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Astucieux


Temps approximatif de lecture : 4 minutes. 

Il faisait sombre. Le temps était morne. Les nuages de pluie étaient partis, mais l'eau coulait toujours depuis les toits et les gratte-ciels. Les gouttes tombaient d'une manière hypnotisante, ce qui était dangereux dans cette ville où il était si facile de se faire avoir par surprise.

Un homme avec une capuche s'avançait vers moi dans le noir de la nuit, alors que je rentrais chez moi après une longue réunion au travail. Il a prononcé ces quelques mots, ces mots capables de déchirer une âme. Une simple question aux réponses infinies, mais au résultat presque toujours constant :  

« Je peux vous accorder un souhait. Quel est votre plus grand désir ? »

J'ai ri. Fou furieux ou non, je savais exactement comment ces histoires se finissaient toujours dans les œuvres de fiction : Le personnage principal fait un vœu, il est exaucé mais de terribles choses surviennent et il meurt à la fin. J'avais lu « La patte de singe ». J'avais regardé « Wishmaster ». Je n'allais certainement pas me montrer aussi imprudent et stupide.

Au moment où j'ai formulé mon souhait dans ma tête, tellement innocent qu'il aurait été impossible de le retourner contre moi, j'avais l'impression d'être quelqu'un d’immensément astucieux. J'ai alors dit à haute voix :

« Je veux que vous me donniez un dollar. »

Même un fou aurait aisément pu réaliser ce souhait. Mais j'ai rapidement réalisé que ce n'était pas un fou. Loin de là. Je l'ai regardé lever ses mains vers le ciel et tirer lentement un dollar vers notre réalité, comme s'il sortait d'un trou noir imperceptible à l'œil nu. Je le regardais, incrédule, alors qu'il se descendait dans le creux de ma main.

L'homme avait disparu.

À la maison, je n'ai rien pu faire d'autre que rester là et fixer mon dollar, ne sachant pas si j'avais vraiment vu ce que je croyais avoir vu. Comment avait-il pu faire ça ? Cet homme était-il vraiment une espèce de génie ? Est-ce que ce dollar était vraiment réel ? Étais-je en plein rêve ? J'étais certain que non. Mais ce n'était pas cela qui me tracassait le plus. La seule pensée qui tournait en boucle dans ma tête était : Est-ce que je viens réellement de gâcher un souhait offert par une créature surnaturelle, tout ça pour seulement un dollar ?

Je me disais que si l'homme à la capuche était le même genre de génie que l'on peut trouver dans les films d'horreur, il devait certainement avoir créé un Enfer personnel rien que pour moi. Au départ, je pensais qu'un dollar aurait des conséquences véritablement minimes. Sauf que je n'avais pas envisagé que le souhait se réalise pour de vrai. Je pensais me moquer d'un homme qui n'avait plus toute sa tête, mais il n'en était rien. Un être surnaturel avait exaucé mon vœu, puis il avait disparu.

J'aurais pu souhaiter n'importe quoi. N'importe quoi.

J'aurais pu souhaiter des milliards. J'aurais pu souhaiter un pouvoir surhumain. J'aurais pu souhaiter la putain de paix dans le monde.

Mais à la place de tout ça, j'avais un dollar.

Un dollar.

Je n'ai pas pu dormir cette nuit-là. Je n'ai pas pu dormir de toute la foutue semaine. Comment aurais-je pu ?
Chaque opportunité ratée ce soir-là me traversait constamment l'esprit.

La moindre idée de souhait ne serait-ce qu'un petit peu intéressante résonnait inlassablement dans ma tête. Une femme éclatait bruyamment sa bulle de chewing-gum dans le bureau d'à côté, j'aurais pu souhaiter que sa bouche soit définitivement collée. Le type mieux payé que moi qui n'arrêtait pas de me confier ses dossiers compliqués parce qu'il était incapable de les gérer lui-même, j'aurais pu souhaiter qu'il soit viré. Mon patron qui jour après jour ne faisait rien d'autre que de m'engueuler, j'aurais pu souhaiter sa mort dans le but de lui prendre sa place…

Je suis allé au travail samedi. La seule autre personne présente ce jour-là, c'était mon patron. Ce connard n'avait jamais réellement travaillé. Il ne venait que pour se taper sa petite secrétaire dans un bureau vide pendant que son épouse l'attendait sagement à la maison, en s'occupant de leurs deux enfants, persuadée qu'il partait pour faire bouillir la marmite.

