La pluie battait son plein quand Louise ouvrit péniblement la porte grinçante de sa vieille maison.
Trois soupirs plus tard, elle enjamba le « petit cadeau » déposé par le chien du voisin, et ouvrit lentement son parapluie. Ses petits yeux gris semblaient tout connaître de la lassitude humaine, et sa démarche quelque peu déséquilibrée la rendait loufoque aux yeux de son entourage.
Elle n’avait pas d’enfants, elle n’avait jamais aimé ces êtres ridiculement agités et stupides. Les rares fois où les gamins du quartier sonnaient chez elle suffisaient à lui valoir la réputation de « vieille sorcière de la maison bleue ». Louise en riait amèrement quelques fois : ça en valait peut-être la peine, si ça réussissait à ficher la trouille de leur vie à ces mioches.
La couleur de ses yeux se mélangeait au teint du ciel, qui continuait à s’assombrir. La pluie mitraillait au dessus sa tête, menaçant de percer la fine couche de tissu la séparant de l’averse. Perdue dans ses pensées, elle avançait.
Louise se disait que s’il lui arrivait de mourir un soir, dans son lit, on ne le saurait que quelques jours plus tard, voire quelques semaines. À son enterrement viendrait sûrement Mme Marcel, avec laquelle elle avait partagé quelques goûters à la ferme d’Aulnes. Ce souvenir lui fit esquisser un fin sourire, qu’elle s’empressa de cacher avec son écharpe.
Les doigts gelés, elle appuya sur la sonnette métallique.
« Bienvenue Louise, entre donc ! »
Petit pas après l’autre, elle tomba sur le fauteuil en cuir froid et jeta un regard en biais à la boiserie. Son regard croisa celui de la jeune femme, cherchant maladroitement dans les feuilles éparpillées de son bureau.
« J’ai encore rêvé de Charles hier. »
Trois soupirs plus tard, elle enjamba le « petit cadeau » déposé par le chien du voisin, et ouvrit lentement son parapluie. Ses petits yeux gris semblaient tout connaître de la lassitude humaine, et sa démarche quelque peu déséquilibrée la rendait loufoque aux yeux de son entourage.
Elle n’avait pas d’enfants, elle n’avait jamais aimé ces êtres ridiculement agités et stupides. Les rares fois où les gamins du quartier sonnaient chez elle suffisaient à lui valoir la réputation de « vieille sorcière de la maison bleue ». Louise en riait amèrement quelques fois : ça en valait peut-être la peine, si ça réussissait à ficher la trouille de leur vie à ces mioches.
La couleur de ses yeux se mélangeait au teint du ciel, qui continuait à s’assombrir. La pluie mitraillait au dessus sa tête, menaçant de percer la fine couche de tissu la séparant de l’averse. Perdue dans ses pensées, elle avançait.
Louise se disait que s’il lui arrivait de mourir un soir, dans son lit, on ne le saurait que quelques jours plus tard, voire quelques semaines. À son enterrement viendrait sûrement Mme Marcel, avec laquelle elle avait partagé quelques goûters à la ferme d’Aulnes. Ce souvenir lui fit esquisser un fin sourire, qu’elle s’empressa de cacher avec son écharpe.
Les doigts gelés, elle appuya sur la sonnette métallique.
« Bienvenue Louise, entre donc ! »
Petit pas après l’autre, elle tomba sur le fauteuil en cuir froid et jeta un regard en biais à la boiserie. Son regard croisa celui de la jeune femme, cherchant maladroitement dans les feuilles éparpillées de son bureau.
« J’ai encore rêvé de Charles hier. »
Louise dit cela d’un air cinglant, comme s’il s’agissait d’une fatalité. Elle fixait le sol d’un air mi- abattu mi-coupable.
« Que te disait-il, cette fois-ci ?
– Qu’il m’emmènerait avec lui...
