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Apocalypse, chapitre 7 : Luxure

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***

Je n'avais encore jamais visité l'Italie. J'aurais bien voulu le faire avant tout cela, avant que l'Apocalypse ne menace de l'anéantir avec le reste du monde. Enfin, sauf si j'arrivais à empêcher que cela ne se produise... 
Que JE l’empêche. Cette phrase sonnait faux dans ma tête. Je n'étais qu'un simple étudiant, qui n'avait jamais rien eu de spécial. Comment en étais-je arrivé là ? Ou, du moins, pourquoi avais-je été entraîné là-dedans ? 
J'allais enfin avoir mes réponses, car je pouvais voir que j'arrivais déjà à ma destination : le Vatican. J'avais tout un tas de questions à poser à mes "employeurs", et j'étais bien décidé à leur tirer les vers du nez. Il fallait également que je retrouve le professeur. Après tout, cela faisait pas mal de temps qu'il était retenu au siège de l’Église, m'obligeant même à me rendre seul à Jérusalem.
Une fois arrivé, les agents m'ont amené dans un hôtel, non loin de la Basilique Saint-Pierre. Ils m'ont fait monter au 4ème étage, puis m'ont conduit dans la plus grande suite de l'hôtel, m'indiquant que le Chef voulait me parler. Je me demandais bien à quoi il pouvait ressembler, ce fameux "Chef". Je l'imaginais déjà être un vieux pète-sec en costard. Mais je me trompais lourdement, car, en ouvrant la porte de la suite, j'ai pu découvrir le chef des opérations du Vatican.

Assis dans une sorte de trône, il portait une soutane blanche, ainsi qu'une calotte de même couleur sur la tête. Cela ne pouvait être que lui : Le Pape. Il était accompagné par deux hommes, qui m'ont semblé être des évêques. De ce que je savais, cela ne faisait que quelques mois que cet homme avait été nommé Pape, et il s'agissait alors du plus jeune à avoir jamais été élu.

"Approche-toi, mon fils." m'a-t-il dit, en me faisant signe de la main.
"Tu dois te poser énormément de questions, j'imagine. Mais sache que si tu es ici aujourd'hui, c'est que c'est la volonté de Dieu. Tu as accompli un travail formidable en compagnie du professeur, et je suis sûr que tu parviendras à sauver le monde.
- Votre Sainteté... Je ne pense pas être capable de faire ça... Après tout, je ne suis qu'un-
- Tu es ce que tu es. Que tu ne sois qu'un simple étudiant importe peu... Tu es bien plus que cela. Tu es celui qui a sauvé de nombreuses vies, comme à Jérusalem, et nous te sommes infiniment reconnaissants pour ça."

Je peinais à cacher ma satisfaction. Ce n'était pas tous les jours que le Pape lui-même te jetait des fleurs. Mais une question me démangeait.

 "Dites, pourquoi nous rencontrons-nous dans cet hôtel ? Il existe une myriade de lieux mieux adaptés à votre statut. Pourquoi pas au palais du Vatican, ou bien dans la Basilique ?"

Depuis mon entrée dans la pièce, je pouvais voir que l'un des deux hommes qui encadraient le Pape me fixait. Je n'aurais su dire pourquoi, mais il semblait éprouver de la rancœur envers moi. Lorsque j'ai posé ma question, il est sorti de son silence :

"La Basilique ne convient pas à une engeance telle que toi !"

Comment ça, une engeance ? Certes, je n'étais pas pieux, mais je n'étais pas non plus mauvais. Je l'ai regardé pendant quelques instants, interloqué, jusqu'à ce que le Pape lui demande de se calmer.

