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Je ne saurais vous dire quand tout cela a commencé. J'ai toujours été en proie à la paralysie du sommeil. J'ai appris à la gérer, à la reconnaître telle qu'elle est et à attendre qu'elle passe. Cela commence systématiquement par le besoin de bâiller ou de parler, mais ma bouche est hermétiquement fermée. J'essaie ensuite de m'asseoir bien droite, mais mes bras et mon corps sont collés au lit. Parfois, mes yeux sont ouverts.
Parfois, je vois des choses.
Voir ces choses est toujours effrayant. Il s'agit de grandes ombres inhumaines qui me regardent, elles ont des sourires maléfiques ainsi que des mains fines et griffues qui s'étirent vers moi jusqu'à ce que je me réveille complètement. Et puis il y a les moments où je me réveille sous mes draps. Je sens le poids de ces choses, alors qu'elles s'agenouillent sur ma poitrine au-dessus de moi, me clouant au matelas jusqu'à ce que je me réveille totalement et que je puisse à nouveau bouger.
C'est une paralysie du sommeil normale. J'ai lu que des gens du monde entier ont vécu des expériences similaires : des visions horribles, la pression sur la poitrine de la « victime »… tout cela se passe dans la tête du dormeur. Tout cela est une version plus intense d'un cauchemar. Bien que terrifiant, j'ai appris à y faire face. Le seul problème est que je n'ai rien trouvé d'écrit à propos des voix.
Les choses me parlent.
Les portes sont faites pour s'ouvrir.
Quand ils chuchotent à mon oreille, c'est tout ce qu'ils disent.
Je n'y avais jamais vraiment pensé. À mes yeux, il s'agissait juste de mes cauchemars. Avec le recul, j'aurais aimé faire plus attention à ces choses. Ils ne s'agenouillaient pas toujours sur moi. Ils ne me parlaient pas toujours. Ils n'ouvraient pas toujours mes armoires et mes placards non plus.
Les premières fois où je me suis réveillée normalement et que j’ai trouvé mes armoires et placards ouverts, j’ai pensé que je les avais laissés ainsi avant de me coucher. Mais ces quatre derniers jours, je n’ai quasiment pas dormi. Luttant contre l’insomnie, je me suis allongée dans la semi-obscurité la première nuit. Cette nuit-là, les portes de l’armoire ont basculé violemment devant moi et je suis restée figée de peur jusqu’au lever du soleil. La deuxième nuit, j’ai essayé – sans succès – de dormir en bas. J’ai entendu les portes de l’armoire s’ouvrir à nouveau au-dessus de moi. J’ai allumé les lumières et je suis restée dans mon salon, des images de fantômes, de courants d’air, de poltergeists ou de tremblements de terre luttant pour attirer mon attention dans mon esprit.
Vous devez comprendre qu'au fil des années, j'ai appris à distinguer mes épisodes de paralysie du sommeil et à les considérer comme des cauchemars et rien de plus. Vous ne devez pas me juger. Mais alors que je me tenais là, éveillée, dans mon salon, j'ai compris plus que je n'aurais jamais souhaité.
« Les portes sont faites pour s’ouvrir ». Il s'agissait d'un murmure dur, si proche de moi.
Ce n'est que lorsque je suis arrivée dans ma chambre d'hôtel plus tard dans la nuit après avoir fui la maison que je l'ai découverte. Je ne sais pas quand elle a été dessinée, juste quelques lignes - sans aucun doute une porte - marquées au fusain sur ma poitrine. J'ai essayé de la laver, mais la tache est restée. Et elle est toujours là. Je suis dans la chambre d'hôtel depuis deux jours maintenant. Toujours avec les lumières allumées et toujours éveillée. J’ai dû succomber à l'épuisement et m'endormir une seule fois depuis. Je suis réveillée maintenant, mais toute cette épreuve va bientôt être terminée. Comment le sais-je ? Parce que je ne peux pas crier. Parce que je ne peux pas bouger mon corps. Et parce que les créatures souriantes aux mains griffues se penchent maintenant sur moi et me chuchotent à l'oreille que les portes sont faites pour s'ouvrir…
Ce texte a initialement été réalisé par Darkevbroly sur Night Scribe, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Naveen qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, Caesar et Jared Gauss qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Griff et Vibeka qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.
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