– Voyons, tu sais bien que ce n’est que ta peur qui s’exprime encore à travers ton rêve. Tu as peur de mourir et je le comprends, mais chaque chose a une fin, Louise. Vis simplement tel que tu le souhaites sans faire attention à tout ça, ok ? »
La réponse ne semblait pas satisfaire son esprit tourmenté, et tout le long de la consultation lui apparaissait le visage de Charles tout déformé, moqueur. Elle entendait sa voix jusqu’au plus profond de son âme.
« Merci beaucoup Docteur, mais j’ai l’impression qu’on va s’arrêter là pour aujourd’hui. Je ne me sens pas très bien, vous comprenez ? J’ai besoin de me reposer. »
Au lieu de l’apaiser, cette séance ne l’avait rendue que plus morose. Et cette fichue pluie qui ne s’arrêtait pas de tonner au dessus de la ville. Ça la rendait presque folle.
Son monde tournait tout autour d’elle, et ses souvenirs l'accablaient à chacun de ses pas. Quatre pilules trouvèrent donc rapidement leur place au fond de l’estomac de Louise, sans pour autant que l’esprit de cette dernière ne soit épargné.
L’horrible grincement de porte finit par l’agacer, et elle cogna contre le vide en grognant.
Le sommeil ne lui vint pas, cette nuit là. Elle était hantée par son passé, son crime. Elle avait tué Charles, le petit-fils de Mme Marcel à la ferme d’Aulnes, juste après les madeleines au miel. Elle avait senti son sang tout chaud couler le long de ses doigts crochus. Finalement, elle n’avait encore jamais retrouvé la sensation de paix et d’accalmie que lui avait provoqué le dernier soupir de Charles. Non, plus jamais.
Elle avait certes croupi en prison pendant des années, avant d’être relâchée après une révision du procès car déclarée instable, et ayant des soucis de santé.
Mais voilà maintenant cinq ans qu’elle avait été relâchée, et cinq ans qu’elle repensait à tuer une nouvelle fois. Cette pensée la hantait d’un plaisir malsain. En y repensant, elle goûta au merveilleux silence de sa demeure et se mit doucement à fermer les y...
« Vilaine, vilaine sorcière de la maison bleue... En te réveillant, on est fougueux... Sors de ton château.... Munie de ton râteau... Cours-nous après... Et mange nous les doigts de pieds ! »
La comptine se répétait sans fin. Une litanie enfantine, presque un rituel démoniaque aux yeux des gamins excités. Le souffle coupé, la peur se transformait en adrénaline. Ils appréhendaient d’un regard vif la sortie de la mégère, s’apprêtant à s’élancer dans une course furtive au moindre mouvement. Louise en avait plus qu’assez. Bientôt, les visages de leurs cadavres iraient rejoindre celui de Charles, se disait-elle. Elle enfila son peignoir.
« Vilaine, vilaine sorcière de la maison bleue... En rentrant chez toi, on est heureux... On n’a pas peur de toi... Même si tu manges des rats... Tu es cinglée... Jamais tu vas nous attraper... »
Les enfants ne pensaient pas forcément à mal. Ils se sentaient même comme des héros, à affronter le personnage qui avait terrorisé leurs amis. Leurs émotions bouillonnaient et ils mouraient d’envie de prouver qu’ils étaient au dessus des légendes. Ils rêvaient d’être acclamés, les yeux ébahis de leurs petits camarades les dévisageant avec envie.
Un couteau se glissa furtivement dans l’une des poches du peignoir. Elle repensa au sourire de Charles.
« Tatie, tu veux bien venir jouer dans les bois avec moi ? Je m’ennuie tellement. Dis, tu viens, dis ? »
Elle le fit brièvement sortir de son esprit. Il fallait qu’elle se concentre, elle n’était plus toute jeune, désormais. Pour réussir à tuer, il fallait guetter, et attaquer quand la proie était la plus vulnérable. Louise attendit tranquillement la venue des enfants intrépides, et fit claquer l’énorme porte en bois derrière eux.
La traque pouvait commencer.
