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Sur une terre aride où souffle un vent brûlant dans un monde gris se tenait un épouvantail, seule réminiscence des temps heureux. L’homme de paille, armé de vêtements noirs virevoltants face aux prémices d’une tempête, se lamentait en rêvant des oiseaux qui autrefois se tenaient à ses côtés. Désormais oublié et désolé, la seule vie qu’il croisait était le mouvement des flammes à l’horizon. L’épouvantail souhaitait tant apprendre à marcher pour retrouver le ciel bleu qui lui manquait.
Mais la branche de bois sur lequel il tenait ne voulait se briser. Elle persistait à dire : « Je ne suis pas des jambes, ami inanimé, tu finiras dans la poussière. »
Alors l’épouvantail pleurait des larmes invisibles, au grand dam de son unique pied qui ne pouvait accomplir sa volonté. Jusqu’au jour où une termite passant, unique survivante de ces lieux dévastés, se réfugia sous l’écorce de la branche et entendit les murmures de l’homme de paille.
« Ah ! Si seulement je pouvais retrouver mes chers moineaux ! »
Y voyant une opportunité, l’insecte parla : « Si je puis me proposer, j’ai pour vous la solution, foyer débile. »
Et l’épouvantail l’écouta avec attention.
Le lendemain, le bois soutenant l’homme de paille se scinda en deux, et il put sortir de terre, heureux. Remerciant la termite qui dormait au sein de sa chair, l’épouvantail désormais mobile alla à la recherche du ciel bleu.
Mais le pauvre hère ne comprenait qu’il avait fait un pacte avec le diable. Alors qu’il sautillait gaiement, loin des flammes ardentes qu’il observait depuis si longtemps, à travers les cendres des temps révolus, à travers la peine et la souffrance qu’il avait tant contemplé, la petite créature qu’il hébergeait le dévorait lentement. Elle avait mis bas dans son cœur et les larves grouillaient, frétillaient dans l’inconscience du naïf épouvantail.
Les solides ficelles qui maintenaient sa paille furent discrètement rongées par l’engeance de la termite, et quand vint la tempête, le jeune candide ne put lutter contre les bourrasques. Son corps fragile fut entraîné dans les airs, celui-ci virevolta longtemps entre les vents cruels, et perdant à chaque seconde un peu de son être, il se lamenta de son sort.
La termite qui s’était cachée au plus profond de lui pleurait elle aussi, elle s’affligeait de la perte de ses enfants. Et quand les crocs de la tourmente la saisirent, elle s’abandonna et l’épouvantail fut laissé seul dans sa douleur. Pauvre amas de tissu déchiré, imbécile qui avait eu le malheur de croire, ton cœur trahi ne ressentait plus que peine. Dans un cri muet tu hurlas ton désespoir, je vis à travers toi la désillusion de l’existence. Mais par miracle ou par chance, les nuages te prirent en pitié alors que tu retombais, s’écartèrent loin de ta vue ; et dans un dernier silence solitaire, tu contemplas le bleu du ciel.
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J'en veux encore, non négociable.
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