"Ce que Monseigneur Arnaud voulait dire, c'est que personne ne peut se rendre à la Basilique pour le moment... Elle a malheureusement été envahie par le Malin.
- Le Malin ? Comment ça ?
- Et bien, le péché l'a complètement consumée. Elle est en proie à de terribles vices...
- Le péché ? Vous voulez dire qu'une relique s'y trouve ?
- Et bien, oui. Je pense que tu le sais déjà, mais plusieurs groupes avaient été formés pour retrouver les reliques des péchés. Avec un taux de réussite variable, à vrai dire, car à part toi et le professeur, une seule équipe est revenue avec l'une de ces reliques. Les autres sont tous morts. Que Dieu les garde auprès de lui.
- Et ensuite ?
- Au moment de ramener la relique pour la mettre dans l'Arche, qui venait juste de rentrer de Grèce, ils ont été attaqués. La relique a été volée, et on leur a retiré leur anneaux en bois d'Arche, qui sont donc immédiatement tombés en poussière. Ensuite, la relique a vraisemblablement été amenée dans la Basilique.
- Et... de quelle relique s'agit-il ? 
- Mon fils, il s'agit du Graal. La coupe qui a recueilli le sang du Christ lors de sa crucifixion. 
- Le Graal ? Je croyais que ce n'était qu'une légende. J'ai lu tellement d'histoires à son propos. Les légendes arthuriennes, principalement.
- Il existe bel et bien, et n'a d'ailleurs pas été trouvé très loin du Vatican : en Italie. Dans le Puteum Aureo, à Aquileia. Dire qu'il était si proche de nous, durant tout ce temps...
- C'est incroyable, en effet. Mais pour le moment, ce qui importe, c'est qu'il soit une relique du péché. Et de quel péché, au juste ? La paresse, ou bien...
- La luxure, oui. C'est bien cette dernière qui a envahi la basilique. Ce qui se passe à l’intérieur est une aberration qui souille ce lieu sacré. Nous avons besoin de toi, Edgar. Tu es notre dernier espoir. Tu dois aller sur place et récupérer cette relique. Elle doit être placée dans l'Arche, sinon, son influence ne fera que grandir, et elle pourra bientôt se répandre sur le monde.
- Comment cela ? Je pensais que l'influence des reliques était locale."
L'autre personne qui accompagnait le Pape a alors pris la parole.
"Je vais t’expliquer. Cela dépend des reliques, mais nous avons remarqué que leur influence grandissait au fur et à mesure que des personnes étaient exposées. C'est une sorte de maladie contagieuse. Plus il y a de personnes qui entreront en contact avec ces reliques, plus elles en contamineront d'autres, et ce jusqu'à ce que la relique en question soit placée dans l'Arche.
- Ah ! En effet, je me demandais aussi pourquoi la relique de l’Orgueil, en Grèce, et celle de la gourmandise, en Chine, n'avaient pas touché énormément de personnes, par rapport à celles de la Défense et d’Afghanistan. Leur caractère isolé a dû aider à limiter la propagation. Mais par contre, Il y a énormément de monde qui circule à Jérusalem, et ici même au Vatican, les effets des reliques auraient dû se propager plus rapidement, non ?
- Tu es très observateur. Nous n'en sommes pas sûrs, mais il semble que les reliques doivent être "activées" par quelque chose. Peut-être que le simple fait de les toucher suffit ? Quoi qu'il en soit, tes actes à Jérusalem ont permis d’endiguer cette "épidémie" avant qu'elle ne commence. Et ici, nous pensons que le fait que la relique soit dans un lieu aussi sacré que la Basilique Saint-Pierre limite un peu les pouvoirs de celle-ci. Mais malgré tout, il faut se hâter de la récupérer, le temps presse."

A ces mots, les agents du Vatican ont ouvert la porte, comme pour m'inviter à sortir. Mais j'avais une dernière question pour le Pape.

"Attendez, avant que je ne parte, pouvez-vous répondre à une dernière question ?
- Oui, mon fils ?
- Pourquoi moi ?"

Le Pape a mis quelques secondes avant de me répondre.

"Tu es le dernier à avoir un anneau. Tu es donc le seul à pouvoir résister aux effets de la relique. Maintenant, va. Que Dieu t’accompagne dans ta mission"

Je sentais qu'il était nerveux en me répondant, il avait expédié la question.
Il mentait, j'en étais sûr. Mais pour le moment, il fallait que je me rende à la Basilique, et que je récupère cette relique. L'avenir du monde passait bien avant mes doutes. 
Mais ce n'était qu'une fois sorti de la suite que j'ai réalisé que quelque chose n'allait pas. Alors que la porte se refermait, je me suis retourné une dernière fois :

"Le dernier anneau ? Attendez, qu'en est-il du professeur ?"

