Temps de lecture : 6 minutes
Attention ! Nous déconseillons formellement la lecture de ce texte au moins de 18 ans.
« Tu es le plus gros échec de ma vie, Winslow. J’aurais préféré que tu ne naisses jamais. »
Les paroles de ma mère résonnaient toujours de la même manière dans ma tête. Je pensais naïvement que le temps allait faire son office, que les années se succédant me feraient oublier toute la haine qu’avaient mes parents à mon égard. Mais il avait fallu se rendre à l’évidence : la douleur était immuable. Plus mon esprit ressassait cette phrase et plus je m’apercevais qu’elle avait façonné ma vie. Celle-ci n’avait été qu’un enchaînement d’échecs et d’humiliations, ma mère n’avait pas tort.
Pourtant ma destinée semblait toute tracée : fils de bourgeois, j’aurais dû embrasser une carrière dans le droit ou la finance, fonder une famille avec la première catin venue. Mais il avait fallu que je cède à des rêves d’enfants, que je me prenne pour ce que je ne suis pas : quelqu’un de talentueux. J’ai toujours nourri des rêves de gloire, je voulais que les gens m’acclament, que les femmes scandent mon nom afin que je daigne coucher avec elles. Oui, c’était le projet de toute une vie : la reconnaissance.
Hélas, je n’étais pas suffisamment intelligent pour les études, et tout l’argent de mes parents n’aurait pas suffit pour m’acheter quelque diplôme que ce soit. Ainsi étais-je laid, inculte et bête ; qu’avais-je comme choix ? Il ne me restait que mes mains pour atteindre la célébrité.
J’ai trouvé ma vocation en marchant dans la rue, lorsque mes yeux avaient croisé une affiche aux couleurs suffisamment vives pour attirer mon attention.
« Le spectacle magique de Bill le Magnifique », ou quelque chose comme ça.
J’ai directement été intrigué par ce spectacle, mes parents m’ayant toujours empêché d’aller au cirque ou même d’aller voir un magicien. D’après eux, il ne s’agissait que de numéros sans intérêt, en plus d’être truqués. Mais je m’en fichais, je voulais voir Bill le Magnifique. Ce dernier avait organisé son spectacle non loin de là où je vivais, et j'ai décidé de m’y rendre le soir-même.
La salle était noire de monde, j’ignorais que les spectacles de magiciens rencontraient autant de succès. Je me frayais un chemin parmi la foule afin de me rapprocher au plus près de l’estrade. Le spectacle allait enfin commencer.
Je ne me souviens plus vraiment de tous les tours réalisés par Bill. De mémoire, il a commencé par un lapin sortant de son chapeau et a poursuivi par quelques divinations de cartes. À vrai dire, les numéros étaient sans importance, ils ne m’impressionnaient pas. Je savais que ce n’était pas vrai, que Bill avait des complices ou que sais-je. Mais les gens applaudissaient, criaient son nom et lui jetaient des roses. C’était évident, le public l’aimait : je voulais être comme lui, je voulais être magicien.
Le spectacle terminé, la salle s’est vidée peu à peu. Je voulais être le dernier à partir, j’espérais croiser Bill afin qu’il m’aide à devenir magicien en me donnant quelques astuces. Fort heureusement pour moi, ç'a été le cas. Bill faisant la fermeture de la salle, nous avons fait connaissance.
Ce que j’appréciais chez Bill, c’est qu’il était anormalement laid. Un homme court sur pattes, doublé d’adipeux. Une face couverte de furoncles plus répugnants les uns que les autres. S’il se faisait acclamer, pourquoi pas moi ?
Ce qui est certain, c’est que je lui plaisais. Pendant que nous discutions, il est devenu de plus en plus tactile, jusqu’à poser sa main sur mon sexe et commencer à le caresser vigoureusement. J'ai alors compris que cet apprentissage n’était pas gratuit. Il a sorti son propre sexe, dressé, et m'a fait signe de me mettre à genoux. Après que je lui ai fait une fellation, il m'a pénétré pendant plusieurs minutes, qui m'ont paru une éternité. C’était très douloureux, mais je prenais mon mal en patience, même si j’imaginais ma première relation sexuelle autrement. Mais avec les précieux conseils de Bill, je pourrais enfin rencontrer la gloire. Je m’efforçais donc de penser à autre chose, de m’évader, malgré la douleur et les gémissements de Bill qui me ramenaient toujours à la réalité. Son affaire terminée, il a pris la peine de m’essuyer.
Après ce pénible épisode Bill semblait plus enclin à m’aider, et m'a comme convenu révélé tous ses secrets. Un double fond dans le chapeau, quelques astuces pour garder une carte dans la manche, ce genre de chose. Je n’étais pas surpris, mais ces stratagèmes avaient le mérite d’être astucieux.
