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Nouveau départ, partie 2


Temps de lecture : 10 minutes

DISCLAIMER : Un passage de cette partie est plutôt violent et décrit en détails.

Les gigantesques vaisseaux se posent toujours derrière la vitre du terminal et le soleil dépasse à présent les tours-usines. Celui-ci éblouirait Jarod s’il le regardait, mais son regard est fixé sur le tableau d’affichage. Son estomac se noue. Les vols affichés passent du gris au rouge s’ils sont retardés ou annulés, au vert s’ils sont maintenus. Or, la liste est maintenant presque entièrement rouge. Le vol pour Colonia Augusta, dernier de la liste, attend son tour, toujours en gris. Jarod, nerveux, se frotte les mains. Il a l’air d’un fou, mais ne peut s’en empêcher. Il se sent soudain observé et dévie son regard de l’écran pour remarquer un individu, immobile dans le torrent d’hommes et de femmes qui passent à côté de lui sans le voir. Il porte un costume noir et son regard est dissimulé par des lunettes de soleil, noires elles aussi. Il est rejoint par un comparse habillé d’un trench-coat gris. Ce dernier porte sa main à son oreille en regardant dans la direction de Jarod. Le jeune homme enfonce les siennes dans ses poches comme s’il pouvait les faire disparaitre.

Sa nuque se raidit, son pouls accélère. Un rire nerveux tente de se frayer un chemin à travers sa gorge serrée. Jarod se lève et referme avec force sa main sur la poignée de sa valise estampillée « Goreb Bolçak » qu’il soulève. Il se précipite vers la première porte d’embarquement qu’il voit, sans même savoir vers quel vol elle mène. Il se dit que si elle s’ouvre dans la minute sur un vaisseau en partance, il sautera dedans sans se soucier de sa destination. En arrivant devant la porte vitrée, il croise son reflet. Jarod se rend compte qu’il a l’air d’un fou. Ses yeux sont cernés d’un noir violacé prononcé et son visage ruisselle de sueur. Tentant de reprendre ses esprits, il colle son front à la vitre. Son contact froid le soulage quelques instants de la chaleur infernale qui s’était soudain emparée de lui. Il inspire une longue bouffée d’air puis retient son souffle. Il compte jusqu’à trois et expire lentement, jusqu’à vider ses poumons entièrement.

Derrière lui, les deux hommes en costume s’approchent lentement. Jarod, distinguant leur reflet dans la vitre, passe en revue les solutions qui s’offrent à lui. La première, courir comme un dératé jusqu’à une porte d’embarquement ouverte. S’il passe assez rapidement, personne ne vérifiera son billet. La seconde, renoncer à son vol et partir d’ici le plus vite possible. Mais Jarod ne peut même pas l’envisager. Il ne peut plus rester sur Terre et n’en a nullement envie. En dernier lieu : se résigner. Mais cela aussi, c’est hors de question.

Jarod tente de relativiser. Cette transpiration soudaine pourrait être tout à fait normale. Il a reçu douze vaccins au cours de la semaine passée, dont deux qui l’ont cloué au lit toute une journée. Il subit seulement quelques effets secondaires passagers, voilà tout. Il manque également de sommeil, d’où sa nervosité. Comment pourrait-il dormir sereinement alors qu’il se prépare à quitter son monde natal et tout ce qu’il a jamais connu ? Jarod parvient doucement à se calmer.

Les deux hommes s’arrêtent en face de lui. Un instant, Jarod pense à nouveau céder à la panique. Celui qui portait la main à son oreille s’écrie alors : « Oui mon amour. Oui chérie, je suis au spatioport. Je m’apprête à embarquer. Je t’aime ! » Il enlève ainsi son oreillette et la fourre dans sa poche. L’air agacé, il pousse un juron dans une langue que Jarod ne connaît pas, puis regarde son compagnon. Tous les deux sourient jusqu’à ce que celui qui téléphonait baisse les yeux d’un air gêné. Les deux hommes se regardent alors à nouveau, un sourire complice sur leurs deux visages, puis d’un pas rapide, se dirigent tous deux vers les toilettes.

