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Le Dernier Noël : chapitre 2, le Tunnel


Temps approximatif de lecture : 12 minutes. 

Gerg avançait lentement dans les ténèbres. Il n’y avait aucun bruit hormis celui de leurs pas sur la terre sèche et ils avaient tous l’impression d’avancer dans le vide. Parfois, la faible lumière de leur lanterne parvenait à éclairer les parois, mais Gerg et Phéeal évitaient de le faire. Ils avaient un mauvais pressentiment et Herloak elle-même n’aimait pas les voir. Une espèce de mousse rouge avait poussé sur les pierres lumineuses, ressemblant à un sang opaque et répugnant qui se serait agglutiné pour former des tapis de nervures feuillues. Az le lard ne partageait pas leur dégoût, lui était très curieux et se retenait avec force de toucher la mousse. Il se demandait quelle était sa texture et se concentrer sur cette pensée l’empêchait de penser à sa famille. Il allait certainement passer Noël en tant qu’orphelin, s’il survivait au fungus qui se développait en lui…

Ils marchèrent ainsi en silence, espérant qu’au bout d’un moment ils pourraient apercevoir le bout du tunnel… Mais les ténèbres autour d’eux demeuraient infranchissables. Phéeal commençait sincèrement à s’inquiéter alors que les minutes s’écoulaient. Elle était terrifiée par le noir et elle faisait de son mieux pour rester brave, mais au fur qu’ils avançaient, cela devenait de plus en plus difficile. Elle avait l’impression que des ombres glissaient entre ses jambes, peut-être les esprits des vilains enfants ? Un frisson la saisit à cette pensée et un gémissement s’échappa malgré elle de ses lèvres.
– Est-ce que ça va ? lui demanda Gerg en se retournant, un air soucieux inscrit sur son visage juvénile.

– Et si les terres de Hylu avaient été abandonnées à cause de la Sorcière des épices ? Si elle avait décidé d’y vivre et que nous allions droit vers elle ? Nous allons tous être mangés.

– Elle ne peut pas y être, tout le monde sait qu’elle vit dans les Abysses du Lac noir. Il faudrait sortir de la Fabrique par la grande porte pour y aller et le Père Noël ne la laisse entrer que pour prendre le vilain enfant, rétorqua Herloak en changeant sa lampe de main.

– Oui, mais elle pourrait être restée et s’être cachée dans les tréfonds de Hylu pour venir quand elle veut.

– Si c’était le cas, elle aurait déjà essayé de me manger, murmura Az en tripatouillant son bedon.

Le jeune garçon était réputé pour être l’enfant le plus gras de toute la Fabrique même avant les fungis. Dans son désir de ressembler au Père Noël, il mangeait régulièrement des biscuits et des morceaux de pain accompagnés de lait de poule. Il avait même englouti toute une bûche aux trois chocolats à lui tout seul une fois, un exploit respecté par tous ses amis qui étaient admiratifs de sa dévotion. Mais malheureusement, avec la perte de production, Az avait été obligé de freiner son régime et il avait été fort déçu de voir qu’il avait perdu une taille de pantalon. Il avait l’espoir secret de trouver des pots et des pots de crème de marrons dans les terres de Hylu. Peut-être que le Père Noël irait jusqu’à l’adopter s’il le trouvait bien joufflu et ressemblant à son image. Ses parents seraient assez aimants pour le comprendre… Ses parents… Les larmes aux bords des yeux à cause de cette pensée, Az voulut se remonter le moral en faisant des pirouettes et des jeux de jambes, comme il pouvait en faire pour s’amuser.

– La Sorcière pourra bien me courir après ! De toute façon ce sera moi le préféré du Père Noël ! s’exclama-t-il en interrompant ses amis qui avaient continué de discuter. Il fit un pas chassé et un deuxième, tournoya sur lui-même au son de la clochette de son bonnet, et se prit les pieds l’un dans l’autre pour s’étaler de tout son long.

POUF.

– Az ! s’écria Herloak en se précipitant vers lui. Le garçonnet avait perdu son couvre-chef. Ses cheveux blonds décoiffés par la chute, il s’était déjà mis à genoux et essayait tant bien que mal de se recoiffer. Son regard mouillé croisa celui, inquiet, de la chef, et il éclata en gros sanglots quand elle le prit dans ses bras.

– Oh, Az… Il vaut mieux que tu ne danses pas ici, on ne sait pas ce qu’il peut y avoir. Est-ce que tu t’es fait mal ? demanda-t-elle tandis que Phéeal ramassait le pauvre bonnet.

– Je voulais juste… juste… bégaya-t-il avant de renifler et de tousser violemment.