Elle saisit les cheveux du premier enfant dont elle repéra l’ombre, derrière le pommier. Un cri strident lui perça les oreilles. Cri qui s’estompa peu à peu, laissant place à d'horribles borborygmes tandis que le malheureux agonisait dans son sang.
Louise éclata de rire. C’est la
première fois depuis l’assassinat de Charles qu’elle s’amusait autant.
Elle attrapa les enfants un par un, et leur fit subir les pires sévices
que ce monde ait créé. Le goût métallique du sang lui avait
manqué, et bon dieu ! ce que les yeux verts de la petite blonde
étaient délicieux. Elle se délectait de son triomphe. Qui aurait pu
croire qu’une vieille dame comme elle eût pu accomplir tous ces petits
prodiges. Fière, elle se lava méticuleusement les mains, se rafraîchit le visage, reprit deux pilules.
Une fois le ménage entamé, elle ne put plus s’arrêter. Tout redevint monstrueusement propre.
Puis, elle s’endormit. D’un sommeil profond, calme, doux.
Des voix au dessus de sa tête la réveillèrent et brisèrent le calme qu’elle s’était construite en dormant. Trop embrumée pour comprendre ce qu’on pouvait bien dire, elle s’en fichait. Elle voulait juste dormir, c’était trop demander ? Mais l’effet des pilules prenait fin, et son illusion s’estompait peu à peu.
« Elle a recommencé, on dirait.
– Je vois ça. C’était clairement pas une bonne idée de laisser son neveu venir la voir.
– Charles est un bon p’tit gars, Patrick. Il est juste venu s’assurer que tout allait bien pour sa vieille tante.
– Ça l’a perturbée, on dirait. M’enfin bref, on doit ranger tout ce bordel.
– Ouais... Ce que ça pue, les rats morts.
– Faudrait vraiment penser à améliorer l’hygiène des hôpitaux psychiatriques, ça va plus du tout là.
– Ah bah ! C’est pas notre vieille folle qui va se plaindre de ça, mon vieux, elle a l’air de s’être régalée. »
– Faudrait vraiment penser à améliorer l’hygiène des hôpitaux psychiatriques, ça va plus du tout là.
– Ah bah ! C’est pas notre vieille folle qui va se plaindre de ça, mon vieux, elle a l’air de s’être régalée. »
Texte de Lillythe
J'aime bien cette histoire parce qu'elle est un clin d'oeil aux Gilets Jaunes.
RépondreSupprimer... quoi ?
SupprimerQuel rapport ?
Belle histoire. Sympa le clin d'oeil aux gilets jaunes, ça colle à l'actualité.
RépondreSupprimerEuh, quelqu'un pourrait m'expliquer le rapport aux gilets jaunes s'il vous plait ?
RépondreSupprimerC'est pourtant évident... Je te donne un indice : Le dialogue à la fin.
SupprimerJe vois toujours pas :| j'ai raté une anecdote ?
SupprimerAccessoirement, ce texte a été proposé le 02/10 sur le forum.
SupprimerSi clin d'oeil il y a, c'est de fait fortuit.
Nan mais laisse tomber les gens voient des références là où ça les arrange même s'il n'y en a pas. Une histoire bien sympathique en tout cas.
SupprimerSympa la référence en effet
RépondreSupprimerMais y a pas de référence bon sang !
SupprimerDu coup elle a tuer les enfants ou pas ? J'ai pas compris la chute à la fin. Oh et quelqu'un pourrait m'expliquer la fameuse référence aux Gilets Jaunes. Parce que je la vois pas du tout :/
RépondreSupprimerLa " el famoso référence au gilet jaune est un troll ", vue que il n'y en a pas vous allez continuez a en parler en boucle ... voila
RépondreSupprimerSi nan pour la fin elle tue personne elle est juste folle et s'imagine beaucoup de chose
D'accord merci beaucoup pour l'explication. Pour la fin je m'en doutais mais j'étais pas sûre ^^ Sinon pour la fameuse référence j'avoue que ça m'a perturbée au début que tout le monde la voit ! J'ai relu le texte 3 fois '^^
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