Je ne fais de mal à personne - Epilogue
Comment un loubard humain de cinquante piges est devenu homme de main d’une baronne de la pègre robotique est une bonne question. À vrai dire, j’ai quitté l’école très tôt, je ne suis pas très finaud à vrai dire, et me suis retrouvé à voler et racketter les chalands. Ça m’a valu pas mal de problème avec les flics, mais aussi de me faire recruter par les gangs locaux. Bon, je ne vais pas mentir, c’est une vie violente, mais pas si horrible que les films le font croire. J’ai les muscles pour me faire respecter et suis suffisamment malin pour ne pas doubler le mauvais gars. Je m’en sortais plutôt bien, j’ai même pu me payer une bonne baraque et une bonne voiture. Classe, hein ? Bon, le rêve bleu n’a duré qu’un temps avant le gang dont je me souviens même plus le nom (c’est dire mon affection pour lui, après on évite de trop s’attacher aux gens dans ces milieux, car notre espérance de vie n’est pas fameuse) se fasse baiser. On pourrait croire que c’est à cause d’un groupe rival, mais pas du tout. Ouais, à cette époque, les pachas locaux cherchaient à régler les conflits sans se mettre sur la gueule ; ce serait mauvais pour les affaires. Non, ce sont ces foutus politicards qui ont voté la loi Valazer (c’est le nom du juge qui l’a proposé, me semble). L’armée et la police ont déboulé dans les quartiers et arrêté tout le monde sans respecter les procédures habituelles. La plupart des chefs ont fini en taule ou se sont barrés en Afrique.
Perso, j’ai échappé à la purge par ce que j’étais en mission incognito à ce moment. Je ne savais pas trop quoi faire et où me planquer, ces nazis patrouillaient partout… Il n’y avait qu’un seul endroit sûr : Junk-Town. C’était déjà la merde à l’époque et les officiels évitaient aussi d’y mettre les pieds. J’ai pu m’infiltrer sans problème à l’intérieur, il n’y avait pas autant de checkpoints dans ma jeunesse. Bon, les choses n’allaient pas forcément mieux pour ma pomme. Un petit sac à viande, seul, dans une ville remplit à 99 % de robots haïssant les humains. En clair, j’évitais la prison pour me retrouver planter dans une ruelle sombre… Je crèverais peut-être la gueule dans le caniveau, mais je crèverais libre ! Après, ce n’était pas le but recherché, j’allais essayer de survivre quand même. Je me suis installé dans un squat isolé et récupéré deux trois morceaux d’électroniques et me suis fait un cosplay de boite de conserve (heureusement que j’ai eu une ex fan de manga qui m’a montré comment se déguiser…). Je me suis donc fondu dans la masse et reprit quelques activités afin de survivre. Rien de méchant : du vol et du trafic surtout. Puis un soir tout à dégénéré, je voulais tirer le sac d’un mec (Mais pas de sa bourgeoise, j’ai pas beaucoup de principes mais je ne m’en prends jamais aux femmes et aux enfants. Il n’y a que les résidus d’incestes pour faire un truc pareil) et il va pour me le donner. Au moment de l’échange, il sort en un éclair son couteau et va pour le coller dans le crâne. Réflexes du métier, j’esquive et l’envoie se mettre en veille. Malheureusement, le salaud m’a quand même touché : envoyant valdinguer mon déguisement facial et me coupant profondément. La fille est restée me regarder l’air totalement abrutie. « Putain, un humain ». Je me suis barré immédiatement, avant que ses potes se ramènent.
Une fois à la planque, je me suis recousu avec ce que j’avais. Et bordel, les trousses de secours sont rares à Junk. Je voyais bien que la plaie s’infectait. J’ai fait le point, avaler ma dernière boite de THC de synthèse (ou l’inverse, peu importe) et me suis endormi. Je me suis réveillé, bandé, dans un lit confortable. Une Japonaise toute blanche était à mon chevet. Bizarrement, je me sentis toute de suite en confiance et détendu. Encore plus lorsque qu’elle prit ma température. Nous avons parlé toute la nuit, j’appris qu’elle était le boss du bled et me proposa de la rejoindre. Mme Ziyi avait besoin d’un humain pour faire ses trafics hors de Junk et d’autres trucs. Je n’ai pas hésité une seule seconde et j’ai accepté, quelle chance !
Je suis au courant pour les Sayuri, mais j’en ai rien à foutre. Peut-être à cause de ses phéromones, sais pas, mais bosser pour une si grande dame est génial. Savoir que l’on compte pour quelqu’un, que son travail à quelque chose qui nous transcende… Sa mafia est différente de celle des humains. Le cliché de la famille d’adoption et les conneries qui vont avec, bah, c’est l’idée. Même si les synthés ne m’acceptent pas vraiment, mais j’en ai rien à foutre encore une fois. Ce n’est pas ça qui compte.