Jarod, encore transpirant, hurle intérieurement. Il s’en veut d’avoir si facilement paniqué. Une panique qui a bien failli mettre à mal son plan. Jarod se jure qu’il ne perdra plus jamais son sang-froid. Il se frotte les mains. Il a cette sensation que tout lui échappe. Il ne s’était plus senti ainsi depuis…


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Depuis deux mois, Jarod rentrait chez lui le soir avec la boule au ventre. Garé en bas de son immeuble, il restait quelques minutes assis en silence dans sa voiture. Il attendait. Il tentait de repousser au maximum le moment fatidique où, rentrant dans son appartement comme un condamné regagne inlassablement sa cellule le soir venu, il allait devoir sourire comme si tout allait bien. Devant son volant, il attendait. Il attendait l’explosion de son immeuble qui n’arrivait jamais. Une fuite de gaz, un incendie, une bombe ou, soyons fou, une météorite. Il gardait le mince espoir qu’un soir, quelque chose l’empêcherait de rentrer chez lui. Mais comme toujours, derrière son pare-brise, Jarod ne voyait rien de la sorte. Sa clé était toujours sur le contact. Il aurait pu redémarrer et s’enfuir dans la nuit. Le jeune homme s’était pris de passion pour une histoire qu’il avait entendue au journal télévisé quelques années de cela. Un soldat qui, le jour de son incorporation, avait été porté disparu. On l’avait retrouvé quelques semaines plus tard, en bas d’une falaise, brisé sur les rochers. Cet homme n’avait pas voulu qu’on décide pour lui. Il avait pris sa liberté, il avait fait son choix. Malgré son sort funeste, Jarod trouvait que ce soldat s’en était mieux sorti que lui. Au moins, il n’avait plus à faire semblant, tous les soirs, en rentrant chez lui, qu’il aimait sa femme.

Jarod ouvrit la porte de son appartement. Directement, une odeur de poulet trop cuit lui sauta au nez, cachant une autre senteur que le jeune homme s’était mis à détester. Celle de la cigarette du soir de sa femme, Kelsi. En fait, il s’était mis à détester beaucoup de choses ces derniers temps. La voix de sa femme le matin, qui autrefois le réveillait tendrement, sonnait désormais à ses oreilles comme un grincement. Mais ce qu’il haïssait par-dessus tout : les bougies de Kelsi. Rose, vert, bleu, jaune fluo, toutes les couleurs y passaient. Elles trônaient fièrement sur le buffet de l’entrée, hideuses. Elles y occupaient toute la place alors que lui-même avait été forcé de remiser ses figurines au garage.

Assise mollement sur le canapé, fixant un poste de télévision éteint, Kelsi battait avec sa jambe gauche un rythme que personne d’autre qu’elle n’entendait. Jarod se força à lui souhaiter le bonsoir, presque un vomissement tant il lui était dur de lui adresser la parole quand il rentrait. Elle ne répondit pas. Le jeune homme souffla et déposa son sac à dos au sol. Sa femme cessa de battre le rythme et écrasa violemment sa cigarette dans le cendrier.

« Alors ? cracha-t-elle.

– Alors quoi ? demanda Jarod, déjà énervé et sachant vers où se dirigeait la conversation.

– Comment va ta petite préférée ? »

Son mari ne prit pas la peine de lui répondre. Il savait où elle voulait en venir. Depuis qu’il avait trouvé un travail d’assistant au Temple de l’Éducation, il travaillait à domicile chez des élèves surdoués, les accompagnant dans leur parcours scolaire. L’une de ses étudiantes, qu’il voyait le plus souvent, était une petite brune de treize ans, Jalsine. Elle était soumise à un programme intensif imposé par ses parents qui avaient déjà prévu tout son parcours jusqu’à ses vingt-cinq ans. De ce fait, Jarod était souvent amené à parler d’elle puisqu’il passait le plus clair de son temps en sa compagnie. Un soir, il avait eu la naïveté de dire à Kelsi que c’était son élève préférée. Les relations dans son couple devinrent tendues après ça, son épouse devenant jalouse de Jalsine pour le temps qu’elle passait avec son homme. À chaque dispute, Jarod ne manquait jamais de rappeler qu’il était ridicule qu’une femme de vingt-six ans jalouse une gamine de treize, en vain.

