l’abri des regards.

- Vous vous imaginez bien des choses à notre égard. 
Helsing a des piles entières de disparitions mystérieuses reliées à eux, pense alors Lili, qui n’en pipe évidemment mot.

- Je pense que quelqu’un connaît vos méthodes et votre… Art. Je suis venue pour savoir : qui ?

Erlette se lève alors et se dirige vers son secrétaire. De ses longs doigts anémiés, il saisit un dossier qu’il commence à consulter. Léchant de temps en temps ses phalanges de sa langue jaunâtre, comme salie par des années de tabagisme, afin de mieux tourner les pages. 

- Le meurtre date de quand ?

- Le premier date de février 1919.

- Février, février, février… Cela dure plusieurs minutes. Ah, voilà, j’ai peut-être quelque chose !

- Vous avez des dossiers sur les tueurs en série ? S’étonne sincèrement l’enquêtrice.

- Par la Raison, non. Nous avons simplement un mode de recrutement assez particulier, vous le savez, du moins vos supérieurs le connaissent.
Je vous explique. Tout initié avide de nous rejoindre doit passer par un chemin initiatique intellectuel qui démontre sa détermination et ses capacités, tout en étant ludique ! Une chasse au trésor de plus en plus difficile à la recherche de livres et savoirs permettant d’apprendre au fur et à mesure la base de notre Savoir.
Bien sûr, nous gardons un œil sur tous les apprentis qui s’engagent sur le terrain de la Grande Science. A ceux que nous estimons digne, nous mettons sur la route des indices permettant d’accéder à la suite de l’enseignement et cela jusqu’à sa transfiguration en l’un des nôtres. Ah et j’oubliais, aucun des initiés n’a conscience de passer un test ni de notre existence, ils pensent avoir découvert quelque chose et creusent de plus en plus pendant que nous les guidons depuis les ombres.

- Je l’ignorais, merci pour le topo. 

- Et un initié a été récemment recalé, sans qu’il ne le sache bien sûr, exactement à un moment charnière de son cheminement. Le « cor servile lapideum » est un sort capable de transformer un humain en goule, mais qui n’est pas censé être accompli par les apprenants. La version que nous montrons en exemple dans nos ouvrage initiatiques est fausse. Le but est qu’ils s’en rendent compte et voient les éléments qui clochent. Ils doivent chercher des annexes complètes pour passer à la suite du test. Cet idiot n’a pas compris cela et répète inlassablement le rituel, pensant que c’est un problème d’énergie spirituel ou je ne sais quoi. Nous avons donc abandonné avec lui. Les hommes pensant surmonter un obstacle en s’acharnant dessus, avec la même méthode encore et encore, n’en valent pas la peine. Vous comprenez ?

- Je ne suis pas là pour en juger. Avez-vous son nom et son adresse ?

- Il se prénomme Wilbur Allen, mais vous ne le trouverez pas à son domicile londonien. Il n’y est pas retourné depuis son initiation. Il parcourt les rues et les petites auberges pour vivre, persuadé d’être sur le point de transcender la vie ainsi que la mort. Nonobstant, j’ignorais qu’il irait jusqu’à l’assassinat, croyez-moi ! Il ne semble pas sincère, un peu comme un automate imitant les expressions humaines. Cette vallée de l’étrange sur pattes donne des frissons d’effroi à la détective qui tâche de garder son sang froid.

- Donnez-moi son dossier, je vous prie. Tout ce que vous avez. Lili ne veut pas rester plus que nécessaire en ces lieux. Elle sent déjà l’aura oppressante de la nécromancie l’étreindre. 

- Avec joie, nous collaborons toujours avec la Fondation Van Helsing sans rechigner. Nous sommes tous deux dans le camp de l’humanité. Elle affiche spontanément un rictus de dégoût. 