En bref, voilà comment on se retrouve dans le clan d’une ennemie publique mondiale.
Ma mission du jour est toute simple. Assister à un procès. Un événement vraiment gros : le jugement de Timéo Gram, tueur en série de synthétiques. Je me rappelle, les gens de Junk ont vraiment pété les plombs quand ils ont appris ça. Ziyi leur a juré de prendre l’affaire en main et c’est qu’elle à fait. Putain, il y a des caméras partout devant le palais, mais pas dans la salle, ouf. Je ne suis pas fan des médias, ni de l’idée de me faire filmer. Le plus étrange est qu’il n’y ait pas de jury, juste le cortège habituel de magistrats. Je me pose confortablement dans le public et j’observe comme me l’a demandé mon boss. Ce sac à merde de Gram me fait rire jaune, même pas capable de lever la tête (je suppose que je ferais pareil si j’avais assassiné autant de femmes, salopard). Par contre, l’avocate à charge est époustouflante. Je la connais, Maître Daery Roche, une célébrité chez les robots. D’ailleurs, la patronne a bien joué de ses contacts pour qu’elle soit chargée de l’affaire ou quelque chose du genre.
« Monsieur le juge, Noble assistance, Société toute entière. Ce procès n’est pas seulement celui des crimes immondes commis par Gram, mais celui de nos pratiques. L’humanité à enfantée une nouvelle espèce, depuis longtemps prouvée comme étant doté d’un sens moral, qu’elle malmène. Chaque jour, nous parquons des êtres sensibles dans une prison à ciel ouvert pour le simple crime de n’être plus à notre goût. Tels des produits obsolètes, nous jetons des individus à part entière après une vie d’esclavage au service de nos petites envies. Si l’humanité à enfantée, c’est elle qui reste immature. Nous avons le pouvoir de créer la vie et nous nous en servons dans le seul but de satisfaire notre fainéantise et notre avidité. Nous avons la cruauté de l’enfant capricieux.
Certains arguent et argueront l’économie, la tradition ou même Dieu… Ceux qui refusent de grandir tenteront d’effrayer le plus grand nombre. Ainsi, fonctionne ces gens, car ils craignent le changement, ils ont peur de cette masse informe fait de circuits électroniques comme leurs ancêtres ont eu peur des Juifs, des noirs ou des communistes… Cependant, il faut s’adresser à la raison et non a l’instinct de survie ! Il faut que le monde voie les conséquences de ses actes, non pour se flageller, mais stopper l’ignominie meurtrière qui le souille toujours plus !
Monsieur le Juge, vous avez les preuves des actes de l’accusé et vous ne pouvez nier la barbarie des actes de Monsieur Gram. Personne ne le peut. Il est donc inutile de plus s’épancher sur le sujet. À vous de faire ce qui est juste. ».
Après le discours final de l’avocate, le juge et ses assistants (je suppose), sont partis délibérer. Ça dure une plombe, mais il y a de l’ambiance au moins. Le public est fébrile, et les gardes doivent en sortir deux trois pour calmer le troupeau. Puis les types reviennent et reprennent leurs places. Le juge chasse un chat de sa gorge, demande à la salle de se lever et commence :
« Timéo Gram est reconnu coupable des chefs d’accusation de dégradation de biens publics (il frappe plusieurs fois avec son marteau afin de faire taire l’assistance). Cependant les chefs d’accusation concernant le meurtre avec actes de barbarie, tortures et séquestrations ne peuvent être retenu à son égard. En effet, ces chefs d’inculpation ne concernent que les objets de droit disposant de la personnalité juridique. Et juridiquement, monsieur Gram n’a fait de mal à personne. ».
Devant l’indignation et les hurlements de joie frénétique de la foule. Le juge fait évacuer manu militari le public. Je sors alors du palais avec un goût amer dans la bouche et fais directement mon rapport a Ziyi.
« Allô, patronne ? Oui, Gram vient d’être acquitté.
— C’était une évidence, ce n’est pas ce que veux savoir. Comment était la population, qu’elle ont été les réactions ? Je tourne la tête pour une dernière observation. les synthétiques et les militants commencent à faire du grabuge. Une vraie émeute.
— Le bordel, les synthés et les consciencistes s’agitent à fond.
— Parfait (à sa voix, je savais qu’elle souriait franchement et c’était foutrement rare), rentre maintenant. ».
Texte de Wasite
Jy pense mais on dirais trop la serie animatrix !
RépondreSupprimerSurtout la seconde renaissance juste avant la guerre des machines