– Bois de l’eau. Ça ira mieux

Az acquiesça et suivit son conseil sans renâcler. Il détestait l’eau, ce n’était pas aussi bon que du coca ou de l’Ice Tea.

Une fois le petit bonhomme de nouveau sur pied, la troupe reprit son chemin avec une allure un peu plus vive. Ils voulaient tous sortir d’ici le plus vite possible. Ils refusaient de camper dans le noir et ils craignaient de ne pas avoir assez d’huile pour le retour s’ils ne se dépêchaient pas. Pour faire des économies, seul Gerg garda sa lampe allumée pendant que les autres le suivaient.
Ils avaient l’impression que le tunnel se resserrait autour d’eux, que l’immonde mousse ensanglantée était maintenant certaine de leur présence et qu’elle essayait vicieusement de les attraper. Depuis la chute d’Az, de petits bruits s'en échappaient, comme des gémissements.

Mais ils furent certains que quelque chose n’allait pas quand un bout de mousse se décrocha du plafond pour tomber devant eux. Leur cœur fit un bond. En effet, ils l’auraient évité sans rien en penser si celui-ci ne s’était pas mis à ramper pour rejoindre l'une des parois. Tous se regardèrent.

– La mousse est vivante ? chuchota Gerg dans un souffle. Ses yeux allaient de tous les côtés, et avant qu’Herloak ne puisse l’arrêter, il illumina la paroi à sa gauche et lâcha un glapissement de terreur.

Évidemment que ce n’était pas de la mousse normale, évidemment. Celle-ci se mouvait au sol comme des milliers d’asticots velus qui se croisaient et se décroisaient, la surface feuillue se déformant pour se reformer encore et encore, comme si la plante ne pouvait que se mutiler pour croître. Des bulles rouges à l’allure visqueuse se formaient par endroit, elles étaient toutes petites, et quand elles éclataient, un gémissement en sortait. Subjugués, ils observèrent tous une bulle plus grosse que les autres, énorme comme un ballon de football, se former. Elle grandit si vite qu’en un instant, elle atteignit son point de rupture et…

GHYAAAARRRRRRR

Le cri terrifia les enfants qui faillirent en tomber au sol. Herloak ne perdit pas de temps pour se ressaisir et elle attrapa Phéeal par le bras pour l’entraîner avec elle. Elle se saisit aussi d'Az en prenant sa main et ils coururent tous derrière Gerg qui mena le chemin. D’autres bulles se formaient derrière eux, et elles ne tardèrent pas à éclater à leur tour. Peu à peu, les cris mêlés se muèrent en hurlements terribles d’agonie. Comme si les murs vomissaient des souffrances accumulées depuis des années, des siècles, peut-être.

La petite troupe détalait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Ils n’avaient pas le temps de penser, ils étaient terrifiés à l’idée que la mousse se referme sur eux pour les dévorer, et chaque vêtement qui frôlait les parois leur paraissait être une promesse de mort. Ils ne pouvaient pas disparaître maintenant, pas comme ça, pas avant d’avoir vu le Père Noël. Az sanglotait en courant, et même Phéeal et Gerg ne pouvaient cacher le fait qu’ils pleuraient, tant leur vue était brouillée. Mais Herloak était déterminée à l’idée de sortir vivante, et alors qu’ils couraient, elle aperçut une lueur à leur gauche.

– Attendez ! cria-t-elle, sa voix à peine audible à cause des cris. La sortie est là !

Comme tous se tenaient la main, ils furent obligés de s’arrêter aux côtés d’Herloak un instant avant qu’elle ne les dirige vers ce qui était effectivement de la lumière. Confiants, ils la suivirent mais leur joie ne fut que de courte durée quand ils se rendirent compte que ce n’était qu’un cul de sac. Ce qu’Herloak avait pris pour la sortie n’était rien de plus qu’une grande pierre lumineuse esseulée, à la surface lisse et miroitante, seule survivante de la mousse.

– Qu’est-ce qu’on va faire ? demanda Gerg en éclairant derrière lui. Il voyait déjà les parois se refermer comme il l’avait pu l’imaginer quand ils s’enfuyaient. La mousse les tenait.

Az se précipita sur la pierre, et les autres le suivirent. Les mains tremblantes, il joignit ses mains et pria l’esprit de Noël de venir les sauver dans un chant clair et pur. Chaque note qui s’échappait de ses lèvres résonnait avec le minéral, qui s’illumina davantage et se teinta d’une blancheur éclatante. Tous se mirent à chanter leur tour. Az les guidait, il connaissait par cœur le cantique sacré appelant à la bonté du Père Noël. Celui qui leur permettait de réunir l’amour et l’amitié la veille de Noël lorsque tous se réunissait sous le sapin.