Jarod ne releva pas la remarque de Kelsi et se dirigea vers la cuisine où il se prépara à manger. Elle ne l’avait pas attendu, en témoignaient son assiette et ses couverts usagés encore sur la table. Le jeune homme l’entendit se lever du canapé. Second round.

« Tu as pu voir avec ses parents pour alléger tes heures chez eux ? demanda Kelsi en passant sa main devant le distributeur de cigarette qui en fit tomber une dans sa paume.

– Kelsi, répondit-il le plus calmement possible, je ne t’ai jamais dit que j’allais le faire. C’est toi qui veux ça, pas moi. Je sais que… écoute, je sens que cette gamine a un potentiel énorme. Seulement ses parents essaient de la formater avec les programmes du Temple, ils la destinent à la masse. Ils veulent en faire un produit du système…

– Le retour de Jarod le révolutionnaire… se moqua-t-elle.

– C’est pas ça, mais cette petite écrit des textes de grande qualité pour son âge. Ses parents tentent de lui faire perdre sa passion pour l’écriture, j’essaie de l’encourager. Elle est très intelligente, mais si je la laisse tomber, elle perdra son envie d’apprendre.

– Oh pardon, grimaça Kelsi, monsieur trouve que la petite est intelligente ! Elle a envie d’apprendre ! Et puis elle met pas les dents quand elle su…

– Arrête, la coupa Jarod.

– Bah quoi, c’est pas ça que tu veux ? J’ai longuement parlé avec ma sœur aujourd’hui et on a remarqué quelque chose. C’est étrange qu’un gars comme toi insiste autant pour rester auprès de son élève, quitte même à faire des heures supplémentaires.

– Mais tu m’as écouté au moins ? Je t’ai dit que c’est pour qu’elle ne s’en tienne pas qu’aux…

– Programmes du Temple de l’Éducation, cracha-t-elle, j’ai entendu. Mais qu’est-ce que tu en as à faire ? C’est pas ta gosse ! Si elle devient un produit du système, en quoi ça va changer ta vie ?

– Ça t’est jamais arrivé de croire en quelque chose, Kelsi ? Moi je crois en elle, je veux qu’elle aille loin. J’ai le sentiment d’être utile et réussir à lui communiquer ma passion, ce serait une victoire pour moi. Si j’arrêtais de la voir, j’aurais l’impression de la laisser tomber. »

Kelsi manqua de s’étouffer en crachant la fumée de sa cigarette. Ses yeux s’écarquillèrent et inconsciemment, elle pencha la tête sur le côté. Jarod, sans le vouloir, venait apparemment de toucher une corde sensible.

« Tu aurais l’impression de la laisser tomber ? hurla sa femme. Et moi, tu n’as pas l’impression de me laisser tomber ? Tu passes ton temps avec des gamines en minijupes et quand tu rentres le soir tu restes sur ton ordinateur pour faire quoi ? Des devoirs pour Jalsine ! Enfin c’est ce que tu me dis. Va savoir ce que tu fais vraiment sur ton ordi. Qu’est-ce que je vais trouver si je fouille dedans, hein ?

– Premièrement, annonça Jarod d’une voix calme masquant son énervement montant, tu ne fouilles pas dans mon ordinateur. Deuxièmement, qu’est-ce que tu penses trouver dedans ?

– Je sais pas moi, tu étais déjà un type bizarre quand je t’ai rencontré, mais je suis passée au-dessus de ça. Je suis aussi passée sur tes hobbys d’adolescent attardé, tes figurines à peindre ou je sais pas quoi. Mais ton boulot avec ces gamines, tes soirées seul sur ton ordinateur, excuse-moi de me poser des questions. »

Jarod sentit son estomac se contracter. Une décharge électrique remonta le long de sa colonne vertébrale et lui raidit la nuque, se diffusant dans ses muscles telle un courant sombre et brûlant. Il se sentit envahi d’une chaleur intense. Son visage se gorgea de sang. En quelques phrases, son épouse avait brisé tous les garde-fous qui le maintenaient dans un état de contrôle. Les digues étaient brisées, la vague de la colère pouvait déferler librement.

