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L'Autre Réseau


Temps approximatif de lecture : 7 minutes. 

Depuis un moment déjà, de nombreuses rumeurs circulent à propos du Réseau. Mais je crois être la première personne à réellement avoir enquêté sur son sujet. Je suis sans aucun doute le premier à partager le résultat de mes recherches. Je ne vais pas vous faire avaler tout ça en exagérant les choses. Je ne vais pas non plus vous dire tout ce que j’ai pu voir. Je n'ai pas l'intention de répondre à d'éventuels messages, mais je vais donner quelques instructions pour ceux que ça intéresse. 

Je ne sais pas si vous êtes déjà allé au nord du Pays de Galles. Il y a de nombreuses montagnes et vallées, quelques rares grandes villes. Là-bas, on trouve principalement des hameaux de campagne. Je suis allé voir à plusieurs reprises un ami vivant à Bangor, de ce fait je connaissais le chemin jusqu’à la côte. Arrivé là-bas, il suffisait de se rendre vers le sud en passant à travers les contreforts du Mont Snowdon.

Il m’a fallu un certain temps avant de trouver le vieux laboratoire. Cela faisait des années qu'il était abandonné, donc l’adresse n’apparaissait pas sur mon GPS, mais quelques locaux que j'ai croisés sur la route ont bien voulu m'indiquer l’itinéraire à suivre. Si vous prévoyez un jour de vous rendre là-bas, je vous conseille de demander votre chemin autour de vous. On se retrouve vite perdu sur ces petites routes de campagne.

Il y avait effectivement le panneau dont j’avais entendu parlé : l’inscription disant Gwynedd Climate Research Centre ("Centre de Recherche Climatologique de Gwynedd") était à peine lisible à travers la couche de peinture noire effritée qui avait été mise par-dessus. A la place était simplement inscrit le mot "fin", pour "impasse". 

En traversant ce joli extérieur, je me suis dirigé vers un passage étroit dont les haies, avait poussé sur une hauteur conséquente, s’étaient mélangées à des mauvaises herbes. Je ne parle pas d’un passage exigu du style : "Ah mince, ça va être embêtant si je croise une autre voiture". Je parle plutôt d’un passage qui te fait serrer les dents à cause de la végétation grattant la carrosserie de votre véhicule. Cette route laissait place à des graviers acérés. À mesure que la voiture avançait, j’entendais les cliquetis caractéristiques du gravier tintant sous le capot et j’ai rapidement compris que ça n'allait pas le faire. J’ai préféré rebrousser chemin et aller me garer. Après avoir ajusté la sacoche de mon ordinateur à mon épaule, je me suis muni d'une lampe-torche qui me venait de mon père. C’était une matinée plutôt grise et je n’avais aucune idée de l’état de l'éclairage de ce bâtiment. J'ai pris le temps de boutonner ma veste avant de me diriger vers la colline. 

À mon arrivée, la porte principale n’était pas verrouillée. J'ai tout de même fait un tour du bâtiment. Il ressemblait à la description faite sur internet : des fenêtres condamnées avec des planches, aucune ligne de téléphone ou de câbles électriques desservant le bâtiment, des murs presque entièrement couverts de graffitis. Il n'y avait aucun véhicule en vue et les caméras de surveillance, qui étaient en bien mauvais état, pendaient mollement. C’était bien suffisant pour moi.

L’intérieur était sombre, comme prévu. J’ai allumé la lampe-torche, ce qui a permis de mettre en évidence des murs crasseux et un sol poussiéreux. Il était étrange que ce bâtiment soit aussi peu dérangé, on aurait pu s'imaginer qu'il ferait un paradis pour les squatters, ou, au minimum, serait couvert de seringues et de préservatifs usagés. Comme la plupart des lieux abandonnés. Les graffitis étaient toujours présents, mais semblaient ici plus "hésitants". Leur espacement et leur irrégularité étaient de plus en visibles à mesure que j’avançais. À quelques pas de la réception, il n'y en avait déjà plus aucun. Les ados du coin s’étaient visiblement fait dessus. 