Pour vous prouver notre bonne volonté, voici un petit quelque chose. Il tend un médaillon avec un symbole mystique gravé dessus. Cela vous prémunira de l’effet de Ciacco lorsque vous interpellerez ce voyou. L’agent sort une boite et le met à l’intérieur. C’est un contenant modeste en bronze, serti de diverses runes et mécanismes étranges. L’objet fonctionne comme une sorte de cage de Faraday spirituelle, devenant une barrière hermétique lorsqu’il est clos. 

- Je vous remercie. Elle se lève. Transmettez à l’agence toutes les informations qui vous reviendraient.

- Bien sûr et n’hésitez pas à repasser ou nous téléphoner pour tout prolongement de l’interrogatoire, c’est toujours un véritable plaisir ! Il ricane. Lili hoche la tête et s’en va.



Dans sa voiture de fonction, une Austin 20, elle regarde les documents. Il va falloir fouiller son domicile à Londres, fouiner dans ses relations et tout un tas de choses. Les collègues londoniens pourront s’en charger dès ce soir et si ce que dit le document est vrai, il vit sur ses réserves financières. vérifier les tripots pas chers ainsi que les endroits peu regardants sur la clientèle est impératif. Ça, la police pourra s’en charger, des portraits robots lui seront fournis. Si c’est juste un humain, Van Helsing laissera le soin aux autorités de l’enfermer dans une prison. Mais s’il est devenu autre chose… Il faut simplement que les flics glanent des infos sans jouer aux cow-boys, pour leur propre sécurité. Ils ne sont pas prêts pour ce qui risque de leur tomber dessus.


Une fois revenue à l’agence, Borrow et elle s’échangent les dernières trouvailles mutuelles. Le Sanctuaire confirme qu’il s’agit du Glyphe « Ciacco » et les études sur les échantillons de peau montrent que le sujet n’est plus totalement humain mais est parvenu à se goulifier partiellement lui-même en ingurgitant de l’énergie vitale humaine en grande quantité au cours de ses rituels. Il est donc plus violent et plus dangereux, risquant à tout moment une rupture mentale emportant totalement son esprit pour ne laisser qu’une bête enragée et anthropophage.


Ni une, ni deux. Un agent sur Londres est envoyé perquisitionner l’appartement du suspect et une brigade de police est mobilisée pour interroger toutes les auberges mal famées de la ville. Pourvu qu’il ne soit pas encore enfui de la ville… Il n’a pas l’air d’être véhiculé et les routes étaient quadrillées, avec un peu de chance il a estimé plus prudent de faire profil bas quelques jours avant de quitter la région. L’ordre est donné aux fonctionnaires de ne pas tenter d’arrêter Allen, mais de prévenir immédiatement l’Agence s’il est repéré.


Les deux attendent donc, l'attention rivée sur le téléphone, toute la nuit. Étudiant les dossiers jusqu’à l’épuisement. Jeremiah en profite également pour tester le médaillon pour s’assurer de sa véritable nature. Sa spécialité étant les artefacts, il détermine sans peine que la Liche n’a pas menti. C’est bien un objet de protection, basique, pour un glyphe donné. Lili le prend donc avant de le porter, rassurée par l’expertise de son collègue.


Une sonnerie retentit, elle décroche le combiné : des nouvelles de Londres. Ils ont étudié les carnets d’adresses retrouvés chez Allen. Il a un vieil ami érudit vivant à Portsmouth, près de Portchester Lake : Alester Manfried. Il habite une petite résidence isolée sur les rives ouest. Parfait, il faut aller jeter un œil. Borrow et Johnson se saisissent de leurs armes, munitions solaires contre les goules, c’est plutôt efficace. Gants sensoriels, et grappins également. Une grenade à UV, des nullificateurs de bruits ainsi qu’un monocle de double-vu permettant de capter les énergies spirituelles ambiantes.
Chacun de ces gadgets est d’aspect étrange, bardé de petits mécanismes tournant et disposé de sorte à reproduire des symboles occultes et inconnus. Ils font un léger bruit, presque imperceptible, en raison des minuscules engrenages qui s’entrechoquent continuellement produisant parfois un encore plus petit arc électrique violet, mais qui s’évapore en l’espace de microsecondes. Le genre d’appareil à ne pas sortir devant le chaland, ça attire bien trop l’attention. Les deux partenaires entrent ensuite dans le véhicule et foncent en direction de la demeure du scientifique.