« Kelsi, inspira-t-il profondément, est-ce que tu es en train d’insinuer que je suis… un pervers ? Espèce de salope, tu es en train de me traiter de pédophile ? »

Le jeune homme ne reconnut pas sa voix et fut surpris de sa gravité et de sa froideur. Kelsi resta bouche bée.

« Attends… balbutia-t-elle désarçonnée. Tu m’as traitée de sal…

– La ferme ! hurla Jarod son cœur battant dans ses tempes. Tu veux savoir quelque chose, Kelsi ? Jalsine est à des années-lumière de toi. Tu ne feras jamais rien de ta vie parce que tu ne sais rien faire, tu ne t’intéresses à rien. Tu te contentes de répéter comme un bon perroquet tout ce que tu lis dans tes magazines de merde. Tu avales cette diarrhée qu’on te sert à la télé et tu la régurgites telle quelle. Tu veux de l’attention ? Tu veux des câlins, des bisous ? Mais t’es un sac à poussière ambulant ! Tu pues la clope à longueur de journée, t’aurais pas plus de cendres sur toi si tu bossais dans un funérarium ! Tu passes ton temps à imaginer je ne-sais-quoi entre mes élèves et moi. Tu me fais penser aux vieilles folles qui marmonnent dans leur barbe quand elles voient un passant. J’en ai ma claque de devoir faire semblant que tout va bien quand je rentre à la maison. Marre d’avoir l’impression de passer sous un rouleau compresseur à chaque fois que je passe le seuil de la porte. Je me casse, Kelsi. Bon vent. »

La jeune femme était adossée au mur, comme si on lui avait asséné un coup dans le ventre. Jarod, haletant, se tourna face à l’évier et se servit un verre d’eau. Ses mains tremblaient et le feu de son visage ne s’était pas éteint. Son cœur semblait vouloir briser ses côtes et s’échapper hors de son corps. Il avait pensé depuis des mois que de tout mettre à plat le soulagerait de ce poids qui n’avait cessé d’augmenter jusqu’à cet instant, mais l’effet escompté n’était pas au rendez-vous. Sur l’instant, il avait ressenti une euphorie certaine devant l’air sidéré de sa femme. Pour une fois, il lui avait cloué le bec et il en retirait une fierté malsaine. Mais le poids était toujours là. Quelque chose n’allait pas. Les insinuations de Kelsi tournaient en boucle dans sa tête, comme un écho infini. Elle l’avait blessé et avait ouvert une blessure que seule la vengeance pouvait refermer. Il avait cru le faire en lui disant ses quatre vérités, mais ce n’était pas suffisant. Fixant le fond de l’évier, Jarod chercha un moyen de lui faire mal, de la blesser autant qu’elle l’avait blessé. Il se retourna, prêt à lui donner le coup de grâce en évoquant sa stérilité présumée, mais il n’en fit rien.

Kelsi s’était allumé une nouvelle cigarette. D’une main tremblante, elle la porta à ses lèvres et tira une grande bouffée. Essuyant une larme qui fit couler son eye-liner et l’étalant un peu plus au passage, elle tenta de prendre un air qui se voulait assuré. Elle prononça quelques mots à voix basse.

« C’est bien ce que je pensais… J’ai visiblement mis le doigt sur un truc. Espèce de pédoph... »

Kelsi ne termina pas sa phrase. Le poing fermé de Jarod vint s’enfoncer dans les chairs de son visage, faisant éclater sa lèvre supérieure, explosant son nez en en faisant jaillir une gerbe de sang épais. Elle tomba au sol, son crâne le heurtant de plein fouet. Sa cigarette toujours à la main, ne réalisant pas qu’elle avait été frappée, la jeune femme tenta de se relever, mais son visage violacé ruisselait de sang qui l’empêchait de voir. Son époux se jeta sur elle, l’enfourchant et pesant sur elle de tout son poids. Dans sa tête, le mot « pédophile » résonnait encore et encore. Il entendait sa voix en boucle.