Cependant, le battant s'était déjà refermé, et les agents du Vatican ne semblaient pas enclins à vouloir l'ouvrir de nouveau. Il fallait donc que je me fasse à l'idée que la recherche du professeur devrait dorénavant être une autre de mes tâches.
Il ne m'a fallu que quelques minutes pour rejoindre la Basilique. Elle était immense, et magnifique. C'était l'un des endroits que je comptais visiter un jour, mais encore une fois, pas dans de telles circonstances.
La grande porte de l'édifice était fermée, mais ne semblait pas gardée. J'avais d'abord décidé d'emprunter cette entrée, mais si le péché avait envahi les lieux, je risquais de me faire prendre très vite. Mon anneau me protégeait de l'influence des reliques, mais pas des personnes qui y sont exposées directement. Il me fallait trouver une issue de secours.
En contournant la Basilique, je me suis souvenu de toutes ces fois ou j'avais voulu pénétrer dans un lieu saint durant mes périples récents. Je n'avais jamais pu y accéder, pour une raison ou une autre. Je ne pouvais pas décrire ce sentiment, mais c'était comme si une force supérieure m'interdisait de séjour dans ce genre de lieux, et qu'elle envoyait quelqu'un m’empêcher d'y accéder. Que ce soit les agents du Vatican, le professeur, ou autre.
Mais étrangement, ici, je ne ressentais rien de tout ça. La voie était ouverte.
Alors que je passais en revue les différents moyens d'entrer, j'ai fini par trouver une petite porte sur le côté de la basilique, qui était, par chance, ouverte.
Une fois à l'intérieur, je n'en ai pas cru mes yeux. C'était une gigantesque orgie.
Des centaines... non, des milliers de personnes forniquaient à l'intérieur de l'église. Certains le faisaient à même le sol, d'autres sur les bancs. Il y en avait même qui se servaient des statues pour leurs ébats.
Certaines personnes étaient saucissonnées sur le sol, et se faisaient fouetter par un ou plusieurs individus vêtus de latex, en poussant des cris de plaisir.
Mais le plus remarquable, c'était que toutes les sexualités étaient présentes. Bien sûr, il y avait des hommes avec des femmes, des hommes avec des hommes, des femmes avec des femmes, mais aussi des vieux avec des jeunes, et l'inverse. Des groupes avec une seule femme, ou le contraire. Oui, il y avait toutes sortes de sexualités. Cependant, si seulement cela s'était arrêté là... En plus des sexualités dites plus « conventionnelles » que je viens de décrire, venaient s'ajouter les pires vices qu'il m'ait été donné de voir.
La nécrophilie. Des hommes avaient tué une femme et s’acharnaient sur son cadavre.
La pédophilie. Certains hommes avaient enchaîné des enfants dans un coin, et, Dieu merci, ils ne semblaient pas avoir été mêlé à ça pour le moment. Mais au vu du nombre de personnes qui se masturbaient en les regardant comme des bouts de viande, cela ne semblait être qu'une question de temps.
La zoophilie. Des centaines d'animaux maltraités, violés. Un homme avait enfilé un serpent gigotant presque entièrement dans son orifice. Une femme semblait mal en point après avoir eu affaire à un poney. Des chiens. Des chats. Et même des animaux aquatiques.
J'ai aussi pu apercevoir des gens qui s'étaient scarifiés, ou bien même fait retirer les yeux de leur orbites, pour qu'un autre vienne combler le trou par... autre chose.
Quel spectacle affreux. Je faisais de mon mieux pour garder mon petit déjeuner à l'intérieur. Je n'avais pas le temps d'être impressionné par ce spectacle, il fallait que je trouve la relique et que je m’éclipse avec, avant que ces enfants ne soient jetés en pâture aux personnes sous l'influence de la relique. Il fallait agir vite.
Alors que je faisais de mon mieux pour rester discret tout en faisant mes recherches, une voix familière s'est faite entendre, émanant de la sacristie. Discrètement, je m'y suis rendu, faisant de mon mieux pour passer inaperçu.
A l'intérieur de celle-ci se trouvait le professeur, pieds et poings liés. Il semblait avoir été battu, au vu des marques sur son visage. A côté de lui se tenait un homme. Un prêtre. Un homme que je connaissais, et que je n'avais pas revu depuis les événements qui s'étaient déroulés en France : le Père Jean. Il parlait au professeur.

"Mon vieil ami, pourquoi ne veux-tu pas comprendre... Toi aussi, tu as été témoin de tous ces blasphèmes. Toi aussi, tu as été témoin des puissances maléfiques à l’œuvre. Tu as, comme Saint Thomas, mis tes doigts à travers les stigmates du Christ : tu as vu pour croire.Alors, pourquoi insistes-tu à ne pas vouloir me suivre ? Nous allons sauver le plus de gens possible de l'Enfer qui les attend. 
- Tu es complètement fou, Jean. Regarde l'état de la Basilique. Regarde ce que ces gens font dans cette église. Dans ce lieu sacré. En quoi est-ce différent des autres fois ? Cet endroit est corrompu... tout comme toi."

A ces mots, le visage du Père Jean est devenu rouge, et il a giflé le professeur, faisant couler un filet de sang du coin de ses lèvres.

