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Spotlight : Immortel


Temps de lecture : 6 minutes

On m'a diagnostiqué un cancer au cerveau très agressif, la semaine dernière. Mon temps restant ne se compte plus en années ou en mois, mais bel et bien en jours. Avant de partir, je veux tout avouer. Je veux expier ma faute, ou du moins alléger ma conscience. J'ai vécu avec ça une partie de ma vie, mais maintenant que ma mort est proche, je ne peux plus garder ce secret pour moi. Alors écoutez bien car ceci est la confession d'un mourant.

Que savez-vous des immortels ?

Vous allez sûrement me dire que vous en avez vus à la télé, dans des séries comme Highlander. Ou dans des bandes dessinées, ou des comics. J'étais comme vous ; pour moi, les immortels c’étaient Wolverine et Cie. Ce n’était pas réel.
J'ai fait des études de médecine, en vue de devenir chirurgien. Vous savez que je suis plombier, c'est donc que j'ai dû arrêter ma carrière à peine naissante, pour une raison ou une autre...

Bref, j'étais jeune diplômé à l'époque, et j'avais postulé dans tous les hôpitaux du pays, et même à l'étranger. Aucun ne m'avait donné de suite favorable, sauf un qui se situait dans la banlieue de Berlin, en Allemagne. Bon, je devais quitter ma famille et mes amis pour aller poursuivre ma carrière dans un autre pays - dont je ne parlais même pas la langue - mais c’était une occasion inespérée d’acquérir de l’expérience auprès de chirurgiens professionnels.

Je me suis donc installé à Berlin, dans une chambre de bonne. Il n'y avait aucun confort, mais je savais que c’était temporaire. Une fois l’expérience acquise, je retournerais en France pour trouver un poste à temps plein dans un hôpital prestigieux de Paris.

Les premiers mois ont été difficiles, la barrière de la langue n'aidant pas. Je m’efforçais d'observer les opérations, je prenais des notes, je posais des questions en anglais, mais presque aucun chirurgien ne parlait cette langue.
Au bout d'un an, à l'aide de cours particuliers, j'arrivais à comprendre l'allemand, et je pouvais enfin discuter avec mes tuteurs.
J'ai pu parfaire mon apprentissage, et enfin assister les chirurgiens pendant les opérations. Je progressais à une vitesse folle car il y avait énormément d'opérations par jour. En effet, cet hôpital n’était jamais à court de patients. Ils venaient des quatre coins du pays, et même de l’étranger. Et pour cause : l’hôpital avait la réputation de ne jamais être à court d'organes pour les greffes.

Cœurs, reins, poumons... Je ne savais vraiment pas comment ils faisaient, mais ils en trouvaient toujours très rapidement. J'avoue que certaines pensées m’étaient venues à l’esprit - comme un trafic d'organes dans la ville - mais il n'y avait aucune preuve. Et surtout, c’était une aubaine pour moi de pouvoir assister à toutes ces opérations.

Une nuit, alors que j’étais resté dans l’établissement jusque tard dans la nuit, afin d'étudier certains ouvrages sur les greffes présents dans le bureau du docteur Hausman, je me suis endormi, le nez dans les livres. Il faut dire que la chaise de bureau du docteur était tout sauf inconfortable.
J'ai été réveillé par des cris. Des cris d'un homme. C'est normal dans un hôpital, me direz-vous. Mais c’étaient des cris d'agonie. C’était affreux. Je suis sorti du bureau, et j'ai commencé à chercher d'où ça venait. Je suis allé voir l'infirmière de garde, mais selon elle aucun patient n'avait crié. Je retournais dans le bureau du docteur, quand je les ai entendus une nouvelle fois. Cette fois, j'ai su reconnaître la provenance de ces cris. Ils venaient de derrière une porte qui menait vers les sous-sols de l’hôpital. Sur celle-ci, il y avait un gros panneau "Kein Eintritt", entrée interdite. Évidemment, je voulais venir en aide à la personne, mais la porte était fermée. Les cris ne se faisant plus entendre après que j'ai posé les yeux sur la porte, je suis rentré chez moi cette nuit-là.

Le lendemain, j'ai tout de suite posé des questions au docteur, lui demandant ce qu'il y avait derrière cette porte, et pourquoi on pouvait entendre des cris la nuit venant de derrière celle-ci.
Lui qui avait toujours été gentil et souriant, s'est montré à ce moment-là sous un tout autre jour. On pouvait lire la colère dans ses yeux. Après m'avoir saisi par le col, il m'a plaqué contre le mur en me répétant que ce qu'il y avait derrière cette porte ne me regardait pas, et en me menaçant de me virer avec perte et fracas si je continuais à mettre mon nez là où il ne fallait pas.

