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Apocalypse - Chapitre 2 : Gourmandise

Nous sommes finalement arrivés à destination après beaucoup d'heures de vol. Paradoxalement, j'avais étudié la langue durant plusieurs années,  mais je n'avais jamais mis les pieds en Chine, jusqu'à maintenant. Moi qui pensais que les aéroports en France étaient toujours bondés, ce n'était rien face à celui de Pékin. C’était noir de monde. Il n'y avait pas un seul espace de libre, je n'avais jamais vu une chose pareille. J'avais l'impression que si je quittais le professeur ou Père Jean du regard une seule seconde, je les perdrais pour toujours. 

Finalement, tant bien que mal, nous sommes parvenus à nous frayer un chemin parmi la foule, jusqu'à la sortie de l'aéroport. Là-bas, il y avait plusieurs personnes, tenant des panneaux à bout de bras, sur lesquels étaient inscrit des noms. En chinois, bien sûr. C'était enfin à mon tour de briller.
J'ai prévenu mes deux compagnons, et je les ai emmenés vers la femme qui tenait le panneau sur lequel était inscrit le nom du professeur. 

«好。这是Blondeau教授。这是约翰神父我是埃德加
Bonjour. Je suis Mei, je parle français. Enchantée de vous connaître. »

Eh bien, pour mon heure de gloire, je pouvais me la mettre où je pense. Après quelques minutes de présentations et de discussion entre Mei et le professeur, j'en venais à me demander s’ils avaient vraiment besoin de mes talents d’interprète. Nous sommes finalement partis en taxi vers la gare où nous attendait un train vers notre prochaine destination : le Tibet.

*** 

Arrivés finalement à Lhassa après un voyage interminable, nous avons d'abord déjeuné dans un petit restaurant, un des seuls de la ville. Il faut dire que ce n’était pas comme dans les films. La seule chose omniprésente ici, c'était la pauvreté à tous les coins de rue, et la police chinoise qui nous arrêtait toutes les 20 minutes pour nous poser des questions.
Les relations entre la Chine et le Tibet étant très tendues, les autorités locales ne tenaient pas à ce que des étrangers viennent fourrer leur nez dans leurs affaires. Heureusement, la présence de Mei à nos côtés était un vrai plus. Les policiers étaient beaucoup plus enclins à nous laisser partir sans trop nous retarder quand ils voyaient qu'une Chinoise nous accompagnait.
Après quelques heures de marche à travers la ville et la montagne environnante, non sans avoir préalablement acheté des vêtements plus chauds pour éviter de mourir de froid à cette altitude, nous sommes arrivés au temple bouddhiste. Le bâtiment était magnifique, j'ai pris énormément de photos pour les montrer à ma famille au retour.
Mei était partie discuter avec les moines en charge du temple, pendant que nous admirions l’édifice et les paysages alentours. Elle est revenue vers nous et nous a fait signe de la suivre.
Nous avons pénétré dans le temple, et sommes arrivés dans une pièce carrée, avec au centre un autel. Autour de cet autel étaient installés en tailleur des moines, qui semblaient méditer. Dessus, on pouvait voir un bol en verre, tout ce qu'il y avait de plus normal. Ả noter que ce bol n'était pas vide, il semblait contenir une soupe.
Nous étions séparés par une vitre des moines et de l'autel. Il n'y avait aucun moyen de passer de l'autre côté, à moins de casser cette vitre, ce qui me semblait peu probable, car elle semblait renforcée. 

J'ai rapidement demandé à Mei si elle savait ce que qui se passait dans cette pièce, mais elle m'a juste répondu que les moines passaient une sorte d'épreuve de foi. Je lui ai bien sûr demandé de quelle épreuve il s'agissait, mais elle ne répondait plus à mes questions. Elle semblait fascinée par le bol au centre de la pièce. 
Je me suis tourné vers le prêtre et le professeur, et, à ma grande surprise, eux aussi étaient comme hypnotisés. Ils regardaient le bol avec une envie apparente. On pouvait noter de la bave sortir de leur bouche. Ils ressemblaient à des personnes qui n'avaient pas mangé depuis plusieurs jours devant une bonne entrecôte.  
Puis je l'ai sentie aussi. L'odeur venant du bol.