"Silence ! Tu es corrompu, pas moi. Cela fait plusieurs jours que je t'ai retiré ta bague, et, pourtant, tu n'es pas tombé sous l'influence de la relique de la Luxure. C'est la preuve que tu es du côté du Malin, comme ton petit protégé.
- Edgar n'a rien à voir avec tout ça. Il n'a jamais demandé à être mêlé à ces histoires...
- Cette engeance du Diable doit être purifiée par le feu. J'aurais dû le faire quand j'en avais l'occasion. Maintenant, qui sait ou il peut bien se trouver..."

J'ai réprimé un sourire. S'il savait que j'étais seulement à 3 mètres de lui... Il fallait à tout prix que je trouve un moyen de libérer le professeur. Il pourra ensuite m'aider dans ma quête de la relique. J'ai inspecté des yeux la sacristie, dans l’espoir de trouver quelque chose pour assommer le père Jean par derrière. Il y avait bien des objets contondants dans la pièce, mais ils étaient trop loin de moi. J'allais forcément entrer dans le champ de vision du prêtre, si je me risquais à aller les chercher. Non, il me fallait quelque chose de plus proche. 
En me retournant, j'ai trouvé ce qu'il me fallait. Un gigantesque godemichet noir. Idéal pour assommer quelqu'un. Mais au dernier moment, j'ai remarqué que l'objet était déjà dans la main de quelqu'un, et semblait s'approcher dangereusement. J'ai à peine eu le temps de me demander comment une chose pareille pouvait rentrer dans un orifice, quel qu'il soit, que j'étais déjà parti rejoindre les bras de Morphée, frappé par  ce sex-toy disproportionné.

En me réveillant, j'étais ligoté à une chaise, devant l'autel, avec une vue sans pareille sur les milliers de personnes en train de forniquer.
A côté de moi, le professeur. Dans la même position. On était vraiment dans de beaux draps.
Le Père Jean se tenait devant moi, une sorte de calice à la main.

"Et bien, et bien... il semble que tu sois réveillé. Et dire qu'il y a quelques minutes à peine, je me demandais encore où tu pouvais être caché. Dieu semble avoir écouté mes prières. Loué soit son nom.
- Dieu n'a que faire de toi. Tu as parjuré sa foi. Tu n'es plus qu'un suppôt de Satan et tu ne t'en rends même pas compte" a répondu le professeur, en regardant son ancien ami droit dans les yeux.

Le Père Jean a répondu à ces accusations d'une nouvelle gifle, bien plus violente que la première, faisant taire le professeur.

"Ne l'écoute pas, mon jeune ami. Je serai celui qui sauvera notre terre, avec l'aide de Dieu. J'ai enfin dans mes mains l'instrument qui me permettra d’asseoir la volonté du Seigneur sur toute la planète et, ainsi, de la sauver."

Le prêtre a alors brandi le calice devant lui.

"Ceci est la coupe qui recueilli le sang du christ pendant sa crucifixion. La coupe sacrée... Le...
- Le Graal, oui, je suis au courant. Inutile de vouloir m'impressionner. C'est donc vous qui avez volé la relique dans l'Arche... Mais pourquoi celle-ci, et pas une autre ?
- Cela ne m'étonne pas que tu ne sois pas au courant. Le Vatican te cache bien des choses, mon garçon. Tu vois, au début, je voulais te brûler vif. Mais, finalement, je pense te laisser une chance. Rejoins-moi, et aide-moi à accomplir les desseins de Dieu. Avec ton aide et celle du Graal, je pourrai lever une armée et partir en guerre... ou plutôt, en croisade. L'islam, le bouddhisme, ou toutes ces croyances impures... Je les éradiquerai de la surface de la Terre, et notre Tout-Puissant sera enfin l'unique Dieu loué par le monde. Et, à ce moment-là, il cessera de punir l'humanité pour ses péchés. Il n'y aura plus de Déluge. Plus de Fléaux. La terre aura fait pénitence, et sera pardonnée. Alors, viens, rejoins-moi dans Sa Lumière. Je ne suis pas comme ce Vatican et ce Pape corrompu, je te dirai tout à ton sujet. Tu es spécial, Edgar."

Et c'était reparti. Encore une fois, on me disait que j'étais « spécial ».
Je n'avais jamais rien eu de spécial. Avant qu'on ne m'embarque dans cette aventure, j'étais un étudiant tout ce qu'il y a de plus banal. J'allais en cours, je rentrais, je m'endormais devant Netflix. Ma vie était simple. Qu'est ce qu'il y avait de spécial là-dedans ? Une pensée m'a alors traversé l'esprit. Et si, pour avoir les réponses, j'acceptais l'offre du Père Jean ?
D'un côté, je voulais vraiment savoir ce que j'avais de si spécial. Mais de l'autre, partir en croisade ne m'enchantait pas des masses. Et, surtout, ce prêtre était un sacré enfoiré.

