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Parasite


Temps de lecture : 6 minutes

Depuis toujours, je me pose des questions sur les humains. Non pas que ce soit une espèce particulièrement fascinante, mais mes contacts réguliers avec celle-ci attisent parfois ma curiosité. Ils me surnomment « mauvais génie », bien que cette appellation soit à présent désuète. Appelons-moi donc « abomination ».

Bien sûr, je ne me considère pas de cette façon. Cependant, je pense que c'est le terme le plus adéquat pour me désigner d'un point de vue matériel. Je n'ai ni constitution corporelle, ni présence physique. Je ne suis qu'un ensemble engendrant des réactions chimiques dont résultent certains comportements. Une entité habitant une bague. Lorsqu'un humain l’enfile à un de ses doigts, je m’infiltre dans son corps et instille des changements dans son organisme. Enfin, je dis cela comme si c'était une volonté de ma part... Mais un gaz décide-t-il de se répandre, ou les cellules cancéreuses de se métastaser ? Non. C’est une conséquence naturelle de mon existence.
Comme toujours, je suis là, contemplatif du monde, sans aspirations ni désir. Il ne s’agit pas de la  soumission à une quelconque mélancolie, c'est un sentiment que je ne peux ressentir. Vous devez certainement vous demander comment je connais ce dénommé « sentiment » si je ne le ressens pas. Eh bien, grâce à l'humain. Quand je m'insinue en lui, je capte une partie de son ressenti. 
Une petite partie, malheureusement. 

Tiens, un homme s'entiche de mon réceptacle. On dirait bien qu’il veut l'acheter au marchand. Ce dernier pense qu'il est maudit, et lui en fait part. Comme tous les autres clients avant lui, il va probablement s'en moquer. Pourquoi le vendre, d’ailleurs ? Un soupçon de nihilisme et d'avidité... Il semblerait que sa conjointe l'ait quitté, et que, depuis cet événement, il soit devenu apathique. Dans tous les cas, la bague est achetée, et je pars enfin de cette vieille échoppe d'antiquités.
Cette personne, dont je n'arrive toujours pas à retenir le nom, observe son achat sous tous les angles. Il montre un visage particulièrement fier, et s'empresse de l’essayer. En réalité, je ne fais pas effet instantanément. Je m’apparente plutôt à un lent poison qui agit inexorablement sur l'organisme de mon porteur. La première étape consiste à accéder au cerveau afin d’ordonner une légère diffusion de sérotonine. L’objectif derrière cette diffusion est de transmettre un sentiment de bien-être à l'hôte qui porte le bijou. Cela crée alors un effet addictif sur le long terme, et me laisse donc le temps nécessaire pour atteindre les autres zones du tronc cérébral. Ceci dit, la sérotonine est déjà un puissant outil en lui-même. C’est ce qui est le plus important, tant qu'il m'est possible de varier les doses.

Au départ vient l’accoutumance. Le propriétaire revêt de plus en plus souvent l'objet dans le but d'avoir sa dose de bonheur. Selon son propre avis, l’accessoire lui va à ravir et il considère qu’il a un impact positif sur sa vie. Il paraît ainsi plus détendu, résilient et affronte les problèmes avec davantage de sérénité. En conséquence, l’attachement envers la bague ne cesse de se renforcer. Elle est perçue comme un porte-bonheur ou une amulette de protection, ce genre de babioles. A ce stade, il devient difficile pour le possesseur du réceptacle de se séparer de moi. C'est le cas de ma nouvelle victime, Jean ( j'ai décidé de l'appeler ainsi ), qui est désormais plus performant dans son travail, plus heureux dans son nouveau couple et en meilleure forme. Parfois, il appelle le bijou « son précieux », référence qu'il croit anodine à une oeuvre célèbre, mais qui est en réalité bien plus évocatrice qu'il ne le croit.

S’enclenche alors la seconde étape, durant laquelle les informations fournies par les neurotransmetteurs se dérèglent. Autrement dit, l'idée est de forcer le cerveau à émettre une émotion ne correspondant pas à la situation vécue. Par exemple, une réaction de profonde tristesse suite à une démonstration de tendresse. L'humain demeure confus face à ce changement, tout comme le système nerveux qui subit une dissonance cognitive dont l’origine lui est inconnue. Le phénomène est d'abord peu fréquent, pour ne pas brusquer et pour que la manœuvre reste imperceptible. Puis, quelque temps plus tard, il se met à survenir régulièrement. La difficulté réside toujours dans le fait de parvenir à passer outre certaines barrières psychologiques solides induites par l'éducation. Ainsi, les pulsions de violence que ressent l'homme au moment d'embrasser sa femme ou de voir ses amis sont refoulées aussitôt : la personne prend sur elle, et un sentiment de détresse s’ensuit. 