J’ai réussi à trouver le compteur électrique derrière le comptoir et j’ai commencé à appuyer sur quelques interrupteurs, rien que pour voir. Rien ne s'est passé. Soit les fusibles avaient tous sauté, soit il n’y avait simplement pas de courant du tout. Je ne savais pas. Mais je n’avais de toute manière pas les moyens de le réparer. Le mail que j’avais reçu à ce sujet indiquait spécifiquement de ne pas s’inquiéter concernant l’électricité, mais (et traitez-moi de poule mouillée si ça vous fait plaisir), si j’avais eu le choix entre des lumières en état de marche ou déambuler dans un bâtiment isolé sombre et effrayant, j’aurais préféré la première option.

Après être monté à l’étage en empruntant une cage d’escalier vide, j'ai pu ranger la lampe. Les fenêtres n’étaient plus barricadées et de larges rayons de soleil passaient au travers. La seule chose "inquiétante'' de cet endroit était qu'il soit si entretenu. Alors oui, tout était recouvert d’une épaisse couche de poussière et les quelques meubles qui avaient été laissés ici étaient entassés dans les coins, mais il n’y avait strictement aucun signe de dégradation humaine. Un amateur d’urbex tuerait sans aucun doute pour poser le pied dans ce genre de lieu. Pour dire la vérité, je ne me sentais pas le bienvenu là-bas. L’exemple le plus parlant qui me vient à l’esprit est quand nous arrivons très en retard en cours : tout le monde tourne son regard vers vous et vous sentez étrangement qu’on ne veut pas de vous ? Et bien, j’avais la même sensation. Une espèce de boule au ventre lorsque j’ai trouvé cette pièce.

C’était exactement comme le mail le décrivait : une large pièce typiquement faite pour accueillir un bureau, avec des marques sur le sol et le plafond aux endroits où étaient placés les habitacles, ainsi qu’un immense tas de chaises de bureau serrées les unes contre les autres dans un coin. Il n’y avait qu’un seul bureau dans cette pièce : installé contre le mur du fond. En m’approchant, j’ai remarqué que contrairement au reste du bâtiment il n’y avait ici absolument aucune poussière.

J’ai sorti mon ordinateur de son sac. C’était vraiment un modèle pourri datant des années 2000 que j’avais acheté en ligne pour seulement 30 livres. Je l’avais formaté et j’y avais installé le strict minimum. Je l’avais acquis spécifiquement pour l'utiliser durant cette excursion : hors de question que je prenne des risques avec mon ordinateur personnel pour une histoire lue sur internet, aussi intéressante soit-elle.

Une fois démarré, j’y ai branché le câble réseau. C'était un vieux câble gris, le genre qu’on associe aux vieilles tonalités grinçantes ou à nos parents se plaignant que nous parasitions la ligne téléphonique. J’ai dû me contorsionner derrière le bureau pour me frayer un chemin jusqu’à la prise en plastique afin de l'atteindre. J’ai découvert qu’un câble y était déjà branché, je l’ai donc retiré et l’ai remplacé par le mien. En me relevant, j’ai remarqué que le câble que je tenais en main était déchiqueté, comme si l’autre moitié avait été si brutalement arrachée que le plastique et les fils à l’intérieur avaient cédé. Je l’ai toujours quelque part dans mon bureau, d’ailleurs. 

Strictement rien ne s’est passé. Pas de fenêtre pour m’annoncer que je m’étais connecté au Réseau et le petit symbole en bas à droite affirmait que je n’étais pas connecté. Confus, j’ai vérifié le mail, que je m'étais assuré d'imprimer. Aucune mention de ce problème. Peut-être que le problème venait de la panne générale, contrairement à ce qui était écrit.

J’ai alors ouvert l’invité de commande et ai tenté d’envoyer un ping, c’est-à-dire une sorte de message que l’ordinateur envoie au serveur pour tester sa vitesse de connexion. Le ping, en quelque sorte, rebondit en étant renvoyé par les autres appareils connectés au même réseau que l’ordinateur émetteur. À ma plus grande surprise, j’ai reçu deux ou trois réponses automatiques. J’étais donc bel et bien connecté.

L’étape suivante était la connexion à internet. Ma page d’accueil était paramétrée sur Google, mais bizarrement, le programme a passé de longues minutes sur une page blanche, vide, avant d’être redirigé vers un moteur de recherche différent. Il ressemblait à Google par sa simplicité, un fond vide avec un champ de texte au centre, mais son adresse était “www.patriotsearch.com”.
A la place du logo Google, il y avait un croquis simplifié d’un soldat avec le visage stoïque, tenant un drapeau britannique d’une main et un drapeau américain de l’autre. Sur son casque se trouvait l'inscription “Semper Fidelis”. J’ai essayé d’aller sur YouTube. Erreur 404. À la place j'ai été redirigé vers patriotsearch. Ma bouche s’asséchait alors que je cliquais sur la barre de recherche pour me rendre sur le site de la BBC. Visiblement le réseau était toujours en ligne.