"Je refuse de faire équipe avec vous. Regardez ce que vous avez fait de cet endroit. Regardez ce que vous avez fait du professeur. Il a raison : Vous êtes pourri jusqu'à la moelle. Et puis, voyez un peu vos "fidèles". Comment comptez-vous partir en croisade avec des personnes ne pensant qu'au sexe ? Soyons sérieux."

Je m'attendais à une gifle aussi violente que celle infligée au professeur, mais il n'en a été rien. Le Père Jean a sourit.

"Je m'attendais à cette réponse. Mais comme je te l'ai dit, tu ne sais pas tout à propos des reliques. Tu vois, chacune d'entre elles peut être utilisée de différentes manières. Il faut juste ne pas être soumis à leur influence. J'ai toujours mon anneau, vois-tu. Ces anneaux sont très précieux, et le Pape croyait encore à ma soi-disant rédemption. C'est ce qui causera sa perte.
- Vous savez comme moi que ces anneaux ne vous protègent pas éternellement. Vous aussi, vous finirez au milieu de ces gens qui forniquent au moment même ou nous parlons. Et je connais quelqu'un qui serait ravi de vous mettre ou je pense l'objet qu'on a utilisé pour m’assommer.
- Je ne le sais que trop bien. Quand j'aurai une armée assez conséquente, j'envahirai le Palais des Papes, et j'obligerai cet impur à me dire comment lui est protégé de l'influence des reliques sans porter d'anneau en bois d'Arche. Grâce à ça, je serai à l'abri.
-  Vous n'avez pas d'armée. Vous n'êtes rien."

A ces mots, le prêtre a affiché un large sourire.

"C'est que tu crois, mon jeune ami."

Il s'est alors tourné vers la foule, qui continuait sa débauche, puis s'est écrié :

"TOUS EN RANG !"

D'un coup, tout le monde s'est arrêté, avant de former une série de rangs militaires. Contrastant totalement avec leur attitude précédente, personne ne bronchait plus.

"Que tout le monde se mette en équilibre sur son pied gauche", a crié le prêtre.

Tout le monde s'est exécuté, même les plus vieux. Personne ne parlait. Personne ne contestait. Ils étaient tous sous les ordres du Père Jean, comme des esclaves.
Le prêtre s'est alors tourné vers moi, l'air fier.

"Tu vois, mon armée est ici. Et ce n'est que le début. Comme je te le disais, le pouvoir des reliques peut être utilisé à différentes fins. Par exemple, la pierre de l'envie. Celle qu'a utilisé Caïn pour tuer son frère. Celle-là même que vous avez récupéré en Afghanistan. Et bien, si tu l'assemblais à un manche pour en faire un marteau, elle deviendrait une arme surpuissante te permettant de fendre la terre en un seul coup, et d'avoir une force surhumaine. Mais je n'avais pas besoin de ça, non, ce qu'il me fallait, c'était une armée. Et le Graal est parfait pour ça."

Il a alors été chercher une bouteille de vin derrière l'autel, sans doute du vin de messe. Puis il en a versé dans le Graal.

"Vois-tu, le pouvoir du Graal est spécial. Si tu fais boire à quelqu'un du vin mélangé à quelques gouttes de ton sang par le biais de celui-ci, il deviendra ton esclave. Il exécutera le moindre de tes ordres. Très pratique pour gagner une guerre. Ils n'auront aucun remord lorsque le moment viendra où ils devront exécuter les infidèles."

Il a alors sorti un petit couteau et s’est entaillé la main, laissant quelques gouttes de son sang couler dans le Graal, qui se sont aussitôt mélangées au vin.

"Et, maintenant, tu vas toi aussi faire partie de mon armée."

Il a alors appelé l'un de ses fidèles les plus imposants, pour l'aider à me maintenir pendant qu'il verserait le vin dans ma gorge.

"Tu n'as plus besoin de ça", m'a-t-il dit en m'enlevant mon anneau. Aussitôt la bague retiré de mon doigt, elle est tombé en poussière.

