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Le temps ce jour-là n'était pas propice à un enterrement. Surtout pour des funérailles aussi tristes que celles-ci. Il aurait dû être pluvieux et maussade, mais il n'y avait pas un nuage dans le ciel. Les oiseaux gazouillaient, l'air était chaud, le soleil chatoyait au travers des branches. C'était comme si le monde ne savait pas qu'un homme déprimé et solitaire venait de succomber à une mort triste et tragique.
Daniel Young se tenait au-dessus de la tombe de son fils alors qu'on y déposait le cercueil. Le regret qu'il ressentait était comme un couteau planté en plein dans son cœur. Il n'aurait pas dû déménager si loin. Il aurait dû l'appeler. Il aurait dû savoir qu'Eric devenait fou. Il aurait dû lui apporter l'aide dont il avait besoin. Mais il ne l'avait pas fait. Et maintenant, il n'avait plus qu'à ressentir cette haine envers lui-même. Il avait échoué en tant que père.
Une main douce se posa sur l'épaule de Daniel avec l'intention de lui apporter un peu de réconfort. Daniel détourna son regard du cercueil pour croiser le regard du père McKenzie. Le père McKenzie avait baptisé son petit garçon il y a 35 ans de cela, et maintenant il était ici pour l'envoyer dans l'au-delà. Très approprié.
Le père McKenzie ne se souvenait pas d'avoir baptisé Eric. Il avait réalisé beaucoup, beaucoup de baptêmes au cours de sa vie… Mais il n'oublierait jamais le jour où il était mort. Il avait déjà vu des hommes mourir, à l'hôpital, en pratiquant leurs derniers sacrements, mais il s’agissait toujours d’une mort beaucoup plus paisible que celle d'Eric Young. Les images des derniers instants du jeune homme étaient encore ancrées dans son esprit. Il revoyait son visage chaque fois qu'il fermait les yeux, chaque fois qu'il essayait de dormir. Mais ce qui le hantait le plus, c'était le visage de l'officier Green. La façon dont ses yeux s’étaient agrandis et avaient regardé au fond de son âme. La façon dont sa bouche s'était ouverte sous le choc. La façon dont son visage était resté figé dans la peur alors que le père McKenzie avait quitté le poste de police cette nuit-là.
Il avait confessé ses péchés à maintes reprises et priait encore pour le pardon plusieurs fois par jour, mais il ne pouvait pas se débarrasser du sentiment que ce péché-là ne serait jamais pardonné. Mais qu’aurait-il pu faire d'autre ? Il ne supportait pas l'idée de finir comme Eric. Surtout après la vision qu'il avait eue pendant l'absence de l'officier Green. C'était si frappant et si horrible qu'il ne voulait jamais voir ce qui était arrivé ensuite à cette pauvre fille. Eric l’avait vu, et regardez où il avait fini.
Le cercueil percuta le sol avec un bruit sourd et la machine s’arrêta. Le premier tas de terre éclata sur le dessus du cercueil en bois. Daniel inspira fortement par le nez et expira lentement par la bouche, essayant de se calmer et de retenir ses larmes. Il tourna les talons et s'éloigna, incapable de contrôler ses émotions. Mais le père McKenzie était resté. Il était resté jusqu'à la fin.
—
« J’ai fait un très bon café, dit l’officier Perry, en s’adossant à sa chaise et en buvant une autre longue gorgée.
— Je suis d'accord avec ça. »
L'officier Henry Freed n'avait jamais été un grand fan de café, mais Warren lui en avait imposé un cet après-midi-là. À présent, il allait probablement rester debout toute la nuit.
« Dommage que Matt ne puisse pas en profiter. Je parie qu'il n'est pas vraiment malade, il doit juste faire sa grosse mauviette à cause de ce type qui est mort hier.
— Ouais, j'ai entendu dire que c'était assez horrible, quand même. Je suis content de ne pas avoir eu à voir ça. »
Henry était l'un des agents les plus récents du commissariat et il était encore en train d'apprendre. C'était vraiment très excitant pour lui de travailler avec l’officier Perry ce jour-là, malgré son côté intimidant.