En survolant les titres, l'ensemble des doutes que j’avais ont finalement disparu.

- “La seconde guerre de sécession grandit en ampleur et en intensité”
- “Les troupes américaines redéployée en Afghanistan, Egypte et Turquie pour défendre le territoire”
- “La France et l’Espagne affaiblis après qu’une organisation terroriste ait déclenché une arme thermonucléaire à leur frontière”
- “Au Texas, la police fait circuler des images de vidéo-surveillance de l’homme possiblement coupable de l’enlèvement et du meurtre de plus de 50 femmes depuis 2008”
- “Les armes de poing sont dorénavant interdites par la loi aux États-Unis, après les fusillades de la Maison Blanche”
- “Les terroristes britanniques continuent les meurtres dans les villages frontaliers, ils revendiquent l’indépendance écossaise”
- “Un physicien allemand accusé de trahison arrêté par des agents américains. Lourdes saisies, dont, entre autre, ses recherches sur les univers alternatifs et les voyages interdimensionnels” 

Je me suis enfoncé dans une chaise avant d'allumer une cigarette. Je n’avais aucune idée précise de ce sur quoi je venais de tomber. Je n’en sais toujours rien, mais il s'agit de quelque chose d'énorme. Une sorte de réalité alternative ? Des articles venus du futur ? Ça avait l’air trop gros pour être une blague. Quoi qu’il en soit, comme le disait le mail, cet Autre Réseau, cet "internet alternatif", était situé entre notre monde et une autre dimension. Je suis retourné sur le site patriotsearch et j’ai commencé à taper tout ce qui me passait par la tête : "jeux olympiques", "Facebook", "Human Rights Act", "forces de police", "carte du monde actuelle".

Doucement mais sûrement, tout commençait à devenir plus clair. Une image du monde par-delà l'ordinateur, et le fin cordon ombilical qu’était mon câble. J’étais un aveugle qui tentait pas à pas de se frayer un chemin dans une grotte. Plus je lisais et plus j’étais effrayé. Beaucoup d’événements affreux se sont produits. Je n’ai ni le temps, ni la patience pour en faire la liste ici. Vous ne pouvez pas attendre de moi que je décrive l’entièreté d’une réalité et d'une histoire alternative, mais je vais tout de même vous donner quelques exemples : la police aux États-Unis et au Royaume-Uni s'est progressivement faite dissoudre pour laisser place à l’armée. De ce que j’ai compris, les seuls crimes sur lesquels on enquête sérieusement sont la trahison et la fraude, permettant à toutes sortes de meurtriers et de pervers de faire ce qu’ils voulaient. Certains d’entre eux ont même développé leur communauté d’admirateurs. Je suis tombé sur un site entièrement dédié à quelqu’un surnommé le "Boucher du Port". Le site comportait une galerie de photos et de vidéos sur le côté, et les choses que j'y voyais me rendaient malade. Le monde est surpeuplé, mais pas de la même manière qu'on pourrait dire que notre monde à nous est surpeuplé. Non, je veux dire vraiment surpeuplé. Londres est entouré de bidonvilles que l'on n'imaginerait pas trouver en dehors d’un état du tiers-monde. Il y avait tellement d'informations à emmagasiner que j’en oublie certainement la moitié au moment où j’écris tout cela.

