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Le pommier de Monsieur Fergunson

Dès qu’il l’avait vu, il lui avait déplu. Ce n’était pas que M. Fergunson était très capricieux ou trop exigeant, mais voir de sa chambre ce grand pommier planté en plein milieu du jardin le déprimait.
Sa vieille voisine l’avait pourtant prévenu lorsqu’il y avait emménagé. Un blabla en patois mal articulé autour d’un certain tueur, de sa dernière demeure, de son cadavre disparu, etc... M. Fergunson n’avait alors même pas cherché à lui expliquer. Il avait assez d’expérience pour savoir que les gens ne le comprendraient jamais, même ses proches. Mais malgré tout, il aimait ça. Les faits divers, les histoires morbides, les films d’horreurs... à 63 ans, c’était sa seule préoccupation. Alors quand il avait vu cette maison à vendre, son histoire sanglante, située près de la côte, avec cet immense jardin...et son unique arbre, il n’avait pas hésité.


Inutile de dire qu’aujourd’hui, il regrettait vivement son choix.
De toute façon, il ne pouvait pas être aidé par cette vieille femme. Elle était morte. Une des plus grosses branches de l’arbre l’avait écrasée dans son propre jardin, alors qu’elle arrosait ses fleurs. Il n’avait pu que se ruer hors de la maison, et y découvrir le macabre spectacle qui s'offrait à lui.
M. Fergunson frissonna. Il valait mieux ne pas penser à ça. Il se retourna alors dans son lit, vers la fenêtre...et vit l’arbre. Il se sentit soudain très vieux et très fatigué. Il regarda ses mains couvertes de terre. Tous ces événements le dépassaient.
La police était venue chez lui. Le retraité s’en était bien sorti. Les agents lui avaient juste demandé de faire venir un élagueur, sans poser plus de questions. Quelques jours plus tard, celui-ci était donc monté sous l’œil attentif de Fergunson, jusqu’à disparaître dans les feuillages...sans jamais en redescendre. Disparu. Volatilisé. Le pauvre homme était alors allé se coucher, les yeux fixés sur l’arbre, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Il n’avait trouvé qu’une casquette, 2 jours plus tard, au pied de l’arbre.
Il soupira.
Par chance, s’il pouvait encore parler de chance, on n’avait trouvé aucune preuve que l’élagueur était venu chez lui. En effet, il aurait vraiment eu du mal à expliquer ces deux morts à trois jours d’intervalle.
Puis il repensa à la suite, et frissonna de nouveau.
Décidément, non, il n’avait pas de chance.


Par une journée ensoleillée, sa sœur était venue le voir. Ils avaient discutés à une table, protégés par l’ombre du pommier.
Sarah Fergunson avait alors remarqué que son frère était étrange. Il semblait inquiet, et paraissait ne l’écouter qu’à moitié. Lorsqu'elle comprit que c'était parce qu'il demeurait fixé sur ce grand pommier, elle l’observa à son tour. Il devait bien faire une vingtaine de mètres. Sarah porta alors son attention aux fruits de l’arbre, de belles pommes d'un rouge appétissant. En même temps, c'était la saison. Elle en cueillit une.
Et s’arrêta net.
Avait-elle entendu un cri en provenance du tronc ? Non, bien entendu. Elle sourit, et croqua dans la pomme.
Un nouveau cri retentit. Mais cette fois, il venait de son frère. Étrangement, cela ne l'inquiéta pas. Au contraire, elle était tout à coup incroyablement détendue. Soudain, sans préambule, elle se sentit terriblement mal, comme si un grand vide s’étendait dans son corps entier. Sans trop savoir pourquoi, elle cria à son tour.
Puis cessa simplement de vivre.


Alors que M. Fergunson repensait à sa sœur, il maudit cet arbre une fois de plus. Il n’avait pas prévenu la police, bien sûr. Comment l’expliquer ? « Ma sœur est morte empoisonnée et c’est la faute du pommier. » Bien sûr, ils n’allaient pas le croire. Mais il n’était pas fou. Soit quelqu’un lui jouait des mauvais tours, soit cet arbre...était... et bien M. Fergunson ne savait plus vraiment quoi penser.
Donc non, il n’avait pas prévenu la police.
Il avait pris une pelle, creusé un trou dans son jardin, et y avait mis le cadavre de sa sœur.
En une heure, le trou était bouché.
Mais, fou de rage, il avait alors donné un coup de pelle dans ce pommier de malheur.
Avait-il, à ce moment précis, entendu un cri ?


