Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.

Dernières nouvelles

Bonne année 2024 ! Un peu de changement chez nous : notre admin Naveen redevient uniquement référente de l'équipe de traduction, les candidatures sont ouvertes sur notre serveur Discord pour trouver un nouveau binôme à Magnosa !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

CFTC recrute de nouveaux Auteurs et lance une équipe Réseaux sociaux, rejoignez-nous sur Discord pour découvrir notre fonctionnement et passer les tests d'entrée !

Les 1% - Partie 5


Allen était un très bon garçon.

Il mangeait tous ses légumes. Se brossait bien les dents. Ne répondait jamais. Allen ne se plaignait pas que Mère l'habille toujours avec les même vêtements, même si les autres enfants se moquaient de lui. Il ne se salissait jamais, ne réclamait jamais de dessert en plus, et ne veillait jamais tard. Il faisait ses devoirs. Allen aimait les devoirs, tout particulièrement la biologie.

Allen n'aimait pas grand-chose. Il n'aimait pas son père. Il n'aimait pas son frère. Il n'aimait pas les autres enfants. Il n'aimait pas les petites chaussures noires qu'il devait porter tous les jours. Mais il ne se plaignait jamais. Il parlait à peine de toute façon, à part si on s'adressait à lui. Et même dans ces cas-là, il essayait de répondre le plus brièvement possible.

Les autres enfants se moquaient de lui. Il n'avait pas d'amis. Même quand les enfants le frappaient, Allen s'en allait, se débarbouillait et restait silencieux. Il ne servait à rien de crier. Il n'aimait pas le bruit de toute façon. Les autres enfants semblaient encore plus agacés par son manque d'émotions. Ce qu'ils lui faisaient subir était de pire en pire - comme le déshabiller et l'obliger à traverser toute l'école sans rien pour couvrir son petit corps. Ils riaient encore et toujours. Allen n'avait jamais supplié ou pleuré. Il allait juste voir le principal et lui demandait calmement des vêtements, étant donné qu'il avait perdu les siens.

Mère n'avait jamais rien su de ce que lui faisaient subir les enfants. Elle l'aimait vraiment beaucoup. Elle admirait sa façon de se contrôler. Même lorsqu'il était bébé, il pleurait rarement. Le mettre au monde avait été très facile, et elle s'était attendue à la même chose pour son deuxième enfant. Mais son plus jeune fils était l'exact opposé du premier. Il gémissait sans cesse. Il était bruyant et avait toujours besoin d'attention. Il faisait tout le temps des dégâts autour de lui.

Mais Allen - Allen était parfait.

A la remise des diplômes d'Allen, Mère n'avait pas pu s'empêcher de pleurer. Il avait l'intention de faire médecine. Son père l'avait poussé à devenir chirurgien, comme lui. Allen avait accepté sans montrer d'émotions. Mais Mère ne pouvait contrôler les siennes et des larmes avaient coulé silencieusement sur ses joues.

« Tu te ridiculises », lui avait rétorqué froidement son mari.

Allen était bien content d'en avoir fini avec le lycée. A cette époque, les autres élèves le laissaient tranquille la plupart du temps. Le fait qu'il ne réagisse pas à leur cruauté les avait lassés. Ils se concentraient sur des cibles plus faibles, comme son petit frère. Mais Allen n'aimait pas son frère, il se fichait donc de ce qu'ils pouvaient bien lui faire. Même quand celui-ci avait dû être hospitalisé pour hémorragie interne, il s'en fichait. Même quand il avait été découvert que ces brutes avaient enfoncé de force une batte de base-ball en métal dans le rectum de son petit frère, il n'avait pas réagi. Il avait plus important à penser.