Alors Jean décide de consulter des psychiatres, des neurologues et divers spécialistes dont il espère une solution, en vain vous vous en doutez. Ce qui accentue bien évidemment son mal-être. Je fais en sorte que les médicaments comme les antipsychotiques ne lui provoquent que de violentes crises d'angoisse. Nonobstant, un nouvel obstacle s’interpose, le pauvre décidant de s'isoler le plus possible de la civilisation et de tout contact. Je n'avais pas vraiment prévu cela, mais ce n'est pas insurmontable. La chose est délicate au vu de son état de détresse émotionnelle, si je continue à lui donner un sentiment de bien-être quotidien, il va simplement rester ainsi. En revanche, si je le fais déprimer, je sais qu'il mettra fin à ses jours. Or l'objectif n'est ni l'un, ni l'autre. J'opte donc pour quelque chose d'intermédiaire, en jouant avec des cocktails d'hormones afin que les doses soient suffisamment importantes pour le mettre dans un état second et euphorique, abaissant donc ses défenses psychologiques. Par là même, je module subtilement ces shoots pour le motiver à rejoindre la civilisation, c'est-à-dire accentuer cette sensation de manque, envers sa femme par exemple. Son état euphorique proche de l'ébriété le faisant se sentir invincible, il ne pensera pas aux conséquences de ses actes. Comme prévu, il décide finalement de la rejoindre.  
 
Néanmoins, ce n'est pas l'idéal à tous les niveaux. En effet, cet état ne permet pas une conduite sécurisée de son véhicule, à l'instar de l'ivresse. Qui plus est mon contrôle s'en trouve limité, mais si je persiste actuellement, je risque de le tuer par overdose. En l'état actuel des choses, il n'y a donc rien de plus à faire, si ce n'est constater l'accident qu'il va avoir en voulant rejoindre son épouse. La voiture s'écrase contre un arbre, malgré la ligne droite. Par chance, un conducteur passant par là au bon moment contacte aussitôt les urgences, qui prennent en charge mon hôte et sauvent sa vie. Ses proches le rejoignent rapidement, mais par infortune, il se trouve dans un profond coma. Cela est assez tragique, dans la mesure où mon impuissance m’oblige à n’espérer qu’un miracle médical. Miracle qui survient une semaine plus tard, lorsque Jean se réveille enfin, après une énième opération. Ironiquement, la situation est à mon avantage, son cerveau est partiellement altéré et sa psyché l'est tout autant. Je vais donc pouvoir passer à la dernière phase bien plus rapidement que prévu, grâce à sa situation proche de l'amnésie.  

Une fois notre homme rentré chez lui, sa compagne tente de lui faire redécouvrir qui il était en lui montrant divers produits culturel et souvenirs. Je manipule donc les sensations ressenties à leur vue, en distribuant tantôt sentiments de joie devant les moments censés être tragiques, tantôt sentiments de colère devant les moments de joie. Un phénomène intéressant s'opère alors, sa psyché en phase de reconstruction se base sur ces émotions dysfonctionnelles afin d'adapter son comportement nouveau, et restructurer sa personnalité. Une aubaine : de barrière, elle passe à soutien infaillible.  
J'en profite donc, et pendant la nuit, je lui insuffle progressivement une rage incontrôlable, une rage que l'homme ne réprime plus lorsqu'il se lève brusquement du lit conjugal, une rage devenue un fonctionnement logique pour lui.  
 
Je n'ai plus guère à le manipuler, il s'empare de la première arme qui lui tombe sous la main et poignarde sa dulcinée un nombre incalculable de fois. À chaque coup, je lui offre une extase sans nom. Jean en veut plus, et sort massacrer la première personne venue, puis une autre et encore une autre. Je lui donne toujours plus de délices extatiques, un bonheur incomparable. Vous vous en doutez, les forces de l'ordre finissent par s'interposer et par le mettre en joue. Peu lui importe, il continue son carnage. Le berserker se précipite même sur les fonctionnaires, qui ouvrent le feu, et en toute légitimité. Néanmoins, l'influence de la rage lui permet d'encaisser une quantité impressionnante de balles, en blessant même  l'un des policiers avant de s'écrouler dans un dernier sommeil, criblé de blessures.  

Il est temps pour moi de m'éclipser, de rentrer. Je ne peux retourner dans la bague pour plusieurs raisons : le bougre ne la porte plus depuis son coma, et elle risque d'être enterrée avec lui. Il me faut donc un objet lui appartenant, et qui ne subira pas ce sort. Son portefeuille en cuir devrait faire l'affaire. Ce n'est pas le genre de chose que les humains ont l'habitude d'enterrer et qui potentiellement, trouvera toujours un repreneur.

Ce texte a été réalisé par Wasite et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez le contacter sur nos plateformes, nous tâcherons de vous y aider si besoin. L'équipe du Nécronomorial remercie également Jared Gauss et Kitsune qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Jervaled/Pénombre et Gordjack qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.

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