M. Fergunson était toujours étendu sur son lit, le sommeil tardant à venir. Il détourna le regard de la fenêtre, regardant à nouveau la terre sur ses mains.
Non, cela ne pouvait pas se passer comme ça. Dès demain, il allait appeler quelqu’un pour déraciner cet arbre. Peu importe le prix. Le pommier ne serait plus qu’un lointain et très mauvais souvenir.
Il s’endormit.


M. Fergunson rêva. Il rêva de sa sœur qui l’appelait. De l’histoire de la maison, du meurtrier qui l’avait habitée. De son corps disparu. Il vit un homme blond lui parler. Le meurtrier, semblait-t-il. Ses propos n’étaient pas plus compréhensibles que ceux de la pauvre vieille. Mais l'homme continuait de lui parler, alors que la sœur du pauvre vieil homme criait de plus belle, lui hurlant qu’elle était bloquée. Puis elle se tut. L’homme blond le regarda alors durant ce qu’il semblait être une éternité. Au moment où son regard d'acier commença à s'intensifier, M. Fergunson se réveilla.


Le déracineur arriva dans l’après-midi. Assez froidement, le retraité lui avait demandé de venir incognito. L’homme, un dénommé Cyril, et la femme, Stéphanie, observèrent l’arbre et le jardin puis commencèrent à sortir leurs outils. Pendant que la femme s’occupait de la paperasse avec le propriétaire, son compagnon commençait les premières manœuvres.
Après quelques secondes cependant, un cri retentit.
M. Fergunson ne s’était jamais sentit aussi mal.
Mais, contre toute attente, l’homme leur dit simplement de venir.
Pendant qu’ils accouraient, M. Fergunson remercia Dieu.
Cyril, pâle comme la mort, leur montra alors ce qui l'avait fait hurler ainsi.
Il avait commencé à déraciner l’arbre. Jusque-là, rien de notable.
Sauf que sous ses racines, on distinguait un cadavre.


Ce fut au tour de Stéphanie de pousser un cri.
M. Fergunson reconnut les cheveux jaunis, et pâlit instantanément. Aucun doute, c'était  le tueur de son rêve. Aussi étrange que cela puisse paraître, les racines et le corps ne faisaient maintenant plus qu’un. Stéphanie criait toujours, pendant que Cyril appelait la police. Et tout se passa ensuite très rapidement.
Une branche de l’arbre arracha violemment la femme du sol et l’emporta dans ses feuillages. Son cri s'estompa avec sa silhouette. Quant à Cyril, il s'était mis à courir et hurlait à son tour. Une racine lui attrapa alors le pied et l’emporta dans les tréfonds de la terre.
Mr Fergunson tomba à genoux. Il pleurait.
-Pourquoi, dit-il, pourquoi me laisses-tu vivant ?


Il fixa le cadavre et reconnut le regard de son cauchemar. Et il était persuadé qu’il souriait.
Mais malgré tout, il n’obtint pas de réponse.
Traînant le pas, le vieil homme monta donc dans sa chambre. Il ne savait toujours pas quoi faire, et s’écroula sur son lit. Une sirène retentit alors. La police. La voiture s’arrêta devant chez lui. Ils entrèrent dans la propriété par la porte de derrière, par le jardin.
M. Fergunson, qui les observait depuis sa fenêtre, pria lorsqu'ils passèrent devant le pommier.
L’arbre s’anima. Et ce n’était pas le vent.
M. Fergunson détourna les yeux, regardant ailleurs. Des cris retentirent.


Décidément, il n’aimait pas cet arbre.

Texte de Tac

7 commentaires:

  1. Pas de commentaires ? En tout cas elle était très sympa, le désabusement du vieil homme rajoute vraiment un truc haha

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    1. On se remet à peine de "Noendhouse", c'est pour ça haha.

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    2. C'est vrai qu'elle était kiffante celle là, il s'annonce bien ce blog

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    3. Effectivement, il n'y a que du positif à en retirer pour l'instant.

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  2. J'aime beaucoup ce genre d'histoire! Au début ça m'a rappelé le thème du film "Quelques minutes après minuit" (mais rien à voir en fait). L'idée de l'arbre perverti par une âme, je trouve ça très original. Merci pour cette lecture!

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  3. Il aurait été sympa d'avoir une rerépon à sa question

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