C’est une petite résidence pour retraité aisé. Un petit pavillon charmant de style victorien faisant face au lac qui reflète les premières lueurs de l’aube. Tout paraît calme, paisible et rien ne laisse deviner une quelconque manifestation macabre en son sein. Mais, les apparences sont souvent trompeuses et les deux agents ont appris à ne pas s’y fier. Ils se garent à plusieurs mètres de la cible et s’y dirigent d’un pas furtif.


Ils entrent discrètement dans le jardin et remarquent que sur la table de la terrasse est encore disposée une carafe de thé glacé, moisie. Probablement là depuis plusieurs jours. Les volets sont fermés, mais Jérémiah revêt un gant sensoriel, il touche la façade de la maison et ferme les yeux pour se concentrer. « Rien de vivant à l’intérieur, c’est une certitude ». Lili hoche la tête et propose de passer par l’étage afin de surprendre la créature. Si elle est encore là, elle n’aura probablement pas piégé les fenêtres du haut. Ils utilisent donc leurs grappins qui agrippent sans difficulté au toit, et sans laisser de traces comme s’ils étaient capables de traverser la matière tout en s’y accrochant. Une fois montés, les deux s’approchent d’une fenêtre, fermée évidemment. « couvre-moi » dit la première pendant que le second sort son arme, paré à toute attaque. Elle badigeonne alors délicatement le verre d’une sorte de pâte fine qui semble parfaitement adhérer au matériau. Puis, d’un coup de coude sec, elle frappe le carreau qui explose sans difficulté ni un son.


Ils entrent ensuite dans la bâtisse plongée dans la pénombre. Elle sort alors son arme et le duo décide de porter leur monocle de double-vu. Les goules laissent des énergies particulières dans les lieux où elles se terrent. Elles en irradient littéralement, cette singularité permet de les repérer même dans l’obscurité.



Tout est pollué par ces émanations néfastes, la double vue montre clairement ces vapeurs brunâtres caractéristiques de ces monstres répugnants. Ils sont dangereux donc il faut y aller avec prudence. Sortant de la salle de bain par où ils sont entrés, ils inspectent la première pièce du couloir. La chambre du couple qui vivait là. La femme est sur le lit, avec les mêmes marques ritueliques que les victimes, sauf qu’elle, elle est morte de ses blessures.


Ils passent donc à la suivante, une lingerie, rien. La suivante non plus. Ils descendent alors minutieusement les escaliers, qui grincent un tout petit peu sous leurs poids. Il faut redoubler de vigilance car ces monstruosités ont l’ouïe fine, elle pourrait donc déjà les avoir entendus et se préparer à une attaque.


Une fois en bas, ils voient un véritable champ de bataille, le salon est dévasté, la bibliothèque ravagée et la cuisine a servi de laboratoire alchimique de fortune. Wilbur s’est déchaîné. Ils avancent prudemment jusqu’à la salle à manger. Alester est complètement éventré et vidé de ses organes et chairs. En face d’eux, fait avec les tripes et les restes de Manfried, une sorte de nid fermé. Un cocon rouge avec des pointes de blancs montrant le développement de champignons sur toute la surface. La concentration en résidu spirituel est maximal en ce nid, mais fidèles aux méthodes d’interventions Van Helsing, Borrow pointe son arme sur le nid et Jonhson surveille les alentours. Elle remarque que « Ciacco » est gravé partout, sur tous les murs de la maison. Elle couvre son ami, prévenant toutes attaques latérales. 3,2,1, l’homme tire sur le cocon à 4 reprises, gardant deux balles au cas où. Rien. La concentration en énergie ne faiblit pas. Allen n’était pas dans son lit apparemment. Ils regardent partout, mais tout est sombre et la forte densité énergétique les empêche d’exploiter la double vue.