« Ce n'était pas si terrible. J'ai vu pire. Je suis dans la police depuis longtemps, vous savez.
— Oui, je sais. »
Le téléphone portable personnel de Warren se mit à sonner. Il sortit le vieil appareil de l’étui à sa ceinture et répondit sans hésiter.
« Warren ? »
C'était la voix d'une femme, mais elle ne semblait pas appartenir à un membre de sa famille.
« Oui, je peux vous aider ?
— C’est Shelly Green. Je… Je ne sais pas vraiment pourquoi je vous appelle mais… »
Il pouvait entendre qu'elle luttait pour remettre ses mots en ordre. Elle était même possible qu’elle fût en train de pleurer.
« Matt est parti ce matin. Après être rentré du travail, il n'a pas voulu me parler. Il a juste fait sa valise et est parti. Je voulais juste savoir si vous aviez une idée de ce qui ne va pas chez lui. »
— Oh mon dieu… Eh bien, nous avons eu un cas assez horrible la nuit dernière. Je pense que ça l'a vraiment touché. Il a probablement juste besoin d'un peu de temps pour se calmer. Je suis sûr qu'il reviendra bientôt. Vous savez où il est allé ? Je pourrais peut-être lui parler.
— Il a juste dit qu'il allait au motel. Je suppose que c'est le Blue Moon Inn. Je doute qu'il prenne la peine de sortir de la ville. Il ne répond à aucun de mes appels, mais peut-être qu'il vous répondra. Ça ne vous dérange pas d'appeler ? Vous n'êtes pas trop occupé ? » Après avoir entendu que Warren était prêt à l'aider, elle réussit à se ressaisir.
« Bien sûr que non. Ne vous inquiétez pas, je vais lui parler et lui dire de vous appeler, d'accord ?
— Merci beaucoup Warren. S'il vous plaît, dites-lui que je m'inquiète pour lui. Au revoir. »
Warren mit fin à l'appel et parcourut ses contacts pour trouver le numéro de l'officier Green. Il appuya sur le bouton d'appel et écouta les sonneries. Sonnerie après sonnerie après sonnerie. Puis il répondit finalement.
« Allô ?
— Matt, c'est Warren. Qu'est-ce qu'il y a ? Shelly vient de m'appeler pour me demander ce qui ne va pas chez toi.
— Oh mon Dieu… S'il te plaît, dis-lui que je vais bien et de ne pas s'inquiéter pour moi.
— Pourquoi tu ne lui dis pas toi-même ? Pourquoi tu ne rentres pas chez toi ? Je sais que voir ce type mort était difficile mais tu devrais être avec ta famille si tu as du mal à le supporter.
— Je ne peux pas… Je ne peux pas rentrer à la maison.
— Si, tu peux, mais…
— Je ne peux pas ! » L'appel fut coupé.
L’officier Perry secoua la tête.
« C'était quoi tout ça ? demanda Henry.
— Rien, vraiment. Je suppose que j'avais vu juste sur la raison pour laquelle Green est resté à la maison aujourd'hui. »
—
« Allô ?
– Hey Matt, c'est Tony, comment ça va ?
— J’ai euh… J’ai connu mieux.
— Ouais, j'ai entendu dire que tu t'étais fait porter pâle. Bref, j'ai des nouvelles d'Eric Young. Je viens de terminer son autopsie.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » La voix de l'officier Green s’était soudainement emballée.
« Eh bien, je ne suis pas sûr à cent pour cent — je dois encore envoyer certaines choses au labo pour avoir les résultats des tests — mais il semble que les marques de morsure autour de la cheville d'Eric n'étaient pas les siennes. Je pense qu'elles pourraient provenir d'une femme. Et il n'est pas mort d'une perte de sang, mais d'une crise cardiaque.
— Oh mon Dieu… Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu… S'il te plaît, dis-moi que c’est juste une blague de mauvais goût ! »
Matt avait l'air terrifié et en colère à la fois. Sa voix bouillonnait de frustration.
