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Les siffleurs : Le récit de Ruth, partie 4


Temps approximatif de lecture : 10 minutes. 

Du 2 au 4 Décembre 

Je me suis réveillée dans le fauteuil où je m'étais endormie en écrivant. La mèche de la lampe était faible et avait brûlé beaucoup trop de kérosène avant de s'éteindre. Il y a un bidon de rechange, mais il ne durera pas longtemps. Je vais devoir faire plus attention. Bill n'était plus là quand je me suis réveillée. Il m'avait couverte avec l'édredon du lit.

Je l'ai trouvé dans le salon en train d'inspecter les têtes et les crânes d'élan montés sur les murs en guise de décorations. Des livres, des guides du terrain et de vieux almanachs étaient éparpillés sur une table basse au centre de la pièce. Le poêle à bois brûlait, dégageant de la chaleur, mais Bill n'était pas détendu pour autant. Il m'a salué en chuchotant et s'est déplacé difficilement dans ma direction. 

J'avais presque oublié sa blessure. 

"Laisse-moi regarder à nouveau ton pied" ai-je dit à Bill. "Tu devrais te reposer au lit pendant quelques jours, maintenant que nous sommes en sécurité." 

Il a secoué la tête. "Nous ne sommes pas en sécurité. Viens voir."

Il m'a fait traverser le salon et m'a conduit sur le porche à l'avant du pavillon. Il n'y avait ni neige ni glace sur le sol à l'extérieur, mais la route était boueuse et le sol assez mou pour laisser des traces de pas. Depuis les marches du porche, nous avons vu la rue et ses graviers de quartz, les petites ornières que nous avons faites en marchant d'une maison à l'autre dans l'obscurité la nuit dernière. Mais à présent, nos pas n'étaient plus les seules marques de la route. Il y avait aussi d'autres empreintes, des traces de pas et de glissements là où le gravier avait été complètement raclé. Il pourrait s'agir des traces de dizaines de paires de pieds, ou seulement de quelques-unes, qui auraient fait le tour du gîte pendant que nous dormions. Les empreintes formaient un cercle ininterrompu autour de nous, preuve de la traque, de la marche, de la surveillance nocturne des Siffleurs ou peu importe comment vous appelleriez ça. Ils ont apparemment battu en retraite, mais jusqu'où ? Et jusqu'à quand ? 

Sur le moment, j'ai eu du mal à respirer. J'ai reculé en titubant contre la porte d'entrée du pavillon, mon corps s'est effondré et s'est mis à tanguer.

"Dans les histoires, les Siffleurs ne laissent pas de traces" ai-je murmuré pour me rassurer. 

Bill haussa les épaules en gardant un visage parfaitement stoïque. "Ils me semblent humains. On dirait les traces d'un adulte qui traîne les pieds." Sa voix était basse et fatiguée. 

"Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?"

Il secoua la tête. "Ça n'a pas d'importance. Peu importe si c'est un jeu auquel jouent les Siffleurs ou si les gens de Red Hill sont réapparus la nuit dernière pour faire ces marques pour nous embêter. Peu importe que ce soit des extraterrestres, des taupes ou les putains de cadavres de Lillian et Geoff revenus d'entre les morts. On ne peut plus rester ici maintenant." Il a ensuite ouvert la porte d'entrée et m'a fait signe de rentrer. "On va rassembler ce qu'on peut et continuer vers le sud jusqu'à ce qu'on trouve une autre ville. Il y a un placard avec du matériel - une bonne tente, des bâches, des lanternes, un réchaud... Tu commences à rassembler tes affaires et je vais voir si je peux trouver un véhicule qui roule." 

Je me suis arrêtée dans l'embrasure de la porte. Je respirais si fort que je commençais à avoir un goût de fer dans la bouche. "Non. Nous ne pouvons pas nous séparer. Nous ne sommes pas plus en sécurité le jour que la nuit. Nous ne pouvons pas faire cette erreur une deuxième fois."

Il marqua une pause. "Je vais prendre ce dont nous avons besoin dans le placard. Tu chercheras de la nourriture dans la cuisine, puis nous ferons nos bagages et chercherons ensemble un véhicule. D'accord ?"

J'ai acquiescé, mais je n'étais pas tout à fait d'accord avec le plan de Bill. Combien de temps pouvons-nous courir avant que la faim ne nous arrête, ou le froid, ou les difficultés inconnues de la nature ? Nous avons vu cette région du ciel, nous avons vu les routes forestières sans issue et les villes fantômes entourées de kilomètres de nature sauvage. Nous savons tous les deux que Red Hill n'a pas de débouché. L'unique route mène à l'ouest, à une piste d'atterrissage et à un quai qui gèle chaque année en janvier. Le courrier arrive ici par bateau et seulement en été. Bill savait que nous ne pouvions fuir nulle part. Peut-être que les Siffleurs le savent également… 

Une chose à la fois. D'abord la nourriture. J'ai pénétré dans la salle à manger, au-delà de la table qui attendait des plats à poser sur elle, il y avait la cuisine. Elle était très moderne, avec des placards en bois et un congélateur de type "walk-in" à la porte étincelante. Quelqu'un avait apporté beaucoup de soin à cette cuisine. Peut-être l'a-t-on photographiée par le passé pour des brochures de vacances ? 