"Tomber sous l'influence de la relique n'est que le cadet de tes soucis. Tu vas devenir mon pantin, et, avec toi, je pourrai accomplir mon destin. Bienvenue dans mon armée, mon jeune ami... Enfin, peut-être devrais-je t'appeler autrement, maintenant ; mon jeune esclave."
]
Le prêtre s'est mis à rire de bon cœur, pendant que son gorille maintenait ma bouche ouverte. Il a versé le contenu du Graal donc mon gosier, avant de faire un pas en arrière pour d'attendre le résultat, et de demander à son acolyte de me détacher.
J'étais désemparé. Je me voyais déjà être le jouet de cet enfoiré. Je me voyais aussi rejoindre mes nouveaux compagnons sur le sol de la Basilique. Je repensais à l'immense godemichet noir qui m'avait assommé. Un frisson m'a alors parcouru le dos.

J'ai fermé les yeux une dernière fois, résigné. Après quelques secondes, je les ai rouverts.
Rien. Rien n'avait changé. J'étais toujours moi-même.
Je me suis alors levé, confus. Je me suis tourné vers le Père Jean, qui semblait toujours sûr de lui. 
Il fallait que je profite de cette occasion. J'ai discrètement pris le couteau posé sur l'autel, celui-là même qui avait servi au prêtre pour s'entailler la main. Puis je me suis tourné vers lui, et ai posé un genou au sol, en signe de soumission. Je pouvais voir dans ses yeux un plaisir sadique. Il avait ce qu'il voulait. Mais pas pour longtemps.
En un instant, je me suis relevé, et lui ai planté la lame dans le ventre, surprenant ainsi toute l'assemblé. Le gorille qui était venu assister le prêtre devant l’autel m'a sauté dessus dès qu'il a compris que le Graal n'avait pas fonctionné sur moi, mais avec l'avantage de la surprise, j'ai pu l'éjecter de l'autel grâce à un coup de pied bien placé.
Je me suis alors saisi du Graal, avant de détacher le professeur.
Le prêtre n'était pas mort. Avant de s'évanouir, il a donné un dernier ordre à son armée :

"Attrapez-les... Ramenez-les moi morts ou vifs. Ne les laissez pas poser la coupe dans l'Arche !"

Le professeur étant encore un peu dans les cordes, je lui ai donné une nouvelle gifle sur la joue pour le réveiller.

"Professeur, ce n'est pas le moment de roupiller. Courez si vous ne voulez pas mourir sous les coups de centaines de personnes complètement nues."

Je l'ai tiré par le bras et emmené par la porte que j'avais emprunté pour entrer. 

"Il faut se rendre à l'endroit ou est entreposée l'Arche. Vite !"

Reprenant ses esprits, le professeur n'a pas fait attendre sa réponse.

"Elle est dans les sous-sols du Palais des Papes. Suis-moi !"

Nous nous sommes mis à courir le plus vite possible vers le Palais. Un grand tumulte s'est alors fait entendre derrière nous. Les portes de la Basilique se sont ouvertes dans un grand vacarme, et les esclaves du Père Jean se sont lancés à nos trousses.
Des milliers de personnes nues nous poursuivaient à travers le Vatican, sous le regard médusé des passants.
Je courais le plus vite que je pouvais, tenant le Graal dans mes mains. Mais je n'avais plus d'anneau, ce qui faisait que son influence se répandait partout où je passais. J'avais bousculé un couple pendant ma course, et ceux-ci s'étaient immédiatement mis à enlever leurs vêtements et à copuler sur le sol.
Le gardes du palais n'avaient pas non plus été épargnés. Lorsque je suis passé en courant, le Graal à la main, ils ont bien essayé de m’arrêter, mais s'étaient très vite retrouvés occupés à s'embrasser et à se caresser le torse.

Cependant, ce que je craignais le plus a fini par arriver. Alors que l'on déambulait dans les couloirs du Palais, afin de rejoindre le sous-sol, on a fini par croiser le Pape lui-même. Et ce qui devait arriver est arrivé. Il était  toujours accompagné par les deux évêques, dont celui qui m'avait insulté d'engeance. J'étais vraiment désolé pour eux. Après notre passage, je me suis retourné, et ai pu voir le Pape lui-même relever sa soutane, avant que l'un des deux évêques  ne se mette à genoux, pendant que l'autre embrassait Sa Sainteté dans le cou. Heureusement, je me suis vite détourné de ce spectacle pour emprunter un escalier menant au sous-sol, car je ne voulais à aucun prix en voir davantage.

Arrivés en bas, nous nous sommes retrouvés en face d'une grande porte. Le tumulte se faisait entendre dans tout le Palais : la foule nue était sûrement parvenue à y pénétrer.
J'ai tiré sur la poignée, avant de rire de ma naïveté : la porte était évidemment fermée.