Je ne voulais pas risquer ma carrière en me faisant virer de mon tout premier poste, alors je n'ai plus repensé à cette affaire durant quelques mois. Mais, une nuit où j'étais de garde, j'ai eu besoin d'une agrafeuse, et je me suis souvenu qu'il y en avait une dans le bureau du docteur Hausman. Et, évidemment, en allant à son bureau, j'ai de nouveau entendu ces hurlements venant de derrière la porte. C'étaient les même que la dernière fois, et, comme cela remontait à des mois, ça voulait dire que c’était la même personne qui souffrait là-bas.

Je tenais à ma carrière, il est vrai, mais j'avais encore des valeurs. Je ne pouvais pas laisser cet homme comme ça, sans rien faire. Je me suis rappelé que le docteur gardait un trousseau de clés dans son bureau. Je suis allé les chercher et j'ai essayé toutes les clés sur cette porte. Et, par chance, il y en avait une qui a fonctionné.

Je suis descendu dans les sous-sols de l’hôpital, tout en essayant de repérer d'où venaient les cris. Je suis finalement arrivé devant une autre porte, en métal. Au travers des cris de l'homme, je pouvais entendre deux personnes parler en allemand. Je suis resté quelques minutes devant la porte, avant que les cris ne cessent.
J'ai longuement hésité, mais j'ai fini par entrer. Dans la pièce, il y avait une salle de chirurgie. Un homme était allongé sur la table d'opération, la poitrine complètement ouverte. Devant la table, il y avait le docteur Hausman et l'infirmière en chef. Dans les mains du docteur : un cœur humain. Fraîchement retiré du torse du patient allongé sur la table. Il me regardait, les yeux grands ouverts. Il a posé le cœur dans une glacière, puis a enlevé son masque.

J’étais terrifié, je pensais déjà au pire. J’étais prêt à détaler et aller avertir la police. Le docteur m'a demandé d'attendre, d'écouter ce qu'il avait à me dire, et que si à la fin de notre discussion j'avais encore envie d'avertir la police, il me laisserait le faire. J’étais vraiment contre cette idée, mais quelque chose m'a fait changer d'avis : l'homme dont on venait de prélever le cœur avait ouvert les yeux. Je n'en revenais pas. Je pouvais même l'entendre répéter : "Helfen Sie mir ! Ich flehe Sie an... Helfen Sie mir !"

Il demandait de l'aide. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Le docteur m'a donc tout expliqué.
L'homme qui était couché là était un immortel. Ils existent bel et bien, mais préfèrent se fondre dans la masse. Et pour cause : si le monde apprenait leur existence, ils deviendrait des cobayes, des curiosités destinées à être exploitées par la science dans le but de leur faire livrer leurs secrets.
Mais ce n’était pas dans cet objectif qu'ils en détenaient un ici.

Il m'a demandé combien de vies avaient été sauvées dans cet hôpital depuis que j’étais arrivé ici. Combien de demandeurs d'organes avaient pu avoir la vie sauve grâce aux greffes faites dans les temps. Il y en avait énormément. Facilement 30 fois plus que dans les autres hôpitaux.
C'est là qu'il m'a révélé leur but. En effet, les immortels étaient une source d'organes illimitée. À chaque fois qu'on leur prélevait un organe - cœur, foie, rein, ... - il repoussait aussitôt. Parfois, lorsqu'on prélevait le même organe trop de fois à la suite, il pouvait mettre plus de temps à repousser que d'habitude, c'est pourquoi ils ne pouvaient pas subvenir aux besoins des autres hôpitaux, et que tout ceci devait rester secret. Pour le bien des patients.

Habituellement, il le mettait sous sédatifs pour le laisser inconscient, mais lorsque l'on prélevait les organes, ils ne faisaient plus effet. La douleur le réveillait et, malheureusement pour lui, il devait supporter toutes ces opérations à vif. Ils évitaient de le tuer, pour avoir des organes aussi préservés que possible.

Il a fini par me poser une question : "Es-tu prêt à sacrifier tous les hommes, femmes, enfants, qui attendent la greffe d'un organe uniquement pour sauver une seule personne ? Une vie contre des milliers d'autres, que choisis-tu ?"
La réponse paraît évidente, mais croyez-moi, lorsque vous êtes confronté à ce choix directement, ce n'est pas si facile.
Laisser ce pauvre homme se faire torturer encore et encore, ou bien fermer les yeux sur tout ceci, sauvant ainsi des milliers de demandeurs d'organes ?

J'ai regardé une dernière fois l'homme. Je lui ai dit à quel point j’étais désolé, avant de partir.

Le lendemain, j'ai démissionné. J'avais préalablement informé le docteur que je ne dirai rien à propos de tout cela, puis je suis revenu en France. Je n'ai plus jamais pratiqué depuis...

Voilà, ceci est mon péché. Même si j'ai fait cela dans le but de sauver le plus grand nombre, savoir qu'un homme se fait torturer tous les jours depuis 20 ans est insupportable. J'ai l'image de son regard implorant dans la tête depuis ce jour-là...

Mais, entre vous et moi...

Qu'auriez-vous fait à ma place ?

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