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Spotlight : Harold

Bonjour à tous et bienvenue sur le premier post du projet Spotlight ! Si vous avez suivi, vous savez que nous parlons depuis un moment de transférer ici, sur le Nécronomorial, les éventuels nouvelles qui n'auraient pas leur place sur CFTC, ayant été publiés avant la création des critères de sélection. Et vu qu'il s'agit de vieux textes, c'est une parfaite occasion de les découvrir pour les nouveaux lecteurs, ou de les redécouvrir pour les plus anciens ! Bien évidemment, ils passent aussi par une petite phase de correction, les plus anciens n'ayant pas vraiment bénéficié de ce soin. Leur publication se fera donc tous les mercredi jusqu'à épuisement desdits textes. Et chaque dimanche, venez comme toujours retrouver un texte inédit. Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture !



Il y avait un vieux fermier en Arizona qui possédait la meilleure ferme du domaine. Tout le monde y disait que ses cultures étaient les meilleures et ils venaient de toute part afin de lui acheter ses denrées. À chaque fois qu'on lui demandait comment il faisait pour obtenir d'aussi bonnes cultures, le vieux fermier répondait que le mérite revenait à son épouvantail.

« Ce vieil épouvantail est le seul que je doive remercier, répondait-il. Il fait en sorte que ni les corneilles, ni les bestioles ou les rongeurs ne s'approchent de mes cultures ».

Le vieux fermier avait façonné l'épouvantail de ses propres mains, et quelle effroyable apparence il lui avait donné ! Il avait passé des mois à travailler dessus afin de le rendre aussi effrayant que possible. Il savait à quel point il était important d'éloigner les nuisibles de ses plantations. Alors il lui avait fait d'énormes bras de paille qui s'étendaient sur deux mètres, ainsi que des jambes tellement longues que le vieil épouvantail était aussi grand qu'un arbre.

Mais la chose la plus effrayante sur cet épouvantail était sa tête. Le fermier l'avait sculptée lui-même dans une immense citrouille. Il avait passé des jours et des nuits innombrables à perfectionner son modèle jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Le visage de l'épouvantail était si grotesque, si laid, que même le fermier était parfois effrayé en le regardant. Toutefois, c'était vraiment efficace, faisant fuir tout rongeur ou oiseau qui s'aventurait trop près.

La ferme voisine appartenait à de jeunes hommes qui étaient frères et qui se nommaient Josh et Harold. Ils étaient fainéants et n'avaient jamais travaillé leur terre, si bien que leur récolte était mauvaise. Aussi, ils étaient jaloux du succès qu'avait leur voisin, le vieux fermier, et décidèrent un jour de comploter contre ce dernier. S'ils pouvaient le conduire à la faillite, ils pourraient alors reprendre en main sa ferme et produire plus d'argent !

Alors, une nuit, les deux frères décidèrent de se rendre furtivement sur la terre du vieux fermier. Ils volèrent son précieux épouvantail et le ramenèrent dans leur propre maison, où ils le cachèrent dans un vieux placard, ainsi personne ne le trouverait jamais.

Le jour suivant, le fermier se réveilla pour découvrir que son hideux épouvantail n'était plus à sa place, et que toutes ses cultures étaient en train d'être mangées par les rats et les corneilles. Il tomba à genoux et pleura, sachant que sa ferme courait à sa ruine. Pendant ce temps, les frères Josh et Harold, qui regardaient la scène depuis leur propre propriété, ne pouvaient s'empêcher de rire en voyant les larmes de douleur du vieil homme.

Entendant les rires, le vieux fermier vint les voir et leur demanda s'ils savaient ce qui était arrivé à son épouvantail. Les frères le regardèrent droit dans les yeux et lui répondirent qu'ils n'avaient pas la moindre idée de l'endroit où sa précieuse création pouvait être.

« Mais vous savez, je vais être en faillite et obligé de vendre ma ferme si je ne peux le retrouver ! », dit-il.

Josh rit simplement devant le vieil homme, et répondit :
« C'est pas de bol, n'est ce pas ? »
Ça craint d'être à votre place ! » gloussa Harold.

Le vieux fermier marcha doucement vers sa maison, la tête baissée dans la défaite et l'abattement.

Cette nuit-là, Josh et Harold eurent le sommeil agité. Non pas qu'ils eussent quelque remord, mais parce qu'ils ne pouvaient ôter de leur esprit l'image du visage tordu de l'épouvantail. Ils finirent par se dire qu'ils ne parviendraient pas à trouver le sommeil aussi longtemps que cette effrayante tête de citrouille serait dans leur maison. Alors, ils se levèrent et trainèrent l'épouvantail en dehors du vieux placard. Harold prit une batte de baseball et brisa la tête de l'épouvantail, si bien qu'il ne resta plus que quelques bouts de citrouille éparpillés sur le sol. Les frères balayèrent les morceaux et les jetèrent aux ordures. Ils retournèrent ensuite au lit et s'endormirent bien vite, parvenant enfin à oublier l'affreux visage de l'épouvantail.

Peu de temps après minuit, Josh et Harold furent réveillés par des bruits de raclement et de griffure sur la porte de leur chambre.

« T'as oublié de mettre le chien dehors ? demanda Harold, endormi.
On... on... on n'a pas de chien... » balbutia Josh.

Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit et un long bras de paille solitaire serpenta à travers l'ouverture. Puis un autre bras battit le sol, suivi par de longues jambes de bois. Les deux frères eurent le sang glacé par la peur et purent seulement observer avec horreur comment le corps décapité de l'épouvantail se dressait sur ses jambes et comment ses énormes bras de paille se tendaient vers eux dans les ténèbres.

Harold eut un frisson d'effroi tandis qu'une griffe de paille se refermait autour de sa cheville et cria aussi fort qu'il pouvait. Il supplia son frère de l'aider. Mais Josh courait déjà vers la sortie de la chambre. Fuyant dans la terreur, il se rua vers le couloir, percuta la porte d'entrée et poursuivit son chemin vers la route éclairée par la lune.

Il courait aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, reprenant son souffle et hurlant comme jamais il n'avait hurlé. Comme il passait devant la maison voisine, il vit le vieux fermier se tenant à sa porte. Au clair de lune, il pouvait voir le vieillard le fixer avec un étrange sourire aux lèvres.

Josh continua de courir pieds nus sur le gravier. Il jeta un regard derrière son épaule et vit quelque chose qui l'effraya au plus profond de son âme. Il vit que l'épouvantail longeait la route derrière lui. La chose gagnait de plus en plus de terrain, se rapprochant encore et encore. Mais ce ne fut pas la seule chose qu'il remarqua. Il vit que l'épouvantail avait une toute nouvelle tête. Une tête tout à fait semblable à celle d'Harold.




Traduction d'Onizuka-San. Le texte original n'est plus disponible.

6 commentaires:

  1. C'est un super concept et l'histoire est bien sympathique, c'est tout ce qu'on aime.

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  2. La première phrase est dédoublée, si jamais.

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  3. J'avais déjà lu cette histoire, et je l'apprécie toujours autant! Merci!!

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. J'habite en Arizona et je vous confirme qu'il n'y à pas de ferme la bas. Seulement le désert. Mais sinon j'ai bien aimé.

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