Dans le coin, les visites d'ours sont devenues fréquentes et les personnes riches étaient toujours bien armées. 

Les placards étaient presque vides, comme on pouvait s'y attendre en étant en fin de saison. Il y avait une poubelle avec quelques vieilles tasses de farine à l'intérieur, une bouteille d'huile rance, une boîte de cocktail de fruits de la taille d'un gallon, une boîte de sachets de thé froissés, un bidon de lait en poudre, une brique de sucre en morceaux collés les uns aux autres... J'ai été ouvrir le réfrigérateur, mais l'air stagnant derrière la porte s'est déversé sur moi, me donnant des haut-le-cœur avant que je ne la referme. J'ai aperçu des légumes moisis, de la viande avariée, d'obscurs emballages plastiques parsemés de moisissures noires. J'ai dû avoir un haut-le-cœur assez peu discret, car Bill est arrivé à la porte de la cuisine, les yeux brillants comme s'il avait fait un sprint pour venir me rejoindre. 

"Qu'est-ce qui ne va pas ?

"Le frigo est plein de nourriture avariée. L'odeur est horrible."

Il fronça les sourcils. "Ça n'a pas de sens. Ils auraient dû tout nettoyer avant de fermer l'endroit pour la saison." 

"Mais... ce n'était pas fermé" ai-je répondu. Ma voix tremblait. "La porte d'entrée n'était pas verrouillée. Les tables et les chaises sont encore dehors. Le meuble TV du salon était grand ouvert. Les rideaux n'étaient pas tirés dans les chambres..."

"Il y a du gaz dans le générateur" dit-il en hochant la tête. "Rien n'a été préparé pour l'hiver. Comme s'ils étaient partis précipitamment en laissant tout en plan."

Je me suis étranglée en voulant déglutir. Je me suis dirigée vers le congélateur et j'ai tiré sur la longue poignée en acier, me préparant à une nouvelle vague d'odeurs âcres tout en me disant que la détérioration de la nourriture dans le congélateur pourrait être la dernière pièce à conviction qui prouverait la théorie émergente : Quelque chose avait très mal tourné pour les habitants de Red Hill, les poussant à fuir. 

Bill se tenait à mon épaule, observant avec méfiance, tenant sa main sur son nez et sa bouche. Le grincement des charnières de la porte se fit entendre. La nourriture qui se trouvait sur les étagères de l'armoire du congélateur était en fait mieux conservée que celle qui se trouvait dans le réfrigérateur. Il y avait de la viande avariée enveloppée dans du papier, qui avait l'air d'avoir été tapée. Les glaces et les sorbets avaient entièrement fondus dans des récipients fermés, comme si les coupures de courant étaient monnaie courante ici. En dehors d'une odeur de renfermé - presque de caoutchouc - j'ai d'abord pensé que le congélateur, bien qu'abandonné, était inoffensif.

"Ruth" dit Bill derrière moi, sa main se glissant le long de mon épaule en tremblant, essayant de me ramener vers lui. "Ne regarde pas, Ruth."

"Quoi ?" Et maintenant, je ne pouvais pas m'empêcher de carrément regarder vers l'arrière du congélateur, où une paire de chaussures arrondies était visible derrière une palette avec des sacs de légumes surgelés enfoncés. Le sol en acier sous la palette était luisant de liquides séchés qui s'étaient écoulés des sacs, peut-être il y a quelques jours, peut-être quelques semaines, peut-être moins… 

"Ne fait pas ça" a-t-il répété. Mais j'ai continué à regarder, suivant les chaussures jusqu'à une maigre paire de jambes qui avait les genoux pliés. J'ai aperçu le pantalon noir plissé puis la blouse blanche du chef cuisinier, c'était une femme d'âge moyen aux cheveux blancs et au visage gris et ratatiné. J'ai fait un pas vers son cadavre, j'ai senti mes pieds coller dans le désordre qui régnait sur le sol du congélateur. C'est à ce moment-là que la poigne de Bill s'est resserrée sur mes épaules.

"Regarde-moi" a-t-il dit. "Regarde ailleurs."

"Que s'est-il passé ici ?" ai-je demandé alors que ma respiration s'accélérait. 