Quand elle a pénétré dans mes narines, j'ai tout de suite fixé mon regard sur le bol. Cette odeur avait ouvert mon appétit d'un coup. Même si j'avais bien mangé au déjeuner, mon ventre criait famine, et le contenu du bol me faisait saliver.
Le contenu du bol était ce que je désirais le plus au monde. Plus rien ne m'importait. Je ne vivais que pour manger le contenu de ce bol, et cette vitre renforcée m'en empêchait. J'ai alors frappé la vitre de mes poings, jusqu'au sang. Le professeur se tapait la tête contre la vitre. Il était comme dans un état second. Le prêtre implorait Dieu de le laisser goûter à cette nourriture qui lui faisait tant envie. Mei, quant à elle, était en train de lécher la vitre, comme si celle-ci avait le goût de la soupe contenue dans le bol.

Puis des moines sont venus nous empêcher de nous faire plus de mal. Ils voulaient nous faire quitter la pièce, mais un événement était venu interrompre notre état de transe.
Un des moines qui méditait dans la pièce, au-delà de la vitre protectrice, s’était levé et avait couru vers le bol. Puis avait avalé d'un coup la soupe contenue dans celui-ci.
Les autres moines ne bougeaient plus. On pouvait voir certains pleurer, d'autres méditer de plus belle, alors que d'autres encore ont commencé à marmonner des prières.
Mais ce n'était pas fini, car le bol, qui était désormais vide, se remplissait de nourriture tout seul. Comme par magie, personne ne l'avait rempli. La nourriture était apparue d'un coup. Il ne s'agissait plus de soupe, mais de riz cette fois ci. 

J'ai eu à peine le temps de me demander comment cela était possible que le moine avait une nouvelle fois tout avalé. Puis le bol s’était de nouveau rempli d'une autre sorte de nourriture.
Et le moine l'avait avalée goulûment. Et ainsi de suite. Le moine continuait de manger la nourriture qui semblait réapparaître, encore et encore.
Une fois que son estomac était rempli, il vomissait, puis recommençait à manger de plus belle.

Nous assistions à ce spectacle, bouche bée. Mei, ne pouvant en voir davantage, était sortie pour vomir. Le professeur semblait fasciné, et marmonnait "J'avais raison... Tout est vrai !" Il souriait devant ce dégoûtant spectacle. Père Jean tenait son crucifix dans sa main et priait de toutes ses forces.
Au bout d'un moment, alors que le moine continuait à manger, un bruit sourd s’est fait entendre. Le moine s’était écroulé, de la bave et du vomi sortant encore de sa bouche.
Il avait dû s’étouffer avec la nourriture qui s’agglutinait dans sa gorge, et, manquant d'air, était mort. 

Je me préparais à rejoindre Mei à l’extérieur, quand j'ai entendu Père Jean crier.

« O Diabo ! O Diabo esta aqui ! »

Il regardait vers le centre de la pièce. Le moine, qui était censé être mort, venait de se relever. De la nourriture lui sortait de la bouche et même du nez, il ne pouvait sûrement pas respirer comme ça. Pourtant, il était retourné manger. 

Il était mort, mais mangeait encore. Rien ne pouvait l’arrêter de se nourrir. Il a continué pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il soit trop lourd pour se tenir debout. Il s’est écroulé sur le dos, et semblait ne plus pouvoir se relever. Il agitait les bras, comme par dépit, pour pouvoir retourner manger.
Puis un moine est entré dans la pièce, et a annoncé que la victime avait malheureusement échoué à l’épreuve. Il a demandé à tous de quitter la pièce, afin de pouvoir venir récupérer le cadavre de ce pauvre religieux, qui se tortillait sur le sol.


***  

Nous sommes donc sortis, et, une fois dehors, je me suis assis sur un mur, pour reprendre mon souffle et me remettre de mes émotions. Je venais d'assister à quelque chose d'hors du commun. C'était... surnaturel. Cela relevait du domaine du paranormal. Ce n’était pas possible.
C’était surement le tournage d'une scène de film. Cela devait être sûrement ça. Je suis retourné voir les autres, pour leur demander leur avis.
Le professeur affichait un sourire.

« Mais enfin, qu'est-ce que c'était que ça ? 
C'est la preuve, mon jeune ami. La preuve que j'avais raison, et que le texte était authentique.
Ce n'est pas possible. C'était du cinéma. Une chose pareille ne peut arriver...
C’était bien réel. Ne l'as-tu pas sentie en entrant dans la pièce ? Cette faim... cette... Gourmandise ! Ce bol était le symbole du premier péché mortel, la gourmandise. Il faut en informer le Vatican au plus vite. »

Il avait raison. Je me voilais la face en me disant que tout ceci était truqué. Mais il est vrai que cette sensation de faim intense en entrant dans la pièce ne s'expliquait pas. Surtout que je n'avais plus du tout faim en sortant.
Père Jean était dans tous ses états. Il n'avais pas arrêté de prier depuis qu'on était sortis, et embrassait sa croix en chuchotant des prières. Il devait se sentir comme Saint Thomas, à présent.
Mei avait disparu, ce qu'elle avait vu dans cette pièce avait probablement été trop éprouvant pour elle. Moi-même, si je n’avais pas été au milieu d'un endroit totalement inconnu pour moi, je me serais déjà enfui à toutes jambes.