Ah, et quelque chose s'est produit à New-York. Il y avait plein d’enregistrements datant des années 90, puis plus rien, comme si la ville avait simplement cessé d’exister. Je ne l’ai trouvée sur aucune carte. Aucune discussion à son propos sur les forums non plus. Je ne sais pas si c’est un cas isolé ou une des nombreuses villes ayant officiellement arrêté d’exister. Mais si vous décidez d'aller voir par vous-mêmes, ce serait quelque chose d’intéressant à rechercher. Ceci dit…

Ceci dit, je ne vous le conseille vraiment pas…

Un bip strident m’a soudainement alarmé. J’avais laissé l’invité de commande ouvert après avoir testé la connexion et il me notifiait d’un retour de ping. J’ai restauré la fenêtre, et il y avait effectivement un ping. Quelques instants plus tard, un second ping. Il venait d’une source différence cela dit : les adresses IP étaient listées avec les notifications. De ce qu’on en sait, ce bâtiment est le seul qui soit connecté à l'Autre Réseau, ce qui signifiait qu’ils ne venaient pas de ce côté. Alors que je tentais de comprendre ce qui se passait, un troisième ping retentit. J’ai eu un déclic, et j'ai commencé à avoir une boule au ventre. Je me suis aventuré dans le but de saisir l’inconnu et l’inconnu m’avait saisi en retour. Les gens de l’autre réalité avaient réussi à capter mes recherches maladroites et faisaient, à leur tour, des recherches sur nous.

À partir de là, mon ordinateur a rapidement commencé à faire n’importe quoi. La souris ne répondait plus et le curseur avait en fait complètement disparu de mon écran. Le navigateur s’était instantanément figé avant de me rediriger vers un autre site : une page blanche qui avait été chargée directement. Un fichier se téléchargeait automatiquement sur mon ordinateur. Son icône était un œil pâle dépourvu de pupille, et son nom, un simple espace. Bien que je ne m’inquiétais pas trop pour l’état de ce vieil ordinateur, l’idée que quelque chose venant de cet autre monde s’installe dans notre réalité était étrangement terrifiante. J’ai bondi pour me relever, et alors que le téléchargement en était à 75%, j’ai arraché le câble hors de la prise. Un bref bruit blanc a émergé du haut-parleur, et la barre de chargement s’est arrêtée, tout simplement figée sur l’écran. 

Dans la hâte, j’avais fait tomber ma cigarette, je me suis donc réinstallé afin d’en allumer une autre, puis je me suis mis à contempler la prise sur le mur : rayée et légèrement déformée suite à ma sortie pour le moins brutale du monde alternatif qui se trouve au-delà de cette dernière. 
 
Je n’ai aucune idée de la fonction de ce programme à l’icône d'œil, je n’ai pas vraiment cherché à le découvrir. J’ai démonté l’ordinateur avant d'écraser minutieusement chacune de ses pièces sous mon talon. Tout ce qui reste des entrailles de la machine est une poignée de pièces en plastique vert et des morceaux de métal tordus.

Quant à l’avenir réservé à ce vieux bâtiment de recherche climatologique, je n’en sais rien. Le conseil municipal de Gwynedd parle de le démolir depuis maintenant des années, et peut-être qu’un jour, ils se sortiront les doigts du derrière et se mettront enfin à la tâche. Pour être honnête, même s'il ne s’agissait plus que d'un tas de ruines et de cendres, je n'irai pas pleurer sa perte. En attendant, la prise, cette petite fenêtre vers l’inconnu, est toujours là. Si vous voulez désespérément enquêter, je ne vais pas chercher à vous arrêter. Quoi qu'il en soit, il est facile de voir que le monde alternatif visible à travers l'Autre Réseau ne représente qu’une ombre cruelle et pernicieuse de notre propre monde. Cela dit, j'aurais juste un mot pour les potentiels chercheurs : s’ils tentent d’entrer en contact avec vous, ignorez-les. S'ils essayent de passer, ne les laissez pas faire.

La communauté scientifique estime que, si les univers alternatifs existent, il serait alors impossible de transférer des objets physiques d’une réalité à l’autre. Là encore, bien que les données numériques ne soient que de simples impulsions électriques, le fait qu’une telle énergie puisse s’échanger entre deux réalités ouvre la voie pour d’autres visiteurs bien moins désirables. Je pense que quelles que soient les opportunités que nous offrent l'Autre Réseau, celles-ci sont contrebalancées par les risques. Car ce qui réside derrière ce voile n’est pas un monstre ou un démon, mais une autre humanité devenue froide et haineuse. Elle sait exactement comment nous pensons, et elle sait que nous allons revenir. 
Si tout ce que je viens de vous expliquer ne vous a toujours pas dissuadés, alors, je vous en supplie, soyez prudents. 

Ce texte a initialement été réalisé par Steven Shorter sur Creepypasta.fandom.com, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Freyja qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, Seven et Écho qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Litanie et Antinotice qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. 

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