« Ce n'est pas une blague, Matt. Je ne plaisante pas sur ce genre de chose. Qu'est-ce qu'il t’arrive ? »
Tony entendit l'officier Green soupirer lourdement.
« Est-ce que tu crois en Dieu, Tony ? »
Il fit une pause pendant un moment. Où voulait-il en venir avec ça ?
« À vrai dire, oui, mais quel est le rapport avec tout ça ?
— Tony… Je suis au motel Blue Moon Inn, chambre 104. Viens, s'il te plaît, j'ai besoin de te parler. Je laisse la porte ouverte, tu pourras entrer directement.
— Matt ? Matt, que diable se passe-t-il ? Allô ? » Il avait raccroché.
Tony arriva au motel en 15 minutes. C'était juste à la périphérie de la ville. Son revêtement bleu était usé, les bardeaux commençaient à s'écailler, et l'atmosphère était tout sauf accueillante. Il se gara juste à côté de la voiture de Matt. Il s’approcha de la chambre 104, sentant que ses nerfs commençaient à s'agiter. Toute cette histoire était si étrange, il n'avait aucune idée de ce qu'il trouverait de l'autre côté de la porte.
Il décida de frapper d'abord, malgré le fait que l'officier Green lui avait dit d'entrer. « Hé oh ? » cria-t-il. Pas de réponse. Il pouvait entendre la télévision à l'intérieur, alors peut-être qu'il ne l'avait pas entendu. Il prit un moment pour se calmer et poussa la porte.
La pièce était exactement comme dans ses souvenirs de lorsqu'il était au lycée. Il sortait en douce de la maison pour y retrouver sa petite amie, car leurs parents étaient très stricts. Tous les adolescents le faisaient, et probablement encore à présent. Quasiment tout était identique. Un nouveau couvre-lit, une nouvelle télé, mais la même tête de lit, la même commode et le même papier peint. Ils avaient des dizaines d'années maintenant et ça se voyait. La chambre avait l'air un peu en désordre, ce que Tony trouvait étrange puisque Green ne pouvait pas être là depuis très longtemps.
« Matt ? Où es-tu ? dit Tony à voix haute en s'avançant lentement dans la pièce.
— Je suis dans la salle de bain… N'entre pas ! » prévint-il.
Entrer là-dedans était probablement la dernière chose que Tony voulait faire.
« Hum… Ok. Qu'est-ce qu'il se passe, Green ? Tu commences vraiment à m’inquiéter, là.
— Viens jusqu'à la porte pour qu'on puisse parler ! » hurla cria Matt.
Tony se dirigea vers le fond de la pièce et se tint devant la porte de la salle de bain.
« Ok, parle.
— Je sais pourquoi Eric Young est mort. Il était tourmenté par un fantôme. Elle le possédait, prenait le contrôle de son esprit et de son corps. Elle voulait qu'il ressente ce qu'elle a ressenti quand elle est morte. Il voulait qu'elle sache ce qui lui était arrivé.
— Matt, voyons… C'est un peu risible, tu ne crois pas ? » Tony savait que ce n'était pas complètement absurde. Il devait y avoir une explication aux marques de morsures féminines autour de sa cheville et à sa jambe rongée par le gel.
« Tony, je sais. L'esprit de Rose est en moi maintenant. Je vois les visions qu'Eric a vues. Tout se passe de la même façon. Je ne veux pas m'arracher les yeux !
— Hé, détends-toi, mec. Calme-toi. Tu es probablement en train de vivre un stress post-traumatique à cause de la nuit dernière. On peut appeler un thérapeute pour toi et tout ira bien. »
Tony ne voulait pas croire que Green avait raison, mais quelque chose lui disait que c'était le cas, que tout cela était réel.
« Non, je ne peux aller nulle part. Je ne peux voir personne ou je pourrais les toucher. Je ne veux pas faire subir ça à quelqu'un d'autre. Peut-être que si je meurs avant que quelqu'un me touche, Rose sera partie. »
Tony avait fini par céder. Il savait que l'officier Matt Green était un homme sensé avec la tête sur les épaules. Il fallait que ce soit réel pour qu'il réagisse de cette façon.