Sous lui, Kelsi se débattait maintenant avec force et Jarod, malgré son poids, lutta pour la maintenir au sol. Le jeune homme sentit une nouvelle décharge le parcourir et il asséna un autre coup de poing au visage de sa femme, qui se débattit soudain avec moins de vigueur. Il écrasa sa gorge à l’aide de son coude. Son visage se retrouva quelques instants à quelques centimètres de celui de celle avec qui il avait partagé ces cinq dernières années. Il serra si fort sa mâchoire qu’il eut l’impression que ses dents allaient éclater sous la pression. Il hurla de rage, déversa sur elle un flot d’insultes, sans jamais un instant relâcher la pression qu’il exerçait sur sa gorge. La jeune femme ne pouvait plus qu’émettre de faibles gargouillements désespérés, ultimes signes que le peu de vie qui restait encore en elle s’apprêtait à la quitter. Jarod, pesant de tout son poids sur le cou de sa femme, sentit quelque chose craquer sous son coude. Soudain, une giclée de sang fut expulsée de la bouche de Kelsi et éclaboussa la figure de Jarod. Les bras de la jeune femme tombèrent mollement au sol.

Cette gerbe de sang le ramena à ses esprits aussi soudainement qu’un claquement de doigts réveille une personne hypnotisée. Il se redressa. Assis sur elle, il dominait son corps meurtri et se rendit compte de la violence inouïe dont il avait fait preuve. Essoufflé, il resta immobile pendant un moment, réalisant peu à peu ce qui venait de se passer. En dessous de lui, le visage de la chose qui avait un jour été sa femme, qu’il avait peut-être même un jour aimé, n’était plus qu’un amas de chairs sanguinolentes. Jarod se releva doucement. Il s’approcha de l’évier et passa ses mains tremblantes sous l’eau froide. Le sang qui les recouvrait peinait à partir. Jarod redoubla d’efforts pour l’enlever et se frotta les mains à la manière d’un fou. Continuant de les laver, il tourna la tête et remarqua un détail qui finit de le ramener à la réalité. Gisant au sol, le haut de son corps complètement déformé, Kelsi tenait toujours la cigarette entre ses doigts, qu’elle avait écrasée dans la panique.

Pris de tremblements, il commença à paniquer. Les rideaux de la fenêtre n’étaient pas fermés. Et si quelqu’un l’avait vu ? Impossible. Il se trouvait dans une tour d’habitation enserrée entre les deux pieds de l’autoroute qui passait au-dessus, aucun vis-à-vis donc. Et si on l’avait entendu ? Après tout, il lui semblait avoir hurlé. Là aussi, peu de risque. On entendait souvent bien pire dans les trois cent cinquante étages qui composaient sa tour, et personne n’en faisait cas. Les gens restaient chez eux, ne s’occupant que très rarement de leurs voisins de palier. Jarod referma sa veste d’un geste vif. Il enfila son bonnet sur sa tête et se dirigea vers la sortie. Il fallait qu’il parte. Même s’il était assuré que personne ne découvrirait le corps de Kelsi avant plusieurs jours, il espérait être déjà loin quand cela arriverait. Elle n’avait plus d’emploi, était brouillée avec sa famille. Personne ne la déclarerait disparue avant un bon moment. Il décida tout de même de prendre des précautions. Faisant demi-tour, il enjamba le corps inerte de Kelsi sans même la regarder et tourna le bouton de la gazinière. L’appartement allait bientôt devenir une poche de gaz prête à exploser, emportant avec elle toute trace de son méfait. Passant devant la porte, il saisit une des bougies tant aimées de sa femme et l’alluma. Jetant un dernier regard à la pièce, mais évitant soigneusement de regarder le corps, Jarod éteint la lumière et referma la porte de l’appartement derrière lui.

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