Devant l’élève assidu que j’étais, Bill m'a proposé de devenir son assistant. Il est vrai que je n’avais ni l’expérience, ni le matériel requis pour convenablement me lancer en tant que magicien. La contrepartie à tout ça était de lui accorder régulièrement des faveurs sexuelles. À mon sens, il s’agissait d’un passage nécessaire à chacun pour atteindre la gloire, et puis je me répétais que ce n’était pas si douloureux que ça, que tout est une question d’habitude. C’est la vertu du temps de se rire de la douleur, n’est-ce pas ? C’est ce que je me répétais pour me rassurer, tout en acceptant la proposition de Bill.
Les jours ont passé, et le plus clair de mon temps était consacré à l’apprentissage de numéros. Je commençais petit à petit à saisir les subtilités de chaque tour. Et puis un jour, je me suis senti prêt.
J’allais donner mon premier spectacle, récolter mes premières louanges. Bill m’avait bien dit de prendre mon temps, de commencer par l’assister, mais je n’ai rien voulu entendre. Je voulais le faire seul, prouver que j’en étais capable. On a fait la promotion du spectacle avec des affiches, tout le quartier savait que le grand Winslow allait faire des tours de magie. Tout le monde. Même mes parents. Inutile de vous conter leur déception, c’est à cet instant que j’ai définitivement perdu leur soutien pécuniaire. C’était dommageable, mais désormais le succès me tendait les bras.
Ce que j’étais naïf. J’avais déjà oublié que tout ce que j’avais entrepris jusque-là s’était soldé par un échec. Pourtant, dans ma tête tout semblait si clair, je me voyais éloquent devant les foules et brillant à travers des tours que je connaissais maintenant par cœur.
Mais la cruelle réalité m’avait vite rattrapé. Face à la foule, je bégayais et étais incapable d’exécuter des numéros basiques. Devant mes erreurs techniques, le public rigolait aux éclats. Néanmoins, j'ai tant bien que mal essayé de sauver la face avec un ultime tour : celui du lapin sortant du chapeau.
La suite a été tragique, comme si tous les éléments s’étaient ligués contre moi. Comme si c’était mon destin d’échouer dans tous les domaines, même dans des tours de passe-passe de pacotille.
Le lapin censé sortir du double-fond était mort. Peut-être qu’il n’avait plus d’air, ou que je l’avais trop secoué. Les moqueries des spectateurs se sont muées en insultes et menaces. Je me faisais huer par ceux qui devaient m’acclamer. Tout ça à cause d’un putain de lapin incapable de survivre plus de quelques minutes.
Humilié, j’ai dû quitter la scène.
J’en avais assez d’échouer, je voulais réussir au moins une fois dans ma vie.
Rien qu’un seul tour, ce n’est rien un tour de magie. Ça se fait facilement. Le soir-même, Bill m’a fait une proposition. Il m’a dit qu’on allait y arriver, tous les deux. Vous savez, au début je pensais que Bill n’était intéressé que par le sexe mais je réalise aujourd’hui que c'est peut-être plus que ça.
Vous connaissez probablement le tour de « la femme coupée en deux ». Et bien je serai dans la boîte, et je n’aurai qu’à attendre. Bill s’occupera du reste. Je n’ai qu’une crainte, c’est de ne plus être conscient lorsque les gens me jetteront des fleurs. C’est un tour auquel je ne peux pas échouer, c’est un tour qui nous fera rentrer dans l’histoire.
J’ai si hâte d’être à ce soir.
Ce texte a été réalisé par Sawsad et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez le contacter sur nos plateformes, nous tâcherons de vous y aider si besoin. L'équipe du Nécronomorial remercie également Orizy et Kitsune qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Gordjack et Magnosa qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.
Résonnait* et pas raisonnait.
RépondreSupprimerJ'ai arrêté quand ça devenait obscène, pathétique ce genre de textes, va te cacher Sawsad
RépondreSupprimer-Rabadu
C’est vraiment pas de bol ça, les 30 prochaines publications sont des textes de cet acabit.
SupprimerVouloir se faire passer pour un commentateur aussi bien connu que Rabadu alors que tout le monde sait à quoi ressemble sa photo et sa manière d'écrire pour essayer de faire croire que ta haine de l'auteur est partagée par le reste de la section commentaires, ça montre juste que t'as bien raté quelque chose à un moment de ta vie pour que tu deviennes à ce point une personne pitoyable et inutile qu'elle doit usurper l'identité de quelqu'un d'autre pour faire un commentaire sur un petit blog d'horreur.
Supprimerpersonnellement, j'ai bien aimer ^^
Supprimer