« Parle-moi de Rose.
— Rose… J'ai effectué quelques recherches pendant l'enquête hier soir. Elle vivait dans cette ville à la fin des années 1800. Elle a disparu un jour et n'a jamais été retrouvée. Je suppose que personne ne sait ce qui lui est arrivé. Personne à part Eric Young.
— Rose… Rose qui ? » Tony avait l’estomac noué et son cœur était comme remonté dans sa gorge.
« Rose Walker. Tony… As-tu un lien de parenté avec elle ? Sais-tu ce qu'il lui est arrivé ? Peux-tu m'aider à me débarrasser d'elle ? »
Matt avait enfin l'espoir qu'il pourrait s'en sortir, après tout. Il n'avait jamais pensé que quelqu'un qu'il connaissait aurait pu être au courant pour Rose. Elle avait vécu il y a si longtemps.
Bien sûr, Tony ne la connaissait pas personnellement — elle était morte bien avant sa naissance — mais il savait qui elle était.
« Rose Walker est ma grand-tante. C'était la demi-sœur de mon grand-père. Mais il ne l'a jamais rencontrée. Elle est morte quelques années avant la naissance de mon grand-père. Je ne devrais vraiment pas te raconter tout ça. Ce qui est arrivé à Rose devait rester un secret. C'était censé rester caché pour toujours, comme Rose l'était.
— Eh bien, elle n'est plus cachée. Elle est ici et elle est en colère. Il faut que tu m'aides, Tony. »
Juste à ce moment-là, le robinet s’ouvrit. Tony colla son oreille contre la porte pour essayer d'entendre ce qu'il se passait à l'intérieur. Le corps de Matt claqua contre la porte, faisant sursauter Tony qui se rejeta en arrière, se cognant lui-même contre le mur du fond. Il entendit d'autres bruits pendant environ une demi-minute, puis tout devint silencieux. La télé continuait à jouer à quelques mètres de là, mais tout le reste était calme.
« Green ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu vas bien ? »
Tony retourna à la porte et écouta à nouveau. Rien.
« Green ? »
Il entendit de l'eau couler… Puis ça s'arrêta.
« Tony… Tu dois m'aider. Dis-moi tout ce que tu sais sur Rose. » La voix de Green était plus douce maintenant, remplie de désespoir.
« D’accord… D'accord, je vais te le dire. Mais tu vas d'abord sortir de la salle de bain. » Tony posa sa main sur la poignée de la porte.
« Je ne sais pas… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
— Green, allez, ça va aller… Viens juste me parler face à face et je te dirai tout ce que je sais. »
Il y eut un silence pendant un moment alors que Matt réfléchissait à sortir. Il venait de s'évanouir à peine une seconde plus tôt, donc il aurait probablement un peu de temps avant que le prochain malaise ne survienne. Peut-être qu'il pourrait sortir pendant quelques minutes.
« Très bien… Je sors. Mais… ne me touche pas, d'accord ? »
Tony s’éloigna de la porte alors que Green sortait lentement. Au moment où la porte s'ouvrit, une bouffée d'air froid s'échappa puis se dissipa presque immédiatement lorsque Green referma la porte derrière lui. Tony s'assit sur le lit, tenant ses mains sur ses genoux, les fixant comme si elles avaient toutes les réponses. Il s'agita pendant quelques instants, essayant de se mettre à l'aise et de décider par où commencer.
« Ma famille… Les hommes de ma famille, ils n'ont jamais été des gens très bien. Officiellement, ça a commencé avec mon arrière-grand-père, bien que je sois sûr que ça a commencé bien avant lui. Il s'appelait James Walker et était avocat dans cette ville. Il possédait beaucoup de terres et était très fortuné. »
Green avait tiré une chaise du coin et s'était assis en face de Tony comme un enfant écoutant une histoire avant de dormir.