Puis le moine qui avait annoncé l’échec à l’épreuve est venu nous retrouver.
Il était au courant de la venue d'envoyés du Vatican ce jour-là, et nous a un peu expliqué en détails ce qui s’était passé.
Le bol était apparu un jour dans les montagnes, alors que les personnes qui y passaient tous les jours ne l'avaient jamais trouvé avant. Très vite, ça a été un joyeux bordel. Tout ceux qui s'approchaient trop près du bol développaient un appétit féroce, et mangeaient le contenu du bol, qui se renouvelait dès que celui-ci était vide. Et ils ne s’arrêtaient jamais de manger, comme on avait pu le constater au temple.

Seuls les moines tibétains, qui étaient réputés pour leur résistance à toutes sortes de tentations, semblaient protégés contre cet ensorcellement. Enfin, quelques-uns y succombaient quand même. C'est alors que les maîtres du temples ont eu l'idée de ramener ce bol au temple, de protéger les autres de son envoûtement, et de permettre aux moines qui souhaitaient tester leur détermination et leur foi de passer une heure dans la pièce où se situait le bol. S'ils échouaient, c'était qu'ils n’étaient pas digne d'être des moines, et donc mouraient.

Après cela, je n'ai plus eu d’appétit durant deux jours. Nous sommes finalement rentrés à la gare pour retourner à Pékin. Durant le voyage, alors que Père Jean n'avais plus parlé depuis cet événement, j'ai quand même demandé au professeur ce qui allait se passer ensuite.

« Le voyage continue, mon jeune ami. Ce n’était qu'un avant-goût de ce que nous allons voir à travers le monde. Nous devons nous montrer forts et dignes de la mission qui nous a été confiée, car le sort du monde pourrait dépendre de celle-ci.
Vous voulez dire que si ces évènements annoncent une apocalypse, celle-ci pourrait être évitée ?
C'est plus compliqué que ça. Mais nous le saurons bientôt. Maintenant, essaye de te reposer un peu.»

Il était vrai que je n'avais pas encore fermé l’œil depuis que j'avais assisté à cette scène effroyable. Je me demandais ce que j'allais bien pouvoir voir de pire pour les autres péchés capitaux, car la gourmandise avait déjà mis la barre haute.
Alors que je me préparais à dormir, je ne pouvais m’empêcher de me demander comment je faisais pour ne pas être choqué par ce que j'avais vu. J'avais quand même assisté à la mort d'un homme et à sa résurrection en mort-vivant, et, pourtant, je ne ressentais aucune peur et aucun malaise. De plus, je savais maintenant que la fin du monde pouvait être très proche, mais, malgré ça, je n’étais pas inquiet.

Qu'est-ce qui clochait chez moi ? C'est avec ces interrogations que je me suis endormi, espérant un jour meilleur pour le lendemain.

Texte de Kamus

12 commentaires:

  1. J'adore! Vivement la suite!!

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  2. Excellente histoire, qui me laisse sur ma faim ;)

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  3. Elle sort dans combien de temps la suite?

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  4. Une tournure plutôt originale avec un petit aspect comique ;-)

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  5. Vraiment exellent, le style d'écriture est parfait !
    Et puis une pasta sur les sept pêchés capitaux, c'est une super idée :)

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  6. Comme tout le monde avant moi, j'ai juste envi de dire que c'est une histoire géniale. Elle donne envie de lire la suite ! Merci pour ce bon moment de lecture ;)

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  7. Super histoire, effectivement.
    Mais quelque chose m'embête un peu. Bien que l'erreur soit commune, je me dois de le souligner: les sept péchés capitaux ne sont pas du tout des péchés mortels. Les péchés mortels sont ceux qui nous "condamnent", qui nous font perdre la grâce (le meurtre, le viol, etc.). Tandis que les péchés capitaux, eux, sont ceux dont découlent tous les autres. Le viol, par exemple, peut être issu de la colère, la luxure et l'envie.

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  8. Une mise en bouche plutôt violente mais tellement irrésistible x) On s'attache assez vite à cette histoire et à ses personnages.
    La présence énigmatique de ce "simple bol" interroge, comment peut-il disposer de telles capacités ?
    Sinon les sept péchés capitaux sont effectivement à la source de tous les autres, d'où leur dangerosité. Y succomber rends potentiellement possible les pires actes existants.

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