Il m'a fait sortir de la cuisine, a traversé le salon et m'a ramenée dans la chambre, où il a doucement fermé la porte et m'a mise sur le lit, m'enveloppant étroitement dans l'édredon.

Tout comme le fait de dormir aux côtés de Bill est différent en dehors de la nature sauvage, la mort d'un autre être humain était selon moi franchement plus étrange ici. La cuisinière décédée avait moins de sens pour moi que Gary Law ou le conducteur de l'hélicoptère. Elle est morte à l'intérieur, dans un endroit où les lits étaient encore faits, où le réfrigérateur était rempli de nourriture... Elle aurait dû être en sécurité tant qu'elle était dans cet endroit. 

"Pourquoi l'auraient-ils laissée ici ? ai-je demandé. 

Il s'est agenouillé à mes pieds avec une bouteille d'eau et un gant de toilette, pour nous débarrasser des bactéries du congélateur. J'avais laissé mes chaussures à la porte d'entrée et j'y étais allée pieds nus. 

Lorsqu'il parla enfin, sa voix tremblait. "Qu'as-tu entendu exactement la nuit dernière ? Tu m'as réveillé. Tu as entendu quelque chose. Dis-moi ce que c'était."

"Un bébé. On aurait dit un bébé qui pleure." 

"Le gardien du phare... il a dit qu'il entendait parfois les Siffleurs rire. Il a dit qu'il pouvait les entendre rire exactement de la même façon que ses parents riaient dans la salle de réception après l'église le dimanche. Ils entrent dans notre tête. Ils nous attirent. Tu ne dois pas les laisser faire, Ruth."

J'étais abasourdie et je ne pouvais pas parler, alors Bill a continué à monologuer.

"J'imagine qu'ils étaient déjà ici, à Red Hill, avant notre arrivée. Ils ont dû effrayer les habitants. L'électricité a dû être coupée avant que la cuisinière n'entre. Il y avait une parka sur le crochet à l'extérieur et elle ne l'a pas prise. Elle a dû paniquer et elle est entrée dans le congélateur pour se protéger. Peut-être que les gens ont commencé à partir et qu'elle n'a pas pu en sortir. C'était sûrement un accident" dit-il en me frottant la jambe d'un air rassurant. "Ils n'ont pas réalisé qu'elle était prise au piège là-dedans et l'ont laissée derrière eux." 

"Il y avait une cloche" ai-je dit. "Une alarme d'urgence. Et ses doigts, Bill. Ses ongles... Ils étaient écorchés et ensanglantés, il y avait des lambeaux sur la poignée de la porte. Ses doigts étaient déchirés." 

"Alors peut-être qu'il n'y avait plus personne pour entendre la sonnerie. Peut-être que tous les autres sont partis..."

Mais je me suis redressée sur le lit. Je ne pouvais pas me calmer. "Cette nuit-là, quand il a grêlé. Tu aurais fait n'importe quoi pour qu'Ira se taise. Ils sont entrés dans la tête d'Ira, c'est pour ça qu'il a paniqué, n'est-ce pas ? Peut-être qu'ils sont aussi entrés dans la sienne." 

"Tu penses que ses propres voisins l'ont enfermée là-dedans ?"

J'ai essayé de parler raisonnablement, j'ai essayé de garder mon calme.

"Il y a une histoire comme ça, n'est-ce pas ? Une des vieilles histoires qu'on a entendu. Une histoire sur les gens que les Siffleurs ne tuent pas. Tu t'en souviens ? Il y a une personne spéciale dans presque tous les groupes. Toujours. Quelqu'un de... plus sensible. Qui succombe à une sorte de crise de folie. Qui se déchire la chair, perdant la raison, tuant ses compagnons... Lillian pensait que c'était une sorte de syndrome de Stockholm. Une personne qui deviendrait inconsciemment complice des Siffleurs à travers sa folie." 

Bill a acquiescé. 

Il m'a alors raconté l'histoire de la famille qui vivait dans l'avant-poste au nord du phare. C'était il y a des années. Une mère, un père, trois enfants, une famille tout à fait normale et plus unie que n'importe qui. Un jour, le père a envoyé une dépêche pour dire qu'il avait tué sa femme et ses enfants. Il les avait tous étranglés. Il avait reçu un avertissement, une sorte de message, disait-il. Alors il les avait tous tués, sans réfléchir. Lorsque les gardes forestiers sont arrivés, la résidence familiale était vide. Il n'y avait aucune trace d'eux, aucun signe de lutte.

Comme s'ils avaient disparu dans les rochers ou dans la mer. 

Et si tout était lié ? 

Ce texte a initialement été réalisé par Amity Argot sur Creepypasta.com, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Shayanna qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, Écho, Orizy et AngeNoire qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Griff et Lykaon qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. 

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