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J'aime la nuit. C'est le seul moment calme dans ma ville : personne pour me hurler dessus sans raison valable, et aucune manifestation du klaxon stressé des mecs qui vont au travail. Le calme presque absolu. C'est pour ces raisons que j'aime sortir la nuit, dans la pénombre à peine amoindrie par les faibles lumières des lampadaires.
J'ai mon propre parcours nocturne. Je passe dans les petites rues près de chez moi, je rattrape la grande avenue, je passe près du chemin de fer et remonte jusqu'à la gare où je prends une ou deux canettes. Ah oui, je les prends mais je ne les paie pas, la machine dysfonctionne quand on rentre un code qui n'est pas inscrit dessus, même si peu de gens le savent.
Comme à mon habitude, je fais mon chemin, je prends mes canettes, sans personne autour de moi. Pratique, la réflexion dans la vitre de la machine. Mais c’est à cet instant que j’entends une voix me héler. Une voix féminine et douce, tout en étant à la fois sensuelle et autoritaire.
"Alors, on fraude pour avoir sa boisson ?"
Merde. Je suis grillé. Je me retourne vers la personne qui vient de parler, juste derrière moi. Je suis pourtant sûr qu'il n'y avait personne. C'est une femme plutôt jolie qui semble être dans la vingtaine, à peine un peu moins grande que moi.
"Haha ! Tu devrais voir ta tête, on dirait que tu as vu un spectre !
- Non, enfin je peux m'expliquer…
- Ça va, je te taquine mon grand."
"Mon grand" qu'elle dit… Voilà que je me fais draguer maintenant, c'est bien la première fois.
"Ça te dirait de m'accompagner en-dehors de la gare ? J'aimerais un peu de compagnie, mon grand"
Autant taper la discute pendant ma promenade, ça va me changer un peu de ma routine.
"Ouais, pourquoi pas"
"Alors, qu'est-ce qu'un charmant jeune homme comme toi fait dehors, la nuit, à marcher sous un ciel nocturne?
- Je peux vous retourner la question. C'est plutôt inhabituel que je croise quelqu'un à cette heure.
- La nuit est calme, apaisante. Alors je préfère sortir pour me ressourcer."
Ça nous fait un point commun.
Nous avançons sur notre route, en continuant sur mon chemin habituel, et arrivons rapidement à un lac proche de la voie ferrée dont on entame le tour, pour rattraper la forêt proche de ma rue.
"Et donc, tu cherches à te ressourcer?"
- Oui, m'évader de cette vie où on ne pense qu'au travail, qu'à se crier dessus, je cherche vraiment du calme et à me nourrir de la nature."
C'est fou. Elle et moi avons les mêmes raisons de sortir la nuit.
Nous passons enfin dans la forêt, dernier lieu avant que je ne rentre chez moi. Elle prend un peu de distance devant moi alors que je suis pris dans mes pensées, installant un silence assez gênant que je décide de briser.
"En fait on est pareils."
Elle s'arrête, et se retourne vers moi. Je poursuis.
"Toi et moi cherchons à nous évader, sortir de ce système et vivre comme bon nous semble."
À l’entente de ces mots, elle se met à sourire. Elle s'approche alors de moi et vient m'enlacer, alors qu’un grand sentiment de réconfort m'envahit.
"Ça alors. Jamais je n'aurais cru que ça marcherait.
- Quoi?"
Je ressens une drôle de sensation d'un seul coup, comme si on avait humidifié mon cou. Puis une forte douleur pulse à travers ma gorge, et je constate que cette fille vient de me mordre au cou. Paralysé, je suis incapable de bouger. Alors qu’elle continue de me sucer le sang, je peux sentir mon énergie se vider, incapable de me dégager. Bordel. Un vampire. Ça n’est pourtant que du folklore, une simple création pour faire peur aux enfants… Mais elle se tient bien là, dans mes bras, à m'aspirer les globules.
Enfin elle recule, avant d’essuyer le sang sur ses lèvres et de me regarder avec un grand sourire, me montrant ses crocs.
"Hm, je suis rassasiée !"
Ma vision se trouble et je chute dans le noir, sans que je ne sente aucun impact, aucune sensation.
Je me réveille dans mon lit, une vive douleur au cou, alors qu'il semble toujours faire nuit dehors. Mais je dois me rendre à l’évidence : j'ai dormi toute la journée. Bordel… J'ai besoin de sortir…
Je sors donc faire mon chemin habituel. Je passe les quelques rues près de chez moi, je passe par a grande avenue, puis suis le chemin de fer jusqu'à la gare pour prendre mes canettes journalières. Et là, je vois une femme, blonde, devant la machine à canettes, à chercher dans son porte-monnaie. Visiblement, elle ne m'a pas remarqué.
Je m'assois sur le banc, attends qu'elle finisse de trouver sa pièce, et décide de lui parler.
"Code A28"
Elle se retourne vers moi, l'air surprise.
"Mais… ce code n'est pas sur la machine.
- Non, mais il est codé comme étant gratuit. Donc vous n’avez rien à payer et ça vous redirige sur un produit de la même ligne pour même pas un rond."
Elle fait le code, hésitante, et une canette tombe de la machine. Bingo. Elle se retourne pour me remercier, puis nous commençons à marcher en prenant mon chemin habituel. J'ai besoin de me ressourcer, de me… nourrir de cette belle nature. J'ai une grande envie de me rassasier.
Oui, j'aime la nuit. On y fait de belles rencontres.
J'aime beaucoup la façon dans l'histoire est écrite et surtout la fin et assez amusante, je ne dirais pas que j'ai eu un frisson mais plus un rire. En tout cas l'histoire est bien,
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