« Il a épousé une femme nommée Helen et ils ont eu une petite fille nommée Rose. Des années plus tard, leur mariage s'est effondré et Helen l'a quitté. Cela a vraiment nui à sa réputation d'avocat, mais surtout à Rose et à sa relation avec elle. Personne ne sait vraiment ce qui a mal tourné avec Rose, mais elle est devenue folle. Peut-être qu'elle a toujours été folle ou peut-être que l'abandon de sa mère et la relation tendue avec son père lui ont fait perdre la tête. Quoi qu'il en soit, James ne pouvait pas laisser quiconque savoir que Rose était dans cet état, alors il a fini par la laisser mourir dans la dépendance au fond du terrain. Personne ne sait si elle est d'abord morte de faim ou si c'est l'hypothermie qui l'a tuée, mais mon arrière-grand-père était responsable. Quelques années plus tard, il a épousé mon arrière-grand-mère, Mary, et ils ont eu mon grand-père, James Walker II. Sur le lit de mort de mon arrière-grand-père, il a raconté à mon grand-père ce qu'il s'était passé. Mon grand-père a lui aussi gardé le secret jusqu'à sa mort dans les années 90. Il nous a raconté à moi, à mon frère et à mon père ce qui s'était passé et nous lui avons tous promis de ne le dire à personne. Même si j'aurais aimé que mon arrière-grand-père soit puni pour ce qu'il avait fait, je ne veux pas non plus que le nom de notre famille soit terni par cette tragédie. Moi, mon frère, et maintenant toi sommes les seules personnes encore vivantes qui savent ce qui est réellement arrivé à Rose.
— Tony… tu dois le dire à tout le monde.
— Je ne peux pas. Mon frère s'occupe toujours de l'entreprise familiale, je ne peux pas lui faire ça.
— Qu’est-ce qui est le plus important, Tony ? La vérité ou l'argent ?
— C'est juste que… ce n'est pas vraiment mon secret que je partage. Ça ne m'affectera pas du tout, mais si les gens connaissaient la vérité sur ma famille, mon frère pourrait perdre toute la firme. » Tony se leva et commença à faire les cent pas. Le robinet. Il se rouvrit.
« Pourquoi est-ce qu'il continue à faire ça ? demanda Tony.
— C’est elle… c'est Rose. Je devrais y retourner. Ça pourrait se reproduire. »
Green se leva et commença à retourner vers la porte de la salle de bain.
« Qu'est-ce qu'il pourrait se reproduire ? » Au moment où les mots quittaient sa bouche, le corps de Matt se relâcha et tomba sur le sol avec un bruit sourd. « Matt ? » Tony se précipita vers lui mais juste avant qu'il ne soit sur le point de le faire rouler, Matt se retourna de lui-même. Il fixait Tony, avec juste le blanc des yeux visible.
Le son d'une voix féminine sortit de la bouche de Matt au moment où il dit : « Papa ? »
Tony recula lentement alors que Matt commençait à ramper vers lui.
« Rose… C'est toi ?
— Pourquoi tu ne m'aimes pas, papa ?
— Je ne suis pas ton père, Rose. Ton père est mort. » Tony ne pouvait pas croire qu'il parlait à une fille décédée. Il voulait croire que Matt lui faisait une mauvaise blague, mais la voix qu'il entendait suggérait que tout cela était beaucoup trop réel. Tony continua à se diriger vers la porte, prêt à s'enfuir à tout moment.
« Si tu veux te venger de lui ou quoi que ce soit d’autre, tu arrives trop tard. »
Rose poussa un cri et commença à se griffer le visage. Elle mit ensuite un doigt dans sa bouche et le mâcha, le sectionnant instantanément. « Matt ! cria Tony. Matt, arrête ! » Il voulait l'attraper par les épaules et essayer de le secouer pour qu'il arrête, mais il avait dit de ne pas le toucher et Tony n'allait pas prendre de risque. Matt… Rose, inséra un autre doigt dans sa bouche. « Rose ! S'il te plaît, arrête ! » Mais elle ne s'arrêta pas. Une autre morsure rapide et un autre doigt était parti. « Je vais le dire à tout le monde ! C'est ça que tu veux ? Je dirai à tout le monde ce qui t'est arrivé et combien tu as souffert si tu le laisses tranquille. » Matt fit une pause juste au moment où un autre doigt était pris.