Elle aurait été très heureuse de l'acte que je m'apprêtais à commettre.

L'agrafeuse posée sur mon bureau ferait l'affaire. J'ai croisé la secrétaire alors qu'elle sortait du bureau du patron. Elle s'est effondrée à mes pieds après que l'objet soit entré en contact avec son crâne. Mon patron, qui n'avait même pas fini de boutonner son pantalon, a essayé de m’intimider en me hurlant dessus. Mais je pouvais voir de la terreur dans son regard. Il en était incapable de se rhabiller.

Je l'ai violemment poussé contre le bureau, j'ai attrapé un stylo et je l'ai poignardé avec. Dans les deux yeux. Pour lui, ça n'allait pas être aussi rapide que le coup d'agrafeuse sur la tête. Alors qu'il se tordait de douleur, je me suis confortablement assis dans le fauteuil de bureau qui me revenait de droit.

C'est ça que j'aurais dû souhaiter.

C'était la première fois de la semaine que je me sentais véritablement heureux… 

À la réflexion, c'était, autant que je me souvienne, la première fois tout court que je me sentais véritablement heureux.

Quelqu'un faisait du bruit à un étage inférieur. Peut-être qu'il m'avait entendu ? Peut-être que c'était le patron de quelqu'un d'autre, lui aussi en train de se taper sa secrétaire ? Non, c'était sûrement quelqu'un qui n'avait pas l'audace de passer à l'acte pour avoir un meilleur travail. 

Peu importe. Qui que ce soit, je savais qu'il m'avait entendu car je commençais à percevoir au loin le son des sirènes de la police en train de se rapprocher du bâtiment. Je ne crois pas qu'ils accepteront de me laisser mon travail, après ce que je venais de faire pour l'obtenir.

Je me suis dirigé vers le toit de l'immeuble, traînant difficilement le corps tressaillant de mon désormais ex-patron. Une fois en haut, j'ai pu constater que j'avais raison. Des voitures de police étaient en train d'encercler l'immeuble. D'ailleurs, j'essayais d'en viser une lorsque j'ai balancé le corps tant bien que mal par-dessus le rebord. Je m'étais toujours dit que ce type aurait une place de choix à l'arrière d'une voiture de patrouille.

J'entendais les policiers qui commençaient à forcer la porte. J'ai pris un foutu dollar dans ma poche. Mon seul souhait. Mon stupide et unique putain de souhait. Je l'ai jeté le plus loin possible, puis j'ai sauté, juste avant que les policiers n'arrivent pour m'arrêter.

Une vie entière derrière les barreaux, ça n'aurait pas pu se résoudre avec un simple vœu…

Pendant que je tombais, j'ai baissé les yeux. Au milieu de la foule, personne ne semblait avoir remarqué un homme avec une capuche qui se tenait quasiment pile en-dessous moi. Il avait les bras grands ouverts, comme s'il attendait pour me saisir en plein vol.

Ma dernière pensée avant de repeindre le trottoir avec mon sang, qui fût d'ailleurs ma seule pensée véritablement lucide de la semaine, aura été que le Diable était tout compte fait bien plus astucieux que je ne croyais l'être.

Ce texte a initialement été réalisé par Provider92 sur Creepypasta.fandom.com, et constitue sa propriété. Toute réutilisation, à des fins commerciales ou non, est proscrite sans son accord. Vous pouvez tenter de le contacter via le lien de sa création. L'équipe du Nécronomorial remercie également Ramiso qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale, Écho et Orizy qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et Lykaon et Griff qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. 

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