"C'est fermé, professeur. J’espère que vous avez un moyen d'entrer, car sinon, c'est la fin de notre aventure.
- Seul le Pape peut ouvrir cette porte, normalement. Mais, maintenant, c'est moi qui en ai le pouvoir."

Il a sorti son collier de sous son pull. Attaché à celui-ci se trouvait un anneau en or. Il a alors tendu le bijou vers le système de sécurité du battant, qui a émis un clic sonore.

"Mais... quel est ce anneau ?
- C'est l'anneau du Pêcheur. Ou l'anneau piscatorial, si tu préfères. C'est le Pape lui-même qui me l'a confié.
- L'anneau du Pape ? Celui qui est unique à chaque Pape et qui est détruit quand il meurt ou qu'il renonce à son statut ?
- Tout a fait... Et c'est lui qui m'a protégé du pouvoir de la relique quand Jean m'a retiré mon anneau. Heureusement qu'il ne l'a pas découvert, car sinon il aurait été en mesure de parvenir à ses fins... Mais trêve de bavardage, tu as quelque chose d'urgent à faire, non ?"

Il avait raison. J'avais presque oublié pourquoi nous étions là. Pénétrant à l'intérieur de la pièce, j'ai avisé ce que je supposais être l'Arche d'Alliance, au fond. Je me suis approché, et en ai soulevé le couvercle, avant d'y déposer le Graal sans plus cérémonie.
Aussitôt, le tumulte a laissé sa place à un profond silence. Je pouvais aisément imaginer l'incompréhension des personnes se retrouvant nues au milieu du Palais des Papes.
Et je n'osais même pas imaginer ce qu'allaient pouvoir ressentir ceux qui s'étaient arrachés les yeux de leurs orbites, ou qui avaient utilisé le fameux godemichet noir...
A cette pensée, un frisson m'a à nouveau parcouru l'échine.

Nous avions une fois de plus accompli l'impossible. Une nouvelle relique était en sécurité.
Dans le palais, l’agitation avait laissé place à l'incompréhension générale. Les personnes qui étaient sous l'influence de la relique de la Luxure n'avaient plus aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Ils étaient dans la Basilique, puis s'étaient subitement retrouvés complètement nus au milieu du Palais des Papes.

Nous sommes ensuite partis à la recherche du Pape. Lorsque nous l'avons trouvé, lui et ses deux acolytes, leurs têtes m'ont vite appris qu'il s'était passé quelque chose de très gênant pour eux. Je me suis retenu de rire en imaginant ce cher Monseigneur Arnaud se réveiller avec le sexe du Pape dans la bouche. Il m'avait traité d’Engeance, après tout.
Il a fallu quelques jours au Vatican pour se remettre de ses émotions. Le Père Jean avait survécu, mais il s'était vu retirer son anneau, et croupissait maintenant dans une cellule du Vatican, gardée en permanence. L'heure n'était pas au pardon pour lui.
De notre côté, le professeur et moi avons été hébergés dans le même hôtel que celui dans lequel se trouvait le Pape à mon arrivée. Il était encore très faible du fait de son passage à tabac par son ancien meilleur ami.
Mais il fallait que je lui parle. Il ne pouvait plus garder le secret. Il fallait qu'il me révèle les raisons de ma présence ici. J'étais ainsi venu le voir dans sa chambre. 

"Professeur... A propos de ce que le Père Jean a dit à mon sujet...
- Oui, il est temps que tu saches toute la vérité, mais avant cela... j'ai un service à te demander.
- Qui est... ?
- Avant que je me fasse capturer par Jean, j'étais venu au Vatican pour nous faire assigner une mission. Une dernière mission.
- La dernière relique, j'imagine ? La Paresse, donc ?
- Oui. Cette mission est la plus importante de toutes. C'est celle qui jugera du sort du monde. Accompagne-moi dans cette dernière quête, et je te dirai tout. Plus de secrets."

A contrecœur, j'ai accepté. Mais c’était la dernière fois. 
Ma dernière mission.

Texte de Kamus

Note de l'auteur : Bon, cette fois le chapitre suivant (qui ne seras pas le dernier malgré le fait que ce soit le dernier péché) devrait arriver laaargement plus vite ! :-)

12 commentaires:

  1. Super texte, bravo encore à Kamus. J’attends la suite avec impatience !

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  2. C'est vraiment une superbe histoire j'adore!! Vraiment bravo c'est très bien écrit

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  3. Merci pour ce chapitre! C'est réellement un plaisir de lire cette histoire, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Bravo! ;)

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  4. Tant de non respect... C'est génial x) hâte de savoir la suite!