Minuit, petit lutin
C'est l'heure solennelle
Où le Père Noël descendit jusqu'à nous
Pour apporter le doux amour originel
Et nous combler avec de beaux joujoux

Le monde entier tressaille d'espérance
En cette nuit qui lui donne un sauveur
Peuple à genoux, attends ta délivrance
Noël, Noël, voici le rédempteur
Noël, Noël, voici le rédempteur

De leurs voix innocentes, un amour pour Noël si pur fut exalté que la pierre se chargea de la magie des fêtes et résonna avec eux. Des paysages d’hiver se présentèrent sur sa surface, des sapins ornés de boules et de guirlandes apparurent dans le paysage, des cadeaux multicolores et merveilleux à leurs pieds, et soudainement, aussi incroyable que celui puisse paraître, ils l’entendirent : le « Oh Oh Oh » du Père Noël.

La pierre s’irisa de milles couleurs, et dans une explosion éclatante, un flash de lumière aveugla les enfants qui cessèrent de chanter. Quand ils reprirent leurs esprits, la pierre était devenue noire, comme si elle avait utilisé toute sa magie. La mousse, quant à elle, avait disparu, laissant les petites pierres lumineuses qui se trouvaient derrière éclairer faiblement la caverne.

– Nous… nous avons réussi ? Nous avons invoqué l’esprit de Noël ? demanda Gerg abasourdi.

– Oui ! On a même entendu le Père Noël ! Le Père Noël ! répondit Az en s’exclamant, un merveilleux sourire sur le visage.

Mais les cris de joie cessèrent quand l’attention se porta sur Phéeal qui ne disait pas un mot. Le regard flou, elle releva les yeux vers eux, et quand elle ouvrit les lèvres, un flot de sang en jaillit. Elle toussa avec force dans l’espoir d’échapper à la noyade intérieure, mais à chaque à-coup de ses poumons du liquide rouge, se déversait sur le sol et les vêtements de ses camarades terrifiés. Phéeal avait été punie ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas Az ? Ils ne le savaient pas. Gerg se précipita sur elle, incapable de savoir quoi faire pour l’aider, mais rapidement, elle se reprit, un grand sourire se formant sur ses lèvres rougies.

– Le Père Noël m’a choisie ! Il m’a bénie ! dit-elle avec une joie sincère. Ses yeux brillaient d’un bonheur qui rendit presque les autres enfants jaloux. Phéeal avait toujours été l'une des plus pieuses d’entre eux. Même si Az avait guidé le chant, il faisait parfois des facéties qui expliquaient l’idée qu’il n’avait pas été considéré par le Grand Homme. Phéeal était toujours sage.

Les enfants étaient admiratifs. Si Phéeal disait qu’elle avait été choisie, même s’ils avaient eu peur, c’est que c’était le cas. Et ils dansèrent autour de la pierre qui les avait sauvés, autour de Phéeal et Az qui ne lui en voulut point d’avoir été préférée, sachant qu’il continuerait de faire de son mieux. Quelque part, ce miracle leur redonnait foi, ils croyaient vraiment pouvoir sauver Noël si le Père Noël lui-même pouvait entendre leur appel. Peut-être qu'ils n’avaient simplement pas ce qu’il fallait, auparavant. Ils devaient lui faire confiance !

Soulagés et déterminés, ils reprirent leur route et découvrirent que le tunnel n’était pas aussi grand qu'il avait pu l’être quand ils marchaient au cœur de la mousse. Il devait même faire à peine un kilomètre de long, et avec un bon rythme, ils arrivèrent aisément au panneau annonçant les Merveilleuses terres de Hylu. S’arrêtant devant celui-ci, qui présentait un paysage féérique où plusieurs biomes se côtoyaient, ils se regardèrent tous et enfin se posèrent les questions tant attendues.

– Cette mousse sur les parois du tunnel, l’idée qu’on ait marché plus que sa longueur, est-ce que la Sorcière aurait jeté un sort pour empêcher quiconque d’aller à Hylu ?

– Je ne sais pas, Phéeal. Ce qui se passe ici ne fait écho à aucun des livres que j’ai pu lire. Si les anciens disaient que Hylu était la ferme de la Fabrique et qu’il y a un inventaire assez conséquent de ce qu’on pouvait y trouver, rien ne parle d’une malédiction et encore moins dans le tunnel, répondit Herloak en contemplant le paysage qui s’étendait devant eux.

Les terres désolées de Hylu étaient terriblement silencieuses.

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