Soudainement, le partenaire sent une violente douleur au niveau de l’épaule. Le démon vient de surgir d’un recoin sombre du plafond pour l’attaquer et le projeter contre un mur. Lili n’a même pas le temps de pointer son arme dessus qu’il a déjà disparu d’un bond agile. Cherchant méthodiquement son ennemi, elle se rapproche de Borrow qui s’est écrasé contre la parois et saigne superficiellement. La blessure n’est pas profonde mais suffit pour asperger l’un des glyphes, s’activant alors. Il faut le sortir de là au plus vite, avant qu’il ne soit vidé de son énergie, mais impossible de le transporter sans risquer une attaque de la bête. Une goule n’est pas très résistante, mais est agile et a des lames de rasoir en guise de dents et d’ongles. Elle l’entend se déplacer un peu partout, son collègue est sonné et pratiquement HS mais son médaillon l’empêche de subir le même sort. Il faut profiter de cette chance.


« Ferme les yeux » hurle le blessé avant de lancer sa grenade. Une idée brillante, au sens propre, le flash solaire va aveugler le monstre et illuminer suffisamment de secondes l’endroit pour laisser une fenêtre de tir. Le solaire n’est pas optimal contre les goules, mais ça ne leur fait pas du bien non plus. Elle devrait être sonnée juste assez longtemps pour se faire crever.


L’objet cylindrique roule sur le sol et, sans un son, projette une intense et ardente lumière digne du désert de la mort. Surpris, Wilbur pousse un cri de douleur et de confusion, depuis son perchoir sur le mur nord de la pièce. Lili compte, une seconde, parfait le gros de l’impact est passé donc c’est le moment d’ouvrir les yeux. Grâce aux couinements de la bête, elle le repère immédiatement, et tire quatre balles dans sa direction. La première touche l’abdomen, la seconde la gorge, la troisième le thorax et enfin la dernière s’écrase sur l’épaule. Mortellement blessée, la goule s’effondre sur le sol pendant que l’exécutrice pointe son arme sur elle. 


Elle tend alors son bras afin d’implorer pour sa vie tout en essayant de supplier verbalement, mais les paroles sont incompréhensibles à cause de ses blessures. Allen Wilbur ressent autant de haine que de terreur pour ces deux humains qui viennent pour le massacrer. Sans une once de pitié ni d’hésitation, Lili tire une balle dans la tête de la créature qui s’effondre. Puis une seconde, afin de ne prendre aucun risque. Elle sort ensuite, sans perdre une minute, son partenaire de la maison pour stopper les effets de la rune. Il devrait s’en sortir et être sur pied assez vite, ce n’est pas trop méchant. Mais maintenant, il va falloir faire le ménage avant qu’un tout-venant tombe sur le spectacle.



La détective fourre son collègue dans la voiture avant de s’arrêter à la première cabine téléphonique. Les équipes de nettoyages vont s’occuper du reste, la Fondation a l’habitude de ce type d’opération à maquiller. Un doc est également dépêché pour prendre en charge le pauvre bougre. Lili espère qu’il aura le droit à un peu de congés, il l’a bien mérité.


Une fois de retour à l’agence, le rapport finit, elle sent la fatigue s’emparer de tout son être. Une journée putain de remplie, un sale job, mais bon… faut bien que quelqu’un le fasse. Et puis, elle sait qu’aujourd’hui, chasser ces horreurs est la seule chose qui la motive réellement. Impossible de faire autre chose quant on sait les dégâts et les morts qu’elles font endurer à des innocents. Un jour Van Helsing détruira toutes ces engeances ignobles et là, là, elle prendra une bonne retraite bien confortable, dans le sud, dans un endroit chaud et confortable.  

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