L'école de médecine serait facile. Allen avait toujours été bon à l'école. Il avait eu des A dans toutes les matières, sauf en art. Il ne comprenait rien à l'art. Il n'en voyait pas l'intérêt. Pour ses devoirs, il dessinait des schémas compliqués de l'anatomie des animaux. Son professeur lui avait dit d'être un peu plus créatif. Donc Allen avait commencé à... « améliorer » les animaux. Il leur faisait des dents plus longues, des griffes plus acérées. Il essayait de les rendre parfaits. Mais son professeur ne trouvait pas ça assez créatif.

Il décida de laisser tomber le cours.

Mais à part ça, Allen était l'élève idéal. Il ne parlait jamais en classe et ne perturbait pas les autres étudiants. Il terminait toujours son travail dans les temps et ses devoirs étaient excellents. Il ne dérangeait jamais les professeurs. Il allait leur manquer.

Eux ne lui manqueraient pas. Il ne les aimait pas. Il n'aimait pas grand-chose.

Mais il aimait Mère. C'était une femme potelée avec des cheveux châtains ondulés. Elle avait une petite pointe d'accent allemand. Son père l'avait « rencontrée » en ligne, même si Allen suspectait qu'il ne l'ait achetée par correspondance pour l'épouser. Après tout, elle ne devait pas avoir plus de seize ans lorsqu'elle avait eu Allen. Son accent était alors très prononcé, mais son père l'avait forcée à le faire disparaître. Son père ne voulait pas qu'elle se fasse remarquer.

Mais Allen aimait bien la façon dont les mots sonnaient étrangement à cause du peu d'accent qu'il lui restait. Quand il était petit, elle lui chantait des chansons en allemand. Elle devait chanter doucement pour que son père ne l'entende pas. Il se souvenait des paroles de ces chansons. Allen détestait qu'on le touche, mais ça ne le dérangeait pas lorsque Mère l'habillait ou lui donnait son bain. Il s'était habitué à son bain quotidien,où elle le lavait avec une éponge. Ils ne parlaient pas pendant qu'il était dans la baignoire, mais quand sa main caressait accidentellement sa peau, il se sentait soulagé. Ça lui rappelait la sensation d'être nourri au sein. Il avait eu la chance de l'être bien après l'âge de neuf ans.

C'était le jour de la remise des diplômes d'Allen. Il était premier de sa classe. Son école lui avait demandé d'écrire un discours. Il l'avait fait, puisqu'on lui avait demandé, sachant pertinemment qu'il serait hué par les autres élèves. Le discours était court. Dans celui-ci, Allen remerciait sa famille et son école. Il parlait du futur. Allen apprenait à simuler des émotions.

Comme toujours, c'était Mère qui l'avait habillé. Elle lui avait enfilé son boxer, attaché son pantalon. Elle avait boutonné sa chemise blanche.
Elle lui sourit gentiment. « Tu es si beau », souffla-t-elle.

Il y eut un fracas, le petit frère de Allen avait dû jeter quelque chose contre le mur. Il leur fit face, la mine renfrognée. « J'y vais pas », dit-il sévèrement.

Mère ne détourna son regard d'Allen. « Très bien. Tout le monde se fiche que tu viennes ».

Son frère attrapa une lampe et la jeta au sol. « Je vais tout casser dans cette maison si vous m'obligez à y aller ».

Mère lui lança un regard agacé. « Comme je t'ai dit, tout le monde s'en fiche ».

Allen se racla la gorge, mais ne dit rien. Les crises comme celle-ci étaient courantes. Son petit frère avait été diagnostiqué comme ayant des « troubles du comportement ». Pour Allen, ça voulait juste dire qu'il était faible et stupide. Il réclamait tout le temps de l'attention, plus spécialement de la part de Mère. Mais Mère n'avait jamais aimé son deuxième fils. Il était trop compliqué et bruyant. Elle n'avait jamais eu besoin de l'aimer, puisqu'elle avait Allen.

Son jeune frère respirait bruyamment. Il inclina la tête. « Pourquoi tu ne m'aimes pas, Maman ? »

Mère se contracta. « Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Tu dois m'appeler Olga ».