« Tout le monde ? dit Rose. Et tu leur diras que c'était un homme mauvais ? Tu vas tout leur dire ? » La voix de Rose commença à paraître plus normale, moins frénétique et moins terrifiante.
« Oui, je te le promets. Je dirai tout à tout le monde si ça peut t'aider à avancer. » Tony avait cessé de reculer maintenant, la peur dans sa poitrine se dissipait lentement. Il y eut un silence pendant un moment, puis le corps de Rose retomba sur le sol. Tony rampa vers le corps de Matt, le sang de ses doigts jaillissant sur le tapis. Tony sauta par-dessus Matt et alla dans la salle de bain pour prendre une serviette. Il se dépêcha de revenir vers Matt, mais était réticent à l'idée de le toucher. Il se contenta de le fixer pendant un moment, regardant le sang continuer de couler. Heureusement, les yeux de Matt s’ouvrirent. Il poussa un cri quand la douleur de ses doigts le frappa.
« Matt, putain de merde. Prends ça ! » Il jeta la serviette vers lui et Matt l'enroula immédiatement autour des amas de chaire qui étaient ses doigts.
« Qu… Que s'est-il passé ?
— Toi… ou Rose… tu as arraché tes doigts. Je pense que tu les as avalés.
— Oh mon Dieu… Merci mon Dieu. » Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Matt, mais ce n'étaient pas des larmes de douleur.
« Elle est partie, Tony. Tu ne m'as pas touché, n'est-ce pas ? » La voix de Matt devint soudainement pressante.
« Non, bon sang, non ! Je lui ai dit que je le dirais à tout le monde et je suppose qu'elle a finalement dû lâcher prise. Allez, lève-toi, il faut qu'on aille à l'hôpital. »
Matt continuait de pleurer. Il avait été tellement sûr qu'il allait connaître le même sort qu'Eric Young, mais Rose l'avait épargné. Elle avait finalement pu passer dans l'au-delà et mettre fin à toutes ces souffrances.
L'officier Green perdit ses doigts. Heureusement, ce n'était que l'auriculaire et l'annulaire de sa main gauche. Bien qu’il lui fut très compliqué d'expliquer à tout le monde ce qu'il s'était passé. En fin de compte, il finit par dire aux gens que c'était un accident de scie circulaire. Il essaya de dire la vérité à Warren, mais il ne voulut pas le croire. Alors il continua avec l'histoire de la scie circulaire et agit comme si la vraie histoire n'était qu'une grosse blague.
Le cabinet d'avocats du frère de Tony est toujours en activité. Pas étonnant, puisque personne ne sait ce qu'il s'est passé. Tony n'a jamais révélé à personne ce qui était arrivé à Rose. Maintenant qu’il était sûr qu'elle était passée de l'autre côté, que pouvait-il se produire s'il ne tenait pas sa parole ? Les esprits ne peuvent pas simplement revenir de l'au-delà, n’est-ce pas ?
Ce texte a initialement été réalisé par LAKK sur Creepypasta.com, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Shayanna qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, Noname, Kitsune, Criv, Orizy, AngeNoire et Antinomy qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Litanie et Magnosa qui se sont chargés de la correction et la mise en forme.
Vraiment passionnant, je suis déçu que ce ne soit pas plus long.
RépondreSupprimerOn va avoir une troisième partie ?
RépondreSupprimerMalheureusement non.
SupprimerBeaucoup aimé la fin m'a bien fais rire.
RépondreSupprimerJe trouve la fin un peu bidon quand même.. une petite disquette et hop! Le fantôme disparaît, c'est dommage j'avais vraiment apprécié ces textes
RépondreSupprimerHistoire très bien construite et qui tient en haleine, du contenu de qualité
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