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  5. Des semaines que j attendais la suite !!!^^

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  6. Je n'arrive décidément pas à comprendre les gens qui aiment ce récit, tellement les fautes et imperfections sont présentes. Bon déjà l'idée du Graal en relique du péché, c'est bien absurde, enfin dans l'idée c'est un objet sacré, donc le lier au péché c'est un contresens. Et son lien avec la luxure est inexistant, à part le pouvoir inventé pour l'occasion (comme c'est bien pratique). Après, même si je dois admettre que le style au niveau de l'écrit fait moins grossier que dans les premiers chapitres, c'est encore perfectible. Il ne peut y avoir des milliers de personnes nues à leurs trousses, parce que ces milliers de personnes ne peuvent tenir dans la basilique, aussi grand puisse-t-elle être. Et c'est pas une figure de style pour autant : on aurait employé une autre image pour faire une hyperbole. Mais au final le plus gros problème c'est que l'auteur se contredit par rapport aux précédents chapitres. La pierre avec laquelle Caïn a tué son frère est ici celle de la colère, alors qu'elle est présentée dans le chapitre 3 à propos de l'envie. Et c'est quand même fort comme erreur sachant que la relique de la colère c'était le chapitre précédent (faut dire que c'était encore un caillou, imagination/20). Bon et puis je terminerais sur le côté bien "je suis hétéro donc le sexe anal bouh ça fait peur" de ce texte. Non parce que le narrateur qui nous fait une hantise d'un gode alors qu'à côté il y a des gens qui se font pénétrer les orbites. Genre, le mec a plus peur de se prendre un truc dans le cul que de se voir énucléer... Logique quand tu nous tiens !

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    1. Je me permettrai de répondre pour l'auteur à un commentaire que tu me sembles vouloir poster sous chaque partie : l'histoire n'a pas pour vocation de reproduire fidèlement ce qui est inscrit dans la Bible. Les adaptations libres, il y en a à foison, ce n'est pas pour autant qu'elles sont forcément mauvaises. Ne serait-ce que si l'on prend par exemple Supernatural, même en s'arrêtant aux premières saisons, ça a assez peu à voir avec les textes originels, c'est pourtant une série à succès. Qu'il y ait des faiblesses, soit, mais reprocher à un auteur d'inventer des choses pour ses histoires, c'est comme reprocher à un architecte de faire des innovations sur un modèle déjà existant.

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    2. On peut modifier une mythologie existante, et même totalement la réinventer. Sauf que là, ce n'est pas le cas, j'ai plus le sentiment que c'est une pioche opportuniste d'éléments bibliques. Si on ne connaît pas leurs diverses significations, ça peut passer. Mais quand on les connaît, ne serait-ce qu'un peu, ça tend à rendre l'histoire factice, à révéler son artificialité. Et donc à me sortir de l'histoire. Le cas de Supernatural est intéressant, car il a justement créé sa propre mythologie, en puisant de manière assez large dans divers mythologies. Je pense que ça fonctionne parce que la série s'inscrit dans un temps plus long, et peut-être que cette pioche plus diverses dissimule mieux le fait de s'accaparer juste superficiellement une mythologie. Je n'ai pas réponses sûres à ce sujet. Quoi qu'il en soit, je trouve qu'ici, cela ne fonctionne pas bien, malgré certaines bonnes idées et un concept initial intéressant.
      Sinon, si on excepte cette réponse, j'ai en tout rédiger trois commentaires, sous trois parties de cette histoire. Pas sous chacune des parties. Cette exagération me semble donc bien peu à propos.

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  7. "le dernier chapitre devrait arriver largement plus vite"
    Avril/Fin Octobre toujours rien, génial XD

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  8. navré pour le retard, le texte a en effet été écrit et fini beaucoup plus vite, mais il a du être réécrit suite à relecture... ce qui prend plus de temps.
    Kamus

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  9. Rétrospectivement, je trouve cette saga plutôt extraordinaire. Bien sûr l'on peut toujours rechigner sur l'exactitude ou la vraisemblance de certains éléments; néanmoins la force créatrice et l'intensité du récit sont vives.
    Donc félicitations à son auteur ainsi qu'à ses efforts plus que louables. En passant, n'oubliez jamais que la principale qualité d'une histoire peut tout simplement être de bien nous divertir. Sans forcément se mettre à abuser de la luxure x)

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  10. Les Orgies c'est drôle !

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