« Mais Allen t'appelle Maman ! »

« Il m'appelle Mère. Et c'est comme ça que je veux qu'il m'appelle. Toi, tu dois m'appeler Olga ». Elle secoua la tête. « Tu n'es pas Allen ».

Le plus jeune fils fit un pas en avant. « Tu me le rappelles tout le temps ».

Mère et Allen étaient toujours proches, regardant de haut le garçon pathétique. Il avait seize ans maintenant. C'était presque un adulte. Il aurait dû savoir comment se comporter, et pourtant il agissait toujours comme un enfant. Allen fit claquer sa langue, montrant sa désapprobation.

« La ferme », commença à crier son jeune frère. « La ferme ! La ferme ! La ferme ! » Il attrapa l'objet le plus proche de lui, qui était le chapeau a casquette de cérémonie d'Allen. Il la jeta avec force.

Il y eut un moment de silence avant que Mère ne se mette à hurler. Allen réalisa alors que le coin pointu de son chapeau s'était logé en plein dans l'oeil de Mère. Allen ne savait pas quoi faire. Mère tomba au sol et arracha le chapeau de son oeil. Son globe occulaire vint avec, toujours rattaché à son crâne par un fin fil rouge. Elle hurlait. Allen n'aimait pas le bruit, mais il s'agenouilla près d'elle.

Son petit frère se mit à rire. « La prunelle des yeux de Maman », le provoqua-t-il. Il chercha dans la poche de son jean et en sortit un couteau suisse. Allen le regarda. « Non », implora-t-il.

Mais son frère était déjà sur sa mère, la poignardant encore et encore avec la petite lame. C'était comme s'il avait fini par craquer. Elle essaya de le repousser, mais elle perdait trop de sang. Allen réussit finalement à pousser son frère, serrant Mère contre lui.

« Qu'est-ce que tu as fait ? » dit-il. Il essaya de crier, mais sa voix ne voulait pas sortir.

Puis son père apparut dans l'encadrement de la porte. Allen Allship II regarda la scène sans rien dire. Il vit ses fils sur le sol et sa femme sombrant dans la douleur. Ses lèvres s'écartèrent en un léger sourire, le premier que ses fils virent de sa part. « Qui a fait ça ? » demanda-t-il.

« C'est James, répondit rapidement Allen, il faut appeler les secours. Elle est en train de mourir ».

James, le plus jeune fils, regarda son père. Il s'attendait à voir de la rage ou de la colère sur son visage. Mais tout ce qu'il vit fut quelque chose qu'il recherchait depuis sa plus tendre enfance - de la fierté.

« Je vois que j'ai favorisé le mauvais fils ». Il se dirigea vers James et l'aida à se relever. Il était couvert de sang. « Je suis impressionné, Allen ».

« C'est moi Allen », dit celui-ci d'un air interrogateur. Il tenait toujours sa mère mourante dans ses bras.

« Non. C'est lui Allen. Depuis le début ». Son père essuya un peu de sang sur le visage de James... sur le visage d'Allen.

« Alors je suis qui ? » Le fils aîné ne comprenait pas les émotions qui le submergeaient. Tout ce qu'il savait, c'était que sa mère était morte et qu'il tenait un cadavre dans ses bras.

« Toi, mon garçon, tu es #995 ». Son père tapota le dos d'Allen. « Nous avons beaucoup de travail devant nous. Mais je sens que tu vas faire honneur à notre nom ».

Traduction d'Undetermined.B

3 commentaires:

  1. Je m'y attendais pas .. j'adore cette histoire grâce à ce coté vraiment tordu

    RépondreSupprimer
  2. Plaisant de la relire en Français, même si j'avoue ne pas avoir su attendre toute vos parutions et ait été lire la VO à la fin de votre partie 3 xD
    Très bonne histoire, à découvrir pour qui ne connait pas ;)

    RépondreSupprimer